52 Leandro X.

Laurence Pepin

Leandro X., né à San Cristobal en République dominicaine, vit au Québec depuis cinq ans avec sa conjointe. Il travaille présentement comme homme à tout faire pour l’entreprise Capital Transit.

Avant de venir au Québec

Avant son arrivée au Québec, Leandro avait lancé une petite entreprise à Punta Cana. Cette entreprise offrait des services de nettoyage pour les bureaux, les hôtels et les logements, ainsi que des services de fumigation et de lavage pour les vêtements. Il était également très engagé dans plusieurs autres projets d’entreprises avec ses ami-e-s. Son emploi lui permettait de maintenir un bon mode de vie et de se faire des contacts dans les différents domaines qui l’intéressaient, et donc d’avoir plusieurs bonnes opportunités financières.

Étant une personne assez connue dans son coin de pays et assez aisée financièrement, il trouve que la vie au Québec et en République dominicaine est très différente. Effectivement, il considère que les Dominicain-e-s sont des personnes bien moins stressées et structurées que les Québécois-es, ce qui rendait les affaires plus faciles.

Le choix de venir étudier à Québec

La première raison qui poussa Leandro à quitter la République dominicaine fut son désir de venir habiter avec sa copine qui résidait au Québec. Après plusieurs années de relation à distance, ils estimaient être rendus à une autre étape. Ils se sont donc mariés et il s’est rapidement installé au Québec avec elle. De plus, Leandro était aussi désireux de venir au Québec, car il voulait commencer des études universitaires pour obtenir un baccalauréat en administration des affaires. Après avoir fait plusieurs recherches et plusieurs demandes pour des bourses, il comprit qu’il serait un peu plus difficile pour lui de se lancer dans ce projet, mais il ne se découragea pas.

L’arrivée à Québec

À son arrivée, il ne connaissait que sa femme à Québec. Ce fut donc elle et sa famille qui devinrent ses personnes-ressources. Évidemment, cela ne prit pas beaucoup de temps avant qu’il soit mis en contact avec d’autres jeunes adultes et ami-e-s de la famille. De plus, ces dernier-e-s lui ont présenté quelques ami-e-s originaires de la République dominicaine et d’Haïti afin de l’aider et de répondre à ses interrogations. Partageant des valeurs et une culture similaires, ils et elles devinrent rapidement de bons ami-e-s.

L’installation s’est passée exactement comme prévu. Effectivement, le fait d’avoir déjà une copine au Québec lui a évité de nombreuses complications et a rendu le processus d’installation beaucoup plus facile et agréable.

L’arrivée à Québec nécessita tout de même un certain effort d’adaptation de la part de sa conjointe et de lui-même. Pour ce qui est de la religion, il est chrétien, mais comme il n’était pas pratiquant avant son arrivée, il n’a pas senti l’urgence de trouver une église ou une nouvelle communauté. Comme son arrivée s’est faite au mois de février, la température fut le plus gros choc culturel.

Je suis passé de 40 degrés Celsius avec un gros soleil à -40 avec de la neige en l’espace de cinq heures.

En effet, vivant en République dominicaine depuis toujours, il n’avait jamais gouté à des températures aussi froides et il n’avait jamais vu de neige. Heureusement, la langue ne fut pas un obstacle pour lui puisque, grâce à sa femme, il avait déjà appris la langue française. Toutefois, il eut une petite période d’adaptation, car les Québécois-es utilisent beaucoup d’expressions qu’il faut maîtriser pour bien comprendre.

Afin d’aider sa femme avec les différentes responsabilités et de subvenir à leurs besoins, Leandro a dû se trouver un emploi rapidement. Puisqu’il ne possédait qu’un diplôme d’études secondaires, les entreprises québécoises n’ont pas été en mesure de lui offrir un poste au même niveau professionnel que ce qu’il avait en République dominicaine. Toutefois, grâce à de nouvelles rencontres, il fut en mesure d’obtenir un emploi bien rémunéré chez Capital Transit avec une possibilité d’avancement professionnel. L’entreprise l’a donc accueilli à bras ouverts et lui a offert une bonne expérience de travail. Il conseille toutefois à toute personne qui désire s’installer à Québec de prendre le temps de visiter la ville, de rencontrer des gens et de ne pas s’empêcher de découvrir la terre d’accueil en consacrant une grande partie de son temps aux études, au travail ou tout autre milieu qui les passionne.

C’est en étant occupé et en sortant de la maison que nous oublions que nous sommes loin de la famille et de notre pays natal. De plus, le meilleur moyen de se faire des ami-e-s qui nous ressemblent, c’est de les rencontrer dans des lieux qui nous parlent… Moi, ça m’a permis de me créer rapidement un cercle d’ami-e-s, ce qui m’a beaucoup aidé à m’intégrer.

La perception de la ville de Québec

Leandro explique qu’il fut impressionné par la diversité des habitant-e-s de Québec. Avant son arrivée, il avait déjà une perception positive de la ville, mais elle le devint encore plus avec le temps passé à Québec. Ne voulant pas avoir des idées ou des opinions non fondées sur la ville, il avait beaucoup lu afin de s’en faire une image juste. Il avait aussi été informé par sa copine sur différents aspects de la culture et du peuple québécois. Il pensait toutefois que seul un niveau d’études supérieures donnait accès aux Québécois-es à une position sociale et économique plus élevée dans la société, mais il comprit que ce n’était pas nécessairement le cas.

Il a bien sûr rencontré des Québécois-es qui avaient des perceptions fausses de l’Amérique latine. Sans s’informer, ces personnes pensaient qu’en Amérique latine il n’y a que de la corruption, que « les latinos sont toujours des crosseurs ». De plus, il affirme que « comme les Québécois-es en voyage voient surtout des plages et des hôtels, ils s’imaginent qu’ils font toujours la fête et qu’ils n’aiment pas travailler… Pourtant, nous sommes instruits et travaillants ». Cette fausse représentation l’a choqué.

Je ne vois pas d’objection à faire des critiques ou des commentaires sur différents pays dans le monde, le seul problème réside dans le fait de critiquer sans être informé-e. Être ignorant-e n’est pas une excuse.

Vie actuelle à Québec

Leandro travaille présentement pour l’entreprise Capital Transit. Si tout va pour le mieux, il devrait commencer des études universitaires à la session d’automne 2018 au baccalauréat en administration des affaires à l’Université Laval, tout en conservant son emploi, car l’entreprise où il travaille lui offre la possibilité de gravir les échelons s’il obtient un diplôme. De plus, sa copine et lui pensent très sérieusement à agrandir la famille dans la prochaine année. Finalement, depuis son arrivée, il n’est pas retourné dans son pays natal. Toutefois, il a reçu la visite de sa famille proche à plusieurs reprises et un voyage est prévu pour le temps des fêtes. Il affirme qu’il s’ennuie beaucoup de son pays, mais qu’il considère que son immigration au Canada est pour le mieux.

À partir de cette expérience de vie, Leandro aimerait passer un message à toutes les personnes ayant en tête d’émigrer de l’Amérique latine vers le Québec. Il s’agit d’un message exprimé dans la langue espagnole, langue officielle de la République dominicaine, mais aussi d’une grande majorité des autres pays : Mi casa es su casa, ce qui signifie littéralement « ma maison est ta maison ».

San Cristóbal, République dominicaine. Source : https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/c/c2/San_Cristobal.jpg

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