55 Erick X.
Catherine Miller
C’est son désir de poursuivre ses études tout en voyageant qui incita Erick, originaire de Maracaibo au Venezuela, à quitter son pays natal pour le Canada à l’âge de 18 ans. Huit ans plus tard, il est maintenant résident permanent et habite la ville de Québec.
Enfance au Venezuela
Les meilleurs souvenirs qu’Erick retient de son enfance sont les nombreux dimanches passés en compagnie de sa famille élargie. Malgré le fait qu’il soit enfant unique, il était très proche de ses cousins et cousines au cours de son enfance : « Pour moi, mes cousins sont mes frères et sœurs. J’ai grandi avec eux ». De nombreux membres de la famille d’Erick eurent l’opportunité de quitter le Venezuela afin de vivre une expérience nouvelle, comme sa cousine qui habite présentement à Dubaï et son cousin, à Chicoutimi. La dispersion géographique de sa famille lui permit de voyager et de découvrir différentes cultures. À l’âge de 18 ans, encouragé par ses parents, il décida lui-aussi de quitter le pays afin de poursuivre ses études. Il partit donc pour la ville de Toronto, lieu qu’il avait auparavant visité lors d’un voyage en famille.
Départ vers le Canada
Erick arriva officiellement au Canada en tant qu’étudiant en septembre 2009. Il débuta tout d’abord sa formation universitaire à Toronto, où il fit des études dans le domaine de l’informatique pendant deux ans. Sa connaissance préalable de l’anglais, qu’il avait appris au cours de son cheminement scolaire au Venezuela dans une école américaine, facilita grandement son intégration. À la suite de nombreuses visites chez son oncle qui habitait à Chicoutimi, au Québec, Erick décida de poursuivre ses études à l’Université de Chicoutimi en francisation : « Ce n’était pas dur comme décision. J’aimais beaucoup le Québec. C’était tranquille et j’avais de la famille qui habitait là ». C’est à ce moment qu’il rencontra un de ses premiers défis : la communication. Toutefois, malgré les nombreuses différences culturelles, il ne peut s’empêcher de mentionner en riant que l’ultime défi pour lui a été la neige : « J’étais déjà habitué au froid, mais la neige, c’est une autre histoire. Tout est plus difficile. C’est une habitude, c’est sûr ». Finalement, après deux sessions de francisation au Saguenay, Erick décida de déménager à Québec et de continuer ses études à l’Université Laval, après avoir été charmé par la ville et sa région.
Arrivée et intégration à Québec
Son cheminement universitaire se complexifia après son arrivée à Québec. Il dut interrompre ses études à plusieurs reprises en raison de la dévaluation de la monnaie vénézuélienne causée par les nombreux problèmes politiques et économiques du pays. C’est en observant de près la situation de son pays qu’il décida de demeurer au Québec à l’avenir. Il fit donc une demande d’asile comme réfugié politique. Il est résident permanent depuis peu.
En dépit des embûches, Erick considère tout de même que son intégration fut facile. Selon lui, cette facilité tient du fait qu’il a rapidement fait des efforts pour établir sa place au sein de la communauté.
J’étais à l’école et en même temps je faisais du bénévolat dans des événements en ville pour essayer de m’intégrer.
Son intégration a aussi, selon lui, été grandement facilitée par son entourage.
J’ai rencontré beaucoup de bonnes personnes québécoises quand je suis arrivé. Je pense que les personnes qui t’entourent peuvent vraiment aider!
Il explique qu’il a tout de même été victime de discrimination. Par exemple, dans le cadre de son emploi, il arrive que des client-e-s refusent ses services et préfèrent être aidé-e-s par un-e autre conseiller-e après avoir entendu son accent.
Différences culturelles
Bien qu’il ne considère pas la culture québécoise comme étant très différente de la sienne, Erick admet tout de même constater certaines différences au niveau des valeurs. Il se dit surpris de voir à quel point les parents québécois encouragent l’indépendance chez leurs enfants.
Chez moi, les parents sont très impliqués dans toutes les décisions. Même après tes 18 ans, tes parents peuvent décider pour toi et tu dois les respecter. Maintenant que je vois les jeunes d’ici prendre des décisions, je trouve que c’est bien d’avoir cette liberté.
Le peu d’importance de la religion catholique est un autre élément qu’Erick a rapidement constaté en arrivant au Québec. Il ne s’attendait pas du tout à ce que la population soit aussi peu pratiquante. La plus grande ressemblance qu’Erick reconnaît entre la culture vénézuélienne et celle des Québécois-es est l’importance de la famille.
J’ai passé mon premier Noël à Québec dans la famille d’une amie québécoise et je me sentais comme chez moi.
Perceptions de l’Amérique latine
La perception générale des Québécois-es à l’égard de l’Amérique latine est, selon Erick, très stéréotypée.
Beaucoup de personnes me parlent de la chaleur. Ils pensent que chez moi il fait toujours chaud. D’autres me demandent si j’ai immigré avec ma famille au complet, oncles, tantes, tout le monde. D’autres vont me demander si je suis Mexicain.
Selon Erick, la source de ces stéréotypes provient du fait que la population est souvent mal informée.
Même dans les sections internationales, c’est rare que les journaux parlent de l’Amérique du Sud.
Recommandations aux futur-e-s immigrant-e-s
Outre que le fait de chercher à être entouré-e de bonnes personnes, Erick conseille d’abord aux immigrant-e-s d’arriver avec l’esprit ouvert. Pour lui, immigrer ne signifie pas tout recommencer. C’est plutôt une question d’adaptation, tout en conservant ses propres valeurs.
En arrivant, je me suis rendu compte qu’il n’y a pas juste la culture québécoise au Québec. Il y a plein de cultures et tout le monde peut bien vivre et s’aider.
Selon lui, une des premières étapes d’une intégration réussie est l’apprentissage de la langue française. Il met aussi en évidence l’importance pour les immigrant-e-s de ne pas simplement chercher à rencontrer des personnes qui parlent leur langue d’origine.
Recommandations aux Québécois-es
La recommandation d’Erick aux Québécois-es qui s’inquiètent de l’arrivée des immigrant-e-s est simple. Il considère qu’une ouverture d’esprit et qu’un certain degré d’acceptation est nécessaire pour former une société qui permet à tous et à toutes, Québécois-es ou immigrant-e-s, de se développer à son juste potentiel.
C’est vraiment une question d’acception. Ils devraient se mettre à notre place. Derrière chaque immigrant, il y a une histoire. On ne quitte pas son pays pour le plaisir.