17 Sylvia Earle, océanographe (1935–)

Sara Simoneau

Sylvia-Earle
Sylvia Earle. http://themcmillanteam.ca/cgi/sylvia-earle-photos

Avec plus de 7000 heures passées sous l’océan, plus de 100 expéditions menées en eaux profondes et deux semaines passées dans un laboratoire sous-marin et détenant le record de la plongée en solo la plus profonde (1 000 mètres) atteint à 77 ans, Sylvia Earle est la version moderne des sirènes (Mission Blue 2015).

Portrait d’une océanographe d’exception qui partage avec le monde entier ses découvertes sous-marines pour une meilleure protection du grand bleu.

Enfance et naissance d’une passion

Sylvia Earle naquit en 1935 à Gibbstown, dans l’État du New Jersey aux États-Unis. Très tôt, la jeune Sylvia devint une amoureuse de la nature et de la biodiversité qui l’habite. Son intérêt se tourna vers la vie marine et côtière lorsqu’à 12 ans, elle déménagea en Floride en bordure du Golfe du Mexique. Dès lors, sa vie sera orientée vers l’exploration et la préservation de la vie marine, ce que son apprentissage de la plongée sous-marine lui permit.

Elle entama ses études universitaires à la Florida State University où elle obtint son diplôme en botanique en 1955. Elle poursuivit ensuite ses études dans la même discipline à la renommée Université Duke ou elle décrocha sa maîtrise en 1956. Son mémoire portait sur les algues du Golfe du Mexique. C’est quelques années plus tard que la scientifique se lança dans son doctorat à l’Université Duke. Pour ses recherches doctorales, Earle tenta de relever un défi de taille : collecter 20 000 échantillons d’algues dans le Golfe du Mexique. Cela représente la plus grande recension d’espèces dans le Golfe jusqu’à aujourd’hui, alors qu’elle peaufine toujours sa recherche. Elle obtint son PhD en 1966 avec sa thèse Phaeophyta of the Eastern Gulf of Mexico. Après la fin de ses études, Earle participa à de nombreuses recherches, dont une pour le groupe de recherche de l’Université Harvard. À ce jour, Earle a plus de 200 publications sur le monde marin à son actif.

Sylvia Earle a su combiner sa carrière scientifique avec sa vie de famille. Mais même avec un mari et trois enfants, elle ne laissait passer aucune mission sous l’eau. Enceinte, elle continua ses explorations marines. Sa passion pour les océans s’est transmise à ses enfants puisqu’elle a collaboré avec eux sur plusieurs projets.

L’océan comme laboratoire

Le travail de Sylvia Earle allie recherche scientifique et exploration des océans et sa feuille de route est longue. Ses missions l’ont menée aux quatre coins du monde et lui ont permis de faire valoir la science au féminin. En effet, après avoir été éjectée d’un projet de recherche réunissant des chercheurs dans une station sous-marine pour plusieurs semaines en raison de son sexe, Earle décida de mener sa propre mission.

En 1970, l’océanographe réunit une équipe uniquement composée de plongeuses-chercheuses femmes qu’elle chapeauta pour l’expédition Tektite II. Il s’agissait de la première équipe de femmes aquanautes à être formée. Ce projet avait pour but d’évaluer la viabilité de créer des laboratoires sous-marins de long terme et leur impact sur la vie aquatique. Ce projet impliquait de vivre sous l’eau durant deux semaines. Ce projet marqua le début d’une place plus marquée des femmes dans le domaine scientifique de l’océanographie puisqu’il a été en mesure de montrer que le travail d’une équipe de femmes était aussi productif que le travail des équipes de recherche composées uniquement d’hommes. Ce projet a également permis à Sylvia de constater les terribles effets de la pollution sur les récifs coralliens. Toute sa carrière sera ensuite orientée vers la protection des océans face aux dangers de la pollution et à la sensibilisation du public face à cet enjeu préoccupant.

La protection des océans, une affaire de tous

Faire de la recherche dans un laboratoire, observer la vie aquatique au travers d’un aquarium? Ce n’est pas la façon de faire de Earle.

Je veux aller dans l’eau. Je veux voir des poissons, des vrais, pas des poissons dans un laboratoire (Academy of Achievements).

Heureusement. Ses explorations ont donné lieu à des reportages de grande envergure, des documentaires captivants et des images impressionnantes. Quoi de mieux que de montrer pour faire comprendre les réalités des fonds marins dans toute leur beauté et leur fragilité! Il est vrai qu’une image vaut mille mots. C’est un vrai dictionnaire des fonds marins que Sylvia Earle met à la disposition de tous par la documentation de ses explorations.

Tout en publiant de nombreux articles scientifiques, Earle se donne comme mission de rendre la science accessible à tous dans le but de servir le grand projet de sa vie : protéger les océans, le cœur de la planète.

Avec la connaissance, vous pouvez faire la différence. J’ai eu la chance de passer plus de temps que d’autres sous l’océan et j’y ai vu des choses que personne d’autre n’a vues. Les gens doivent savoir (Yandell 2015).

Depuis 1970, elle occupe une place privilégiée au sein de la Société National Geographic avec qui elle produit des livres et des films destinés à un public plus large que la petite communauté scientifique. Elle est maintenant une exploratrice résidente de National Geographic.

Un de ses plus grands accomplissements est la création de l’organisation Mission Blue qui a généré le documentaire primé produit par Netflix : Mission Blue. Sylvia en est la vedette Elle y raconte comment la pollution détruit les océans et par le fait même menace la vie sur terre. En plus de ce documentaire, elle participe à un nombre impressionnant de vidéos accessibles à tous sur des plateformes comme YouTube.

Sylvia Earle prône des politiques globales de protection des océans. Dans le but de faire valoir l’enjeu de la santé des océans à l’échelle mondiale, Earle a activement participé à rendre les océans visibles sur Google Earth. Le but : montrer à tous la réalité des océans. Ainsi, toute la planète peut constater la beauté des océans, de même que le terrible sort qui leur est réservé, par exemple lors de déversements de pétrole. L’apport de Sylvia Earle est phénoménal. Elle réussit à faire valoir ses idées en montrant l’importance de la science et en la rendant accessible à un plus grand nombre de personnes sur toute la planète.

Earle, par son approche scientifique dynamique, nous rappelle que sans océan, il n’y a pas de vie, y compris la vie humaine. C’est pourquoi il est important de s’impliquer pour contrer les dommages faits à l’environnement qui ont des effets dévastateurs sur les océans. Par ses activités remarquables, elle prêche par l’exemple. Avec son message d’espoir, elle nous rappelle que l’or qu’il est important de chérir, c’est l’or bleu.

Prix et distinctions en bref

La liste de prix, de distinctions et de réalisations de Sylvia Earle étant très étoffée, en voici un petit échantillon :

  • Elle est détentrice de 27 doctorats honorifiques
  • Elle a donné des conférences dans plus de 90 pays
  • Elle est le sujet du documentaire Mission Blue, gagnant d’un Emmy Award du meilleur documentaire
  • Elle a était nommée par le magazine Time Première héroïne pour la planète
  • Elle est attribuée du titre de légende vivante par la Library of Congress
  • En 2014, elle a reçu le prix Champion of the Earth du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE)
  • Elle est la femme de l’année 2014 du magazine Glamour 
    http://www.glamour.com/inspired/women-of-the-year/2014/sylvia-earle
  • Elle est membre de l’Ordre de l’Arche d’or
  • Elle a reçu le Ted Prize en 2009
  • Elle est honorée de la médaille Hubbard 2013 de National Geographic
  • Une figurine Lego a été créée en son honneur
  • Elle est nommée Her Deepness par le magazine Time
  • Mission Blue (2015)

Références

Academy of Achievement. 2009. « Sylvia Earle, Ph.D. ». http://www.achievement.org/autodoc/page/ear0bio-1

Google Earth. 2011. « Les océans ». http://www.google.fr/earth/explore/showcase/ocean.html

Rafferty, John P. 2015. « Sylvia Alice Earle ». Encyclopaedia Britannica. http://www.britannica.com/biography/Sylvia-Alice-Earle

Yandell, Inga. 2015. « Sylvia Earle –World of Hope ». Bare Essentials Magazine no. 38.
http://bareessentialsmagazine.uberflip.com/i/509685-bare-essentials-issue-38/79

Earle, Sylvia (@sylvia.a.earle). 2019. Page Facebook personnelle. https://www.facebook.com/sylvia.a.earle/

Mission Blue. 2017. « About us ». Dossier de presse. http://mission-blue.org/about/

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