2 Mauricio X.

Sara Dumais-April

C’est impossible de vivre un accueil plus chaleureux que celui qu’on a vécu : il a même fallu demander un petit moment pour rester en famille parce que tout le monde voulait nous dire bonjour!

Quitter son pays d’origine à l’aube de l’adolescence, c’est l’histoire de Mauricio X., natif de Cordoba en Argentine.

Une enfance heureuse

Mauricio a vécu une belle enfance entouré de sa famille en Argentine. Chez lui, la notion de famille est très importante; les liens sont forts et les amis font partie de la famille.

Vers un nouveau pays

En 2001, l’Argentine a traversé une crise économique. Loin des horreurs de la dictature militaire des années 1976–1983, cette crise fut toutefois la plus grosse que le pays ait vécu. 

À l’époque, le dollar et le peso s’équivalaient et l’Argentine a signé un traité pour que la population ne paye pas d’impôts si les dettes et l’hypothèque étaient payées en dollars. Lorsque la crise est arrivée, le dollar et le peso ne s’équivalaient plus et le gouvernement en a profité pour faire augmenter les dettes. Les parents de Mauricio ont décidé que leurs enfants ne vivraient jamais une telle crise et ils ont choisi de quitter pour un nouveau pays. Leur choix s’est arrêté sur le Québec pour la bonne réputation du système d’éducation et parce qu’ils préféraient le français à l’anglais. Son père s’est envolé en premier vers la belle province. Arrivé à Montréal, dès l’obtention de ses accréditations, il a envoyé plus de 400 curriculum vitae pour travailler dans son domaine, l’architecture. Le premier appel est venu de Saint-Victor de Beauce et c’est à cet endroit qu’il s’est installé avant d’attendre sa femme et ses enfants.

L’arrivée en région

Les X. n’avaient pas d’attache à la grande ville, malgré que Cordoba soit comparable à Montréal en termes de grandeur et de population. Très bien accueilli dans sa nouvelle région, son père a appris le français, a commencé à travailler et a préparé l’arrivée de sa famille. L’accueil a été tout aussi chaleureux pour le reste de la famille : « Les enfants du propriétaire se sont chargés de dire à tout le monde que ma famille s’en venait. Lorsque nous sommes arrivés, il y avait plein d’enfants devant ma maison qui voulaient jouer ».

L’intégration s’est faite facilement. La famille est arrivée le premier jour du mois de juillet, ce qui a laissé les vacances d’été pour nouer quelques amitiés. Tous les jours, les deux frères jouaient avec des camarades et leur père faisait office d’interprète pour expliquer les règles des différents jeux. Afin que la famille s’installe bien, quelques familles de Saint-Victor de Beauce l’ont aidé en donnant des meubles ou des vêtements en plus de les intégrer dans la vie du village.

Lorsque l’école a commencé, Mauricio a dû suivre des cours de francisation. Il avait une enseignante qui parlait uniquement le français. Après deux ou trois mois, il pouvait tenir des conversations avec ses camarades et il se débrouillait bien. Ce n’était pas nécessairement facile, mais l’ambiance de sa nouvelle vie était une belle motivation pour s’intégrer totalement.

Aujourd’hui

Ses parents sont toujours installés en Beauce et Mauricio est à Québec depuis deux ans pour les études. Il a conservé ses amitiés beauceronnes, mais il a aussi rencontré d’autres personnes à Québec, autant de personnes natives du Québec que de gens qui, comme lui, ont vécu l’immigration. L’étudiant en éducation physique à l’Université Laval considère que les origines ne sont pas importantes pour apprendre à connaître quelqu’un. Il a de très bons liens avec tout le monde, peu importe d’où ils ou elles viennent. Il a encore des liens avec sa famille en Argentine qui est venue à quelques reprises le visiter au Québec.

Le Québec, une belle histoire d’amour

Ce qui l’a le plus surpris au Québec, c’est l’honnêteté des Québécois-es. Que ce soit en région ou à Québec, il trouve qu’ils et elles sont chaleureux et chaleureuses, sans méchanceté. Par contre, il trouve que les familles sont un peu moins unies.

Mauricio ne différencie pas les valeurs de son pays de celles du Québec. Pour lui, elles font toutes deux partie intégrante de sa vie. Les deux cultures ont créé l’homme qu’il est devenu. Il se considère chanceux de pouvoir garder le meilleur des deux.

Les Québécois-es l’ont toujours perçu comme étant exotique, mais il n’a jamais reçu de commentaires négatifs. Selon lui, il s’est toujours fait accepter comme il est, tout comme en Amérique du Sud. Il a toujours vu les Québécois-es comme étant des personnes ouvertes et curieuses. C’est pourquoi, selon lui, il y a de plus en plus de restaurants et de boutiques qui mettent en valeur les cultures d’un peu partout dans le monde.

Des recommandations et des impressions

L’expérience de Mauricio a, selon lui, été facile. Il a toujours apprécié vivre en région et il aime aussi beaucoup la ville de Québec. Si son père s’était installé dans un quartier hispanophone à Montréal, il n’aurait jamais pu s’inclure aussi facilement dans la culture québécoise et en apprendre autant. S’installer avec des Québécois-es est, selon lui, la meilleure solution pour faciliter l’intégration.

Il y a des gens à Montréal qui sont ici depuis 15 ans et qui ne parlent toujours pas le français.

Si les personnes qui immigrent veulent changer de pays et de conditions de vie, il est important d’apprendre sur son pays d’adoption, sinon il n’y aura aucun changement.

Bien qu’il sente des différences au niveau familial, il croit que d’aller vivre en banlieue ou en région est ce qui peut rassurer le plus les nouvelles personnes arrivant au Québec parce que le milieu favorise une « prise en charge » plus intime. Il se considère chanceux d’avoir grandi avec des Beaucerons et Beauceronnes, et il ne changerait pas son expérience pour rien au monde. À Québec, il croit que les gens ont moins tendance à vouloir connaître leurs voisin-e-s, mais que les gens sont tout de même très ouverts. Pour lui, Québec est une ville qui facilite plus l’intégration que Montréal.

Selon Mauricio, il est nécessaire que les Québécois-es s’inquiètent de l’arrivée de personnes immigrantes parce que ça les encourage à se poser des questions. Il se considère comme un «bon» immigrant en raison de son intérêt de toujours pour les Québécois-es et leur histoire, mais il est conscient que ce n’est pas le cas de toutes les personnes immigrantes.

S’inquiéter c’est approprié, mais ça ne doit pas devenir maladif.

Le Québec a besoin de l’immigration, mais se questionner, ce n’est jamais mal.

Finalement, Mauricio X. se dit chanceux puisque ni lui ni sa famille n’ont vécu de racisme ou de discriminations. Il n’aurait cependant pas peur de lutter contre ça. Il dit toutefois avoir des ami-e-s qui en ont été victimes, ce qu’il trouve très dommage.

L’histoire de Mauricio est une belle histoire d’immigration. Il est très fier de ses origines, même si sa maison, c’est dorénavant le Québec. D’ailleurs, il s’est tellement bien intégré que les Québécois-es trouvent qu’il a un accent beauceron!

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