47 Rosa Margarita X.

Camille Houle

Originaire du Mexique, Rosa Margarita X. est agente de bord et mère de famille accomplie. L’envie de partir à l’aventure et d’apprendre de nouvelles langues l’amena à voyager dès son plus jeune âge.

Son enfance et sa décision

Née dans la ville de Mexico, Rosa Margarita X. désirait parcourir le monde. Curieuse et pleine de vie, elle était attirée par l’inconnu et la découverte de nouvelles cultures. D’ailleurs, ses parents l’encouragèrent à poursuivre ses rêves et à atteindre ses buts. Chaque été, ils l’inscrivaient dans un camp de jour pour apprendre l’anglais aux États-Unis. Au cours de son enfance, elle fut amenée aussi à visiter plusieurs autres régions, accompagnée de son frère et de ses sœurs. Puis, lorsqu’elle fut âgée de 18 ans, elle rencontra une Québécoise venue s’installer à Mexico pour apprendre l’espagnol. Devenues amies, cette dernière l’invita dans sa famille à Chicoutimi. Il s’agissait d’une occasion inespérée qu’elle accepta spontanément. Une nouvelle aventure en terre québécoise commençait à cet instant.

Son premier départ vers le Québec et son adaptation

Sa volonté d’étudier au Québec fut instantanée. Dès son arrivée à Chicoutimi, le 21 août 1986, elle fut reçue à bras ouverts par sa famille d’accueil québécoise. Durant huit mois, elle y demeura pour étudier le français, une langue semblable à l’espagnol. D’ailleurs, sa mère d’accueil l’aida dans son apprentissage linguistique par l’entremise des livres pour enfants qu’elle lui faisait lire.

Inscrite au Cégep de Chicoutimi, elle n’eut aucune difficulté à s’intégrer à la vie étudiante québécoise. Heureusement, sa famille d’accueil l’encouragea dans tout son processus d’intégration. Son séjour dans la province francophone du Canada fut réjouissant et réconfortant. De plus, Rosa fut surprise et rassurée de constater que les valeurs familiales étaient présentes au Québec, comme dans la culture mexicaine.

Impressionnée par la débrouillardise et l’autonomie des jeunes Québécois-es, Rosa éprouva un sentiment de sécurité qui lui donna confiance quant à la bonne qualité de vie des Nord-Américain-e-s. Contrairement à certain-e-s immigrant-e-s qui ne sont pas habitué-e-s au climat nordique, Rosa fut charmée par la diversité saisonnière extraordinaire du Québec.

Je suis arrivée à l’automne. J’ai pu observer toutes ces belles couleurs dans les arbres et cette belle verdure; il y en a peu à Mexico. Les saisons changeantes, les températures différentes et les paysages variés, c’était merveilleux à voir. Que dire de la première neige? J’étais comme une enfant à Noël : tout excitée!

Malgré son émerveillement, elle trouva toutefois que l’accent local et la barrière de la langue furent des défis de taille. La difficulté était de communiquer avec les gens, de les comprendre et de se faire comprendre. Somme toute, même si ce n’était pas toujours facile, sa persévérance et sa détermination d’apprendre lui ont permis de progresser et de s’adapter.

Son histoire d’amour, ses études et son travail

Durant ses études au Cégep, elle rencontra son futur mari. Au début de leur relation, les deux communiquaient avec des signes et des dessins, car elle ne parlait pas parfaitement le français et il ne comprenait pas l’espagnol. En mars 1987, Rosa retourna au Mexique, mais elle lui écrivit régulièrement ainsi qu’à sa famille d’accueil de Chicoutimi. Il dénicha pour elle un cours donné à l’Université de Chicoutimi pour qu’elle puisse revenir étudier au Québec et perfectionner son français. Rapidement, au fil des échanges, les deux tombèrent amoureux et se marièrent civilement au Mexique en mars 1988. De retour dans la province, il devint le parrain de Rosa pour les dix années suivantes. Détenant jusqu’alors un statut de touriste, elle obtint ses papiers de résidente permanente peu après.

Le couple s’installa dans la ville de Dolbeau-Mistassini, au Lac-Saint-Jean, où Rosa commença des cours en administration. N’ayant pas aimé ses cours dans ce programme, elle abandonna après une session d’étude. Ils déménagèrent ensuite à Jonquière, où elle étudia pour devenir agente de voyage. En 1989, elle obtint un stage d’agente de comptoir à l’aéroport de Bagotville. L’année suivante, ils décidèrent de s’établir dans la Capitale-Nationale. Ils souhaitaient fonder leur famille et s’établir à long terme à Québec. Puis, à la suite de ses études au collège régional Champlain St. Lawrence pour perfectionner son anglais, la jeune femme se trouva un emploi d’agente de bord pour Air Alliance. Depuis, elle exerce ce métier qui lui permet de voyager et de rencontrer des gens provenant des quatre coins du monde.

Le 1er juillet 1991, elle obtint son statut de citoyenne canadienne, un événement mémorable et significatif dans son processus d’intégration et d’adaptation au Québec : « Je me souviens de ce jour encore aujourd’hui, car c’était très émouvant pour moi. C’était un événement unique et extraordinaire à la fois », explique-t-elle.

Aujourd’hui

Rosa s’est très bien intégrée à la société québécoise. Attachante, généreuse et toujours souriante, elle n’a jamais eu de difficulté à tisser des liens. Elle se trouve chanceuse d’élever une famille au Québec/Canada, dans un pays où l’économie, la sécurité et la qualité de vie sont meilleures qu’au Mexique. En outre, ses parents sont heureux pour elle, car ils sont rassurés de constater qu’elle vit paisiblement dans un beau pays d’accueil. Ayant trois enfants, elle les encourage à son tour à voyager et à s’intéresser aux autres cultures. C’est d’ailleurs dans cette perspective qu’elle pense que les Québécois-es ont une bonne perception, en général, de l’Amérique latine.

Les jeunes voyagent beaucoup. Cela leur permet de rencontrer des personnes qui viennent de milieux différents, qui parlent une langue différente et qui ont une vision du monde différente. Aussi, je pense que les voyageurs ont un attachement particulier pour la bonne volonté, la simplicité et la générosité du peuple d’Amérique latine.

Les conseils d’une Mexicaine aux nouveaux et nouvelles immigrant-e-s et aux Québécois-es

Rosa pense que la meilleure recommandation à donner aux immigrant-e-s est de garder une bonne ouverture d’esprit. Elle convient que l’intégration se fait mieux lorsqu’on connaît déjà des personnes sur place. Toutefois, il est important de savoir que l’adaptation peut être un long cheminement et que la patience est requise. « C’est terrifiant et ce n’est pas toujours facile, mais avec de la persévérance, il est possible de réussir », mentionne-t-elle. Elle insiste aussi sur le fait qu’il faut de la volonté et qu’il est essentiel de faire des efforts au cours du processus pour s’adapter à un nouveau mode de vie dans un nouveau pays.

Québec est une ville accueillante et chaleureuse pour tous ceux qui souhaitent s’y installer à court ou à long terme.

Optimiste, Rosa estime que les Québécois-es ne devraient pas s’inquiéter de l’arrivée des immigrant-e-s, et ce, peu importe leur provenance. Elle est convaincue qu’il faut leur permettre de s’intégrer et leur offrir la possibilité de s’épanouir, le tout sans les juger trop rapidement. Enfin, elle souligne qu’apprendre à les connaître et les aider peut apporter du positif autant aux immigrant-e-s qu’aux Québécois-es.

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