19 Louise Arbour (1947–)

Micheline Bélisle

Louise Arbour. https://ville.montreal.qc.ca/ordre/en/louise-arbour

Vie familiale et personnelle

 Louise Arbour est née en 1947 à Montréal (Québec), dans une famille bourgeoise. Elle a fait ses études primaires et secondaires à la Congrégation Notre-Dame du Collège Regina Assumpta au nord de Montréal. Il s’agissait d’une école privée tenue par des religieuses.

Pendant qu’elle fréquentait cette école, ses parents Bernard Arbour et Rose Ravary ont divorcé. Ils étaient propriétaires d’une chaîne d’hôtels.

Madame Arbour est mère de trois enfants : Émilie, Patrick et Catherine.

Ses débuts

 En 1967, elle reçoit son Baccalauréat ès arts de l’Université de Montréal, suivi, en 1970, d’une licence en droit (LL.L) avec la mention Distinction.

En 1971, elle est acceptée comme avocate au Barreau du Québec. En 1971-1972, elle entre au service du juge Louis-Philippe Pigeon qui siège à la Cour suprême du Canada. Elle s’installe alors à Ottawa. Concurremment, elle complète des études en Common Law à l’Université d’Ottawa. En 1972-1973, elle est professeure adjointe, puis associée à la Osgoode Hall Law School de l’Université York, à Toronto. En 1977, elle est accueillie au Barreau ontarien.

Carrière juridique

 Louise Arbour a connu une ascension inusitée. De 1974 à 1987, elle est officière de recherche pour la Commission sur la réforme du droit du Canada, tout en étant professeure adjointe et doyenne adjointe de la Osgoode Hall Law School à Toronto. En 1987, elle devient juge à la Cour suprême de l’Ontario, première femme et première francophone à occuper ce poste. En 1990, elle est nommée juge à la Cour d’appel de l’Ontario.

Efficace et audacieuse, ses jugements sont loin de passer inaperçus. C’est le cas, entre autres, du jugement dans lequel, en 1992, elle accorde le droit de vote aux détenus. Puis, en 1995, elle dépose un rapport dévastateur sur le système pénitentiaire canadien alors qu’elle est présidente d’une Commission d’enquête ontarienne portant sur les événements violents survenus à la prison des femmes de Kingston, en Ontario.

Elle devient en 1996 une figure internationale. En effet, cette année-là, le secrétaire général des Nations Unies, Boutros Boutros-Ghali, choisit Louise Arbour pour occuper le poste de procureure en chef du Tribunal pénal international (TPI) pour le Rwanda et du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie. Tâche colossale s’il en est, car elle doit superviser le travail de ces deux tribunaux créés par les Nations Unies en 1993-1994. Pendant cette période, elle publie des textes sur les procédures criminelles, les droits de l’Homme et les libertés civiles, tant en anglais qu’en français.

Elle qui, dès la petite école, s’était fait traiter d’irrévérencieuse alors qu’elle était directrice du journal étudiant, n’hésite pas en 1997 à accuser la France de « se traîner les pieds » en Bosnie-Herzégovine en évitant d’arrêter les criminels de guerre. Et en mai 1999, en pleine guerre du Kosovo, elle n’hésite pas à accuser l’ex-président de la Serbie, Slobodan Milosevic, de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Son empressement à procéder à cette accusation est cependant critiqué par de nombreux observateurs internationaux qui voient là un risque de nuire aux chances de conclure un accord avec Belgrade.

En juin 1999, elle décide de cesser la chasse aux criminels de guerre et accepte, en septembre de cette même année, un siège à la Cour suprême du Canada où elle succède au juge à la retraite Peter Cory, sous le règne de Jean Chrétien. La juge Arbour prend sa retraite en juin 2004.

En février 2004, Louise Arbour est nommée Haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme. Elle occupe ce poste dès le mois de juillet. Cependant, en juillet 2006, elle fait l’objet d’une campagne visant sa démission de ce poste après qu’elle eut dénoncé les attaques d’Israël contre le Liban et qu’elle eut émis, en cours de mandat, plusieurs critiques à l’endroit de certains gouvernements qui cherchaient à contrôler, par leur politique, le Haut-commissariat aux droits de l’Homme. De plus, elle avait vivement critiqué le conflit entre la Palestine et Israël ainsi que l’attitude des États-Unis dans leur lutte antiterroriste. Le conflit au Darfour était son cheval de bataille. Contestée pour ces multiples raisons, elle donne sa démission en juin 2008. De 2009 à 2014, elle accepte la présidence de l’International Crisis Group, organisme indépendant qui vise à prévenir et à résoudre les conflits armés dans le monde.

Elle a également joué un rôle important dans l’adoption de la Déclaration de Montréal sur les droits humains des LGBT et a fortement influencé l’établissement des Principes de Yogjakarta. Ces principes portent sur l’application des droits de l’Homme en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre et visent à protéger et à interdire de façon absolue la discrimination contre les LGBT et les personnes intersexuées.

Elle est présentement juriste en résidence et fournit des conseils stratégiques aux avocats du groupe Litige pour les questions entourant les litiges internationaux. Elle joue aussi un rôle de mentor auprès de jeunes avocats. Ses bureaux sont à Montréal.

 Prix et distinctions

Elle est récipiendaire de 27 doctorats honorifiques et de nombreux titres de reconnaissance, notamment :

2007 – Compagnon de l’Ordre du Canada.

2009 – Grande officière de l’Ordre national du Québec.

2010 – Commandeur de la Légion d’honneur

2011 – Lauréate du Prix spécial du jury pour la prévention des conflits, décerné par la Fondation Chirac.

2014 – Intronisée dans l’Allée des célébrités canadiennes à Toronto.

2016 – Lauréate de la 29e médaille Pearson pour la paix.

Elle est en outre :

  • Membre de la Commission mondiale sur les politiques en matière de drogues.
  • Membre de la Commission internationale contre la peine de mort.
  • Membre du Conseil consultatif de la Coalition pour la Cour pénale internationale.

Œuvres principales

1974 – Rapport sur l’enquête portant sur la communication de la preuve avant le procès en matière pénale.

1980 – Criminal procedure: cases, text and materials.

2002 – The responsibility to protect and the duty to punish: politics and justice in a safer world.

2002 – War crimes and the culture of peace.

2006 – Nouveau dialogue sur la démocratie au Canada.

 Références

 Wikipédia. « Louise Arbour ». https://fr.wikipedia.org/wiki/Louise_Arbour, dernière modification le 12 août 2019.

Cour suprême du Canada. « L’honorable Louise Arbour ». http://www.scc-csc.ca/court-cour/judges-juges/bio-fra.aspx?id=louise-arbour

Famille Arbour. 2010. « L’honorable Louise Arbour, Biographie ». http://www.famille-arbour.com/2010/01/29/lhonorable-louise-arbour-biographie

Edimage. « Louise Arbour ». Les grands personnages de la francophonie canadienne. http://edimage.ca/edimage/granspersonnages/fr/carte_m03.html

Université de Sherbrooke. 2004. « Louise Arbour (1947-) Femme de loi », Bilan du siècle. http://bilan.usherbrooke.ca/bilan/pages/biographies/318.html

Yvon, Anne-Marie. 2016. « La Canadienne Louise Arbour recevra la médaille Pearson pour la paix ». http://www.rcinet.ca/fr/2016/03/16/la-canadienne-louise-arbour-recevra-la-médaille-pearson-pour-la-paix

Sazcka, Alexandra. 2015. « Quelle est la place du Canada dans le monde? ». Dossier Élections 2015 de Radio-Canada. http://ici-radio-canada.ca/sujet/elections-canada-2015/2015/09/22/011-canada-place-monde-alena-politique-etrangere.shtml

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