20 Vandana Shiva, écoféministe (1952–)

Tanguy Houghton

Vandana Shiva en 2007. par Ekabhishek, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=5713172

Femme aux allures de Gandhi et au nom divin, Vandana Shiva a un parcours digne des plus grandes histoires mythologiques. Cependant, rien dans son combat ne relève de la légende ou de la fiction. Scientifique, philosophe, militante et activiste féministe, l’intermondialiste indienne est considérée comme chef de file du mouvement écoféministe qui prône un retour à des valeurs plus pures au sein de notre société, mettant ainsi la femme et la nature au cœur de sa lutte contre l’industrie agroalimentaire néolibérale. Portrait d’une femme engagée au service des femmes, de la nature et de l’équité entre les citoyens.

Les racines d’une femme proche de la nature

Vandana Shiva est née le 5 novembre 1952 à Dehradun, actuelle capitale économique de la région de Uttarakhand située au nord de l’Inde. C’est en ces lieux reculés que la plus haute chaine de montage au monde, l’Himalaya, prend racine. La petite Indienne, dont l’enfance se passait « soit à la ferme que ma mère a construite ou dans la forêt » est à l’aube d’un voyage extraordinaire. En effet, le parcours hors du commun de cette femme peut être comparé à une ascension lente, douloureuse et presque irréalisable de l’Everest. Sa vie sera marquée par de nombreux combats de longue haleine, menés par la seule conviction de vouloir changer les choses.

Ce désir de vouloir changer les choses, Vandana Shiva ne l’a pas volé. Son grand-père maternel, Mukhtiar Singh, peut être vu comme un exemple que sa petite fille s’est donné à suivre. Le vieil homme, conscient des changements que traverse son époque et du nouveau statut que prend la femme au sein de la société indienne, est mort pour avoir défendu ses convictions. En effet, Mukhtiar Singh décida en 1946 de créer, à Duhai, la première école de filles de son pays (Astuc 2014). Quelque chose d’invraisemblable à une époque où on interdisait aux femmes toute forme d’éducation. En 1956, une grève de la faim et de la soif le menèrent à sa mort, dans le but et l’espoir de défendre l’égalité des sexes.

Ses parents « inhabituels », comme elle les décrit, l’ont également énormément influencée. Son père, garde forestier, et sa mère, agricultrice et première fille de son village à suivre des études, ont en effet joué un rôle extrêmement important dans l’éducation de la jeune fille. Ils lui transmirent le goût des choses simples et un amour pur et inconditionnel pour la Nature et la Terre.

De la physique à la philosophie des sciences

Cette éducation permet à Vandana Shiva de développer et d’entretenir un certain intérêt pour les sciences physiques, au point qu’elle décida d’entreprendre des études en sciences à l’Université du Panjab, à Chandigarh. Elle y obtiendra son diplôme de licence dès 1972 et terminera son master en 1974. Son passage à l’Université de Panjab sera aussi marqué par l’obtention de la bourse nationale du Talent scientifique. Pendant ces mêmes années, elle travailla à la Commission de l’énergie indienne où elle fut la seule et unique représentante de la gent féminine.

Au début des années 70, Vandana Shiva, à peine âgée de 21 ans, alla rejoindre sa mère dans le mouvement féministe Chipko pour l’aider à lutter contre l’exploitation forestière commerciale dans sa région. Il s’agit là du tout premier combat de la jeune Indienne. La pratique quelque peu particulière de ce mouvement a réussi à attirer l’attention des médias du monde entier, faisant de lui un véritable enjeu social international. En effet, les femmes activistes n’hésitaient pas à enlacer les arbres, comme des « pots de colle », pour éviter que les scies ne les coupent. D’ailleurs, le mot hindi « Chipko » signifie en français « pot de colle ». Aujourd’hui, ce mouvement est considéré comme une importante victoire dans le combat pour les droits de la femme et la protection de l’environnement.

Sa sœur, Mira Shiva, étudiante en médecine à l’époque, s’inquièta pour sa santé personnelle en raison des radiations auxquelles elle faisait face dans son domaine d’études, si bien qu’elle influença la brillante physicienne à changer de domaine. C’est alors que Vandana décida de se tourner vers la philosophie des sciences et de poursuivre son Master à l’Université de Guelph en Ontario (Canada). Elle y rédigea sa thèse en 1977 : Changes in the Concept of Periodicity of Light.

Naissance d’une scientifique militante

Parallèlement aux premiers pas de notre protagoniste, l’État indien doit faire face à une situation agricole précaire. En effet, dès 1967, l’Inde est frappée par une augmentation incontrôlée du taux de croissance de sa population si bien que l’État craint de ne pas pouvoir subvenir aux besoins alimentaires de ses habitants. Ce phénomène s’explique par un simple facteur : les agriculteurs ne sont pas équipés correctement pour répondre à une telle demande. Afin d’améliorer la productivité du pays en matière agricole, le gouvernement indien décide de mettre en place une révolution agraire, aussi appelé la révolution verte.

À la tête de ce projet se trouvent le premier ministre indien, monsieur Nehru et monsieur Swaminathan, un jeune agronome généticien. Ces derniers divisent le projet en trois points majeurs :

  • importation d’engrais et de semences occidentales et copie des techniques de culture intensive qui se pratiquent en Europe.
  • mécanisation du secteur primaire, dans le but d’augmenter la productivité.
  • mise en place un système d’irrigation efficace.

Ce projet permis à l’Inde, dès le début des années 70, de devenir une puissance agricole au niveau mondial, d’atteindre l’autosuffisance alimentaire et d’éviter une nouvelle famine. Dans un premier temps, la révolution verte indienne fut considérée comme une véritable réussite.

La joie fut cependant d’une courte durée. En effet, après quelques années de telles pratiques intensives, les agriculteurs ont dû faire face à de nombreux problèmes. Les terres fertiles sont devenues stériles par manque de matières organiques, les produits chimiques sécrétaient de mauvaises odeurs, rendant les produits non comestibles, et les nappes phréatiques étaient surexploitées.

Face à une telle situation, Swaminathan décida de mettre certaines mesures en place. Il poussa les agriculteurs à pratiquer une culture biologique et à utiliser moins d’eau, mais il allait être difficile pour l’Inde de réparer les erreurs du passé.

C’est dans un tel contexte que Vandana Shiva, vénérant la nature et la Terre, mena ses premiers combats. En 1982, elle créa une Fondation de recherche pour la science, la technologie et la gestion des ressources naturelles (Research Foundation for Science, Technology and Ecology). Son premier mandat, ordonné par les Nations Unies, déboucha sur le texte La violence dans la révolution verte qui mis au jour les conséquences du projet entrepris par l’État indien, soit la violence et le terrorisme au Punjab.

La rencontre de Megève

La réunion de 1987, dans le petit village de Megève situé en Haute-Savoie (France), constitue un véritable tournant dans la lutte de la jeune Indienne, encore inconnue à l’époque. Cette réunion, qui regroupait plus de 28 intervenants, avait pour but de discuter de l’impact des nouvelles biotechnologies et des brevets.

C’est en quelque sorte le hasard, ou le destin, qui a amené « cette simple citoyenne, habillée d’un sari de coton artisanal et d’une paire de sandales » (Astruc 2014) à participer à l’événement. En effet, Vandana Shiva était venue en tant qu’accompagnatrice de sa sœur médecin. Durant les échanges auxquels la scientifique prêtait une oreille attentive, les discours tenus par les différents acteurs firent effet de révélation. Vandana Shiva découvrit le plan machiavélique mis en place par les organisations agroalimentaires : « prendre le contrôle des semences grâce au brevetage et aux OGM, vendre aux paysans du monde entier ce que la Terre leur offre gratuitement –les graines– et se rapprocher pour former un oligopole constitué de cinq grands groupes capables d’influencer largement, voire de déterminer les décisions des gouvernements et des institutions internationales » (Astruc 2014, page)

Consciente du danger qu’une telle situation pouvait avoir sur la sécurité alimentaire mondiale, Vandana Shiva prépara un plan pour contrecarrer les projets des multinationales assoiffées de pouvoir. C’est le début d’une lutte acharnée contre un système néolibéral qui commençait, portée par son ONG Navdanya et le mouvement Seed Freedom (graine en liberté) qui a pour objectif de détruire les brevets sur la privatisation des graines. Vandana Shiva n’en avait encore aucune idée, mais elle était sur le point de devenir chef de file dans la lutte altermondialiste.

Navdanya, ou les graines comme symboles

Pour mener à bien son combat, l’activiste indienne se lança dans une quête invraisemblable. Elle fonda en 1991 une organisation non gouvernementale, l’association Navdanya, qui signifie en hindi « neuf graines » ou « le don de renouveler ». Choisissant la graine comme symbole et porte-étendard de ses convictions, Vandana Shiva visait avec cette association à protéger la biodiversité agricole indienne et à lutter contre les multinationales qui la mettaient en péril. L’association peut être vue comme une véritable gardienne de l’autonomie et de la souveraineté alimentaires du pays.

Au fil des ans, l’altermondialiste indienne prit de plus en plus confiance en elle et poussa son combat encore plus loin. Elle acheta en 1995 une parcelle de terre rendue stérile à cause de l’exploitation chimique et se donna pour mission de la régénérer. Elle implanta sur ces terres, situées au cœur de la vallée de Duun, une ferme qui servira de modèle. Ce dernier geste nous rappelle sans aucune ambiguïté un certain Gandhi qui, comme Vandana Shiva, prônait l’enseignement par l’exemple. Très vite, la surface agricole initiale de huit hectares passa à 18 et le besoin de main-d’œuvre se fit rapidement ressentir.

La ferme de Navdanya est une véritable « banque de semence » qui permit à plus de 10 000 fermiers d’Inde, du Pakistan, du Tibet, du Népal et du Bangladesh de pratiquer une agriculture saine et organique. Le principe est simple. L’agriculteur, aussi appelé « gardien de graines », reçoit une graine de l’association et se doit d’en reproduire d’autres. Il doit alors à son tour renvoyer les nouvelles semences à la ferme Navdanya, ou les offrir à d’autres agriculteurs, qui s’engagent à répéter le mouvement.

En 2002, l’association prit plus d’ampleur et elle accueillit en son sein la toute première Université de la Terre, la Bija Vidyapeeth, ou « l’école de la graine ». Ce sanctuaire de la biodiversité et de l’éducation est le fruit du travail acharné mené par Satish Kumar, un ami altermondialiste de Vandana Shiva. L’Université offre des programmes sur la gestion de l’eau, la vie des sols ou encore la souveraineté alimentaire et l’art de l’activisme.

Le secteur agricole, un catalyseur

Loin d’avoir atteint son apogée, consciente de la force d’influence qu’elle a acquise, et mue par des convictions encore plus enracinées qu’avant, Vandana Shiva poussa son combat encore plus loin. Plutôt que de se limiter au créneau très spécialisé que représente la lutte agricole, elle fit de la semence un catalyseur d’enjeux aussi varié que la souveraineté alimentaire, la démocratie, la paix, la mobilisation ou encore le féminisme. Ses nombreuses luttes devant les tribunaux contre des entreprises comme Monsanto, Rice Tec ou W.R Grace, ou encore la fondation de l’association du « Narmada Bachao Andolan », qui s’oppose à la construction de barrage bouleversant l’écosystème de la rivière Narmada, représentent tous de très beaux exemples des nombreux combats menés par Vandana Shiva.

José Bové, altermondialiste et ami de Vandana Shiva depuis 1998, décrit l’activiste indienne comme ceci : « Toujours vêtue d’un simple sari de coton artisanal et de sandales, elle est probablement aujourd’hui la meilleure incarnation de l’héritage spirituel de Gandhi » (José Bové 2011). Il est vrai qu’il est extrêmement difficile de ne pas faire le rapprochement entre ces deux êtres aux destins hors du commun. Animés par la volonté et la détermination de vouloir changer les choses, ils eurent tous les deux recours à la pédagogie par l’exemple. De plus, leur passage sur terre a été et est marqué par la défense des convictions qui leur sont chères. En effet, ces deux Messies des temps modernes ont pour point commun de défendre l’indépendance de l’Inde, la non-violence et les droits civiques des Indiens.

Il est encore plus compliqué de ne pas faire de liens entre la désobéissance civile contre le monopole du sel, mouvement non violent prôné par Gandhi au début des années 30, et la désobéissance des graines (Astruc 2014) mise en place par Vandana Shiva, appelant les paysans du monde entier à se mobiliser et à désobéir aux mesures mises en places par l’industrie agroalimentaire néolibérale.

Si la terre est dans une ambulance, c’est parce qu’elle a été détruite par l’irresponsabilité d’une poignée de puissants. Or, il existe une voix pour contrer ces puissants. Aujourd’hui, 40 % des émissions de gaz à effet de serre sont le fait de l’agriculture industrialisée qui fonctionne aux énergies fossiles. Et si ce type d’agriculture continue de s’étendre et d’aggraver la situation, c’est que les énergies fossiles ont fossilisé les esprits. La terre se meurt d’une agriculture inefficace sur laquelle les multinationales comme Monsanto ont mis la main. Ils nous font croire à de fausses solutions à grands coups d’OGM et de pesticides.

Le changement climatique n’est pas une histoire de chiffres et de calculs, c’est un crime contre l’humanité. Les gouvernements jouent et se mettent en scène pour laisser finalement la voie libre aux industries fossiles. Alors je vais faire une proposition, ici, à la Fête de l’Humanité : nous devons prendre l’engagement de nous unir, Nord et Sud, femmes et hommes, Noirs ou Blancs pour défendre notre terre qui est si belle et faire enfin payer les pollueurs. Le changement climatique est la conséquence de la privatisation des ressources par les puissants, qui ont socialisé les dégâts causés. C’est en cela que les services publics et les biens communs sont la solution. Le libre-échange n’est rien d’autre qu’un vaste système de protection des multinationales. Elles sont responsables des crises, du chômage, de la faim et des déracinements. Nous devons nous battre. Les puissants ne sont pas la liberté, nous le sommes. Ils ne sont pas humains, nous le sommes. Ils ne sont pas le droit, nous le sommes. Alors mettons fin à ce système. (Vandana Shiva 2015)

Écoféminisme

L’écoféminisme est un terme introduit pour la première fois dans la langue française par Françoise d’Eaubonne au début des années 1970. Ce terme, jeune d’une cinquantaine d’années, met en avant la domination masculine sur les femmes et la nature depuis des millénaires. Aujourd’hui, l’écoféminisme représente un mouvement qui veut mettre au premier plan femmes et écologie.

Vandana Shiva, l’une des plus grandes représentantes de ce mouvement, mit au cœur de son combat tout au long de sa carrière le statut de la femme dans la société. Récemment, en 2010, l’activiste indienne a été citée comme étant l’une des féministes les plus puissantes au monde par un article du magazine Forbes.

Au travers d’une étude réalisée en 1988, Staying Alive –Women ecology and survival in India, où elle compare hommes et femmes, Vandana Shiva fut à la base d’une révolution copernicienne, repositionnant le statut de la femme dans une société indienne extrêmement machiste en démontrant leurs savoirs.

Aujourd’hui une icône mondiale dans la lutte de l’écoféminisme, Vandana Shiva recherche surtout et avant tout, comme le souhaitait Gandhi avant elle, une féminisation de la société pour un monde meilleur.

Prix et récompenses

1993 – Right Livelihood ou Prix Nobel Alternatif qui a pour but « d’honorer et de soutenir ceux qui offrent des réponses pratiques et exemplaires aux défis les plus urgents auxquels nous devons faire face aujourd’hui ». Vandana Shiva reçut le prix cette année-là pour avoir « placé les femmes et l’écologie au cœur du discours sur le développement moderne ».

2010 – Sydney Peace Prize : elle reçut ce prix pour avoir été reconnue comme leader dans le mouvement de justice sociale et l’autonomie des femmes dans les pays en voie de développement, pour son travail scientifique et pour le plaidoyer des droits des petites communautés agricoles.

2012 – Fukoa Asian Culture Prize : elle reçut ce prix pour l’ensemble de sa carrière et son parcours extraordinaire.

Elle rédigea également tout au long de son chemin différents ouvrages clés, souvent traduits en français, mettant en avant son point de vue et ses convictions :

1988 – Staying Alive

1991 – The Violence of the Green Revolution –Third World Agriculture, Ecology and Politics

1993 – Écoféministe

1996 – Éthique et agro-industrie. Main basse sur la vie

2001 – Le terrorisme alimentaire

2003 – La Guerre de l’eau : Privation, pollution et profit

Références

Astruc, Lionel. 2014. Vandana Shiva, pour une désobéissance créatrice. Arles : Acte Sud coll. Colibris.

Équipe Éditions Terre vivante. 2013. « Vandana Shiva, victoires d’une Indienne contre le pillage de la biodiversité ». Biosphère.
http://biosphere.ouvaton.org/annee-2011/1661-2011-vandana-shiva-victoires-dune-indienne-contre-le-pillage-de-la-biodiversite

Fukuoka Prize. 2012. « Vandana Shiva ».  http://fukuoka-prize.org/en/laureate/prize/gra/vshiva.php

Howard, Caroline. 2010. « The World’s Most Powerful Feminists And Least Powerful Women ». Forbes. http://www.forbes.com/sites/carolinehoward/2010/11/04/the-worlds-most-powerful-feminists-and-least-powerful-women/

Le Brun, Matyas. 2009. « Vandana Shiva, une indienne pour l’écologie ». Féminin bio.
http://www.femininbio.com/agir-green/actualites-et-nouveautes/vandana-shiva-une-indienne-pour-lecologie-61526

Seither, Grégoire. 2004. « Gandhi lance la désobéissance civile ». Réseau Voltaire.
http://www.voltairenet.org/article12867.html

Shiva, Vendana. 1988. Staying Alive –Women, Ecology and Development. Londres : Zed Books Ltd.

Shobita, Jain. 1982. « Les femmes défendent les arbres –Leur rôle dans le mouvement Chipko ». Unasylva no. 146.
http://www.fao.org/docrep/r0465f/r0465f03.htm

Sydney Peace Foundation. 2010. « Vandana Shiva ».
http://sydneypeacefoundation.org.au/peace-prize-recipients/2010-dr-vandana-shiva/

Sylvester, Alissa et Ian Mauro. 2013. A Conversation with Vandana Shiva. Mount Allison University.
https://www.youtube.com/watch?v=QQhO4qR2-bM 4min.

The Right Livelihood Award. 1993. « Vandana Shiva ». http://www.rightlivelihood.org/v-shiva.html

Navdanya. Site web officiel du réseau. http://www.navdanya.org

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