3 Les années de transition (1980-1988)

L’ère Joseph Ki-Zerbo s’est achevée par une crise institutionnelle profonde qui a ébranlé les fondements de l’institution. La transition qui s’amorce à partir d’avril 1980 donne lieu à des luttes de positionnement qui prolongent la crise. Celles-ci constituent un site d’observation pertinent pour débusquer les jeux de pouvoir souterrains entre des États membres pour le contrôle de l’institution, mettant sa survie en danger. Mais cette période entremêle des temps de régression et de progrès. La prise de fonction du Togolais Emmanuel Kokou Nathaniels en 1982 peut être conçue à cet égard comme une opportunité ayant refermé la parenthèse de l’instabilité au sein de l’organe d’exécution du CAMES. La reconquête d’espaces de pouvoir afin d’aboutir à une autonomie de l’institution vis-à-vis du politique et la poursuite de l’agenda académique par la mise sur pied de nouveaux programmes statutaires constituent des résultats tangibles des années Nathaniels. La part des influences politiques étrangères dans le départ de ce dernier, malgré un bilan flatteur, montre que les césures historiques masquent mal les continuités.

La «guerre des intérimaires»

Près d’une année après la conférence de Kigali, une session ministérielle extraordinaire de la CONFEMEN se réunit à Ouagadougou. Qualifiée de session de « sauvetage » du CAMES, en raison de la situation financière catastrophique à laquelle il fallait faire face[1], cette rencontre fut davantage marquée par la désignation le 26 mars 1981 de Tibo Siméon Kabré[2] en qualité de Secrétaire général par intérim du CAMES[3]. Cette nomination abrogeait la décision de Kigali d’avril 1980 qui avait confié cette tâche au Togolais Seth Wilson[4]. Soutenu par certains États membres, Seth rechigna cependant à céder son poste. Il refusa toute passation des charges avec Tibo Siméon Kabré[5], créant les conditions d’une véritable « guerre des intérimaires » et bloquant ainsi le fonctionnement régulier de l’institution.

Les prémices de cette « guerre des intérimaires » étaient déjà perceptibles lors de la passation de service du 18 août 1978[6] au cours de laquelle les premières frictions apparurent entre les deux principaux protagonistes de la crise[7]. Le choix de Seth Wilson comme Secrétaire général par intérim à Kigali (1980) et celui de Tibo Siméon Kabré pour la même fonction à Ouagadougou (1981) près d’une année plus tard créèrent de fait un bicéphalisme à la tête du CAMES, selon les termes que prête Tibo Siméon Kabré à Seth Wilson[8]. Cette situation questionne les conditions de désignation du Secrétaire général du CAMES. Cette désignation se joue en réalité derrière le rideau, trahissant la teneur des communiqués officiels policés sur le choix consensuel du Secrétaire général.

Le refus de certains ministres, notamment le Sénégalais Kader Fall, de cautionner la candidature de Tibo Siméon Kabré pour succéder à Joseph Ki-Zerbo (Diallo 1980 : 37) ouvrit la voie à la désignation de Seth Wilson, l’adjoint de Joseph Ki-Zerbo depuis le 23 septembre 1970. La session ministérielle de Ouagadougou qui désigna Tibo Siméon Kabré comme le candidat officiel du gouvernement voltaïque[9] à la tête du CAMES apparaît ainsi comme un désaveu de la décision de Kigali. En juin 1980, soit deux mois après la nomination de Seth Wilson, le comité ad hoc[10] ministériel dénonçait déjà en des termes à peine voilés les limites d’un « intérim » qui ne peut pas dépasser les contraintes statiques d’une administration routinière[11].

Des indices repérés dans les archives du CAMES montrent que la décision de Ouagadougou désignant Tibo Siméon Kabré ne fut pas non plus partagée par tous les États membres du CAMES. Au mois d’août 1981, des enveloppes de correspondances émanant d’une université d’un État membre du CAMES portaient la mention : « monsieur Seth Wilson, Secrétaire général par intérim du CAMES »[12]. Une manière sibylline de contester la légitimité de Tibo Siméon Kabré. Ce dernier était convaincu que le Togo et le Sénégal étaient les principaux soutiens de Seth Wilson dans la fronde qu’il menait contre lui. Après chaque retour de mission dans les États membres (surtout à Lomé et à Dakar), faisait remarquer Kabré, Seth remettait progressivement en cause les résultats (sa désignation comme Secrétaire général[13]) de la session ministérielle extraordinaire de Ouagadougou[14].

On peut subodorer que dans l’esprit de Kabré, le Togo, pays d’origine de Seth Wilson, ne pouvait que lui apporter son soutien. Quant au Sénégal dont le ministre Kader Fall avait refusé de cautionner le choix de Kabré lors de la réunion de 1980 à Kigali, il restait fidèle à cette position initiale. Dans ce prolongement et sans doute pour soustraire le CAMES de l’influence de la Haute-Volta, Madani Sy, recteur de l’Université de Dakar, avait insisté et obtenu, selon Kabré, la tenue de la session des CCI de juillet 1981 en dehors de la Haute-Volta. Ceux-ci eurent lieu finalement à Libreville (15-19 juillet 1981). Cette crise institutionnelle laissait donc apparaître des enjeux nationaux sous-jacents qui, une fois débusqués, doivent être analysés à présent. Les rivalités politiques voltaïques, en s’invitant dans le processus de désignation du Secrétaire général, soulignent l’influence du pays siège (La Haute-Volta) sur la marche de l’institution. Ce fait est confirmé par l’ambassade de France à Ouagadougou qui considérait la désignation de Tibo Siméon Kabré en mars 1981 comme ayant été « entourée d’une grande discrétion à usage de la politique intérieure voltaïque »[15]. La session de la CONFEMEN à Kigali a montré en outre, comment la défense d’intérêts nationaux était en contradiction avec le principe de la primauté des intérêts de l’organisation panafricaine.

Ce jeu de pouvoir et ses effets de réverbération sur le CAMES contribuèrent à fragiliser une institution déjà au bord de l’asphyxie financière. Les difficultés budgétaires virent le jour dans le courant du mois de mai 1980. La commission des experts du CAMES avait insisté avant la réunion ministérielle de Kigali sur la fragilité financière de l’organisation, sans que cela ne fasse l’objet d’aucune mesure ministérielle. À la date du 8 mai 1980, le CAMES se trouvait en cessation de paiement. Le personnel fut réduit à six au lieu de dix et le secrétariat fut par ailleurs incapable de résoudre le problème des droits du Secrétaire général sortant[16]. Face à la dégradation de la situation, le Secrétariat général en informa les autorités voltaïques qui sollicitèrent auprès de la Banque internationale des Voltas (B.I.V) un découvert de dix millions de francs CFA pour le budget de fonctionnement.

À l’attention de ses pairs, Sangoulé Lamizana, le chef de l’État voltaïque, fit savoir que cette situation de précarité financière et budgétaire du CAMES était due au non-paiement et à l’irrégularité des cotisations des États membres. Seuls sept ou huit pays membres sur les 15 s’acquittaient de leurs cotisations. Pour redresser la situation, le salut vint des autorités ivoiriennes. Félix Houphouët Boigny fit transmettre par le biais de Akoto Yao, ministre de l’Éducation nationale, une aide exceptionnelle de 20 millions de francs CFA pour soutenir le fonctionnement du secrétariat. Cet effort rendait caduc le découvert sollicité auprès de la Banque internationale des Voltas,[17] mais ne réglait nullement les difficultés budgétaires du CAMES[18] qui constitueront le talon d’Achille de cette institution au cours de son demi-siècle d’existence.

Le «colosse aux pieds d’argile » à la recherche de l’équilibre

La décision de nommer un nouveau Secrétaire général du CAMES, prise lors de la session de la CONFEMEN à Paris, les 6 et 7 novembre 1981, fut traduite dans les faits par le comité ministériel ad hoc de la CONFEMEN, réuni le 10 décembre 1981 à Yaoundé. Il nomma le Togolais Emmanuel Carle Kokou Kotso Nathaniels en qualité de Secrétaire général du CAMES. Né le 5 juillet 1926 à Atakpamé, au Togo[19], ce chirurgien, titulaire d’un doctorat en médecine en 1957, entra en fonction le 13 janvier 1982, en remplacement de Tibo Siméon Kabré, Secrétaire général par intérim sortant[20]. Le sacre de ce ressortissant togolais mettait ainsi fin à la crise institutionnelle au CAMES, autant qu’il traduisait à notre sens, la perte d’influence du pays siège (Haute-Volta) dans le jeu de positionnement entre États membres pour le contrôle de l’institution. La session ministérielle de la CONFEMEN qui s’est tenue à Port-au-Prince, en Haïti en 1982, félicita d’ailleurs Emmanuel Kokou K. Nathaniels pour la reprise en main du fonctionnement du CAMES depuis son entrée en fonction[21].

Ce satisfecit cachait mal la précarité juridique et matérielle dans laquelle se trouvait l’institution. La plupart des États membres, contrairement aux dispositions des articles 16 et 17 de la convention portant statut du CAMES, n’avaient pas encore ratifié celle-ci. Les statuts de l’organisation révélaient, à la pratique, de nombreuses insuffisances. Le personnel du CAMES était par ailleurs le moins bien loti financièrement en comparaison avec ses homologues, fonctionnaires internationaux installés à Ouagadougou.

Lors de l’examen du budget de l’exercice 1982-1983, l’administration du CAMES prévoyait une augmentation de 84,8% de ce budget, justifiée par le souci d’aligner les traitements du personnel du CAMES sur ceux des autres institutions interafricaines ayant leur siège à Ouagadougou. L’objectif était de permettre le maintien d’un personnel qualifié qui avait tendance à quitter le CAMES. Le renouvellement de certains équipements devenus hors d’usage, notamment les moyens de transport et la réalisation de travaux d’entretien du siège, étaient d’autres préoccupations de Nathaniels. Le principe d’équité entre fonctionnaires interafricains revendiqué par le nouveau Secrétaire général resta sans suite. Pour le budget de fonctionnement, une augmentation de 11,5% fut proposée pour permettre le renouvellement des moyens de transport et les travaux d’entretien du siège du CAMES.

Emmanuel Nathaniels ne cacha pas sa désillusion à la vue de ce siège qui ne payait pas de mine. C’était un endroit ordinairement austère et calme, malgré la grosse frayeur du 15 octobre 1987[22], une terre d’élection des rats et perdrix qui y élisaient domicile en plein jour, témoigne Malick Bambara à qui le tout nouveau Secrétaire général confia sa déception : il pensait que le CAMES était quelque chose de plus grand que cela[23]. Les visiteurs, faisait remarquer Emmanuel Nathaniels, s’attendaient généralement à découvrir une institution grouillante d’employés à la place de celle discrète, austère même, qui se présentait à eux[24].

La renommée de l’institution contrastait fortement avec la rusticité de ses conditions matérielles d’existence. L’idée que d’un simple dispositif institutionnel puisse surgir une figure africaine palpable de ce que le sociologue Pierre Bourdieu (2001) appelle l’« intellectuel collectif » avait donc vécu. L’absence de ressources matérielles et financières contrariait dangereusement l’expansion du CAMES. Le bilan après deux années d’exercice dressé par Emmanuel Nathaniels n’était guère reluisant. L’institution était en proie à d’énormes difficultés administratives liées aux problèmes budgétaires.

Les difficultés de trésorerie avaient ajourné la question du recrutement du personnel de soutien accordé lors de la session de Ouagadougou en 1983. Au regard de l’accroissement des tâches, le CAMES entreprit toutefois de recruter un seul agent responsable du contrôle de tous les programmes au lieu de trois recommandés. Les différents programmes du CAMES (CCI, Pharmacopée et Médecine traditionnelle) s’organisaient laborieusement.

Le Secrétariat général dut pratiquer une politique d’austérité aux CCI de 1983 à Lomé, afin de dégager un léger surplus destiné à éponger certaines dépenses relatives à ce programme. De même un transfert de six millions de francs CFA fut opéré sur le compte à terme pour assurer la tenue des travaux[25]. Cette crise budgétaire devait se corser, selon le Secrétaire général, en raison de la majoration des dépenses relatives aux programmes du CAMES du fait de l’introduction des concours d’agrégation d’une part, et du nombre croissant, d’autre part, des candidats aux CCI qui selon les prévisions devait atteindre le nombre de 200 en 1985[26].

Ce manque chronique des ressources financières contraignit le CAMES à une gestion drastique du budget disponible et à minimiser les coûts liés aux différents programmes. L’idée de confier les dossiers de candidats à des porteurs, comme l’avait suggéré Joseph Ki-Zerbo en 1979, fut expérimentée par Emmanuel Nathaniels. Alors qu’en 1983, le dossier d’un candidat n’avait pas été transmis dans les délais pour instruction, Emmanuel Nathaniels suggéra de confier ce dossier à des porteurs (Malick Bambara et Tchonowou Sylvère Kadenga[27]) pour son acheminement à Abidjan. Malick Bambara raconte comment cette aventure faillit virer au drame, quand, à bord de la voiture personnelle d’Emmanuel Nathaniels[28], ils échappèrent en pleine nuit, à des coupeurs de route, qui comme appât, avaient disposé des ananas sur la chaussée, dans l’espoir de les inciter à marquer un temps d’arrêt pour les détrousser.

Cette anecdote éclaire les débuts difficiles de l’organisation, sa part d’ombre absente des archives officielles de l’institution trop occupées à rendre compte des faits et gestes du « clergé académique » qui trône dans les instances du CAMES. Elle dit le labeur de ces ouvriers décisifs des temps héroïques, sans lesquels cette geste intellectuelle africaine ne saurait se comprendre. Henri Berr disait « d’élargir l’histoire traditionnelle, enfermée dans la stérilité de la chronique politique, d’y faire entrer d’autres événements que la politique et d’autres acteurs que les personnages officiels. Bref, d’atteindre par des chemins nouveaux et plus sûrs, les horizons de l’histoire et de l’explication générales » (Braudel 1997 : 257). L’histoire du CAMES agrège ainsi des trajectoires multiples, combine actes d’animation institutionnelle ordinaires et batailles décisives. La question de l’autonomie du CAMES au sein de la CONFEMEN fut de celles-là.

 

La contestation de la tutelle de la CONFEMEN et la marche du CAMES vers l’autonomie institutionnelle

À sa création en 1968, le CAMES était placé sous la tutelle politique, juridique et économique de la CONFEMEN. Les premiers textes qui organisaient la vie institutionnelle du CAMES confirmèrent cette option politique de subordination de la nouvelle institution à la CONFEMEN.

Le rôle joué par cette structure politique dans la désignation du secrétaire général intérimaire, suite à la démission de Ki-Zerbo en 1978 et à l’indisponibilité de Seth Wilson, est un bon indicateur de cette subordination du CAMES à la CONFEMEN, elle-même cornaquée par la France. Des frictions émergèrent par la suite entre cette institution politique et l’instance académique désireuse de rompre avec une inféodation considérée comme intolérable et injustifiée au regard de la spécificité des problèmes de l’enseignement supérieur en Afrique. Ces derniers étaient peu discutés au cours des sessions ministérielles de la CONFEMEN, plus soucieuse des préoccupations de l’enseignement primaire et secondaire, comme le laisse entendre Malick Bambara :

Les sessions ministérielles s’étendaient plus sur les problèmes de l’éducation de base et on accordait à peine un après-midi aux problèmes de l’enseignement supérieur qui étaient de ce fait rapidement évacués, les gens ne disposant pas ainsi du temps nécessaire pour poser les vrais problèmes de l’enseignement supérieur en Afrique francophone[29].

L’autonomie du CAMES devint une revendication institutionnelle fondamentale du secrétariat général au début des années 1980. Mais cette quête d’autonomie a une histoire. La crise de la fin des années 1970 et du début des années 1980 avait en effet montré l’étendue du vide institutionnel. Le comité ad hoc créé lors de la réunion ministérielle de juin 1980 subordonnait la résolution des problèmes du CAMES au réexamen des textes et des structures de l’organisation. Le Sénégalais Ibrahima Fall, alors doyen de la Faculté de Droit et des Sciences économiques de l’Université de Dakar fut commis par la suite à cette tâche. Considérant la CONFEMEN comme un obstacle à l’organisation de l’enseignement supérieur en Afrique francophone[30], Fall saisit cette opportunité pour suggérer une autonomie du CAMES au sein de la CONFEMEN.

Le comité ad hoc ministériel du CAMES de mars 1981 s’attacha à définir les nouvelles orientations de l’institution et à régler la question de sa subordination vis-à-vis de la CONFEMEN. Cette question fut abordée à partir des conclusions du rapport Fall sur L’évaluation critique des instruments juridiques du CAMES à la lumière de la pratique. Il y a une subordination du CAMES par rapport à la CONFEMEN qui :

Conformément à son article 5 et contradictoirement avec l’article 3 de la convention du CAMES, définit la politique de coopération et de développement du CAMES, formule des recommandations concernant la politique d’enseignement supérieur, examine et approuve les résultats et recommandations des réunions du CAMES (Rapport Fall).

Si l’on sait, poursuit le rapport Fall, que certains pays membres de la CONFEMEN ne sont pas partie prenante de la convention du CAMES, il s’avère évident qu’il y a là une subordination qui ne se justifie pas[31]. Le rapport suggéra donc que les ministres des États parties à la convention du CAMES puissent envisager une forme d’autonomie relative par rapport à la CONFEMEN, par exemple en se constituant en comité ministériel du CAMES qui en définirait la politique et en contrôlerait l’exécution[32]. Il s’agissait en d’autres termes de créer un espace autonome CAMES afin de marquer sa spécificité au sein de la CONFEMEN.

Ce rapport, retenu comme document de travail et dont la session ministérielle du CAMES proposa l’adoption lors de la conférence de Paris qui suivit, se garda bien de préconiser une déconnexion totale de cette institution, sans doute en raison de sa dépendance financière à l’égard de celle-ci. Cet argument fut au demeurant brandi par la France. Malick Bambara rapporte que :

La France à l’époque estima que puisque nous voulions prendre notre autonomie vis-à-vis de la CONFEMEN, nous ne pouvions plus compter sur elle pour financer les réunions des conseils des ministres du CAMES et nous devions également assumer le fonctionnement de notre institution[33].

Lorsque la question refit surface lors de la 35e session de la CONFEMEN tenue à Port-au-Prince en Haïti en 1982, Amar Samb, le secrétaire général du Secrétariat technique permanent (exécutif de la CONFEMEN) écourta les débats en rappelant la décision prise par sa 34e session sur ce problème. Il n’est pas nécessaire, affirma-t-il, de réunir une conférence ministérielle du CAMES séparément de celle de la CONFEMEN[34].

Cette position fut renforcée lors de la réunion de Yaoundé au cours de laquelle la confirmation fut faite que le CAMES restait une institution de la CONFEMEN. Par conséquent, le rapport Fall amendé et présenté aux ministres fut retenu sous réserve du respect de la subordination du CAMES à la CONFEMEN[35].

Emmanuel Nathaniels n’entendait pas entériner le principe de cette subordination. Il le fit savoir dans les différentes instances ministérielles et finit par obtenir gain de cause. Le 7 février 1984, la conférence des ministres adopta la résolution n° 1 relative à la création au sein de la CONFEMEN d’une conférence ministérielle autonome des États membres du CAMES. Les projets de textes soumis à un premier examen à Bamako en mars 1985 furent finalement adoptés à la session ministérielle suivante tenue à Brazzaville en mars 1986[36].

L’article 6 de cette nouvelle convention portant statut du CAMES adoptée à Brazzaville était une évolution institutionnelle importante en ce qu’il rompait les liens de subordination du CAMES vis-à-vis de la CONFEMEN. Cet article dispose que le Conseil des ministres, organe suprême du CAMES, est composé des ministres chargés de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique ou de leurs représentants dûment mandatés. Il définit la politique générale de l’organisation. Il adopte les résolutions concernant les politiques d’enseignement supérieur et de la recherche, examine et approuve les résolutions et recommandations des réunions du comité des experts, nomme le Secrétaire général et le Secrétaire général adjoint. Il adopte le budget du CAMES et les textes fondamentaux de l’organisation[37].

L’analyse de cette disposition appelle deux remarques : le fait que ne siègent désormais au sein de l’organe suprême du CAMES que des ministres de l’Enseignement supérieur et de la recherche est une évolution institutionnelle importante. La fin de cette prérogative de représentation anciennement dévolue aux ministres de l’Éducation nationale ou du plan est une étape de la construction de l’autonomie de l’enseignement supérieur au sein de la CONFEMEN. En privant d’autre part la CONFEMEN du pouvoir de nomination du secrétaire général et de son adjoint, de l’adoption du budget, de la définition des politiques de l’enseignement supérieur, etc., le Conseil des ministres du CAMES entendait tirer toutes les conséquences juridiques du rapport Fall.

Si le Secrétariat général salua cette évolution institutionnelle, Emmanuel Nathaniels comprenait bien dans le même temps que les problèmes budgétaires chroniques du CAMES pouvaient vider à terme cette autonomie de son contenu. La CONFEMEN, l’un des principaux soutiens financiers du CAMES, cessa ses appuis budgétaires à l’institution. Emmanuel Nathaniels sollicita alors devant la 11e conférence des ministres de l’Éducation des États membres du CAMES une mission auprès des chefs d’État. Le but était de les relancer à propos des versements annuels des contributions et de solliciter par ailleurs des subventions particulières. Il était prévu également de leur expliquer l’importance qu’avait prise l’institution devant l’histoire, à savoir des programmes ambitieux et une autonomie au sein de la CONFEMEN[38].

On peut inférer qu’une telle demande ne reçut guère d’écho favorable et l’organisation eut à pâtir d’un manque de ressources. Le manque d’anticipation du CAMES relativement à son autonomie au sein de la CONFEMEN accentua la crise financière. Si, au cours de l’exercice 1987-1988, trois programmes sur quatre purent être exécutés, ce fut, note le rapport d’activités, au prix d’une grande gymnastique, l’état actuel des choses constituant un « fond de cale » qui imposa pour l’exercice 1989 une inexorable paralysie des programmes à l’exception du concours d’agrégation qui bénéficiait du soutien financier des pays amis[39]. Ce bilan peu flatteur n’émut pas outre mesure le ministre de l’Enseignement supérieur du gouvernement burkinabé. Valère Somé se montra plutôt optimiste en 1987 et déclara devant ses pairs du Conseil que l’autonomie avait ainsi permis au CAMES de prendre un essor véritable sans pour autant rompre le pont nécessaire avec la CONFEMEN[40]. La révolution pouvait donc se contenter de réformes quand les réalités du moment l’exigeaient.

Création des jurys d’agrégation africains et réaffirmation de l’identité panafricaine du CAMES

L’idée des jurys d’agrégation avait germé en 1975, en même temps que celle des CCI. Si la conférence ministérielle de N’Djamena adopta le projet de texte relatif aux CCI, celui portant sur les jurys d’agrégation fut remis à une séance ultérieure. Les défenseurs de ces jurys d’agrégation continuèrent cependant de plaider pour leur instauration, faisant observer que la participation aux concours organisés hors d’Afrique nécessitait des conditions matérielles assez difficiles à remplir : de fréquents séjours en France pour participer à la conférence d’agrégation en vue de la préparation, des contacts suivis avec d’autres candidats pour mettre au point une « équipe » dont le bon fonctionnement était nécessaire à la réussite, ce qui demandait des absences et des frais assez considérables. « Nous n’étions pas dans les conditions de préparation de ce concours. Nous étions coupés du milieu politique et du milieu universitaire français » témoigne le juriste ivoirien Francis Wodié (2010 : 86).

Le second argument fut d’ordre culturel : les sujets des épreuves étant tirés au sort, la préparation supposait une parfaite connaissance du droit français, de la science économique et de la gestion occidentales. Les candidats étaient donc contraints, pendant les années de préparation, à axer leur travail et leurs préoccupations sur des questions qui les éloignaient et de leur enseignement en Afrique et des principales questions d’actualité africaine.

L’adoption d’un autre système de recrutement devait permettre de rompre avec la formule parisienne[41], d’autant que celle-ci n’avait plus les faveurs des partisans de la réforme de l’enseignement supérieur en France à la veille de mai 68. Le sociologue Jean William Lapierre qualifiait l’exercice de « contrainte tyrannique » (Lapierre 1964 : 905) qui ne sert à rien et qui peut donc disparaître. Et avec cette disparition rien ne changera, ni pour le supérieur ni pour le secondaire, notait pour sa part le scientifique Philippe Weulersse (Ibid. : 907).

La réunion de la CONFEMEN en mars 1977 à Bruxelles adopta une résolution en vue de donner mandat au CAMES d’entreprendre les études préliminaires afin de créer des jurys de concours interafricains[42]. En juillet 1977, lors du colloque de Lomé sur les CCI, Ibrahima Fall fut ainsi invité à exposer ses vues sur les jurys interafricains. Il indiqua que les États africains, même hostiles au concours d’agrégation, continuaient à envoyer leurs candidats au concours français. Ce qui à ses yeux renforçait la crédibilité du projet des jurys interafricains[43].

Des débats intéressants l’opposèrent aux partisans du statu quo. Ampah Johnson, alors recteur de l’Université de Lomé, se montrait sceptique en soulignant que la promotion du droit africain passait par la recherche et craignait que la création d’un concours africain ne s’inscrive dans un autre cadre. N’Guessan, représentant de la Côte d’Ivoire, partageait cette lecture et souleva la question financière[44]. Tous les deux doutaient de la possibilité de la production du droit en Afrique, ce qui constituait selon eux un obstacle dirimant à la création de jurys interafricains.

Agacé par tant de scepticisme, Joseph Ki-Zerbo rappela qu’il avait été décidé de surseoir à l’examen des questions soulevées par le recteur Johnson et N’Guessan, puis brandit un argument imparable : les recherches ne sont pas favorisées par le concours français, du moins en ce qui concerne le droit africain[45]. Une manière d’affirmer que la persistance de la voie française d’agrégation était un handicap structurel à la production du droit africain dont certains avaient pourtant fait la condition sine qua non pour l’instauration de jurys interafricains.

La note relative à la question des concours d’agrégation faisait remarquer que « l’identité fondamentale des sociétés africaines conduit à la sécrétion d’un droit commun qu’il s’agit de mettre en valeur par des recherches appropriées, attendues des candidats aux concours »[46]. De façon insidieuse, les partisans du statu quo s’interrogèrent sur l’existence d’un droit africain homogène pour permettre l’instauration du concours. Ce à quoi répondit Joseph Ki-Zerbo en soulignant que « derrière la multiplicité des coutumes, il y a une certaine unicité du droit africain, qui milite en faveur du concours », qui est sans doute « le moins mauvais système à condition, écrit le doyen Alain Bockel, de lui garantir une certaine impartialité »[47].

Quand le recteur Johnson se demanda en dernier ressort si le droit africain était suffisamment connu pour faire l’objet d’un concours, la spécificité de celui-ci lui fut rappelée par Boudin, le délégué français. Finalement le recteur Johnson, par ailleurs président de cette séance houleuse, souhaita que le CAMES « reprenne la concertation en consultant les universités sur l’opportunité de l’institution du concours »[48]. Ces échanges montraient comment le besoin d’autonomisation vis-à-vis des pratiques académiques françaises au cœur de l’action du CAMES pouvait susciter des forces entropiques internes.

Lors de la session ordinaire du CAMES en avril 1980 à Kigali, le texte sur les concours d’agrégation en sciences juridiques et économiques fut finalement amendé et adopté malgré les réserves émises sur le principe du concours par les représentants du Cameroun, du Congo et du Niger. Ces pays dotés de leurs propres instances d’évaluation craignaient sans doute la concurrence que pouvaient représenter ces jurys d’agrégation interafricains. Le texte sur le concours d’agrégation de médecine et de pharmacie, proposé par la Conférence des doyens lors de sa session de Niamey (5-7 juillet 1979), fut également adopté[49]. Le comité ad hoc réuni en juillet 1983 à Lomé procéda à l’amendement et à l’adoption du règlement intérieur[50]. Ces deux textes instituant les concours d’agrégation[51] requéraient cependant la signature de la majorité des États membres. La lenteur de ce processus constitua un sérieux facteur de blocage à leur entrée en vigueur.

La majorité acquise[52], le premier concours d’agrégation de médecine put se tenir. Il eut lieu à Dakar du 8 au 14 novembre 1982. Les 15 candidats de cette session concouraient sur des programmes axés sur la recherche fondamentale (chimie thérapeutique, chimie organique, chimie analytique, biochimie), mais également sur des spécialisations liées aux problèmes et aux potentialités de l’Afrique (pédodontie, pédopsychiatrie, pharmacopée, virologie, parasitologie).

Cet événement historique, selon Abdou Diouf, chef d’État sénégalais[53], fut cependant organisé en l’absence de contribution des États membres du CAMES. Une compression du budget des CCI, une subvention du bureau de l’OMS pour l’Afrique de 10 265 926 francs CFA et un prélèvement sur la subvention accordée par la France pour le fonctionnement permirent d’organiser ce concours[54]. Une année plus tard soit le 7 novembre 1983 s’ouvrit à Abidjan le tout premier concours de droit et de sciences économiques et de gestion avec 29 candidats, dont 21 Ivoiriens[55]. Les candidats eurent à plancher sur l’histoire du droit, le droit privé, le droit public, les sciences économiques et la gestion. Si 12 candidats furent déclarés admissibles, le jury du concours éleva finalement 7 postulants et postulantes au rang de maître de conférences agrégé[56]. La session suivante à Libreville en 1985 enregistra la participation de 39 candidats[57].

Photographie n° 7 : M. Paul Michel, Secrétaire général de l’université de Lille II, Conseiller technique du CAMES chargé de l’organisation technique du Concours d’agrégation des sciences médicales à ses débuts. Source : Archives du CAMES.
Photographie n° 8 : Membres du gouvernement ivoirien et des jurys à l’issue de la séance d’ouverture du 1er concours interafricain d’agrégation de sciences juridiques, économiques et de gestion, à l’université nationale de Côte d’Ivoire. Source : Fraternité Matin, n° 5717 du lundi 7 novembre 1983.

À la différence des CCI, les concours d’agrégation faisaient appel à l’expertise des étrangers pour siéger dans ses jurys. « La composition même des jurys du 3e concours d’Agrégation des Sciences médicales, humaines et vétérinaires, écrit Emmanuel Nathaniels, traduit d’ailleurs la volonté de notre organisation de dépasser les cadres nationaux et régionaux pour s’ouvrir à la coopération universelle. » C’est ainsi que pour la constitution des jurys du concours de Lomé, le CAMES fit appel aux compétences de professeurs issus de trois continents : 36 Africains ressortissants de neufs pays, 43 Européens dont 39 Français venant de 15 universités françaises, quatre Belges et quatre Nord-Américains en provenance du Canada et du Canada-Québec[58].

Cette surreprésentation étrangère était sans doute destinée à rassurer les opinions sceptiques quant aux capacités africaines à conférer un coefficient de validité scientifique à ces concours d’agrégation. Dans une phase de transition et de maturation, le pragmatisme commandait que cette décision fut retenue. L’axe du temps permettra par la suite de lire autrement cette question de la présence étrangère dans les jurys d’agrégation, cinquante ans après la création du CAMES.

Graphique 2 : Évolution du nombre de candidats au programme du concours d’agrégation (de médecine, de pharmacie et d’odonto-stomatologie) de 1982 à 1988

Source : Archives du CAMES. Données fournies par le Secrétariat général.

Graphique 3 : Évolution du nombre de candidats au programme du concours d’agrégation de droit, d’économie et de gestion de 1983 à 1987

Source : Archives du CAMES/Données fournies par le Secrétariat général.

Ces concours d’agrégation marquèrent, plus que tout autre programme, l’action d’Emmanuel Nathaniels à la tête du CAMES. Sa qualité de professeur de médecine permit d’agréger autour de ce concours le milieu médical africain et suscita l’intérêt de l’OMS. Par ailleurs, Emmanuel Nathaniels ouvrit en 1984 les CCI aux chercheurs et chercheuses jusque-là absents des programmes d’évaluation du CAMES. Six années de présence à la tête du CAMES se soldèrent par un bilan positif amplement salué par les délégations présentes à Ouagadougou en mars 1987, lors de la 4e session ordinaire du CAMES. Reconnaissant ce bilan flatteur, le Canada, le Québec et la France souhaitèrent cependant la désignation d’une autre personnalité pour, affirmaient-ils, apporter du sang neuf à l’institution. Cette forme d’ingérence montrait clairement que l’organisation panafricaine ne disposait pas de tous les leviers pour décider de ses propres choix. Le représentant de l’EISMV de Dakar, tout en affirmant ne pas avoir eu mandat pour se prononcer sur cette question, émit le souhait que Emmanuel Nathaniels fût reconduit dans ses fonctions afin de consolider les acquis de son mandat. Il ne fut pas entendu. Sur les 14 délégations présentes, six se prononcèrent en faveur du candidat béninois, Henri-Valère Kiniffo, quatre pour Emmanuel Nathaniels et quatre s’abstinrent[59]. Emmanuel Nathaniels payait là sans doute ses velléités d’indépendance vis-à-vis de la CONFEMEN, cet outil géopolitique stratégique, nécessaire comme tant d’autres cadres de coopération, au maintien d’une zone d’influence française en Afrique.

Conclusion

La stabilité retrouvée sous Emmanuel Nathaniels (1982-1988) referma l’épisode des crises institutionnelles qui avaient émaillé la fin des années Ki-Zerbo. L’instauration des concours d’agrégation, l’ouverture à partir de 1984 des CCI aux chercheurs et chercheuses des universités des pays membres, jusque-là ignorés par le CAMES et l’autonomie du CAMES au sein de la CONFEMEN témoignent des réformes menées sous sa direction.

Si ces années de transition engrangèrent des succès incontestables, les problèmes budgétaires récurrents plaçaient le CAMES sous la dépendance de donateurs étrangers qui ne se privaient guère de lui imposer ses orientations stratégiques. Le rôle crucial joué par ces donateurs étrangers dans la défaite électorale d’Emmanuel Nathaniels en 1988 face à Henri-Valère Kiniffo est une illustration de la forte influence de ces dynamiques du dehors sur les orientations stratégiques des institutions africaines postcoloniales. Le CAMES désireux de s’ouvrir de nouveaux chemins de gloire dut compter bien souvent avec ces héritages.


  1. Centre des archives diplomatiques de Nantes. Ministère des Affaires étrangères. Poste de Ouagadougou. 498PO/2-96 Ouagadougou, le 27 mars 1981. Jean Gallon chargé d’affaires par intérim à monsieur Jean FRANCOIS-PONCET, ministre des Affaires étrangères. Direction des Affaires africaines et malgaches. Dépêche n° 96/DAM AS : session ministérielle extraordinaire du CAMES. 23-26 mars 1981.
  2. Siradiou Diallo affirme que c’est depuis Kigali que Siméon Tibo Kabré a été désigné pour succéder à Joseph Ki-Zerbo pour des raisons liées à la politique nationale voltaïque. Cf Siradiou Diallo, 1980, déjà cité. Aucun document officiel en revanche n’existe dans ce sens.
  3. Archives du CAMES. Rapport circonstancié sur le fonctionnement du Secrétariat général du CAMES depuis la session ministérielle extraordinaire de Ouagadougou (mars 1981) p.1. Tibo Siméon Kabré, Ouagadougou, le 5 novembre 1981.
  4. Seth Wilson redevint alors Secrétaire général adjoint du CAMES.
  5. Seth Wilson conditionnait toute passation des charges avec Tibo Simon Kabré à une passation des charges préalable entre celui-ci et Joseph Ki-Zerbo. Ce blocage institutionnel fut l’une des raisons de la grave crise financière que traversait le CAMES. Ne reconnaissant pas l’autorité de Kabré, Seth refusait de lui concéder la signature des opérations financières et bancaires. Les banques dans lesquelles étaient domiciliés les comptes du CAMES appelèrent souvent l’agent comptable pour savoir s’il fallait donner suite aux sollicitations financières venant de Tibo Siméon Kabré. Entretien à distance avec Malick Bambara, le 20 décembre 2017.
  6. Passation de service liée à la démission de Joseph Ki-Zerbo et la désignation de Tibo Siméon Kabré à la place de Seth Wilson qui, un temps indisponible, réapparut quelques mois plus tard, contraignant ainsi Tibo Simon Kabré à lui céder son siège.
  7. L’opposition entre les deux hommes trouvait son origine dans la question du montant des indemnités à payer aux membres des CTS des premiers CCI de 1978 à Dakar. Tibo Siméon Kabré informa Seth Wilson que le CCG avait décidé de fixer à 10 000 francs CFA/jour au lieu de 15 000 francs CFA, l’indemnité de séjour compte tenu de la prise en charge partielle par les autorités universitaires sénégalaises du séjour à Dakar des membres du CTS. Seth Wilson objecta en affirmant que pour payer les indemnités de séjour et de rapports, il fallait attendre une décision des ministres des pays signataires de l’accord sur les CCI ou à tout le moins consulter le président en exercice du CAMES.
  8. Archives du CAMES. Rapport circonstancié sur le fonctionnement du Secrétariat général du CAMES depuis la session ministérielle extraordinaire de Ouagadougou (mars 1981) Tibo Siméon Kabré, Ouagadougou, le 5 novembre 1981, p. 3.
  9. Centre des archives diplomatiques de Nantes. Ministère des Affaires étrangères. 498PO/2-96 Ouagadougou, le 27 mars 1981.
  10. Ce comité fut mis en place pour veiller aux destinées du CAMES qui était en proie, en plus du blocage institutionnel, à de graves difficultés financières et institutionnelles.
  11. Archives du CAMES. Compte rendu de la réunion du comité ad hoc ministériel (25-26 juin 1980), p. 6.
  12. Archives du CAMES. Rapport circonstancié sur le fonctionnement du Secrétariat général du CAMES, 1981, op.cit., p. 13.
  13. L’auteur souligne cet élément.
  14. Archives du CAMES. Rapport circonstancié sur le fonctionnement du Secrétariat général du CAMES, 1981, op.cit., p. 7.
  15. Centre des archives diplomatiques de Nantes. Ministère des Affaires étrangères. Poste de Ouagadougou, 498PO/2-96 Ouagadougou, le 27 mars 1981.
  16. La session ministérielle extraordinaire du CAMES qui s’est tenue à Ouagadougou du 23 au 26 mars 1981 devant le vide juridique constaté en la matière dans les textes réglementaires régissant le fonctionnement du CAMES a abouti à la décision unanime de fournir au Secrétaire général sortant Joseph Ki-Zerbo, une indemnité de 3 702 000 francs CFA, calculée sur la base de 12 mois de salaire et de trois mois de préavis pour la fin de l’occupation du logement de fonction. Cf. Archives du CAMES, déjà cité.
  17. Archives du CAMES. Rapport d’activités du secrétariat général du CAMES depuis la CONFEMEN de Kigali (15-16 avril 1980), op.cit.
  18. Le comité ad hoc ministériel indiquait au cours de sa réunion de juin 1980 à Ouagadougou que les CCI bénéficiaient de la générosité de quelques États membres comme la Haute-Volta, le Niger et du soutien constant de la Côte d’Ivoire et des appuis remarquables de la France et du Canada.
  19. Archives privées de la famille d’Emmanuel Nathaniels. Curriculum vitae d’Emmanuel Carle Kokou Kotso Nathaniels.
  20. Archives du CAMES. Résolution n° 1 du comité ministériel ad hoc de la CONFEMEN à Yaoundé. Annexe 1 Passation de charges à Ouagadougou.
  21. Archives du CAMES. 35Session de la CONFEMEN. Rapport de la Commission des experts du CAMES. Port-au-Prince, Haïti, 8-10 décembre 1982, p. 4.
  22. Il arriva souvent que ce calme fut perturbé par une grosse frayeur comme en ce 15 octobre 1987 lorsque la révolution burkinabé solda ses contradictions internes à son siège du Conseil de l’Entente. La proximité du CAMES avec ce centre du pouvoir exposa au danger les membres du personnel présents ce jour-là et faillit en faire les victimes collatérales de la fin sanglante de l’expérience révolutionnaire burkinabé. Pour éviter des balles perdues, le personnel du CAMES, y compris le Secrétaire général de l’institution, se mit ventre au sol. Malick Bambara. Entretien du 2 août 2017, déjà cité.
  23. Même informateur.
  24. Archives du CAMES. CAMES. Une institution au service de la coopération inter-universitaire africaine, 1987, op.cit., p. 4.
  25. Archives du CAMES. Conférence des ministres de l’Éducation des États membres du Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur. 11e session ordinaire, Ouagadougou, 13-15 mars 1984, p. 9.
  26. Ibid., p. 11.
  27. Tchonowou Sylvère Kadenga exerça la fonction de chauffeur au CAMES durant 34 ans.
  28. Immatriculée au Togo et sans pièces d’automobile.
  29. Malick Bambara. Entretien du 2 août 2017, déjà cité.
  30. Même informateur.
  31. Archives du CAMES. Rapport final de la Session ministérielle extraordinaire du CAMES, Ouagadougou 23-26 mars 1981. p. 3.
  32. Ibid., p. 5.
  33. Informateur déjà cité.
  34. Archives du CAMES. 35e Session de la CONFEMEN. Rapport de la Commission des experts du CAMES. Port-au-Prince, Haïti, 8-10 décembre 1982, p. 4.
  35. Archives du CAMES. Procès-verbal de passation de service entre Tibo Siméon Kabré, Secrétaire général intérimaire sortant et Emmanuel Kokou K. Nathaniels, Secrétaire général du CAMES entrant. Ouagadougou, 13 janvier 1982, p. 7.
  36. Cette session de Brazzaville a adopté les nouveaux textes organiques suivants : a/Convention portant statut du CAMES, b/Statut des personnels du CAMES, c/Règlement intérieur, d/Règlement financier, e/accord portant création et organisation des comités interafricains de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique.
  37. Archives du CAMES. Convention portant statut du CAMES adoptée à Brazzaville, le 7 mars 1986, p. 4.
  38. Archives du CAMES. Rapport final de la 11e session ordinaire de la Conférence des ministres de l’Éducation des États membres du CAMES. Activités du CAMES. Ouagadougou, 13-15 mars 1984. Allocution d’Emmanuel Kotso Nathaniels, p. 4.
  39. Archives du CAMES. Conseil des ministres des États membres du CAMES. 4session ordinaire. Rapport d’activités du CAMES, Ouagadougou. Exercice 1987-1988, p. 3.
  40. Archives du CAMES. Rapport final de la 4e session ordinaire de la Conférence des ministres du CAMES. Ouagadougou, 23-25 mars 1987. Allocution du ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique du Burkina Faso, p. 2.
  41. Archives du CAMES. Note relative à la question des concours d’agrégation (Droit, Sciences économiques, Gestion et médecine), p. 2, année non précisée.
  42. Archives du CAMES. Rapport général de la session ordinaire de la CONFEMEN, Bruxelles, 14 au 15 mars 1977. CAMES. p. 5.
  43. Sur cette question de la rupture ou du maintien des liens de coopération scientifique entre la France et ses ex-colonies en matière d’enseignement et de la recherche en droit africain, voir l’article de Jacques Vanderlinden, « La participation des facultés et institutions de recherche européennes au développement juridique africain », Journal of African Law, vol. 15, n° 1, 1971, p. 13-40.
  44. Archives du CAMES. Colloque du CAMES sur les CCI. Lomé, 7-9 juillet 1977, p. 8.
  45. Ibid., p. 8-9.
  46. Archives du CAMES. Note relative à la question des concours d’agrégation (Droit-Sciences économiques-Gestion et Médecine), p. 2.
  47. Archives du CAMES. Projet II. Concours interafricains. Document I. Note sur le projet de concours interafricain (CAMES) d’agrégation des facultés de sciences juridiques et économiques, par Alain Bockel, doyen de la faculté des sciences juridiques et économiques de l’Université de Dakar, p. 1-2.
  48. Archives du CAMES. Colloque du CAMES sur les CCI, Lomé, 7 au 9 juillet 1977, p. 9.
  49. Archives du CAMES. Rapport de la session ordinaire du CAMES. Kigali, du 12 au 14 avril 1980.
  50. Ce comité ad hoc réunissait les professeurs Jacob Vilasco et Yangni Angaté (Côte d’Ivoire) Iba Mar Diop et Ahmadou Lamine N’diaye (Sénégal), Moise Oliveira (Gabon) en qualité d’observateur et Emmanuel Kotso Nathaniels (Togo) Secrétaire général du CAMES.
  51. Ces concours sont soumis à une périodicité bisannuelle contrairement aux CCI qui se tiennent chaque année.
  52. Les premiers États signataires furent la Haute-Volta, la Côte d’Ivoire, la Centrafrique, le Gabon, le Sénégal, le Togo. Le Bénin, le Congo et Madagascar se joignirent plus tard au premier groupe. L’école inter-états des Sciences et médecine vétérinaires (EISMV) de Dakar est également signataire de l’accord. L’adhésion de l’École de médecine de Bamako au concours d’agrégation du CAMES intervint en 1993. La même année, le gouvernement malien ratifia l’accord relatif aux CCI, dans le sillage du 16e colloque sur la reconnaissance et l’équivalence des diplômes (PRED) que le Mali accueillit du 13 au 18 décembre 1993.
  53. « Un événement académique : une vingtaine de candidats à l’agrégation de médecine », in Le Soleil, n° 3763 du mardi 9 novembre 1982. Le chef de l’État sénégalais avait à ses côtés pour cette cérémonie d’ouverture M. Paul Akoto Yao, ministre de l’Éducation nationale de la Côte d’Ivoire, Guy Penne, conseiller à l’Élysée pour les affaires africaines et M. Alfred Quenum, directeur général de l’OMS pour l’Afrique.
  54. Archives du CAMES. CAMES, une institution au service de la coopération inter-universitaire africaine, 1987, op.cit., p. 20. Le nombre de candidats passa par la suite à 27 à Brazzaville en 1984 et 36 à Lomé en 1986.
  55. Kebe Yacouba, « 1er concours d’agrégation de Droit et des Sciences économiques. Vingt-neuf candidats, dont 21 Ivoiriens, affrontent les épreuves à partir d’aujourd’hui », in Fraternité Matin, n° 5717 du lundi 7 novembre 1983.
  56. Il s’agit du Sénégalais Sarr Dominique de l’Université de Dakar (Section Histoire des institutions), de l’Ivoirienne Mme Lohoues Anne Jacqueline épouse Oble de l’Université nationale de Côte d’Ivoire (Section Droit privé), de l’Ivoirien Degni-Ségui René de l’Université nationale de Côte d’Ivoire et du Sénégalais Moustapha Sourang de l’Université de Dakar (Section Droit public et Sciences politiques), du Sénégalais Moustapha Kassé de l’Université de Dakar et des Ivoiriens Atsain Achi et Hobkhoo Ahmed de l’Université nationale de Côte d’Ivoire (Section Sciences économiques et de gestion)
  57. Archives du CAMES. CAMES, une institution au service de la coopération inter-universitaire africaine, 1987, op.cit., p. 20.
  58. Ibid., p. 19.
  59. Archives du CAMES. Rapport final de la 4e session ordinaire du Conseil des ministres, Ouagadougou, 23-25 mars 1987, p. 9.

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