29 Erika Daniela X.
Adrienne Pilon
Originaire de la Colombie, Erika Daniela X. arriva au Canada à l’âge de neuf ans, en décembre 2005, accompagnée par sa famille immédiate. Dès leur arrivée à l’aéroport de Montréal, la famille fut accueillie par Immigration Canada. Après l’avoir vêtue pour la saison, les agents d’Immigration Canada lu donna des billets d’autobus et la famille reprit son chemin vers la capitale nationale afin de rejoindre des ami-e-s déjà établi-e-s à Québec.
On s’est fait accueillir par Immigration Canada, c’était vraiment bien fait, on était très surpris.
De là, ils purent se reposer dans un hôtel offert par Immigration Canada pour une semaine. Erika habita la ville de Québec durant un an, le temps que ses parents complètent leur francisation. Une fois la chose faite, la famille entreprit de déménager à Sainte-Marie de Beauce afin de trouver plus facilement un emploi.
Une arrivée difficile
En tenant compte de leur date d’arrivée et de la température générale qui régnait en Colombie, il va sans dire qu’Erika et sa famille furent rapidement déstabilisées par la chute de température propre à l’hiver canadien.
Cette journée, je l’ai en tête! Nous sommes sortis de l’aéroport et mes parents se sont regardés et ils se sont mis à pleurer et à se dire : oh, mon dieu, qu’est-ce qu’on vient de faire!
Aussi, le fait d’arriver dans un pays inconnu loin de leur famille et ami-e-s durant la période des fêtes de Noël fut difficile sur le moral de la jeune famille.
Erika affirme que c’est la première année qui fut la plus difficile. Cependant, l’accueil et l’entraide de la communauté leur permirent de s’adapter et de passer à travers cette épreuve d’adaptation.
La décision de quitter la Colombie
En 2002, Alvaro Uribe Vélez arriva au pouvoir et la Colombie put émerger du chaos politique qui la dominait depuis plus de 50 ans. Uribe Vélez voulut mettre un peu d’ordre dans le pays et il entreprit un renforcement militaire pour faire la guerre aux cartels de la drogue et aux Forces armées révolutionnaires de Colombie.
Ce changement apporta son lot de difficultés et la sécurité d’une grande partie des Colombien-ne-s fut compromise. C’est en 2003 que le beau-père d’Erika entreprit des démarches pour quitter la Colombie et venir s’installer au Québec pour s’éloigner de la violence qui sévissait à travers le pays et, surtout, pour assurer un meilleur avenir à ses trois enfants. La famille dut attendre deux ans avant de recevoir le statut d’immigrant-e-s réfugié-e-s qui lui permit de commencer le périple vers le Nord.
La famille d’Erika n’hésita pas un moment à choisir le Canada comme terre d’accueil. Elle était attirée, entre autres, par la belle qualité de vie possible, la bonne réputation du pays et l’image projetée d’un endroit où les gens vivaient bien et où un futur était possible. L’attrait d’une éducation et d’une aide financière aux études accessibles à tous et toutes avait également pesé dans la balance pour les parents d’Erika. Ils souhaitaient ardemment que leurs enfants puissent faire des études et, en Colombie, l’accessibilité était nettement moins facile et plus coûteuse.
Les différences culturelles
Ils furent rapidement confrontés aux différences qui séparaient les Colombien-ne-s des Québécois-es en ce qui a trait aux mœurs et aux valeurs. En Colombie, les gens dans les rues sont plus unis puisque les maisons sont beaucoup plus proches et qu’il n’y a souvent pas de clôture. Il n’est pas rare que quelques voisin-e-s s’arrêtent pour discuter dans la rue.
L’interaction avec ses voisin-e-s n’est pas aussi bonne au Québec.
Erika suppose que c’est la météo qui rend les Colombien-ne-s plus joyeux, joyeuses et plus proches. Selon elle, le climat est plus propice à la fête et à l’échange. Au Québec, les gens sont plus individualistes et ont moins le sens de la communauté. Par contre, elle a un plus grand sentiment de sécurité et de quiétude au Québec qu’en Colombie.
Erika et sa famille durent aussi s’adapter à d’autres éléments, dont la ponctualité. En Colombie, arriver à l’heure n’est pas habituel. La tendance est de prendre son temps, ne pas se presser. Ils furent surpris de voir combien les Québécois-es étaient ponctuel-le-s. Ils durent s’adapter et faire des efforts pour être prêts à temps. Par contre, avec les ami-e-s colombien-ne-s établi-e-s au Québec, la famille reprend ses bonnes vieilles habitudes et continue d’arriver en retard.
Les perceptions erronées
Erika se souvient d’avoir été plus souvent agacée au sujet de son ethnicité lors de son passage au secondaire. Plusieurs avaient des perceptions fausses face à la Colombie selon lesquelles tous et toutes les Colombien-ne-s étaient des trafiquant-e-s de drogue. Elle déplore le fait que les Québécois-es associent très souvent son pays natal avec le marché de la cocaïne et d’activités illégales.
Erika réussit à rester en contact avec sa famille et ses ami-e-s de la Colombie. Elle se rend fréquemment dans son pays natal pour célébrer les fêtes d’hiver. Lors de ces visites, elle est aussi la proie de perceptions erronées. Aux yeux des Colombien-ne-s, les habitant-e-s du Canada sont tous et toutes bien nanti-e-s et vivent richement.
À propos d’Erika
Erika Daniela X. est une passionnée de sports que ce soit la course, le ski ou la natation.
Elle revint dans la ville de Québec lorsqu’elle commença ses études en sciences de la nature au Cégep de Lévis. Âgée maintenant de 21 ans, Erika étudie au baccalauréat en administration des affaires à l’Université Laval. La comptabilité étant sa matière préférée, elle songe à en faire sa concentration universitaire. Elle a aussi un intérêt développé pour les sciences de la médecine et elle serait intéressée à entreprendre des études en physiologie, d’autant plus qu’elle est passionnée pour le sport. Encore beaucoup d’options s’offrent à elle!
Une intégration rapide
Étant arrivée dès son jeune âge, Erika s’est rapidement intégrée à sa nouvelle terre d’accueil. Sa mère la taquine même parfois d’agir en « vraie Québécoise »! Elle n’a jamais senti de réticence à son égard et s’est toujours sentie acceptée. Ce qui la rend nostalgique et ce qui lui manque le plus de la Colombie, c’est sa famille, la culture et, bien sûr, la météo. Malgré tout, elle ne songe pas à retourner vivre en Colombie.
La Colombie, c’est un beau pays, c’est une belle culture, les gens sont très agréables, mais ce n’est plus mon chez-moi. Le Canada a plus à m’offrir que la Colombie. J’ai grandi ici, j’ai appris la culture québécoise, je ne suis pas 100 % Québécoise, mais je l’ai vraiment bien acquise cette culture-là. Mon chez-nous, c’est rendu ici.