13 Enith X.

Pascal Loubier

Née à Buenaventura en Colombie, Enith X. arriva au Québec en 1976 au moment même des Jeux olympiques d’été à Montréal. Elle vint d’abord pour faire des études supérieures en linguistique à l’Université Laval, mais décida par la suite de s’installer au Québec.

Jeunesse colombienne

Originaire de la côte pacifique de la Colombie, Enith fit ses études primaires dans sa ville natale, puis, vers l’âge de 11 ans, la jeune fille commença son secondaire dans un pensionnat considéré alors parmi les meilleures écoles du pays. À cette époque, la fréquentation d’un pensionnat était intéressante, car elle permettait aux adolescent-e-s de rencontrer d’autres jeunes en provenance des différentes régions du pays. Jusqu’à l’âge de 17 ans, elle vécut dans les environs de Bogotá. D’abord attirée vers les sciences naturelles, elle aurait aimé poursuivre ses études à l’université en bactériologie, un programme très contingenté. Mais cela ne fut pas possible et Enith s’inscrivit plutôt à l’Université Santiago de Cali pour y étudier l’enseignement, sa deuxième passion. Avant même de terminer son baccalauréat, elle avait déjà un poste à temps plein en tant qu’enseignante dans une école secondaire de Cali.

Départ de la Colombie et arrivée au Québec

Lors d’une soirée familiale, un ami de la famille ayant fait des études à Québec lui parla de la beauté de la province québécoise et, du même coup, proposa tout bonnement à Enith d’aller faire des études supérieures à l’Université Laval. La proposition fit son chemin dans sa tête et son ami lui fit même parvenir les documents relatifs à l’admission. Toutefois, elle demeurait songeuse devant l’organisation et les coûts d’un tel séjour à l’étranger. Malgré tout, et avec un certain détachement, elle remplit tout de même les papiers et, quelques semaines plus tard, elle fut admise à l’Université Laval pour y faire une maîtrise en linguistique.

Quitter un pays tropical comme la Colombie pour venir jusqu’au Québec, situé au cœur d’un pays nordique, impliquait toute une organisation pour Enith. Heureusement, son père travaillait au sein d’une entreprise portuaire : elle put ainsi profiter d’un voyage maritime gratuit jusqu’aux États-Unis. Elle prit le bateau jusqu’à Baltimore où de la parenté l’attendait pour la conduire en voiture jusqu’à New York et, de là, elle prit le train deux jours plus tard en direction de Montréal. C’est l’ami qui lui avait proposé de venir à Québec qui vint l’accueillir à la gare centrale pour l’amener jusqu’à Québec. Il était déjà prévu qu’elle loue une chambre dans un appartement de la rue Saint-Jean. Par la suite, Enith habita à différents endroits de la ville, dont aux résidences universitaires.

Elle obtint son diplôme de maîtrise en 1982 et celui de doctorat en linguistique en 1994. Comme elle se devait de travailler pour subvenir à ses besoins et payer ses études, elle commença, dès 1977, à donner des cours d’espagnol à l’Université Laval, d’abord au Département d’espagnol puis à l’École de langues. Aujourd’hui, mariée avec un Québécois originaire du Bas-Saint-Laurent et mère d’une fille de 26 ans, elle enseigne toujours au même endroit. Parallèlement à sa carrière linguistique à l’Université Laval, Enith a aussi été professeure d’espagnol au ministère des Relations internationales, à l’Assemblée nationale, au Collège St. Lawrence et dans d’autres institutions ou organismes gouvernementaux du Québec, contribuant de facto à former plusieurs générations d’étudiant-e-s et de professionnel-le-s à la compréhension de la culture hispanophone.

Intégration au Québec

Enith X. s’est impliquée au sein de la société québécoise en participant activement à de nombreux organismes voués à la rencontre des cultures. C’est ainsi que, pour représenter les Communautés culturelles, elle fut nommée en 1995, par le gouvernement du Québec, membre du Conseil de la langue française, puis, en 2002, membre du nouveau Conseil supérieur de la langue française, fonction qu’elle a exercée jusqu’au début de l’année 2008. Pendant plusieurs années, elle fut aussi présidente de l’Association Amitié Québec – Colombie, puis s’impliqua davantage à partir de 1999 au sein du Conseil d’administration de la CASA latino-américaine et, durant quelques années, comme membre du Conseil interculturel de la Ville de Québec. Depuis sept ans, elle fait partie du Comité d’action humanitaire de l’École de langues de l’Université Laval.

Enith considère qu’elle s’est très bien intégrée au Québec, d’abord en suivant des cours de français à l’Université Laval dès son arrivée, mais surtout grâce à quelques personnes qui l’ont aidé à se constituer un réseau diversifié d’ami-e-s et de connaissances, répondant ainsi à un besoin affectif essentiel sur le plan humain au sein d’une collectivité. Au fil du temps, elle remarqua la simplicité des gens d’ici, qui se conjugue parfois avec une certaine timidité. Il fallait qu’elle en tienne compte dans ses relations avec autrui. Elle constata aussi la capacité d’organisation de la société québécoise et de ses institutions, une caractéristique qu’elle apprécie beaucoup, même si cela veut dire de mieux planifier ses diverses activités sociales. En conclusion, si elle avait un conseil ou deux à donner aux futur-e-s immigrant-e-s, Enith dirait que d’avoir une grande ouverture d’esprit et de garder le sourire représentent la meilleure façon de communiquer.

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