17 Le Groupe de Recherche Action Sérieuse (GRAS), ou comment lutter contre les injustices épistémiques dans le champ du vieillissement

Jean-Vincent Le Borgne, Louis Moline, Salim Kheloufi, Brigitte Belle et Charlotte Doubovetzky

Le présent texte a été écrit à plusieurs mains. L’auteur ou l’autrice est annoncé-e devant chacune des sections.

Introduction (par Charlotte Doubovetzky, chercheuse animatrice du groupe)

Le GRAS est un groupe de travail basé en Isère, qui aborde la question du vieillissement en Pension de Famille et auquel on nous a proposé de participer, à nous résident-e-s et professionnel-le-s.

Image 1 : Présentation du dispositif Pension de Famille, 2019. Source : GRAS.

Ce vieillissement n’est pas sans poser des problèmes. En effet, alors que les résident-e-s disent vouloir rester, comme tout un chacun, chez elles et eux (à la Pension de Famille jusqu’au bout) (Doubovetzky, 2016), les professionnel-le-s ne sont pas toujours prêt-e-s à accompagner cette évolution (Doubovetzky, 2017). Au-delà des lacunes de leur formation professionnelle, ce changement pose la question du sentiment d’éloignement du corps de métier et de l’évolution des pratiques professionnelles et de la place des projets des résident-e-s au sein de ces organisations.

Présentation du GRAS

Le GRAS, c’est qui? (par Jean-Vincent Le Borgne, chercheur résident)

On est 19 dans ce groupe, dix résident-e-s, deux responsables de service, quatre accompagnateurs et accompagnatrices, une stagiaire éducatrice et deux animatrices du groupe. Les participant-e-s sont issu-e-s de cinq pensions de famille, deux associations et trois territoires. Du coup, il y a une soixantaine de résident-e-s et une quinzaine de professionnel-le-s qui sont directement touché-e-s par notre travail. Tout le monde avait le choix de participer ou non à ce groupe, mais une fois qu’on s’est engagé-e-s, on s’engage pour tout le travail.

Le GRAS, c’est quoi?

Au début donc, on avait un thème donné : le vieillissement en Pension de Famille, et au fur et à mesure, chaque personne amène ses savoirs, selon sa place, son expérience. On n’avait pas besoin d’avoir des connaissances à la base : tout le monde pouvait venir. On a un atelier par mois à peu près, et maintenant on a aussi des recherches à faire entre les ateliers. On le fait comme on veut, seul-e, avec quelqu’un… Ça dépend de chacun-e. Et ce qui nous réunit, c’est vraiment qu’on a tous et toutes envie de trouver une solution.

Quelle était notre place dans le colloque organisé à Namur? (par Jean-Vincent Le Borgne, chercheur résident)

On était dans ce colloque pour parler de ce groupe, mais on avait un peu peur. On n’est pas des chercheurs et des chercheuses, on n’a pas le même niveau intellectuel, on n’a pas l’habitude de parler devant des gens. On a un peu peur de pas être à la hauteur. Par rapport aux autres, c’est pas notre monde. Déjà, le titre du colloque, on ne l’avait pas compris. On avait du mal à se sentir légitimes à être là. Mais on avait la volonté d’être là et de partager ce qu’on fait parce que c’est important. Ça peut donner des idées. C’est important que les choses soient plus accessibles, pour que ce soit mieux compris. Comme ça, on sait nous aussi, où on va et pourquoi, on est moins passif et passive, on a une parole à dire et ce qui nous arrive n’est pas imposé.

Mais dans le GRAS aussi, c’était pas simple, hein? On avait cette appréhension là aussi, la peur de pas y arriver. Parce qu’à la Pension de Famille, les résident-e-s, tous et toutes, on est précaire, malade ou pas intellectuel-le, et en fait, il faut pas que ce soit un blocage. Et dans ce groupe, ce qui est bien, c’est que tout le monde réfléchit ensemble et que chacun-e a sa place. Mais c’est pas évident…

Une certaine résignation (par Louis Moline, chercheur résident)

C’est vrai que c’est pas évident. Moi, par exemple, j’avais arrêté de prendre la parole, je vais vous dire pourquoi. Quand on est dans la misère, ou malade, ou pas éduqué-e, selon qui on a en face de soi, on est considéré-e comme des citoyen-ne-s de seconde zone, des sous-citoyen-ne-s. Le problème qu’il y a, c’est que lorsqu’on est dans la galère, on essaie de s’en sortir, mais à être traité-e-s comme des minables, y a l’impression que des personnes veulent pas qu’on s’en sorte.

Voilà, après c’est vrai, la personne précaire, elle a du mal à s’exprimer, parce qu’elle a trop peur de pas être crédible, parce qu’elle est au fond du trou. Quoi qu’elle dise, elle a l’impression de brasser du vent. Au début, on nous a trop fait ressentir qu’on est trop dans la galère pour arriver à comprendre quoi que ce soit. Et puis ça commence tôt. Moi, déjà, à l’école on croyait que j’étais un incapable.

Aujourd’hui, même si humainement je sais ce que je vaux, il y a un blocage pour parler, je ne me le permets plus. Si c’est pour être encore jugé, je préfère encore ne rien dire. C’est sans fin en fait.

Une posture professionnelle ancrée (par Salim Kheloufi, chercheur accompagnant)

Pour nous professionnel-le-s, c’est difficile de sortir du schéma qui vient d’être présenté. Ça s’explique de par notre statut professionnel. On a le sentiment que la décision nous appartient du fait de notre place : « C’est moi qui vais avoir raison, mais je tends l’oreille quand même parce que je suis obligé, pour le respect, j’écoute par principe, mais sans réelle prise en compte. »

Image 2 : Une posture professionnelle ancrée, 2019. Source : GRAS.

Et puis, c’est ce qu’on attend de nous, de savoir, de prendre des décisions. Quand je dis « on », c’est nous, c’est notre hiérarchie, les organismes financeurs, mais aussi les personnes elles-mêmes.

Mais c’est pas que à cause de notre statut professionnel. Des fois, quand les gens semblent savoir ce qui est bon pour eux, on écoute une première fois, et puis ça marche pas, ça les met eux en échec, et nous aussi en quelque sorte, alors à force, on préfère prendre les devants.

Après, y a pas que ça. Des fois, on répond pas à leurs demandes, souvent même, faute de temps, de moyens. On est toujours à répondre à l’urgence. Et puis, des fois, ben on peut en avoir juste marre, être négligent-e ou pas motivé-e, on est humain-e.

Un sentiment d’horizontalité (par Brigitte Belle, chercheuse résidente)
Image 3 : Vers l’horizontalisation des savoirs, 2019. Source : GRAS.

Avec le GRAS, on sort de ce qui a été décrit jusque-là. Bien sûr, au début, il y avait une appréhension. Mais j’ai ressenti que personne ne se situait au-dessus de l’autre : tout le monde était au même niveau.

J’ai trouvé que dans le groupe, le statut des personnes n’intervenait pas, personne ne s’imposait. Il y a un réel respect de la parole, de la connaissance de l’autre. On a l’impression d’aller vers un but commun.

Qu’est ce qui permet cela? (par Brigitte Belle, chercheuse résidente)

Moi, c’est le thème du projet qui m’a donné envie de venir, je me suis sentie pleinement concernée, c’est proche de moi. J’aimerais qu’on trouve une solution. Parce que, moi, ce sujet, ça m’inquiète, ça m’inquiète parce que j’y ai pas pensé, j’ai signé un bail pour une pérennité. On est là en Pension de Famille, on a enfin pu poser nos valises. On se dit : « Ouf, on est arrivé-e, on peut s’investir ou se reconstruire, rebondir sur quelque chose de positif… ». Et là, on nous dit que c’est pas sûr, que ça peut poser problème si on vieillit là. Après, j’comprends, ça peut, par exemple, faire bondir les animateurs et les animatrices sur les activités proposées. Le GRAS, ça permet d’ouvrir, de créer un espace de dialogue entre nous et les équipes sur un sujet qu’on n’aborde pas sinon.

Moi, j’ai besoin de comprendre le pourquoi du comment, les difficultés des professionnel-le-s… J’aimerais qu’on trouve une solution où tout le monde y trouve son compte. Je veux mettre personne dehors, ni nous, ni les animateurs et animatrices.

Ce qui permet à chacun-e de s’exprimer, c’est le travail d’animation. Pour moi, une chose a été décisive, la façon dont s’est passée la première séance. J’ai vraiment été agréablement surprise par le déroulement. Comme dans tout regroupement, on arrive avec notre stress, notre dynamique, notre état d’esprit personnel. Le fait de commencer par des choses simples et conviviales qui nous relient au groupe, ça permet la création d’une cohésion, de se mettre dans de bonnes conditions pour se lancer dans la réflexion.

Une appréhension qu’on pouvait avoir, c’est qu’on pourrait ne pas comprendre. Mais on avait décidé dès le début qu’on évitait les abréviations, par exemple, ou les choses trop techniques qui nous auraient largué-e-s. Ça a été posé dès le début et c’est respecté. On prend le temps de bien nous expliquer. Et pour finir, c’est bien qu’il n’y ait pas qu’un ou deux résident-e-s. On ne se sent pas en minorité, ça aide aussi.

Image 4 : Les leviers de la participation, 2019. Source : GRAS.
Une prise de conscience (par Salim Kheloufi, chercheur accompagnant)

Petit à petit, avec le GRAS, on sort des schémas qu’on connait. Des fois, j’ai l’impression qu’on fait de la participation pour faire bonne image : « Ah oui, les personnes vont être vues, ça va être bien! ». C’est des injonctions qui nous viennent du haut, qui n’ont pas trop de sens. Là, c’est différent.

On a toujours la question de l’utilité à intégrer un groupe de travail. Je vois l’utilité de ce groupe. Je suis même surpris par la richesse de ces échanges. Le sujet, très pertinent, concerne tout le monde. C’est ce qui fait que ça marche, ça dépasse pour moi le simple cadre professionnel. Quand tu parles, tu parles de toi, pas juste de la personne qui anime. Ça a des répercussions sur le reste. On est assoiffé-e de savoir ce qu’on va devenir.

Le GRAS nous aide, il y a plus de respect, de par les règles qui ont été posées par le groupe, pour le groupe. Il n’y a pas de jugement. Dans d’autres contextes, des fois, quand les personnes parlent, c’est insupportable. Là, on accepte, on respecte les difficultés. C’est le cadre qui permet ça. J’ai l’impression qu’on a besoin d’un espace, de règles pour créer cette horizontalité, cette participation, ça va pas de soi, c’est difficile au quotidien. Le GRAS m’a appris le respect, l’écoute, mais pas que. C’est avec les personnes que se construit le travail. On travaille pas pour elles comme on fait d’habitude pour leur confort et leur sécurité, mais bien avec elles.

Le GRAS nous apprend des choses sur le contenu, bien sûr, et la thématique du vieillissement, mais aussi sur la forme. C’est clair qu’on donne de nous. C’est une question de place : là, on se met à nu et on accepte de faire un pas de côté, on est tous et toutes au même niveau, tous et toutes chercheurs et chercheuses. On va jusqu’à se demander : mais pourquoi c’est moi qui le guide? Nous aussi on se laisse porter. Je pense que ça va faire bouger nos pratiques, nous apporter d’autres savoir-être. On apprend à s’écouter chacun-e dans sa difficulté. Finalement, il suffit de se donner le temps.

Un grand défi (par Charlotte Doubovetzky, chercheuse animatrice du groupe)

De mon côté, le GRAS, c’est un vrai défi, de par le nombre global de personnes dans le groupe et le nombre de résident-e-s (qui représentent plus de la moitié des participant-e-s), et aussi de par le sujet puisque le vieillissement, la fin de vie sont encore tabous. C’est une première expérience pour moi d’animer un groupe comme ça et j’ai aussi du mal à me sentir à la hauteur et légitime.

Pour nous, animatrices, il y a un travail permanent de déconstruction et une fois de plus sur le fond et sur la forme. On l’a vu, il y a des choses du côté des résident-e-s comme du côté des professionnel-le-s qui sont ancré-e-s depuis longtemps et nous, on vient bousculer tout ça. Et c’est en permanence, parce que ce groupe, c’est trois heures par mois, et les participant-e-s sont plongé-e-s dans leur quotidien le reste du temps, donc à chaque fois, il y a des choses à réaffirmer. On voit vraiment une différence d’état d’esprit et de comportement entre le début et la fin des ateliers.

Après, on ne cherche pas à gommer les différences parce que ce sont elles qui amènent toute la richesse de ces rencontres. On veut, par contre, gommer les hiérarchies qui empêchent ces différences de s’exprimer, et que les personnes intègrent que tous les savoirs et toutes les places… se valent. Pour moi, il est là, tout l’enjeu de l’horizontalité. Cette idée rejoint celle exprimée par Santos (2011) avec l’idée d’« écologie des savoirs » qui s’appuie sur le dialogue entre les différentes visions du monde, tout en rejetant des hiérarchies entre groupes sociaux créés par les systèmes d’oppression que sont le capitalisme, le patriarcat et le colonialisme.

Image 5 : L’importance du travail de déconstruction, 2019. Source : GRAS.

Brigitte parlait de temps, et c’est vrai que c’est la clé de ce travail. Pour trois heures d’atelier, il y a au moins une demi-journée de préparation (avec la création d’outils et de supports). On a vraiment le souci de s’adapter en permanence, de varier les supports pour que personne ne soit en difficulté. On n’a pas de programme pré-construit, ça s’élabore atelier par atelier avec les retours et les échanges des participant-e-s. Et en plus de ça, il y a vraiment du temps pour maintenir la mobilisation, envoyer des mails de rappel, faire du soutien au travail inter-atelier.

Pour conclure (par Charlotte Doubovetzky, chercheuse animatrice du groupe)

Personne ne voulait avoir la lourde responsabilité de la conclusion, alors c’est moi qui vais le faire. Pour conclure, il me semble intéressant de faire un parallèle entre le travail que nous avons fait pour préparer ce colloque et ce qui s’est passé et continue à se passer dans le GRAS. Quand j’ai envoyé le dossier pour participer à ce colloque, j’y croyais honnêtement pas du tout, entre le sujet nébuleux, la plateforme de soumission de la communication quand même vraiment créée pour des chercheurs et chercheuses universitaires… C’était pas gagné.

Quand on a reçu la réponse, avant de confirmer notre participation, j’en ai parlé aux résident-e-s participant au GRAS en essayant de leur expliquer le sujet que j’avais moi-même que partiellement compris. Comme pour les ateliers du GRAS, j’avais essayé de préparer un support visuel, pour présenter les choses autrement, en prenant le temps.

Après avoir expliqué dans les grandes lignes ce que me semblaient être les injustices épistémiques, j’ai demandé à chaque personne si ça lui parlait, si c’était quelque chose qu’elles avaient vécu. D’abord, tout le monde m’a dit que « non ». Puis, au fil des échanges, quelqu’un a dit, « Mais c’est toi la mieux placée pour parler de trucs pareils, comment veux-tu que nous on puisse? » « Ah bon, et pourquoi tu penses ça? » « Ben, t’as une vision plus théorique, toi. Nous, résident-e-s… » « Justement, c’est exactement ça le sujet. Moi, j’ai – et encore – un peu de théorie, mais vous, vous avez autre chose, vos expériences, vos ressentis. » Et c’est de là qu’a commencé le travail de réflexion, tous et toutes ensemble, on a commencé à tirer un fil.

Et on voit bien, dans les propos qui ont été dits qu’il est question de concepts de « résignation acquise » (Morgan, 2013) ou encore « d’injustice de témoignage » (Fricker, 2007), pour ne citer que deux exemples. Mais que si on ne sait pas que ça existe, c’est beaucoup plus difficile d’en parler (Casper, 2012). C’est là, mais on ne sait pas quoi en faire sans pouvoir les nommer. Et tout l’enjeu de notre travail avec le GRAS, au-delà de trouver une réponse au vieillissement des personnes en pension de famille, c’est ça pour moi. C’est mettre des mots sur les choses, comprendre et faire comprendre que les expériences, les vécus, les émotions… C’est pas rien : c’est aussi des savoirs, différents, mais des savoirs, qu’il faut simplement en permettre l’expression et la mobilisation et que pour ça, il faut une certaine symétrie, ou horizontalité dans la relation (Nussbaum, 2011).

Bibliographie

Casper, Marie-Claude. 2012. « Nommer… pour quelle(s) réalité(s)? », La lettre de l’enfance et de l’adolescence, 2012/1 (n°87), 15-22. doi.org/10.3917/lett.087.0015

Fricker, Miranda. 2007. Epistemic Injustice. Power and the Ethics of Knowing. New York : Oxford University Press.

Morgan, Theresa A. 2013. « Learned Helplessness », In: Gellman Marc D., Turner J. Rick (eds) Encyclopedia of Behavioral Medicine. Springer, New York, NY. doi.org/10.1007/978-1-4419-1005-9_1201.

Nussbaum Martha. 2011. Les émotions démocratiques. Comment former le citoyen du XXe siècle?, Paris : Flammarion, « Climats ».

Santos, Boaventura de Sousa. 2011. « Épistémologies du Sud », Études rurales 187, 21-50. doi.org/10.4000/etudesrurales.9351

Pour en savoir plus sur les pensions de famille, le GRAS et le vieillissement

Ada Amandine, Belle Brigitte, Canon Mélanie, Delacour Jacky, Doubovetzky Charlotte, Gacon Christian, Gentil Michel, Hennequin Adeline, Kheloufi Salim, Kirtsch Grégory, Laï Eric, Le Borgne Jean-Vincent, Moline Louis, Pintado Valérie, Saunier Annie, Testud Sylvie (2019). Les vieux précaires, on en fait quoi? Bien vieillir et finir sa vie en pension de famille, Recherche Action Participative menée entre novembre 2018 et octobre 2019. Rendu du rapport de recherche le 22 novembre 2019, 170 p. https://ifts-asso.com/images/ERA/rapports-recherche/2019-11-precarite-vieillissement-Relais-Ozanam.pdf

Doubovetzky, Charlotte. 2016. Vieillissement et Précarité : Représentations du vieillissement des personnes en situation de précarité et tactiques mises en place dans le quotidien. L’exemple des résidents d’une pension de famille, Master, Université Grenoble Alpes, Grenoble. https://plateforme-vip.org/wp-content/uploads/2020/08/Vieillissement-et-Précarité-Représentations-du-vieillissement-des-personnes-en-situation-de-précarité-Charlotte-Doubovetzky.pdf

Doubovetzky, Charlotte. 2020. « Le vieillissement inattendu – Enquête autour de l’accompagnement illimité en Pension de Famille », Working papers du Collectif SOIF (5). https://fnarsra.files.wordpress.com/2020/03/working-paper-soif.pdf

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