6 Rafael X.
Anne-Raphaëlle Aspirot-LeBrasseur
Rafael X. est d’origine brésilienne. Né dans la ville de Vitoria, la capitale de l’État de l’Espirito Santo, il arriva au Canada avec sa famille à l’âge de sept ans. Il habite la ville de Québec depuis maintenant une dizaine d’années.
Son enfance au Brésil
Ayant quitté son pays à un très jeune âge, Rafael n’a pas beaucoup de souvenirs de son enfance au Brésil. Toutefois, il se rappelle que sa vie ressemblait énormément à celle d’un-e enfant québécois-e. Même si l’environnement économique du Brésil était fort différent du Québec, ses parents, assez aisés financièrement, leur donnèrent, à sa sœur et lui, tout ce dont il et elle avaient besoin. Rafael fréquenta une bonne école, pratiqua des sports et côtoya sa famille proche et élargie sur une base régulière. C’est d’ailleurs dans ce milieu que se développèrent des valeurs familiales très fortes et importantes pour lui. Il eut donc une enfance très équilibrée où il fut entouré d’amour.
La décision de partir vers le Canada
La décision d’aller vers le nord fut une décision longtemps réfléchie par ses parents. Leur objectif premier était d’avoir de meilleures conditions de vie en général, surtout pour l’avenir de leurs enfants. La famille de Rafael cherchait à fuir le système autoritaire brésilien afin d’avoir davantage de liberté. De plus, le Brésil est un pays comportant d’importantes disparités socio-économiques entre les citoyen-ne-s et beaucoup de pauvreté et de violence.
Étant jeune, je n’ai pas beaucoup remarqué la pauvreté et la violence. Par contre, quand j’y retourne maintenant, je la vois.
Ses parents choisirent le Canada pour son aspect occidental très développé, mais surtout pour son côté pacifique. En effet, ils trouvaient le pays très accueillant et étaient d’avis qu’il y était facile d’y vivre. De plus, plusieurs membres de leur famille éloignée résidaient déjà dans la ville de Montréal. C’est ce qui incita la famille à y habiter pendant quatre ans et demi avant de déménager dans la ville de Québec. Or, aucun membre de sa famille proche ne parlait le français, ce qui représenta un réel défi.
L’arrivée au Québec
Rafael se souvient très peu de son arrivée au Québec puisqu’il était très jeune. Il raconte que son premier hiver l’a beaucoup marqué. Il y avait énormément de neige, ce qui était très impressionnant pour un enfant n’ayant jamais connu une telle saison. Cependant, son souvenir le plus marquant fut son entrée à l’école.
Je me souviens que je suis entré en classe d’accueil avec plusieurs autres enfants immigrants de mon âge et que je ne comprenais rien, et ce, pendant plusieurs mois. Les autres enfants semblaient ne rien comprendre également.
Il fut donc dans ce groupe pour la moitié de l’année scolaire, jusqu’à ce qu’il atteigne les compétences requises en français pour être transféré dans un groupe régulier. Malgré un apprentissage assez rapide, Rafael se rappelle qu’il avait beaucoup de difficulté à comprendre ses enseignant-e-s et les autres élèves. Pendant les premiers mois, il lui est arrivé de vivre des épisodes de racisme et de discrimination de la part de ses camarades.
Le fait d’avoir de la famille habitant déjà la métropole fut d’une grande aide pour Rafael. En effet, ses cousin-e-s qui habitaient Montréal depuis déjà plusieurs années lui firent découvrir la ville ainsi que les valeurs québécoises. Ils et elles l’aidèrent aussi dans son apprentissage du français.
Sa vie actuelle à Québec
Résident de la ville de Québec depuis plus de dix ans, Rafael considère son parcours comme réussi. Âgé de 21 ans, il est étudiant en physiothérapie à l’Université Laval. Passionné des animaux depuis son plus jeune âge, son rêve est de devenir vétérinaire. Dans ses temps libres, il travaille comme voiturier dans un hôtel réputé de la ville. Il possède un cercle d’ami-e-s et de connaissances totalement québécois. C’est pourquoi il se considère même comme étant un « Québécois de souche ».
Malgré tout, Rafael est attaché à son enfance et à son pays natal. Il est reconnaissant d’avoir pu vivre de telles expériences.
C’est grâce à toutes ces épreuves que je suis l’homme que je suis, quelqu’un de fort qui fonce dans la vie.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il garde encore un lien fort avec sa famille habitant au Brésil en la visitant au moins une fois par année. Il est aussi d’avis que sa connaissance de plusieurs langues, dont le portugais, qui est la langue officielle de son pays natal, est un grand avantage, et ce, dans toutes les sphères de sa vie.
Sa perception de la ville de Québec
Pour lui, les valeurs québécoises représentent un concept vague et non défini. Il a souvent l’impression que la culture et les valeurs de la ville sont neutres et fades, car, à son avis, les Québécois-es ne veulent pas choquer ou sortir de l’ordinaire.
Pour un latino, il n’y a pas grand-chose de coloré au Québec, la culture étant très différente de celle de mon pays. Je trouve tout même intéressant d’apprendre à connaître les valeurs québécoises davantage.
Même si Rafael est considéré comme une personne chaleureuse de par sa nationalité, il est d’avis que les Québécois-es perçoivent l’Amérique latine d’une manière très stéréotypée et dégradante.
Ils pensent qu’on parle espagnol, qu’on joue au soccer et qu’on mange des tacos en dansant la salsa.
Or, le jeune homme ne perçoit pas son pays comme un seul et unique tout. Il est d’avis que chaque région, chaque état et chaque ville sont différents et possèdent leurs habitudes et leur propre culture. Chacun-e des habitant-e-s ajoute une couleur unique, ce qui fait la beauté de son pays.
Ses recommandations
À la suite de son expérience, Rafael souhaite faire plusieurs recommandations aux futur-e-s immigrant-e-s. Tout d’abord, il est d’avis qu’il faut travailler très fort pour se démarquer par ses qualités et non par son origine. Dans la ville de Québec, les habitant-e-s sont majoritairement québécois-es et francophones, donc chaque petite différence est remarquée. Il faut alors apprendre par soi-même et ne jamais abandonner, ce qui peut être extrêmement difficile. Ensuite, il recommande d’aller chercher toute l’aide possible autour de soi, tant dans les ressources gouvernementales mises à la disposition des immigrant-e-s que dans le soutien offert par les proches.
Un message aux Québécois-es
Finalement, Rafael est très heureux de son parcours. Il est fier de ce qu’il a accompli, autant du point de vue professionnel que personnel. Il souhaite à tous et toutes les futur-e-s immigrant-e-s de la ville de Québec d’avoir un sentiment identique au sien. Il désire montrer aux Québécois-es l’importance des immigrant-e-s pour leur société.
Ils sont tous très importants pour le bon fonctionnement de notre société et c’est pourquoi ils devraient avoir une place de choix.
Il précise l’impératif de s’ouvrir davantage aux autres cultures, de garder l’esprit ouvert. Chaque région du monde est différente et mérite d’être découverte; il faut prendre le temps et avoir la volonté de le faire.