24 Alex X.

Catherine Bonneau

Alex X. est né à Bogotá, en Colombie. Désirant une vie meilleure, il a choisi, avec sa femme, la ville de Québec comme terre d’accueil pour s’épanouir et entreprendre sa carrière de rêve. Alex, c’est l’exemple parfait de l’immigrant qui a réussi à s’intégrer à coups d’efforts et de détermination.

Choisir une meilleure vie

Alex naquit en 1979 d’une famille colombienne de la classe moyenne. Bien qu’il détienne un baccalauréat en design industriel et qu’il maîtrise l’anglais, il n’avait jamais pu travailler dans son domaine en Colombie. Un jour, son amoureuse et lui jugèrent qu’ils ne réussiraient jamais à s’accomplir professionnellement s’ils n’allaient pas s’installer ailleurs. Carte du monde en main, ils pensèrent à leur endroit de prédilection. Si l’Australie était trop loin, le Québec était parfait.

Si les habitant-e-s du Québec sont entouré-e-s de l’anglais et qu’ils parlent encore le français, c’est qu’il doit y avoir quelque chose de spécial là-bas!

À peine une semaine après avoir pensé à l’immigration, le couple était déjà inscrit à des cours de français. Et, quelques mois plus tard, ils étaient officiellement mariés. Chaque jour pendant un an et demi, Alex et sa conjointe étudiaient le français, et ce, même durant leur lune de miel! Alex se doutait bien que ce n’est pas parce que tu fais les démarches coûteuses d’immigration que tu obtiens nécessairement un visa. En pratiquant leur français au quotidien, ils démontraient leur motivation et mettaient toutes les chances de leur côté. Des efforts qui ont porté fruit, puisque 15 mois plus tard, le couple était finalement accepté au Canada.

Coup de cœur québécois

C’est lorsque ta vie se limite à deux valises que tu te rends compte que le matériel, ce n’est pas si important.

Alex éprouva son premier choc culturel lorsqu’il entendit deux Québécois-es converser dans l’avion qui les menait au Québec. Même s’il avait pratiqué tous les jours depuis des mois, même s’il était le meilleur dans son cours de français en Colombie, même s’il avait réussi le test de langue pour l’immigration, rien à faire : Alex ne comprenait absolument rien à cet accent.

Si le Colombien croyait qu’il était suffisamment prêt à se débrouiller en français, il crut aussi qu’il pourrait combattre l’hiver québécois. En effet, lors de ses recherches, Alex avait noté que Québec était synonyme de froid. C’est pourquoi il voulait arriver au début de l’été, question de se donner le temps de s’acclimater. Il laissa donc tous ses pantalons courts en Colombie et s’arma de son manteau d’hiver pour son arrivée au Québec… en juin. Il vécut donc un choc de température totalement inattendu!

Le couple avait la ville de Québec dans leur mire : elle n’était ni trop grande ni trop petite et les opportunités d’emplois y étaient favorables. Durant le trajet d’autobus qui le menait à Québec, Alex aperçut par la fenêtre, à un moment donné, un fleuve et de jolies maisons sur la rive. Il se dit alors que si la ville de Québec ne lui plaisait pas, ce joli endroit sur le bord du fleuve lui conviendrait! À sa grande surprise, cinq minutes plus tard, l’autobus s’arrêtait à la colline parlementaire. On peut donc parler véritablement d’un « coup de cœur » au premier regard!

Travailler pour s’intégrer

Alex a une passion et un grand talent pour l’escalade. Ce sport a été sa première source d’intégration à Québec. Comme il avait peu d’argent, il offrit ses services et son expertise au centre d’escalade contre la possibilité d’y grimper gratuitement. C’est là qu’il put socialiser et se familiariser avec le français québécois. Peu à peu, il se lia d’amitié avec des Québécois-es d’origine et trouva temporairement un emploi dans le milieu de l’escalade.

Travailler, ça a été le meilleur cours de français!

Bien que ce boulot lui permit de faire de belles rencontres, de s’intégrer et d’améliorer son français, Alex souhaitait avant tout devenir designer industriel. Un jour, lors d’une rencontre pour trouver un emploi, une intervenante spécialisée dans la clientèle immigrante lui demanda simplement dans quoi il voulait travailler. Son réflexe fut de lui répondre qu’il avait de l’expérience dans les centres d’appels en Colombie.

Elle me dit : « T’as pas tout laissé en Colombie pour venir refaire le même boulot ici. C’est le temps de repartir à zéro et de faire ce que tu veux vraiment ».

Alex réussit finalement à passer une entrevue dans son domaine. Il avait son emploi de rêve à portée de main. Pourquoi une entreprise voudrait-elle choisir une personne qui est immigrante, qui n’a aucune expérience et qui parle peu le français? C’est simple : Alex X. a quitté son pays pour accomplir son rêve professionnel. Il est venu pour ça. Il a réussi à immigrer, à apprendre une langue qui lui était inconnue et à s’intégrer dans une culture totalement différente de la sienne. Sa détermination et son respect des engagements lui permirent d’obtenir l’emploi dont il avait toujours rêvé.

Le Colombien devenu Québécois

Alex ne s’est jamais vraiment senti discriminé à Québec. Il sent que, parce qu’il a toujours essayé de parler français et de s’intégrer, il a toujours été bien accueilli. Il considère que le respect est au cœur des valeurs québécoises : le respect des autres, des croyances, des biens matériels, des opinions. En venant ici, Alex a découvert une réalité vivante qui lui plaît. Vivre à Québec lui permet d’avancer un peu plus chaque jour. Il découvre de nouveaux endroits et de nouvelles activités. Il apprend et exploite son plein potentiel. Il vit bien. En Colombie, il n’aurait jamais eu cette chance.

S’il s’ennuie parfois de sa famille; il se sent maintenant comme un touriste lorsqu’il retourne dans son pays d’origine. Si bien qu’après deux semaines de vacances passées là-bas, il a hâte de revenir ici, chez lui.

Au final, Alex croit que vivre ici, ce n’est pas facile, mais c’est moins difficile qu’en Colombie. Bien sûr, il doit faire plus d’efforts parce qu’il sera toujours un immigrant. Il est et sera toujours différent. Ses efforts en valurent toutefois la peine : il aime son aventure en terre québécoise.

Quelques conseils

« El que llega, saluda» (celui qui arrive, c’est celui qui salue).

Selon Alex, la ville de Québec est ouverte à l’immigration. Il souligne par contre que les Québécois-es ne viendront pas chercher l’immigrant chez lui. C’est lui le nouveau. C’est lui qui doit faire l’effort de s’accommoder, de s’intégrer. Bien sûr, la nourriture est aussi différente. Bien sûr, le quotidien est très différent. Mais l’important, c’est de se rappeler pourquoi il est ici, pourquoi il a quitté son pays.

Alex croit aussi qu’il est préférable de ne pas se limiter à des ami-e-s latino-américain-e-s. Un-e immigrant-e n’a pas quitté sa réalité pour venir vivre la même réalité ici. Il ou elle doit sortir de sa maison, rencontrer des Québécois-es d’origine et apprendre le français. C’est la meilleure façon de connaître la culture et d’assimiler la langue. Ces démarches nécessiteront beaucoup d’efforts et de temps, mais elles sont le gage d’une qualité de vie et d’une intégration réussie.

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