10 Daniel Alejandro X.

Karel Barrette

Daniel Alejandro X. a suivi un parcours professionnel impressionnant et inspirant, du Chili au Québec.

Sa vie au Chili

Il naquit dans la ville de Santiago, la capitale du Chili. Il joua au volley-ball pendant toute sa jeunesse, puis commença à jouer professionnellement dès sa troisième année du secondaire, puis jusqu’aux études collégiales. Il s’entraînait cinq fois par semaine en plus des parties durant la fin de semaine. Il finissait l’école pour ensuite faire une heure ou deux d’autobus pour se rendre à ses entraînements. Il n’était pas rare qu’il revienne à la maison vers minuit, et cela recommençait tous les jours. C’est après sa cinquième année du secondaire qu’il vint pour la première fois au Québec.

La première visite au Québec

Sa première visite au Québec se fit par l’entremise du Club Rotary qui organisait un échange étudiant avec des jeunes étudiant-e-s québécois-es et chilien-ne-s. Daniel vécut donc un an dans la ville de Sept-Îles en 2006. Il avait 18 ans à ce moment et était déjà très indépendant; il ne comptait pas revenir vivre chez ses parents après l’échange.

À son arrivée à Sept-Îles, il vécut un vrai choc culturel puisqu’il était le seul membre de l’échange à se retrouver dans cette ville. Il n’avait pas l’habitude de se retrouver dans une aussi petite ville lui qui venait d’une grande ville, ce qu’il trouvait fort effrayant. Surtout, c’était la peur de s’ennuyer qui le rongeait, car, selon lui, il y avait bien peu de choses à faire dans cette ville.

Il vivait dans une famille dont l’enfant était lui aussi parti dans un autre pays. Bien qu’accueillant-e-s, aucun-e des membres de la famille ne parlait espagnol, donc la communication se fit plus difficilement au début. Il réussissait tout de même à communiquer en faisant des dessins jusqu’à ce qu’il apprenne le français à l’école.

Il eut également quelques problèmes avec un des étudiant-e-s de l’école qui était jaloux de l’attention qu’il recevait des autres étudiant-e-s. Étant quelqu’un de très sociable, Daniel n’avait pas de difficulté à se faire des ami-e-s. Après avoir réglé ses différends avec l’autre étudiant, il put commencer sérieusement à apprécier son séjour au Québec. Il réussit même à trouver l’amour. Après une année, il retourna vivre au Chili pour terminer ses études avec sa nouvelle copine québécoise.

Retour au Chili

De retour au Chili, Daniel commença des études collégiales en physiothérapie et en enseignement de l’éducation physique. Son père souhaitait qu’il fasse ses études en médecine, mais Daniel avait une passion pour le sport. Sa mère était, pour sa part, enseignante d’éducation physique au Chili. Pendant ses études, il continua à jouer pour l’équipe nationale et voyagea beaucoup. Il prit ensuite la décision de revenir vivre au Québec afin d’avoir une meilleure qualité de vie.

Pourquoi le Québec?

Daniel avait envie de voyager puisqu’il le faisait déjà beaucoup avec l’équipe nationale de volley-ball. Son frère avait aussi fait un échange étudiant en Australie, ce qui avait poussé Daniel à faire le sien en 2006. Il prit alors la décision de revenir au Québec puisqu’il le connaissait déjà, qu’il s’y sentait bien et qu’il voulait revenir pour faire plaisir à sa copine. Étant passionné de sport, il trouvait aussi que le Québec était parfait à cet égard. Actuellement, il fait du ski, de la course à pied, de la natation et du vélo. Il est également inscrit au Ironman 2018 de Mont-Tremblant.

Son arrivée au Québec

Il revint donc pour de bon à Québec, en 2012, avec sa copine. Son arrivée fut parfaite selon lui : il était en amour et vivait dans le sous-sol des parents de sa copine du temps. Ils furent ensemble pendant dix ans, bien que récemment séparés. En arrivant ici, bien que Daniel avait obtenu son baccalauréat en physiothérapie et en enseignement de l’éducation physique, son diplôme ne fut pas reconnu au Québec. Il dut donc recommencer ses études d’enseignement en éducation physique à l’Université Laval. L’admission au baccalauréat a été difficile, mais, heureusement, l’Université lui crédita 14 cours, ce qui lui permit de le compléter plus rapidement.

Son parcours professionnel

L’équipe de volley-ball de l’Université décida de le prendre comme coach. Il fut statisticien sportif pour l’équipe de 2013 à 2017 et aussi celui de l’équipe du Canada de 2016 à 2017. Il organisa le défi Pierre Lavoie avec ses ami-e-s du baccalauréat. Ce projet lui permit de rencontrer plusieurs personnes et de se faire beaucoup d’ami-e-s. Il fut athlète un an et organisateur deux ans. Il décida de mettre fin à sa carrière de coach à la fin de ses études puisqu’il commençait un nouveau travail à temps plein en tant que professeur d’éducation physique dans une école secondaire de la région. Il y travaille encore et est également coach de volley-ball dans le programme sport-études et statisticien sportif dans un cégep.

Daniel a également un projet pour 2018 avec l’école secondaire de Rochebelle et le Collegio alèman de sa mère au Chili. En effet, avec trois autres enseignant-e-s, il organise un échange étudiant au Chili pour 32 étudiant-e-s de secondaire trois à cinq. Les étudiant-e-s seront accueilli-e-s dans des familles chiliennes pendant trois semaines, iront à l’école et auront la chance de visiter le pays. Les étudiant-e-s du Collegio alèman viendront à leur tour, en 2019, passer trois semaines au Québec pour vivre quelques jours dans des familles d’ici et visiter la province.

Le Québec selon Daniel

Ce qu’il aime le plus du Québec, c’est la qualité de vie. Un horaire de travail de 8h à 17h est plus avantageux pour avoir du temps libre et les enseignant-e-s ont un salaire plus stable. Il trouve que les inégalités ici sont moins grandes que dans son pays et que l’organisation politique est meilleure. Il constate que les gens s’entraident alors qu’au Chili, c’est plutôt la compétition qui domine. Il aime que les gens soient honnêtes et directs, tout en étant très accueillants. Il apprécie également que les femmes soient indépendantes et capables de vivre seules, mais aussi qu’elles soient en mesure de donner leur point de vue et qu’elles aient un rôle important dans la société.

Ce qu’il a trouvé le plus difficile fut d’apprendre la langue, surtout qu’à Sept-Îles les gens avaient un accent plus prononcé ce qui augmenta le défi linguistique. De plus, malgré qu’il y ait quatre saisons au Chili, cette région du monde ne vit pas des hivers aussi froids et enneigés comme au Québec. La seule chose qu’il déplore concernant le Québec est le fait que les soirées manquent de danse et de musique.

Le Québec, l’Amérique latine et l’immigration

Il trouve que les Québécois-es voient l’Amérique latine que comme un endroit de vacances et de plaisir, où les gens y sont tous joyeux. Selon lui, la population québécoise oublie toutes les inégalités et les aspects négatifs présents dans les pays. Elle perçoit surtout l’Amérique latine comme un endroit avec de beaux paysages et de la chaleur. Il passe aussi un message aux Québécois-es qui peuvent peut-être avoir peur de l’immigration. En effet, il encourage notre société à rester accueillante et sociable.

Quelques petits conseils

Selon lui, le plus important est de foncer, d’essayer et de ne pas avoir peur de la nouveauté. Aussi, il mentionne qu’il est important de parler avec la population locale pour mieux s’intégrer. Il est certain que la meilleure façon d’apprécier sa vie ici est d’intégrer les cultures canadienne et québécoise et de délaisser un peu ses ami-e-s d’origine sud-américaine. Depuis qu’il est ici, Daniel ne parle presque plus espagnol, sauf avec sa mère qui est toujours au Chili. Il est impliqué dans la société québécoise et est très apprécié par son entourage.

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