28 Jose Ignacio X.

Roxane St-Pierre Rousseau

Jose Ignacio X. arriva au Québec à l’âge de 11 ans, le 13 décembre 2006. Une nouvelle vie commençait pour lui et sa famille dans cet hiver québécois.

La vie d’avant

Il passa une première moitié de sa vie en Colombie, dans la province de Norte de Santander dans laquelle se trouve le village où il passa toute son enfance, Ocaña. Il eut une enfance normale et heureuse avec sa famille, une famille plutôt élargie et unie à ses yeux. « Ça se passait très bien. Nous n’avions jamais de misère, nous vivions bien et nous mangions très bien », raconte-t-il. Le père de Jose Ignacio était bien connu dans le village en raison de son métier d’architecte qui l’amena à gérer plusieurs projets et de nombreuses constructions. Sa famille était considérée comme « standard », les parents avaient un métier et les enfants allaient à l’école.

Le départ

« Le rêve de la vie meilleure est beaucoup vendu en Amérique du Sud, et le Canada est perçu comme un bon choix. C’est pourquoi ma tante a commencé les démarches », dit-il au sujet de la décision familiale d’immigrer au Canada.

C’est donc une grande partie de la famille de Jose (son père, sa mère, ses trois frères, sa tante accompagnée de son mari et de ses trois enfants, un autre oncle, sa femme et ses enfants, ainsi que d’autres membres de la famille) qui décidèrent de quitter le village d’Ocaña en Colombie pour venir s’installer au Canada.

On n’avait pas le besoin absolu de partir, mais on pouvait le faire et on avait déjà de la famille qui l’avait fait.

Ils eurent un choix à faire : le Canada ou la Suisse. Leur choix s’arrêta sur le Canada et ils quittèrent la Colombie trois mois plus tard.

L’arrivée au Canada et à Québec

Jose et sa famille furent bien accueillis à leur arrivée au Canada. Montréal fut le premier arrêt au mois de décembre 2006, leur premier hiver : ils n’avaient même jamais vu la neige. Les dispositions furent prises pour lui et sa famille en collaboration avec l’immigration et ils durent demeurer environ une semaine dans un hôtel en attendant de connaître les détails pour la suite de leur aventure. L’enfant qu’il était à cette époque sentit un bel accueil de la part des responsables. Ils et elles donnèrent même des manteaux et des bottes à toute la famille.

Tu sais que c’est froid, mais la première tempête, c’est impressionnant.

Comme les membres de sa famille furent installé-e-s dans des appartements proches les uns des autres, il ne ressentit pas immédiatement de différences dans sa vie quotidienne. « C’était la même culture, car j’allais chez ma tante ou chez mon oncle, on avait les mêmes repas ensemble et la nourriture n’a pas varié tant que ça », explique-t-il. Par contre, parmi les quatre familles, seulement deux décidèrent de rester au Canada. Pour Jose Ignacio et ses frères, l’adaptation se fit plus facilement, car ils avaient passé moins de temps en Colombie avant leur arrivée au Canada. Il mentionne comment l’aide des organismes à but non lucratif fut bien utile pour lui et sa famille lors de leur arrivée : « Ils nous ont aidés et j’ai connu beaucoup d’ami-e-s dans cette période ». En effet, ces organismes les aidèrent à faire l’épicerie, à prendre l’autobus et à trouver les meubles pour leur appartement.

Grandir dans un nouveau pays

Jose et ses frères furent tout de suite emballés par la neige. En effet, dès les premiers jours à l’école, la neige recelait de possibilités de jeux infinies. « On faisait toujours des tunnels dans la neige, on a vraiment aimé ça! C’était parfait parce que ça nous faisait un jouet de plus et je pouvais toujours jouer avec mes frères », souligne Jose. Le désir d’apprendre le français était bien présent pour toute la famille et la ressemblance avec l’espagnol les encouragea. Jose apprit le français dans des cours de francisation à l’école en compagnie de plusieurs autres enfants de plusieurs origines différentes. Ces cours furent un endroit où Jose Ignacio rencontra plusieurs ami-e-s qu’il a encore aujourd’hui. La moitié de la journée était consacrée à la francisation et l’autre, à l’école.

C’était fun, car on était intégré peu à peu à des matières de cours réguliers comme les mathématiques, les arts et l’éducation physique, tout en faisant la francisation la majorité du temps.

Jose appréciait ces cours puisque plusieurs personnes du même niveau s’y trouvaient et plusieurs autres personnes de l’Amérique du Sud également. « J’ai aimé le mélange des cultures, car, en temps normal, on n’aurait pas pu mélanger toutes ces cultures, mexicaine, vénézuélienne et d’autres encore, donc j’ai rencontré plein de personnes avec qui je suis encore en contact aujourd’hui », explique Jose.

Au secondaire, il créa des liens d’amitié d’abord avec les personnes qui parlaient espagnol avant de se mêler graduellement aux autres. Il vécut de l’intimidation durant la période où il fréquentait une école secondaire privée : certaines personnes se moquaient de sa façon de prononcer certains mots en français. Ce fut une période moins heureuse pour lui, car ses frères n’étaient pas avec lui à cette école et ne vivaient pas la même chose. Par contre, la situation s’améliora grandement quand il continua sa scolarité dans une école publique où il put créer de nouveaux liens d’amitié avec une plus grande diversité de personnes.

Différences

Jose remarqua quelques différences entre les deux cultures. Il nota que les pratiques religieuses étaient légèrement différentes, notamment dans leur fréquence.

Ici il y avait plus de vieilles personnes à l’église, alors que, en Colombie, c’est la messe tous les dimanches. Il y a de la musique avec des guitares, on parle à plein de monde en sortant et tout le monde se rencontre. Ici, c’est plus traditionnel et tranquille.

De plus, il constata que les Québécois-es discutent de sujets plus diversifiés comparativement à la Colombie. Par contre, il remarqua comment au Québec, c’est plus tranquille : « Ici, les gens vont moins de l’avant, moins vers les autres, ils sont plus concentrés sur leurs affaires, tandis que, en Colombie, c’est plus vivant  ».

La vie maintenant

Jose Ignacio, aujourd’hui 22 ans, est bien content de sa vie au Canada. Il pratique toujours certaines traditions avec sa famille proche, comme de se réunir tous ensemble pour le repas du midi. Malgré les différences remarquées, notamment par rapport à la langue et à la culture ou encore à l’adaptation que lui et sa famille ont dû faire depuis leur arrivée, il est satisfait de sa nouvelle vie. « On s’est beaucoup fait dire de prendre ce qu’il y a de bon ici [au Québec] », ajoute-t-il. Il est en ce moment étudiant au Cégep de Sainte-Foy et a conservé plusieurs des amitiés créées tout au long de son parcours depuis son arrivée. Par ailleurs, il trouve un certain plaisir à participer aux ligues d’improvisation.

Perceptions

Il n’a qu’une chose à dire à ceux et celles qui sont inquiet-e-s de l’arrivée de nouveaux et nouvelles immigrant-e-s au Québec : se renseigner ainsi que prendre le temps d’écouter et d’apprendre sur les autres. En effet, il souligne que les gens ne devraient pas avoir peur des immigrant-e-s et qu’ils gagneront certainement à s’ouvrir aux cultures différentes.

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