53 Jabes X.

Amy Drapeau-Carrington

Depuis bien des années, la République dominicaine est connue comme étant l’une des destinations soleil préférées des Québécois-es. Nous adorons l’accueil chaleureux des Dominicain-e-s et leur culture différente de la nôtre. À l’inverse, même si la température n’est pas aussi clémente qu’en République dominicaine, les Dominicain-e-s aiment bien venir s’installer au Canada puisqu’il s’agit d’un pays offrant plusieurs possibilités que leur pays natal n’offre pas nécessairement.

Ses origines

Jabes X. est originaire de la République dominicaine, plus précisément de Saint-Domingue, la capitale. Il est actuellement âgé de 23 ans et étudie au Cégep de Sainte-Foy en sciences humaines. Installé ici depuis maintenant cinq ans, il retourne au moins une fois par année dans sa ville natale pour voir ses grands-parents, cousin-e-s et ami-e-s.

Une fois ses études terminées, il aimerait retourner vivre en République dominicaine puisque c’est à cet endroit qu’il se sent vraiment à la maison, malgré son sentiment d’appartenance au Québec. Depuis son tout jeune âge, le domaine du tourisme l’a toujours intéressé. Plus précisément, il aimerait travailler à la réception d’un hôtel cinq étoiles et organiser des excursions pour les touristes. Il parle dorénavant le français, l’espagnol et l’anglais, véritable avantage dans ce domaine.

Ses premières expériences au Québec

Lorsqu’il était âgé de 18 ans, sa mère a rencontré un Québécois. Ils sont tombés en amour très rapidement. Étant donné qu’il était difficile pour son nouveau mari de travailler en République, les nouveaux mariés ont jugé qu’il serait préférable d’aller vivre au Québec. Il y avait également plus d’opportunités d’emplois pour les Dominicain-e-s au Canada que dans leur pays. De ce fait, ils décidèrent d’emménager à Québec au mois de novembre 2012. Jabes a décidé de suivre sa mère au Québec même s’il était possible pour lui de rester dans son pays. À la fois triste de quitter sa grande famille, ses ami-e-s et son travail, il était tout de même excité de partir à l’étranger pour la première fois de sa vie. Il savait que de nombreux défis l’attendaient, mais il était prêt à les affronter.

Il eut toutefois de la difficulté à s’adapter au climat québécois. Avant de déménager au Québec, on lui avait parlé du froid à plusieurs reprises. La langue française fut aussi un obstacle majeur durant l’année qui a suivi son déménagement, mais la langue anglaise lui a permis de se débrouiller. Il dit s’être senti très seul même si le peuple québécois était très accueillant et compréhensif. En République Dominicaine, dès l’âge de 16 ans, Jabes avait décidé de quitter l’école pour subvenir aux besoins de sa famille. Toutefois, lors de son arrivée à Québec, sa mère lui dit qu’il était important de continuer ses études, spécialement dans un pays comme le Canada.

Accueil au Canada

À son arrivée au Québec, il ne connaissait personne, à l’exception de sa mère et de son beau-père. Il avait l’impression qu’il devait tout recommencer à zéro : se faire de nouveaux et nouvelles ami-e-s, étudier dans une nouvelle école et se trouver un nouveau travail.

Mon accueil a été facilité grâce à la compréhension exceptionnelle des citoyen-ne-s.

Après plusieurs démarches, il a commencé l’école et s’est inscrit au cégep. Surpris, il prit conscience qu’il y avait déjà une grande communauté de gens provenant d’Amérique latine. Après ses deux premières journées d’école, il a été invité à prendre part au groupe. Dès la première rencontre, « je me suis senti comme à la maison ». Il pouvait enfin parler dans sa langue maternelle. Cette communauté a facilité l’adaptation à son nouveau pays. Il s’est fait des ami-e-s avec qui il pouvait partager ses expériences québécoises d’intégration. Également, les membres de la communauté l’ont aidé à apprendre le français. Bref, il affirme que c’est cette communauté qui lui a permis de mieux s’intégrer à son nouveau milieu.

D’hier à aujourd’hui

Déménager au Québec semblait être une opportunité pour Jabes de s’épanouir davantage dans ses études et d’obtenir un meilleur avenir. Pour sa mère, le Canada et particulièrement le Québec représentaient la liberté et elle désirait en faire bénéficier sa famille reconstituée, plus spécialement son fils. Depuis qu’il s’est installé à Québec, il est plus assidu dans ses études et est plus dévoué dans son travail. Selon lui, le Québec lui a donné une meilleure éducation et une meilleure prestance.

Jabes affirme que son mode de vie d’avant était bien différent de celui d’aujourd’hui. En République Dominicaine, le mode de vie est plus lent, tandis que, au Québec, tout doit aller vite. La ponctualité n’est pas nécessairement une valeur mise de l’avant dans son pays d’origine alors qu’ici les retards ne sont pas tolérés. Il décrit son mode de vie en République comme étant plus sympathique et plus facile pour cet aspect. Il a fallu qu’il s’ajuste. Maintenant, la ponctualité fait partie de ses valeurs.

Aujourd’hui, il se sent bien à Québec, malgré qu’il s’ennuie de sa ville natale. Il s’est fait un grand cercle d’ami-e-s grâce à l’école et à son travail. Il trouve les Québécois-es très chaleureux, chaleureuses et très généreux, généreuses. En hiver, pour combattre le froid, il fait de la planche à neige. Il affirme que c’est une façon agréable de vivre l’hiver. Bien que les deux cultures soient différentes, Jabes m’a dit que les Québécois-es sont très ouvert-e-s d’esprit et respectent les différences de sa culture. En revanche, il aime bien assimiler différents aspects de la culture québécoise dans l’objectif d’être totalement intégré.

Les ressemblances et les différences entre les deux pays

Il m’a expliqué que les Dominicain-e-s sont généralement très amicaux, amicales et font preuve d’une grande ouverture d’esprit, tout comme les Québécois-es. Ce sont des personnes très joyeuses et très accueillantes qui s’intéressent aux autres et aiment en savoir plus sur ceux-ci. Tout comme ici, les personnes âgées sont très respectées. Il est donc important de toujours les vouvoyer. Les communications non verbales sont les mêmes. Les deux peuples aiment gesticuler et mettre de l’émotion dans leurs propos, quoique ce trait soit davantage accentué dans la culture dominicaine.

La culture est bien différente sur plusieurs aspects. Tout d’abord, le code vestimentaire des Dominicain-e-s est très coloré, tandis qu’ici, il est plus neutre. Également, la politique au Québec est un sujet abordé très ouvertement entre les individus, tandis que, en République, ce n’est pas un sujet dont on peut parler avec tout le monde étant donné son instabilité et sa disposition aux conflits. Les Dominicain-e-s sont assez croyant-e-s. Un autre aspect bien différent est lorsqu’on rencontre quelqu’un en République, nous devons éviter à tout prix de serrer la main. Cela est considéré comme impoli. Il est suggéré de dire un simple bonjour ou de donner un baiser sur la joue droite.

Un mot pour la fin

Il souhaite dire qu’il est important pour quelqu’un désirant s’installer dans la communauté québécoise de s’impliquer, et ce, dès l’arrivée. La communauté offre beaucoup de services pour aider les immigrant-e-s à s’installer et à se trouver des emplois. Également, pendant la transition, les ami-e-s sont très important-e-s, car il est difficile d’y arriver seul. En s’impliquant, il mentionne que l’on rencontre bien souvent des gens dans la même situation. À part la barrière de la langue, il n’est pas inquiétant de s’établir à Québec. Il s’agit d’une belle ville accueillante possédant de belles valeurs.

Également, il aimerait dire aux Québécois-es qui n’apprécient pas nécessairement les immigrant-e-s pour diverses raisons de leur donner une chance. Il existe des cas à part, difficiles à gérer, mais en général, la communauté latino de Québec est très respectueuse et fait tout en son pouvoir pour se faire respecter. Comme tout citoyen-ne, les membres s’impliquent dans la société en allant à l’école ou en participant à l’économie en travaillant.

Église de Saint-Domingue, en République dominicaine. Source : https://pixabay.com/fr/%C3%A9glise-de-saint-domingue-2106919

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