32 Freddy X.
Élodie Barrette
Originaire de la ville de La Plata (Huila), en Colombie, Freddy est arrivé au Québec en 2001. C’est avec un bagage culturel qui lui est propre qu’il entreprit sa nouvelle vie, accompagnée de son frère et de son père. Aujourd’hui, Freddy est un mari et un père heureux qui évolue dans un environnement de travail où tout est possible.
Enfant de la Colombie
Malgré le divorce de ses parents alors qu’il était encore bambin, Freddy grandit avec son frère dans une famille aimante et dévouée. La Colombie et la chaleur des gens qui l’entourait laissèrent dans sa mémoire des souvenirs heureux et ineffaçables. Il se souvient avec joie qu’il habitait en face de son école secondaire. Cette période de sa vie lui est précieuse, car tous et toutes ses ami-e-s se regroupaient chez lui après l’école, échangeaient avec sa famille et en profitaient pour savourer les délicieuses mangues qui poussaient sur son terrain.
Quand les mangues étaient vertes, qu’elles n’étaient pas prêtes, on les coupait, on mettait du sel et de la lime. C’est délicieux! On jasait, on riait, on faisait des devoirs des fois, mais mon père et mes grands-parents étaient là également. Ça, c’est beau. C’est des souvenirs qui vont toujours rester dans ma tête.
Grand départ
À 19 ans, Freddy venait tout juste de terminer l’école secondaire et entamait l’université dans un programme qui ne le passionnait que très peu. À cette époque, certains événements poussèrent sa famille à faire une demande au Canada à titre de demandeurs d’asile. Il n’hésita pas une seconde. Son père, alors âgé d’une cinquantaine d’années, était emballé à l’idée de tout laisser derrière pour suivre et protéger ses fils. C’est donc en 2001 qu’il quitta la Colombie avec son père et son frère pour venir s’installer dans la ville de Québec.
On a investi tout ce que mon père avait dans l’espoir de pouvoir venir ici.
Arrivée à Québec
En arrivant à Québec, tout était différent. Freddy était content de découvrir de nouvelles choses, mais fut surpris de voir un pays aussi grand avec si peu de gens pour l’habiter. Pour lui, il était complètement insensé de se promener dehors et de ne voir presque personne. Il venait d’un pays et d’une ville beaucoup plus peuplés et animés où, même à 6 heures du matin, ça grouillait de monde dans les rues.
C’était bizarre, mais j’étais content de savoir que j’avais une nouvelle vie et que j’avais beaucoup de nouvelles choses à apprendre. C’était excitant.
Ils s’installèrent à Québec au mois d’octobre 2001, accompagnés par l’organisme Mieux-Être des Immigrants. Ils commencèrent ensuite des cours de français. Il conserve de bons souvenirs du temps passé en compagnie de nouveaux et nouvelles arrivant-e-s de toutes les nationalités.
C’est en janvier 2002 qu’il commença officiellement le processus de francisation à l’Université Laval. En passant les différents niveaux, il apprit à parler le français et étudia les cultures québécoise et canadienne. Cependant, en terminant, il considéra utile d’aller chercher des outils supplémentaires afin de perfectionner son français écrit. Il compléta finalement un baccalauréat en études hispaniques à l’Université Laval. Entre–temps, il saisit toutes les opportunités de travailler, ce qui l’amena à passer d’un petit boulot à l’autre et à toucher à plusieurs domaines, certains plus plaisants que d’autres. À la suite de quoi il décrocha un travail en informatique à l’Université Laval, ce qui lui ouvrit la porte vers son employeur actuel.
Je suis toujours heureux là-bas. Tellement heureux que je fais en parallèle des études qui collent avec mon profil dans l’entreprise pour laquelle je travaille.
Vivre à Québec
Dès son arrivée, Freddy remarqua la culture du respect qui régnait dans la ville de Québec et son opinion sur le sujet n’a pas changé depuis les 16 dernières années. Il sent aujourd’hui qu’il fait partie du Québec, qu’il fait partie de la société et qu’il y a sa place, malgré son bagage différent.
C’est sûr que je ne serai jamais perçu comme un Québécois par les Québécois-es. Je serai toujours perçu comme un étranger.
Cependant, ce constat n’est pas un problème en soi pour lui. Au contraire, il considère que son passé et ses origines font de lui l’homme qu’il est. Là où il voit un danger, c’est dans l’angle utilisé par les « radios poubelles » pour parler de l’immigration. Selon lui, c’est par celles-ci que la haine et la désinformation à l’encontre de l’immigration sont propagées dans la société. Pour lui, la population de la ville de Québec est plus à risque d’absorber ce genre de propos haineux, car la culture y est un peu plus fermée que dans la ville de Montréal, par exemple.
Quand je vais à Montréal, je me promène et je ne me sens pas comme un étranger. Sérieusement, j’ai de la difficulté à identifier qui vient d’ici. Ce que j’apprécie de la ville de Québec, c’est le respect de la population en général.
De plus, il souligne qu’ils avaient, à l’époque, choisi de s’établir à Québec à cause des liens culturels avec la France, le romantisme et la religion. Ils désiraient aussi éviter les problèmes liés au racisme et ayant cours dans certains pays européens comme l’Espagne.
Cela ne l’empêche pas de voir des différences de valeurs, notamment dans le rapport des Québécois-es avec leur famille et dans l’ouverture face aux voisin-e-s.
Ici, à 18 ans, les enfants souhaitent quitter la maison. Nous, on veut les garder jusqu’à ce qu’ils aient 30 ans!
Cependant, durant le temps des fêtes, il remarque l’importance des rassemblements familiaux pour les Québécois-es et s’y reconnaît davantage.
Recommandations aux futur-e-s immigrant-e-s
La plus grande recommandation de Freddy pour les immigrant-e-s qui arrivent à Québec est d’acquérir le plus de connaissances possible sur le Québec et le Canada. Selon lui, il ne faut pas tarder à apprendre la langue pour s’intégrer au maximum. Il souligne d’ailleurs que cela se fait très bien, et ce, sans délaisser sa culture d’origine.
Messages aux Québécois-es
Selon lui, il ne faut pas craindre l’immigration.
Je crois que dans un pays comme le Canada, où les gens sont vieillissants, on n’a pas le choix d’amener des gens qui souhaitent fonder leur famille, avoir des enfants et travailler pour avoir un meilleur niveau de vie. Je crois que le Canada est ce qu’il est grâce à l’immigration. Il y a des gens de partout qui habitent ici. Il y a de plus en plus de gens dans les villes comme Montréal, Ottawa, Toronto et Vancouver. Quand on arrive dans ces villes-là, c’est difficile de savoir qui est né ici, au Canada, et qui vient de l’étranger parce que le multiculturalisme est très présent.