56 José Trinidad X.

Jason Joly

José Trinidad X., communément appelé Trino, est originaire du Venezuela. Né dans un petit village frais et montagneux au milieu des Andes vénézuéliennes, il y grandit et y fit ses études secondaires.

Ses études

Ayant appris l’anglais chez les agents du Peace Corps américain au Venezuela, Trino voyagea aux États-Unis à 17 ans et il y resta plusieurs années. Aux États-Unis, il fit des études universitaires et obtint un baccalauréat en études de l’environnement à l’Université de Long Island en 1980. Après ses quatre ans d’études, il termina son baccalauréat et retourna dans son pays natal. Il commença à travailler dans le domaine de l’environnement, mais il n’apprécia pas le fait de travailler dans un bureau et quitta donc ce métier. Tranquillement, il commença à enseigner l’anglais aux Vénézuélien-ne-s. En voyant qu’il aimait ce nouveau travail, il entreprit une maîtrise en linguistique à l’Université des Andes en 1985.

Cependant, il abandonna ses études pour réfléchir à son avenir et décida de devenir moine dans un monastère aux États-Unis. Cette période fut très difficile pour Trino. Le travail manuel et les longues heures de silence au cours desquelles il devait laisser aller ses pensées intérieures étaient très pénibles, mais cette période de sa vie le marqua énormément : « Ce fut les années les plus heureuses de ma vie ». Un peu plus tard, le groupe de moines vint s’installer au Venezuela pour y construire un centre monastique. Trino fut donc heureux de retourner dans son pays d’origine, mais tout ce travail physique l’épuisa considérablement. Il finit donc par quitter cette vie en 1986.

Après cette expérience, il recommença sa maîtrise en linguistique. Entre-temps, il continuait d’enseigner les langues : des cours d’anglais aux Vénézuélien-ne-s et des cours d’espagnol aux étrangers et étrangères qui habitaient le pays. Le désir de Trino était d’être professeur de langue, mais, pour ce faire, il devait détenir un baccalauréat en langues.

Poussé par la situation politique incertaine de son pays et par sa soif de découvrir une autre culture, Trino arriva pour la première fois au Québec le 24 août 2005, âgé de 49 ans. Inscrit au baccalauréat en langues étrangères à l’Université des Andes, il bénéficia d’un accord entre l’Université des Andes et l’Université Laval pour venir faire un stage. Le but de cet échange était particulier : « Des étudiant-e-s québécois-es allaient à l’Université des Andes pour aider les professeur-e-s de français [au Venezuela] et deux étudiant-e-s de l’Université des Andes venaient [à Québec] pour aider les professeur-e-s d’espagnol ici », explique Trino. Son stage dura deux semestres et lui permit d’obtenir son diplôme en langues étrangères. « J’aurais pu choisir d’écrire un mémoire, mais j’ai choisi les stages et je suis venu ici, » dit-il.

À la fin de son stage, l’intention de Trino était de retourner dans son pays afin d’enseigner à ses concitoyen-ne-s la culture et les langues qu’il avait apprises durant son voyage.

Il y a beaucoup de gens qui ont soif d’apprentissage et de culture et qui ne peuvent pas sortir [du pays].

Malheureusement pour lui, ses plans tombèrent à l’eau puisque le Venezuela prit un virage communiste. Il décida de rester à Québec pour y commencer un doctorat en linguistique en 2006. Pour pouvoir payer ses études, l’Université Laval lui permit d’enseigner l’espagnol durant un an. Le Vénézuélien dut trouver rapidement un travail pour poursuivre ses études. Il trouva facilement du boulot et travailla dans des hôtels et restaurants.

À son arrivée au Canada, Trino s’installa chez une femme qui l’accueillit chaleureusement : « Elle est venue me chercher à l’aéroport. Très gentille! ». Par la suite, il déménagea dans un logement détenu par un couple. Le Vénézuélien apprécia leur aide et leur générosité. Ils lui donnèrent des vêtements et de la nourriture. Ils achetèrent tout ce dont Trino avait besoin pour s’installer. Il se fit tranquillement des ami-e-s. Il tenta de se rapprocher de la communauté vénézuélienne de la ville, et constata qu’« ils sont plus Québécois que Vénézuéliens ».

Son adaptation à la culture québécoise

La venue de Trino à Québec se fit sans trop d’embûches. Il n’eut pas de difficulté à obtenir des emplois ni pour trouver un endroit où dormir. L’accueil qu’il reçut était très amical et attentionné. Ayant déjà vécu aux États-Unis, son adaptation à la culture nord-américaine se fit assez facilement. Trino fut tout de même marqué par plusieurs choses, dont une plus grande égalité des sexes au Québec qu’au Venezuela. Il fut surpris par la façon dont les hommes et les femmes communiquaient entre eux, ici. Dans la culture vénézuélienne, le sexe masculin est dominant. « Il y a plus de pression pour les [hommes] latinos de toujours démontrer leur masculinité. Ici, ce n’est pas comme ça », dit Trino. Il fut surpris de voir que les femmes avaient plus de contrôle et de liberté que les femmes dans son pays.

Selon ses observations générales, Trino considère que les Québécois-es acceptent très bien les Latino-Américain-e-s puisqu’ils et elles se sentent « comme des cousin-e-s ». Il dit n’avoir senti aucune négativité envers les Sud-Américain-e-s.

Ses séjours aux États-Unis ont permis à Trino de se familiariser avec les comportements et la personnalité des Nord-Américain-e-s. Le fait d’aller au Québec ne le dérangeait pas vraiment puisqu’il se disait que les comportements seraient pratiquement les mêmes entre les Américain-e-s et les Québécois-es. Toutefois, il remarqua que les deux peuples sont très différents sur plusieurs points, surtout concernant le fait que les Québécois-es disent moins ouvertement le fond de leurs pensées.

Les Américain-e-s sont plus bavard-es. On sait ce qu’un-e Américain-e pense tout le temps. Mais ce n’est pas tout le temps qu’on va savoir ce qu’un-e Québécois-e pense.

Cela l’a surpris légèrement puisque lui-même a adopté ce réflexe de dire ce qu’il pensait sans retenue. Il explique qu’un de ses amis canadiens a dû lui apprendre « à ne pas être aussi direct ». Malgré tout, Trino a été agréablement surpris de constater l’ouverture qui caractérise le peuple québécois : « Vous êtes vraiment ouvert-e-s, réceptifs-ves et accueillant-e-s ».

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