5 La fabrique d’une nouvelle histoire du CAMES

En ce début de XXIe siècle, une fois n’étant pas coutume, le CAMES fut rattrapé par ses difficultés budgétaires. Souhaitant rompre avec ce fil d’Ariane, véritable instrument de la dépendance de l’institution, des réformes pragmatiques furent engagées. Sous l’action du Secrétaire général Mamadou Moustapha Sall, un programme d’assainissement budgétaire fut poursuivi. Cette politique devait porter ses fruits. Elle se traduisit concrètement par une politique de grands chantiers. Un nouveau bâtiment accueillant le personnel au siège de Ouagadougou fut construit, ainsi qu’un centre documentaire, bientôt baptisé centre documentaire Joseph Ki-Zerbo en la mémoire du père de l’institution.

Une nouvelle ère dans l’histoire du CAMES s’ouvrit. Cette période de dégraissement et de réforme profonde influença l’organisation des concours d’agrégation et des programmes de reconnaissance et d’équivalence des diplômes dans une perspective d’efficacité et de valorisation de la réussite des étudiants et étudiantes. Pour affirmer son lustre, le CAMES créa ses lettres de noblesse et mit en place un ordre honorifique de palmes académiques.

Grâce à cette fierté et cette confiance retrouvées, le CAMES se mit à l’heure du numérique. Dans ce chapitre, il s’agira de montrer comment les différentes tâches programmatiques furent adoptées et d’analyser leur impact sur le fonctionnement du CAMES, ayant résolument une incidence sur sa mission par et pour les Africains, sans pour autant occulter les défis auxquels l’institution eut à faire face.

Redressement financier et efforts de modernisation

Dans son rapport d’activités de l’année 1970, présenté lors de la conférence des ministres à Bangui en janvier 1971, Joseph Ki-Zerbo notait avec satisfaction que :

Le CAMES est de plus en plus connu dans le monde. Nous n’en voulons pour preuve que les multiples lettres qui nous proviennent de tous les continents et dont la dernière émane du Centre national de recherche scientifique de Turin (Italie)[1]. Les difficultés actuelles, pas plus que celles d’hier ou de demain, ne doivent donc pas nous rebuter. L’histoire n’est pas pressée : pour elle, le plus court chemin d’un point à un autre n’est pas toujours la ligne droite. Il nous faut donc affronter, poursuit J. Ki-Zerbo, ces difficultés avec la philosophie de l’histoire[2].

Il arrive cependant que l’histoire soit obligée de hâter le pas sous la pression des événements et l’historien tenté de les saisir au vol se heurte à un dilemme que résume assez bien Patrick Garcia : « la faible distance de l’historien avec son objet et l’obligation d’analyser des processus encore en cours » (Garcia 2010 : 284). Dans le cas qui nous occupe, l’historien ne peut cependant passer sous silence les transformations décisives qui ont marqué l’histoire du CAMES au cours des deux premières décennies du 21e siècle.

Et pourtant, c’est un CAMES à bout de souffle qui aborde ce siècle. La situation financière, souligne le Secrétaire général Rambré Moumouni Ouiminga, demeure des plus préoccupantes malgré l’interpellation des différents responsables (ministres, recteurs, présidents d’universités, directeurs nationaux des centres de recherche) en raison du montant élevé des arriérés de contribution et du faible taux de leur recouvrement[3]. À la date du 31 décembre 2000, le montant des arriérés de contribution des États membres s’élevait à 1 520 115 183 francs CFA[4]. En vue d’apurer ces arriérés, le comité des experts proposa que le principe de la réduction du montant des arriérés soit fait au prorata des montants engagés dans l’accueil d’un des programmes du CAMES et la proposition de l’UEMOA de faire verser par chaque État membre sa contribution annuelle plus 10% du montant de ses arriérés. Approuvée par le conseil des ministres en sa session ordinaire de 2000, cette dernière proposition resta toutefois sans suite.

Nommé à la tête de l’institution le 13 avril 2000[5], le Sénégalais Mamadou Moustapha Sall se donna comme tâche de redresser la situation financière de l’institution. Une telle option était d’autant plus urgente que le CAMES, en ces temps de vaches maigres, dut contracter un prêt auprès de l’Université de Ouagadougou pour parer au plus pressé[6]. Ce fut une réponse circonstancielle qui laissait entrevoir l’ampleur de la crise financière et appelait des initiatives fortes pour inverser la tendance.

C’est ainsi qu’il fut envisagé de sanctionner les candidats aux programmes du CAMES dont les pays n’étaient pas à jour de leurs cotisations. Ce fut le sens de la résolution n° 4 adoptée par le Conseil des ministres lors sa 20e session en 2003. Celui-ci avait arrêté qu’à la date de sa soumission, une candidature émanant d’un pays membre au titre d’un programme du CAMES ne pourrait être jugée recevable que si le pays concerné s’était préalablement acquitté de sa contribution intégrale au titre de l’exercice précédent. Seul le Mali s’était acquitté de sa contribution intégrale au titre de l’exercice 2003. Si la résolution avait été mise en œuvre en 2004, les sessions des différents programmes n’auraient été organisées que pour ce seul pays. « Il est donc nécessaire, faisait remarquer le secrétariat général, de rechercher un autre moyen d’amener les États membres à s’acquitter de leur contribution »[7], afin de redresser financièrement une institution au bord de l’asphyxie, privée de l’appui financier de certains de ses donateurs traditionnels.

Le Québec, dès le début des années 1990, avait en effet décidé de ne plus participer aux activités du CAMES. Il était plus précisément intéressé par le programme Reconnaissance et Équivalence des diplômes [PRED], grades et titres de l’Enseignement supérieur et la recherche, en raison du nombre important d’étudiants et d’étudiantes d’Afrique formés dans cette province du Canada [plus spécialement dans le cadre de la formation des ingénieurs]. Or, dans le PRED, ces Africains et Africaines formés au Québec rencontraient des difficultés pour faire reconnaître leurs diplômes par le CAMES. Cette question fut au cœur des discussions entre le Québec et le CAMES, lors du Colloque de Niamey du 20-25 septembre 1993. Cette rencontre[8]se solda par la constatation officielle d’un désaccord persistant sur ce point et provoqua la cessation de toute implication du Québec dans les activités du CAMES[9].

Le recouvrement des arriérés de contribution des États membres et la réduction des coûts des différents programmes statutaires devinrent alors les axes majeurs de la politique de redressement initiée par le Secrétariat général. Pour ce qui concernait la réduction des coûts des programmes, le Conseil des ministres au cours de sa session de Ouagadougou (9-12 avril 2001), désigna un comité restreint[10] dont la mission à quelques nuances près fut fort similaire à celle du comité ad hoc de 2000. Ce comité restreint fut chargé d’étudier, d’une part, les possibilités de réduction des coûts des programmes du CAMES et, d’autre part, les moyens à mettre en œuvre en vue de mobiliser des ressources complémentaires, à savoir des ressources financières autres que les contributions des États membres. Le Secrétariat général comprenait en fin de compte que le coût des CCI, exorbitant aux yeux de nombre de ses experts, n’était qu’un aspect du problème global de financement de l’institution. Il s’agissait donc d’imaginer une stratégie globale et non une simple tactique, suivant la terminologie de Michel de Certeau (1990).

Le comité restreint fit d’abord le constat que lors des sessions, les effectifs des CCI étaient pléthoriques. Le CCI est composé du CCG et des CTS. Le CCG est l’ensemble des recteurs et présidents des universités des pays membres (plus de 14 en raison du nombre d’universités par pays à cette époque) et des directeurs des centres nationaux de recherche (14), soit au minimum 28 membres. Les CTS étaient au nombre de 6, à raison de 3 membres par CTS et par pays, sauf pour le CTS Lettres et Sciences humaines (4 membres), soit 19 membres par pays : au total 266 membres à plein rendement se retrouvaient aux sessions annuelles des CCI, sans compter le personnel du CAMES, ce qui, selon le décompte du comité, représentait un total de 300 personnes présentes à une session annuelle du CCI. Ce nombre à terme était ingérable à cause du coût prohibitif qu’entraîneraient le déplacement, les frais de séjour ainsi que les frais annexes, disait le rapport[11].

Outre la nécessité de réduire les effectifs durant les CCI, le comité exprima sa préférence pour la tenue de ses sessions dans ce qu’il appela les capitales centrales (Abidjan, Cotonou, Ouagadougou, Lomé) plutôt qu’en Afrique centrale (Tchad, Centrafrique, Gabon, Cameroun) du fait des avantages comparatifs. La tenue des CCI dans les capitales centrales nécessiterait moins de moyens financiers qu’en Afrique centrale. Quatre sessions tenues à Lomé (1988), Ouagadougou (1996), Dakar (1997) et Abidjan (1998) avaient coûté globalement 192 773 510 francs CFA pour 510 participants selon le décompte du comité, tandis que les quatre sessions tenues en Afrique centrale, Centrafrique (1994), Gabon (1995), Cameroun (1999) et Tchad (2000) avaient coûté globalement 359 856 140 francs CFA pour 474 participants soit une différence de 167 082 630 francs CFA. Cette proposition visant à organiser les sessions des CCI, uniquement dans les « capitales centrales » méconnaissait cependant la résolution n° 5 de la 7e session ordinaire du Conseil des ministres relative à la rotation des sessions des CCI. Cette décision découlait des difficultés annuelles rencontrées par le secrétariat général pour obtenir qu’un pays membre abrite ladite session[12]. La proposition de rationalisation des coûts faite par les deux experts du CAMES risquait, en polarisant les programmes du CAMES en Afrique de l’Ouest, de créer les conditions d’un désintérêt des pays de l’Afrique centrale, ce qui constituait une entorse au principe de coopération interafricaine au cœur de l’action du CAMES.

Ce qui, en revanche, reste une proposition résolument novatrice émise par le comité fut l’idée de transformer les CTS en jurys restreints composés de spécialistes de haut niveau (professeurs titulaires, directeurs de recherche, maîtres de conférences). Ainsi la désignation des membres ne devait plus se faire par pays, mais sur appel à candidatures. Le nombre des membres de chaque CTS devait subséquemment être réduit à 42 membres (56 pour le CTS Lettres et Sciences humaines) au maximum au lieu 266, soit un gain financier de l’ordre de 40 à 50 millions selon les estimations du comité d’experts. Cette proposition fut toutefois rejetée par les universitaires auxquels elle fut soumise dans le cadre des consultations menées par les membres du comité d’experts. Gayibor et Sedogo étaient d’ailleurs conscients qu’« une telle proposition avait l’inconvénient de supprimer le brassage que la pratique actuelle permet chaque année entre enseignants et chercheurs des différents pays »[13].

La politique de mobilisation des ressources alternatives, qui était le second volet du mandat du comité d’experts, s’articula autour de la nécessité pour le CAMES de générer des ressources financières par la prise d’initiatives nouvelles. Le comité proposa, par exemple, l’organisation par le CAMES de sessions de formation continue à l’attention des cadres de divers pays, la production et la vente de livres et manuels didactiques ou encore la mise en place d’un système d’expertise par le CAMES. Le comité pensait également que le CAMES devait jouer le rôle d’une agence d’exécution et percevoir des frais de gestion de 15 à 18% sur les montants des projets exécutés par les universités et les centres de recherche[14]. Le Conseil des ministres, en sa 19e session d’avril 2002 à Abidjan, fit droit à certaines recommandations du comité dirigé par Nicoué Gayibor et Michel Sedogo en prenant les décisions suivantes :

Réduction des membres des CTS de trois à deux par pays; les membres du CCG sont pris en charge par leur université à partir de 2003; le paiement intégral des services à rendre avant toute instruction de dossier; la réflexion sur la proposition de faire payer des frais forfaitaires aux candidats doit être poursuivie; la constitution de jurys mixtes à la place de jurys spécifiques lorsque le nombre de candidats à une spécialité est inférieur à deux[15].

En ce qui concernait l’autre volet de la démarche de Sall, les arriérés étant désormais destinés à renflouer le budget d’investissement, la compensation du non-paiement des contributions de l’année en cours devint difficile. Sall proposa alors d’intégrer les frais de fonctionnement du secrétariat général dans les taux fixés par la prestation des services CCI et agrégation passant de 384 452 francs CFA à 737 932 francs CFA pour les CCI et de 1 274 884 francs CFA à 2 709 379 francs CFA pour l’agrégation. Cette proposition ne fut pas retenue par les experts lors des discussions relatives à la proposition de budget pour l’exercice 2004[16].

De façon plus globale, Sall put se satisfaire des retombées de sa politique de redressement. Celle-ci s’était soldée par une amélioration de la situation financière de l’institution. Le taux de recouvrement des arriérés de contribution des États membres était passé de 25,36 en 2009 à 27,49 en 2010. Quant au taux de recouvrement des contributions, il était de 50,66 en 2010 contre 44,8 en 2009[17]. Grâce à cette embellie financière, l’institution fut de moins en moins tributaire, pour l’exécution de ses programmes, de ses partenaires traditionnels dont certains avaient d’ailleurs cessé tout appui au CAMES. La construction du nouveau siège de l’institution longtemps différée[18] fut mise en œuvre. Pour Sall, la réalisation de ce chantier était devenue une urgence, afin de moderniser et de soutenir les ambitions d’expansion de l’institution. La modestie et l’étroitesse de l’ancien siège de l’institution[19] rebutèrent par exemple une mission exploratoire de la Banque mondiale qui rebroussa chemin : « Nous sommes bien intentionnés à votre égard, mais les locaux dans lesquels vous vous trouvez ne nous inspirent pas confiance », confia ladite mission à Mamadou Moustapha Sall, Secrétaire général du CAMES (2000-2011)[20].

Le chantier démarra finalement en janvier 2003 sur un terrain offert gracieusement par le Burkina Faso en 1989 et grâce au paiement par le Gabon de ses arriérés de contribution de l’ordre de 219 472 517 francs[21]. Ce siège, inauguré le 28 avril 2005, marque le renouveau du CAMES et reste le symbole visible des années Sall au CAMES. Cette relative bonne santé financière permit également au Secrétaire général de poursuivre les efforts de modernisation du CAMES. La construction du Centre d’information et de documentation (CID)/CAMES fut poursuivie et achevée. Baptisé CID/Joseph Ki-Zerbo, il fut inauguré le 25 mars 2011.

Photographie n° 15 : Nouveau siège du CAMES, inauguré le 28 avril 2005. Source : Archives du CAMES.
Photographie n° 16 : Centre d’information et documentation (CID) Joseph Ki-Zerbo inauguré le 25 mars 2011. Source : Archives du CAMES.

Les concours d’agrégation : bilan et mesures de redressement

Un autre front de l’action de Mamadou Moustapha Sall fut le renforcement et la qualité de la pertinence des programmes statutaires du CAMES. Cette volonté de rénovation fut consacrée par le principe d’une évaluation externe du CAMES, entérinée par le Conseil des ministres en sa 18e session à Ouagadougou en 2001. L’AUF, chargée de cette évaluation, mit en place une équipe dirigée par le professeur Bernard Durand, doyen de la faculté de Droit de Montpellier, plusieurs fois président de la section Histoire des institutions du concours d’agrégation de droit et membre du Conseil scientifique de l’AUF. Les concours d’agrégation occupèrent une place de choix dans ce procès d’évaluation en raison de leurs taux d’échec élevés comparativement aux résultats des CCI. L’insuffisance de la préparation et le manque de sélection rigoureuse des candidats et candidates au sein des universités expliquaient en grande partie les faibles résultats à l’agrégation, selon la mission d’évaluation. Dans certaines disciplines de l’agrégation des sciences juridiques, économiques et de gestion, notait le rapport Durand, « l’âge des candidats et le niveau désastreux de quelques récidivistes » imposaient qu’une solution soit trouvée à la sélection des candidatures, faute de quoi le risque existe de voir les jurys agréger « par défaut »[22]. Dès 1993, le Conseil des ministres avait entériné le principe de la création de centres de préparation des candidats à l’agrégation sur une base régionale. Pour les sciences juridiques, économiques et de gestion, avaient été retenues les universités de Yaoundé II et de Ouagadougou, les universités Cheikh Anta Diop de Dakar et de Brazzaville ayant été retenues pour la préparation au concours d’agrégation en sciences médicales. Non seulement l’exécution n’a pas suivi, mais  d’autres ambitions régionales se sont manifestées, avec des orientations différentes, selon le rapport de la mission d’évaluation[23]. En 2000, le Conseil des ministres soulignait :

Considérant l’insuffisance de l’encadrement académique et de ses conséquences, notamment ceux au concours d’agrégation des Sciences juridiques, économiques et de gestion, exhorte les universités de chaque pays membre à assumer pleinement la responsabilité de la formation pédagogique de leurs candidats aux concours d’agrégation[24].

Cette directive ministérielle signifiait l’abandon de l’option régionale au profit de stratégies nationales de préparation des candidats. La volonté de créer un cadre de coopération africaine montrait ses limites. Les partenariats noués par le CAMES avec l’AUF relancèrent toutefois l’option panafricaine de préparation aux concours d’agrégation. Cette organisation internationale francophone, dans le cadre de son « plan Afrique » prit la décision de financer des actions concertées relatives à la préparation des candidats aux concours d’agrégation du CAMES, par le biais de la Conférence internationale des Doyens de Faculté de Médecine d’expression française (CIDMEF) et de l’Institut pour le Développement de l’Enseignement supérieur francophone (IDESUF). Une division du travail confiait à la CIDMEF la préparation au concours d’agrégation en sciences médicales et à l’IDESUF, celui relatif au concours d’agrégation en sciences juridiques, économiques et de gestion. Née en 1981 dans le cadre des journées médicales d’Abidjan, la CIDMEF, rassemblement des facultés de médecine de quarante pays en 2007, joua sous l’impulsion d’André Gouazé, sa figure tutélaire, un rôle décisif dans l’organisation du concours d’agrégation en sciences médicales. Elle s’est illustrée dans l’émergence de centres d’excellence de préparation des candidats par l’organisation de stages et de séminaires pour les candidats de tous les pays membres. Il s’agit des centres de Dakar, de Yaoundé et de Bamako dirigés respectivement par les professeurs Meissa Touré, Maurice Aurélien Sosso et Abdel Karim Koumaré[25].

Les bons résultats obtenus (77 nouveaux agrégés sur 117 candidats soit un taux de réussite de 65,81 %) lors de la 13e session du concours d’agrégation des sciences médicales à Bamako (6-15 novembre 2006) soulignèrent la pertinence de la politique de création de centres de préparation[26]. Sall notait que le CAMES était grandement redevable de la qualité de ce résultat à la CIDMEF et aux centres de préparation du Sud[27]. Reconnaissant ce rôle majeur joué par la CIDMEF, la Conférence africaine des Doyens de Facultés de Médecine d’expression française (CADMEF) proposa lors de sa réunion de novembre 2008 à Brazzaville la création du prix André Gouazé pour récompenser le meilleur lauréat de chaque édition du concours d’agrégation des sciences médicales. Cette proposition reçut l’aval du CCG en juillet 2009 et le comité des experts suggéra sa création au Conseil des ministres. L’instance suprême du CAMES, lors de sa 27e session à N’Djamena (3-7 mai 2010), prit la décision relative à la création du « Prix André Gouazé en reconnaissance de la remarquable contribution du Pr André Gouazé, président fondateur de la CIDMEF au rayonnement de la francophonie médicale et à l’essor du concours d’agrégation de médecine du CAMES »[28].

Les critères d’attribution de ce prix, communs à tous les jurys, sections et sous-sections du concours d’agrégation de médecine humaine, pharmacie, odonto-stomatologie, médecine vétérinaire et productions animales, furent adoptés par le CCG en sa 34e session tenue à Abidjan, du 16 au 24 juillet 2012. Il fut décerné pour la première fois et à titre symbolique, le 8 novembre 2010, au Sénégalais Jean-Marc Ndiaga Ndoye de l’UCAD, candidat le mieux classé dans la sous-section anatomie organogenèse où avait siégé le professeur André Gouazé[29]. En 2012, 2014 et 2016, il récompensa respectivement le Sénégalais Papa Saloum Diop, meilleur lauréat du 16e concours d’agrégation, enseignant à l’UCAD[30], les Béninois Affolabi Dissou, meilleur lauréat du 17e Concours d’Agrégation, enseignant à l’université d’Abomey-Calavi (Bénin)[31] et Ayssiwede Simplice Bosco, meilleur lauréat du 18e concours d’agrégation, enseignant-chercheur à l’EISMV de l’UCAD[32].

Photographie n° 17 : André Gouazé, président du CIDMEF, coordonnateur des membres des Jurys des concours d’agrégation du Nord (France, Belgique, Canada) en compagnie d’Abdel Karim Koumaré, président-coordonnateur du Concours d’agrégation de Médecine à Lomé en 2010. Source : Archives du CAMES.
Photographies n° 18 et 19 : Expédition en cours des dossiers de candidature pour la 18e session du concours d’agrégation des Sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion (SJPEG) Yaoundé, 6-15 novembre 2017. Source : Clichés de l’auteur, 2 août 2017.

Le concours d’agrégation en sciences juridiques, économiques et de gestion bénéficia de l’appui de l’IDESUF, créé en 1994 par l’Université Montesquieu Bordeaux IV, en partenariat avec l’AUF, le CAMES et avec l’appui financier de la région Aquitaine. L’IDESUF organisait annuellement une session de trois semaines aux candidats au concours d’agrégation des sciences juridiques, économiques et de gestion du CAMES. Plus de 500 candidat-e-s furent accueillis à Bordeaux entre 1994 et 2007, encadrés par des universités de Bordeaux, le CAMES et la Francophonie. En 2007, au regard des résultats peu satisfaisants obtenus par les candidats, Jean du Bois de Gaudusson, directeur général de l’IDESUF, présenta au CAMES ce qu’il qualifia de « nouveau dispositif de préparation au concours. » Il s’agissait de mettre en place un réseau de conférences d’agrégation du CAMES afin d’accompagner les candidat-e-s dans la préparation aux épreuves du concours, la mise à disposition de documents pédagogiques et le tutorat qui favorise le suivi[33]. Les résultats du 13e concours d’agrégation en 2007 à Libreville étaient redevables, selon Mamadou M. Sall, à l’action conjuguée de l’IDESUF et des centres de préparation du Sud et à la sélection des candidatures au niveau de la plupart des facultés des pays membres. 23 candidats sur 58 furent agrégés, soit un taux de réussite de 39,65 %, sans précédent dans l’histoire du concours d’agrégation des Sciences juridiques, économiques et de gestion[34].

 

 

 

 

 

 

 

Graphique 4 : Évolution des résultats du programme de concours d’agrégation en sciences médicales de 1990 à 2016

Source : Archives CAMES. Données fournies par le Secrétariat général.

Graphique 5 : Évolution des résultats du programme du concours d’agrégation en sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion de 1989 à 2017

Source : Archives du CAMES. Données fournies par le Secrétariat général.

Ces données chiffrées appellent les commentaires suivants : de façon globale, les résultats des concours d’agrégation sont plus flatteurs dans les sciences médicales que dans ceux de sciences juridiques, économiques et de gestion. Cette disparité informe sur les fortunes diverses ayant rythmé l’histoire de ces concours d’agrégation depuis 1982 et 1983. Le taux global de réussite au concours d’agrégation en sciences médicales (1982-2016) se situe à 68 %, contre 24 % (1983-2015) pour le concours d’agrégation des sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion. L’africanisation des jurys d’agrégation s’en ressent différemment : plus importante en sciences médicales, elle stagne en sciences juridiques, économiques et de gestion. Les trois concours d’agrégation en sciences médicales organisées en 2012 (16e concours à Libreville), en 2014 (17e concours à Yaoundé) et en 2016 (18e concours à Dakar) mobilisèrent 460 membres de jurys, dont 55 en provenance des universités du Nord. Les trois concours d’agrégation en sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion organisée en 2011 (15e concours à Abidjan), en 2013 (16e concours à Brazzaville) et en 2015 (17e concours à Lomé) mobilisèrent pour leur part 112 membres de jurys, dont 71 en provenance des universités du Nord.

Ces chiffres indiquent que la présence étrangère recule en fonction de la disponibilité de l’expertise africaine. La surreprésentation étrangère dans les jurys d’agrégation de sciences juridiques, économiques et de gestion souligne la lenteur du procès de promotion d’enseignants-chercheurs africains de rang magistral dans ces disciplines. Plusieurs raisons peuvent expliquer un tel état de fait. Albert Ondo Ossa, président du Conseil des ministres du CAMES à l’occasion de la 24e session ministérielle du CAMES en avril 2007 à Yaoundé, dressa par exemple un véritable réquisitoire à charge contre les jurys d’agrégation des sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion. Ce qui fondait l’indignation du président du Conseil était le faible taux de succès (39,65%[35]) enregistré lors de ce concours d’agrégation organisé à Libreville en 2007. Le mandarinat nocif pour bloquer les jeunes talents devait être combattu pour éloigner le CAMES de tout positionnement sectaire[36]. Pour ce faire, recommanda Albert Ondo Ossa, il revenait aux universitaires de s’adapter, de se remettre en cause, de s’amender et de s’améliorer sans cesse, par une amélioration de leurs techniques d’évaluation pour les rendre plus justes, plus équitables, plus transparentes. Une des conditions de l’équité et de la transparence était l’acceptation de la mobilité permanente des membres des jurys pour éviter des situations de rente et de n’accepter dans ces jurys que des personnes dont les qualifications et les performances scientifiques ne souffraient d’aucune contestation[37]. L’inaptitude des jurys à évaluer certains profils de candidats[38], les dysfonctionnements dans l’organisation des concours d’agrégation et la préparation insuffisante des candidats sont des reproches récurrents.

Cette surreprésentation étrangère peut toutefois s’expliquer autrement. L’ancien accord relatif au concours d’agrégation de droit, de sciences économiques et de gestion disposait en son article 5 que « les six membres du jury international sont choisis parmi les professeurs titulaires et les maîtres de conférences agrégés des disciplines concernées. Les maîtres de Conférences agrégés devront avoir au moins cinq ans d’ancienneté dans leur grade[39] ». L’article 5 du nouvel accord relatif au concours d’agrégation de sciences juridiques, économiques et de gestion, adopté en 2000, dispose pour sa part que « les six membres du jury international sont choisis parmi les professeurs titulaires des disciplines concernées »[40]. La présence dans les jurys internationaux des concours d’agrégation était désormais réservée aux seuls professeurs titulaires. À l’opposé des sciences médicales, le vivier de professeurs de ce rang dans les disciplines de droit, de sciences économiques et de gestion est moins important dans les universités de l’espace CAMES, à l’exception notable, de celles de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, témoigne Pascaline Kouraogo[41]. Ce déficit de professeurs titulaires dans ce programme d’agrégation rendait alors possible le recours à l’expertise étrangère comme en dispose l’article 5 de l’accord de 2000. Une telle situation pose question, cinquante après la création du CAMES.

La rénovation des programmesstatutaires et l’avènement de l’OIPA/CAMES

Les transformations furent plus radicales en ce qui concerne le PRED et le programme sur la médecine et la pharmacopée traditionnelles africaines. Les mutations intervenues dans l’enseignement supérieur amenèrent le CAMES à revoir le dispositif du PRED. Il ne s’agissait plus d’envisager les questions sous leur angle habituel, faisant de l’enseignement public la référence, mais en s’interrogeant sur la nécessité de prendre acte de l’impact provoqué par l’enseignement privé, son organisation, ses compétences et donc la nécessité de repenser aussi l’enseignement public[42]. « C’est ainsi que le PRED, selon Sall, ne pouvait faire l’économie de réaménagements en vue d’une prise en charge des institutions d’enseignement supérieur privé et du développement de systèmes d’assurance qualité applicable aux établissements d’enseignement supérieur et de recherche, qu’ils soient publics ou privés »[43].

Le nouvel accord sur le PRED, signé à Dakar le 23 avril 2009, se fit l’écho de ces préoccupations. Il faisait remarquer que l’évolution de l’enseignement supérieur dans les États membres, marquée au cours de la décennie 1990 par l’apparition d’établissements privés d’enseignement supérieur, rendait impérieuse la nécessité d’un mécanisme d’assurance qualité. De ce constat était apparue la nécessité d’adapter les missions et le fonctionnement du PRED à ce nouveau contexte marqué par la mondialisation du savoir et par la compétition des compétences. En droite ligne du diagnostic du programme fait par le CAMES en relation avec les défis liés à la réforme LMD, l’accord sur le PRED révisé accordait ainsi une importance nouvelle à l’enseignement supérieur privé. L’article 6 consacra le principe de la présence des représentants de cet ordre d’enseignement dans les quatre commissions spécialisées du PRED[44]. L’article 9 pour sa part disposait que « peuvent faire acte de candidature les établissements d’enseignement supérieur publics ou privés des États membres ayant obtenu une habilitation nationale et pouvant fournir la preuve de la sortie au moins d’une promotion »[45]. Le 24e colloque du PRED qui se tint à Bamako en novembre 2009 indiquait un intérêt certain de l’enseignement supérieur privé pour ce programme de certification du CAMES. 113 dossiers sur un total de 122 avaient été soumis par des structures d’enseignement supérieur privé[46].

La croissance rapide de ces structures d’enseignement supérieur privé souligne la défiance de plus en plus grande à l’égard du système universitaire public en proie à de graves problèmes structurels (grèves du personnel enseignant, administratif et des étudiants, engorgement des amphithéâtres, etc.) depuis le début des années 1990. En décidant d’élaborer un cahier de charges[47] pour l’ouverture d’établissements d’enseignement supérieur, le CAMES comprenait cependant que l’aspect quantitatif ne rimait pas toujours avec la qualité au sein de cet ordre d’enseignement. « Il fallait donc se donner les moyens pour éviter que le commerce de l’enseignement supérieur se solde par le bradage de diplômes » (Géro 2005 : 59). Les défis qui se posent à l’enseignement supérieur soulignent l’urgence pour le CAMES d’un intérêt accru pour la gouvernance de l’université africaine, par des mesures concrètes de redressement, par-delà la question de l’armement de l’institution dans le sens du « toilettage » de ses textes à usage interne.

Le programme sur la pharmacopée et la médecine traditionnelles africaines fut également concerné par la politique de rénovation des programmes statutaires. Il est sans doute le meilleur révélateur des ambitions d’expansion déçues du CAMES pour des raisons à la fois de pertinence scientifique et de problèmes budgétaires. Entamé lors du colloque de Lomé en 1974, il fut suspendu en 1986 après celui de Cotonou, le Conseil des ministres souhaitant réévaluer ce programme. Le rapport d’évaluation d’Edouard Adjanohoun, publié en 1989, s’interrogeait sur l’utilité des colloques consacrés à la pharmacopée et à la médecine traditionnelles africaines, tout en plaidant pour le maintien de ce programme. Aucune des 39 recommandations issues de ces rencontres scientifiques n’a connu de suivi se traduisant par un résultat quelconque, note le recteur honoraire de l’Université nationale du Bénin. Il devenait indispensable selon lui de repenser sérieusement cette question, dans le but de « rentabiliser ces colloques qui deviennent stériles et de moins en moins rentables »[48]. Contrairement à l’avis émis par le CCG en 1993, invitant le CAMES à se dessaisir de ce programme[49], le Conseil des ministres proposa plutôt de passer à l’action et suggéra de mettre à profit le 8e colloque de relance après huit ans de suspension pour réorienter le programme en tenant compte de la situation réelle. Cette dernière montre qu’ :

Aujourd’hui comme hier, les pharmacopées et médecines traditionnelles africaines sont aussi et même plus consommées que la médecine moderne. Cette situation réelle implique au contraire le renforcement et la rentabilisation de ce programme. C’est pourquoi il importe que le CAMES ne se dessaisisse pas de ce programme, mais reçoive la collaboration assidue des universités[50].

Si le programme fut relancé à Lomé en 1994, les débats quant à sa pertinence ne s’estompèrent pas pour autant. Près d’une dizaine d’années après le rendez-vous de Lomé, le comité de pilotage sur l’évaluation externe du CAMES faisait remarquer que le contenu séduisant de ce programme n’était pas en adéquation avec les ambitions du CAMES et peut-être pas non plus en cohérence avec les bouleversements qui affectaient les disciplines médicales et pharmaceutiques en général. Il suggérait au CAMES de se dessaisir de ce programme au profit des universités et en relation avec les instituts traitant des mêmes problèmes ou à repenser les orientations en s’appuyant sur la table ronde qui s’était tenue à l’issue de la 17e session du Conseil des ministres en 2000 à Antananarivo. Il avait été proposé, lors de cette rencontre annuelle ministérielle, de passer à un stade très différent en liant étroitement recherche et production. Dans ce cadre, il avait été imaginé de constituer trois réseaux thématiques répartis régionalement : l’un sur les médicaments antipaludéens, l’autre sur les anti-hypertenseurs, le troisième sur les médicaments anti-diarrhéiques et contre les infections intestinales[51].

Mamadou M. Sall choisit l’option de la réorganisation du programme de pharmacopée et de médecine traditionnelles africaines. Cette réorganisation fut parachevée à Kigali lors du 12e colloque (5 au 9 novembre 2002) par la mise en place, à partir des conclusions des colloques de Ségou et de Bangui, de trois réseaux thématiques régionaux : i) le réseau Afrique de l’Ouest coordonné par le Burkina Faso et dont le projet de recherche est centré sur la valorisation des médicaments antipaludéens; ii) le réseau Afrique centrale, coordonné par le Congo Brazzaville et ayant pour objectif la valorisation des médicaments des affections métaboliques; iii) le réseau Pays des Grands Lacs et Océan indien, chargé de la valorisation des médicaments anti-diarrhéiques et des affections intestinales et dont le pays coordonnateur est le Rwanda[52].

Pour rendre le programme incitatif, Sall proposa au Conseil des ministres, qui l’accepta, l’instauration du prix international « Albert Rakoto-Ratsimamanga pour la valorisation de la pharmacopée et de la médecine traditionnelle africaines » en reconnaissance de « la remarquable contribution du Professeur malgache à la valorisation de la pharmacopée traditionnelle africaine »[53]. Rakoto-Ratsimamanga fut en effet un résistant malgache contre l’oppression coloniale et le pionnier de la botanique et de la pharmacopée à Madagascar[54]. Ce prix en son honneur fut attribué pour la première fois en 2010 à Marie Louise Rondi, médecin et pharmacienne gabonaise de l’IPHAMETRA de Libreville pour ses travaux ayant conduit à la production du phytomédicament appelé PALMILANT traitant des escarres et des plaies infectées[55].

Le Programme Pharmacopée et médecine traditionnelles africaines qui avait organisé 17 colloques entre 1974 et 2012 pour un total de 545 communications orales et écrites[56] fut transformé à l’instigation du nouveau Secrétaire général du CAMES en Journées scientifiques du CAMES dont les premières eurent lieu à Abidjan (05-07 décembre 2013), les deuxièmes à Dakar (23-25 novembre 2015) et les dernières en date à Abidjan (04-06 décembre 2017).

Cette intense activité de redressement et de rénovation du CAMES fut couronnée par l’avènement du cinquième programme de l’institution : la manifestation de la reconnaissance aux bâtisseurs de l’institution. Après les moments de labeur, voici venu le temps de la récompense. Ce raccourci résume assez bien le principe de la création des Palmes académiques du CAMES.[57] Dans la note justificative du projet, on peut lire que :

Les fondateurs du CAMES, autorités gouvernementales et experts, avaient rendu des services à l’enseignement supérieur africain en le dotant d’un Conseil capable d’organiser efficacement deux concours d’agrégation bisannuels, de mettre en place un référentiel fiable de reconnaissance et d’équivalences des diplômes étrangers et d’assurer, sur la base de standards internationaux, la promotion des enseignants et chercheurs africains et malgaches, ou d’enseignants et chercheurs étrangers évoluant en Afrique et à Madagascar[58].

Aussi bien, souligne la note, le CAMES, ayant acquis une solidité et une expertise indiscutables dans tous ses domaines d’activités propres, était venu le temps, pour lui, de marquer sa reconnaissance à l’endroit des hommes et des femmes, hommes et femmes d’État, fonctionnaires, experts, enseignants et chercheurs qui ont contribué ou contribuent encore à son rayonnement et, plus généralement, à celui des systèmes d’éducation, de formation et de recherche en Afrique.

C’est en reconnaissance de cette réalité et en hommage à tout ce qui avait été accompli en une trentaine d’années que le Conseil des ministres a adopté la résolution n° 2/CM/SO/2000 relative à la création de distinctions honorifiques. Mandaté par le Conseil des ministres pour mener une réflexion à cet effet, Mamadou Moustapha Sall, par lettre du 7 août 2000 chargea le Sénégalais Djibril Samb, directeur de l’IFAN/UCAD, de conduire cette réflexion et d’en exposer lui-même les résultats à la 18e session du Conseil des ministres[59].

Les débats qui suivirent l’exposé de ce dernier lors de la 19e session du Conseil des ministres en 2002 se conclurent par la décision de la création de l’Ordre international des Palmes académiques (OIPA) du CAMES et de la signature de l’accord présenté et signé à cet effet à Abidjan, le 12 avril 2002.

Que prévoyait cet accord? Il fixait les règles d’organisation et de fonctionnement de l’ordre, les critères d’éligibilité à ces différents grades et dignités, etc. L’article 3 précisait que le président du Conseil des ministres est Grand Maître de l’Ordre pour la durée de son mandat tandis que le Secrétaire général du CAMES en est le Grand Chancelier pour la durée de son mandat. L’article 4 définissait pour sa part les différents grades de l’ordre : Chevalier, Officier, Commandeur, et, les dignités : Grand Officier et Grand-Croix[60].

En 2003, 11 pays avaient signé l’accord et la seconde réunion du Conseil de l’OIPA qui eut lieu à Kigali la même année, après celle de juillet 2002 à Libreville, décerna les premières distinctions. « Ce fut un moment historique, à marquer d’une pierre blanche, dans l’évolution positive du CAMES », selon Romain Murenzi, ministre rwandais de l’Éducation, de la science, de la technologie et de la recherche scientifique. À cette occasion il fut reçu dans l’ordre de Grand maître de l’OIPA/CAMES. Dans un élan lyrique, Romain Murenzi rappela aux premiers enseignants-chercheurs récipiendaires que le port des palmes d’officier en faisait des symboles vivants de l’ordre du CAMES[61] et leur conférait en même temps une lourde responsabilité :

Celle d’incarner les valeurs les plus hautes de l’université africaine dont les récipiendaires, miroirs de l’OIPA/CAMES devaient être les reflets à partir desquels l’opinion africaine (d’abord leurs collègues) décryptera le type d’excellence que le CAMES offre en modèle aux générations actuelles et futures[62].

Le cursus honorum devint l’aboutissement du parcours académique, non sans susciter quelques réserves dans certains cercles d’intellectuels africains qui y voyaient une tendance à la bureaucratisation du CAMES.

Le Premier plan stratégique de l’Institution (2015-2019) 

En 1991, le Canada, sollicité par le CAMES, donna son accord pour l’informatisation de l’Institution qui débuta en 1992. Celle-ci se poursuivit sous Mamadou M. Sall qui commanda un état des lieux de l’informatisation du CAMES. L’experte commise à cette tâche constata la vétusté du matériel et un système de gestion quasiment manuelle de l’ensemble des activités[63]. Sall s’attela en premier lieu à la recherche de partenariat pour la mise en ligne des données. La société TENTRONICS apporta son appui au projet, à travers la mise en place de l’antenne VSAT et de divers équipements informatiques. En janvier 2002, le CAMES obtint une licence d’exploitation de l’antenne VSAT. Les opérations d’archivage et d’indexation démarrèrent pour leur part. Enfin, avec le financement de l’AUF et l’assistance du Système francophone d’édition et de diffusion du Réseau électronique francophone (SYFED-REFER), ancêtre des actuels Campus numériques de l’AUF, un travail de numérisation, suspendu quelques années auparavant, fut envisagé.

Le grand bond vers la numérisation du CAMES se situe cependant en 2012, lorsque le programme « Silhouette » ou doublure virtuelle du CAMES fut adopté lors de la 29e session du Conseil des ministres à Ouagadougou[64]. L’institution née au XXe siècle avait besoin de se conformer aux enjeux de son temps et le Secrétaire général Bertrand Mbatchi conçut alors la numérisation de tous les programmes du CAMES comme la voie pour réinventer et implanter résolument l’institution dans le cybermonde du XXIe siècle[65].

Ce tout numérique s’inscrit en réalité dans une programmation plus ambitieuse, connue sous l’acronyme PSDC (Plan stratégique de développement du CAMES), que l’on doit au nouveau Secrétaire général du CAMES, Bertrand Mbatchi. Ce professeur titulaire de biologie et physiologie végétale de l’Université des Sciences et techniques de Masuku à Franceville au Gabon fut nommé par le Conseil des ministres en sa 28e session ordinaire qui eut lieu à Libreville en août 2011[66]. Le plan quinquennal dont il fut porteur, le premier mis en place pour le pilotage de l’institution, devait répondre à la forte attente des États quant à une meilleure qualification de leurs élites intellectuelles[67]. Il fut présenté au comité des experts du CAMES pour avis et information avant son envoi aux universités et centres de recherche des États membres, l’objectif étant de faire adopter l’avant-projet au cours de la session ordinaire du Conseil des ministres d’avril 2013. Cet avant-projet fut adopté par l’instance politique de l’institution[68] et la résolution n° SO-CM/2013-008 de 2013 entérina le principe de l’application de ce plan quinquennal[69].

Que contient ce plan que M. Bertrand Mbatchi qualifia lui-même de changement de politique managériale? Il s’articule autour de sept axes stratégiques :

  • Doter le CAMES d’un code d’éthique et de déontologie qui décline le cadre de valeurs dans lequel le travail et l’expertise sous ces différentes formes sont réalisés au CAMES. Il reflète la « marque CAMES» et renforce le lien de confiance entre ses différents partenaires;
  • Moderniser la gouvernance pour une plus grande efficacité et une transparence dans la gestion de son administration et de ses programmes, en mettant un accent particulier sur le management de ses ressources humaines;
  • Doter le CAMES d’une doublure virtuelle dénommée programme Silhouette du CAMES afin d’assurer une plus grande visibilité et éviter l’isolement intellectuel professionnel, en promouvant la mobilité des connaissances, en accroissant l’accès à moindre coût aux ressources documentaires et en facilitant les échanges institutionnels;
  • Renforcer la démarche qualité dans toutes les activités et programmes du Secrétariat général du CAMES ainsi que dans les pays membres, en vue de promouvoir des systèmes éducatifs et de recherche efficaces et efficients;
  • Soutenir et valoriser la formation, la recherche et l’innovation afin d’accroître l’efficacité et la pertinence des offres de formation, des activités de recherche et de l’innovation, en cohérence avec la demande sociale des États;
  • Développer des synergies, des partenariats et des programmes innovants afin d’optimiser les ressources disponibles, de mutualiser les efforts, en vue d’accroître la pertinence des actions du CAMES, tout en évitant la duplication;
  • Accroître le rayonnement et la visibilité du CAMES afin de renforcer la position centrale de l’institution, dans l’exécution des missions pour lesquelles elle jouit déjà d’une légitimité politique, juridique et organisationnelle[70].

Ce programme ambitieux se voulait toutefois réaliste. Ainsi, en tant que plan quinquennal, par conséquent document d’orientation, il n’a pas pris en compte toutes les faiblesses identifiées par l’état des lieux qui est fait du CAMES. Des choix ont été opérés pour tenir compte de sa faisabilité, elle-même tributaire en grande partie de la réactivité multiforme des États (paiement des contributions, appropriation des arcanes du plan et impulsion de cette dynamique de mise en œuvre au niveau des institutions sous tutelle), ainsi que de la capacité du personnel du Secrétariat général à le déployer.

L’insuffisance des ressources financières, conjuguée au risque d’inappropriation du plan et de duplication des activités par d’autres organismes ou partenaires faute d’une bonne coordination et au risque  d’isolement intellectuel et professionnel constituèrent les risques et contraintes identifiés par le PSDC.

Pour maîtriser ces quatre risques, poursuit le document d’orientation, il importe d’assurer une très grande diffusion et restitution du plan auprès de tous les acteurs, une libération effective et en temps opportun des contributions des États, propice à un engagement plus large de toutes les autres parties, ainsi qu’une bonne clarification des missions du CAMES auprès des partenaires au développement en vue d’emporter leur adhésion synergique. Le financement de ce plan quinquennal fut estimé à 16 727 284 828 francs CFA[71].

Le faible recul historique rend difficile une évaluation critique et exhaustive de ce programme de modernisation du CAMES. Par ailleurs sa méconnaissance explique le manque de débats s’y rapportant dans les milieux académiques, malgré le fait qu’un ensemble de précautions prises par le Secrétariat général[72] du CAMES pouvait laisser espérer un meilleur résultat. Quelques traits se dégagent cependant avec netteté. Le PSDC gagne en visibilité à partir des deux axes que sont le programme de doublure virtuelle ou « Silhouette CAMES » et le programme Assurance qualité. Le rapport direct de la doublure virtuelle avec les procédures de candidature à l’inscription sur les listes d’aptitude explique sans doute son succès. En cela, le CAMES qui entendait faire de ce programme un plaidoyer en faveur du numérique pour lutter particulièrement contre ce qu’il appelle l’illectronisme dans le milieu universitaire peut se prévaloir d’avoir commencé à faire bouger les lignes. Un bilan d’étape présenté par Claude Lishou, professeur d’informatique à l’École Supérieure Polytechnique de Dakar, par ailleurs maître d’œuvre du programme, donna les résultats suivants en 2013 : la plateforme d’inscription en ligne des candidats aux listes d’aptitude a enregistré 985 candidatures, 56 dossiers additionnels en CDROM, 1 000 thèses en format numérique et 12 000 publications numérisées[73].

Les programmes thématiques de recherche du CAMES (PRTC) dont font maintenant partie le programme pharmacopée et médecine traditionnelles africaines et le programme des olympiades universitaires du CAMES (OUC), destiné aux étudiants et étudiantes, traduisent les nouvelles ambitions d’expansion et d’affirmation du CAMES. L’organisation en décembre 2017 de la première phase des olympiades universitaires de manière simultanée dans plusieurs universités des pays membres du CAMES à partir d’une plateforme numérique dédiée a constitué une autre étape dans le renforcement de la constitution d’une communauté virtuelle africaine, cette fois à l’échelle des étudiants.

Cette politique de numérisation, socle de la politique managériale de Bertrand Mbatchi, fut suivie du programme d’assurance qualité dont le PRED né en 1972 ne constitue plus qu’une simple composante restructurée. La Déclaration de Bangui de 2008 constitue l’acte politique initial qui a déjà plaidé en faveur de ce programme. En 2012, sous l’impulsion du nouveau Secrétaire général du CAMES fut prise, par le Conseil des ministres, la décision n° 011/2012 portant création du programme assurance qualité[74]. Les nombreux colloques sur l’assurance qualité organisés par l’institution traduisent l’émergence d’une voie africaine dans ce domaine stratégique. Cela va se matérialiser lors de la 35e session du conseil des ministres du CAMES, par une déclaration des ministres sur l’assurance qualité. De façon concrète, des référentiels, au nombre de trois[75] furent d’abord élaborés par le Centre régional d’évaluation en éducation, environnement, santé et d’accréditation en Afrique (CRESAC) à la demande du CAMES au début de l’année 2012. Ils ont été revus par le CAMES dans le sens d’une simplification, puis validés dans le cadre de deux ateliers du PRED. Ils ont ensuite été diffusés pour avis et commentaires au sein des universités, des centres de recherche et des instances d’assurance qualité des pays membres du CAMES. En janvier 2013, ils ont été amendés par le CCG, avant d’être transmis au Conseil des ministres qui les a validés et adoptés lors de la 30e session qui s’est tenue à Cotonou en avril 2013[76].

Ces trois référentiels ont une triple finalité :

  • ils visent avant tout l’amélioration continue de la qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche dans les pays francophones d’Afrique subsaharienne;
  • ils permettent d’évaluer des établissements, ou d’y évaluer plus spécifiquement la formation et la recherche, pour s’assurer qu’ils atteignent un degré de qualité satisfaisant;
  • ils permettent d’accréditer des établissements, des offres de formation ou des programmes de recherche, dont l’évaluation a prouvé qu’ils satisfont aux exigences du référentiel[77].

Cet intérêt du CAMES pour l’assurance qualité peut s’expliquer en partie par le contexte concurrentiel dans lequel évolue cette organisation. Peter Materu, ingénieur tanzanien et consultant à la Banque mondiale, souligne la mise en place de réseaux d’assurance qualité en Afrique dans le sillage du processus de Bologne, avec l’appui de la Banque mondiale. Il observe qu’on peut trouver en Afrique un certain nombre de réseaux sous-régionaux dont les mandats incluent la collaboration pour l’amélioration de la qualité de l’enseignement supérieur. Il s’agit du CAMES, du Conseil inter-universitaire de l’Afrique de l’Est (IUC-EA), de la Southern African Development Community (SADC) de l’Association des Universités régionales de l’Afrique australe (SARA-UA), de l’initiative pour la gestion de la qualité de l’enseignement supérieur en Afrique australe (IGQESAA) et de l’Association des Universités africaines (AUA).[78]

Cette place importante accordée à l’assurance qualité était d’autant plus opportune qu’en 2015, la communauté internationale dans le cadre de l’Agenda 2030 a adopté l’assurance qualité comme le 4e des 17 objectifs de développement durable (ODD). L’Union africaine, dans le cadre de son agenda 2063, L’Afrique que nous voulons, a adopté la stratégie continentale de l’éducation pour l’Afrique 2016-2025 (CESA16-25) qui intègre aussi ce paradigme en l’adaptant aux besoins spécifiques du continent.

L’exacerbation des rivalités entre institutions académiques africaines d’accréditation et l’urgence d’éviter les duplications, ainsi que l’exigence de rationaliser les moyens, expliquent également le choix du CAMES de démultiplier les accords de partenariat avec des organisations sous-régionales africaines et internationales.

C’est dans ce cadre que rentre notamment la signature des conventions et accords ci-après :

  • la convention dite convention CAMES-UEMOA pour soutenir les réformes en cours dans les institutions d’enseignement supérieur de l’espace UEMOA, notamment le renforcement des mécanismes d’assurance-qualité [79];
  • les accords de partenariat du CAMES avec ANAFE, CRESAC, AUF, DAAD, UNESCO pour le renforcement de l’assurance qualité.

Des partenariats furent également conclus avec l’OOAS, la CONFEJES et l’OAPI. Cette politique de coopération bilatérale répondait au besoin politique d’ouvrir davantage le CAMES sur d’autres institutions et partenaires au développement pour assurer le succès de la mise en œuvre du PSDC. Dans cet objectif fut créé par la suite le Réseau des partenaires techniques et financiers du CAMES (RPTF) en vue de mieux organiser les synergies d’action. La première table ronde organisée du 28 au 29 octobre 2014 à Libreville fut l’occasion d’engager l’ensemble de ces partenaires à soutenir le PSDC.

Dans le cadre du PSDC, des transformations engagées pour la modernisation de la gouvernance au sein du Secrétariat général du CAMES sont devenues une réalité. À titre d’exemple, on peut signaler l’adoption du manuel de procédures comptables et financières du CAMES et l’adaptation du cadre comptable du CAMES au système comptable SYSCOHADA intervenues au cours de l’année 2016[80]. En outre, une décision portant réajustement du salaire du personnel fut prise par le Conseil des ministres en sa session ordinaire de l’année 2016[81]. Le plaidoyer pour une véritable politique d’attractivité salariale de manière à attirer l’élite intellectuelle africaine au CAMES est un axe important de la stratégie de modernisation de la gouvernance de l’institution[82]. Une relecture des textes fondamentaux du CAMES a été entreprise par le Secrétariat général pour documenter la nécessité de l’adoption par l’instance politique d’un plan de carrière attractif au profit du personnel de l’institution[83]. Cette démarche a été précédée du premier dialogue social initié par le Secrétaire général du CAMES afin de discuter de la question des salaires des personnels de l’institution.

Au niveau des procédures d’évaluation, les réformes consistent en la stabilisation des critères d’évaluation au sein des CCI et des concours d’agrégation (2017-2021), en l’introduction de l’anonymat dans le mode de désignation des instructeurs et en l’opérationnalité de la commission d’éthique et de déontologie institutionnelle[84]. Cette commission a, entre autres missions, de sanctionner les manquements aux règles d’objectivité scientifique en matière d’évaluation des dossiers de candidatures. Ces réformes soulignent la volonté du CAMES de tenir compte des récriminations formulées par certains membres de la communauté universitaire contre sa politique de surveillance de la production académique.

Par ailleurs dès 2013, le CAMES, sous l’impulsion de Bertrand Mbatchi, instaura les Journées scientifiques du CAMES (JSDC) consacrées par la résolution n° 5 O—CM/2013-013 de la 30e session du Conseil des ministres. L’objectif principal de cette initiative était de permettre aux acteurs scientifiques de se rencontrer pour dresser un état des lieux régulier de leurs recherches et de construire des synergies idoines multilatérales. Les trois premières éditions des JSDC organisées à Abidjan en Côte d’Ivoire (en 2013 et 2017) et à Dakar au Sénégal (en 2015) ont connu une forte mobilisation et un grand engouement des différents acteurs et actrices de la recherche et de l’enseignement supérieur, ainsi que des étudiants et étudiantes.

Enfin la communication qui concourt au rayonnement et à la visibilité du CAMES a été déployée pour décloisonner le CAMES et promouvoir son action. Ainsi, un chargé de communication a été recruté dès 2012 et de nouveaux outils ont été mis en œuvre (lundi CAMES, réseaux sociaux, etc.). Si le CAMES peut s’enorgueillir d’avoir réussi le pari de la modernisation de la gouvernance de l’institution, il reste qu’il doit faire face à de fortes réserves quant à ses critères et procédures d’évaluation.

Des critères et des procédures d’évaluation en débats

Ce qui incontestablement a fait le succès du CAMES est l’évaluation académique des enseignants et chercheurs de son espace au travers des CCI et des concours d’agrégation. Cette sédentarisation des procédures d’évaluation académique est d’autant plus symbolique qu’elle constitue à bien des égards une rupture avec l’époque où cette légitimité s’acquérait dans les universités du Nord. Par ce biais, le CAMES se pose comme un arbitre dans le champ académique africain placé sous sa gouvernance, selon des critères et des règles qu’il a définis. Michel Crozier observe cependant comment, d’un point de vue micro-social, les individus construisent des régulations durables qui font système (Crozier in Martin 2012 : 93). La question qui se pose alors, relativement à notre analyse, est moins celle de la pérennité du système de régulation que la façon dont appréhendent leur fonction ceux et celles chargés de sa mise en œuvre. À propos des CTS du CAMES, Salif Yonaba a montré comment le membre de cette instance d’évaluation est bien souvent porté à interpréter sa situation comme la reconnaissance d’une prérogative plutôt que comme un mandat qui le rendrait comptable à l’égard de la communauté dans son ensemble (Yonaba 2016 : 533). Yonaba pose ainsi la question du mode de désignation des membres des CTS. Si celle-ci cristallise les critiques, c’est en raison de la sédimentation de certains de ses membres dans ses instances. Une telle configuration se révèle propice à la naissance de fortes solidarités[85], prélude à ce que l’historien sénégalais Ousseynou Faye appelle une sociabilité élitaire[86]. Toute chose aux antipodes de la conception théorique du sociologue italien Vilfredo Pareto, pour qui les élites subsistent à condition de se renouveler perpétuellement (circulation des élites) (Lebaron 2014 : 137). Aussi s’est-il construit progressivement, dans le champ académique « camésien » un imaginaire autour de figures tutélaires nichées dans les CTS et promptes à faire et à défaire les carrières sur la base de critères subjectifs, en rupture avec l’objectivité scientifique. La correspondance adressée au Secrétaire général du CAMES par Samuel Gadegbeku, alors directeur général de la recherche scientifique en Côte d’Ivoire, interrogeait ainsi la qualité des signataires des notes confidentielles pour les responsables pédagogiques et de recherches sur la LAFPT et celle du choix des présidents des jurys des concours d’agrégation par le Secrétaire général et le président du CCG[87]. Ce besoin de transparence dans le choix des personnes, dont on peut deviner qu’il fut le prétexte à la correspondance susmentionnée, se double de la question de leurs profils dont Mamadou Youri Sall pense qu’elle viole le principe démocratique qui voudrait que la représentation de tous les corps reconnus soit non seulement souhaitée, mais assurée et imposée. Ce principe est violé quand les professeurs titulaires tendent à représenter tout le monde tout le temps (Sall 2004). La contestation de l’hégémonie magistrale à l’œuvre dans cette prise de position du syndicaliste sénégalais de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis pose moins question dans le champ académique « camésien » que l’inamovibilité, on l’aura vu, de certains membres de CTS qui y officient durant de longues années, créant les conditions de la suspicion.

Au demeurant et quels que soient les indicateurs choisis, souligne le sociologue Danilo Martucelli (2010 : 33-34), l’évaluation est indissociable d’un jeu de pouvoir dont a failli faire les frais l’historien gabonais Hugues Mouckaga, alors candidat à une inscription sur les listes d’aptitude aux fonctions de maître de conférences (Mouckaga 2015). Les dissensions internes, les querelles de générations, les luttes de positionnement dans les facultés se transposent dans les instances de délibération académique de l’institution supranationale. La récurrence des griefs à l’encontre de l’objectivité des délibérations des CTS et des jurys d’agrégation sustente finalement l’idée que les arrangements extérieurs prévalent sur le « dossier scientifique » (Charle 2009 : 160). Elle explique la tendance à la contestation, constatée en 1989, des décisions des CTS par les candidats et candidates ajournés et amena le Secrétaire général Emmanuel Nathaniels à la désapprouver avec fermeté[88]. Cette réprobation ne peut dispenser d’une réflexion sur les conditions d’organisation des CCI, par-delà la question de l’éthique d’objectivité et de responsabilité dans les délibérations de ses instances.

Président du CTS Lettres et Sciences humaines (1996-2003), le Togolais Nicoué Gayibor souligne par exemple les difficultés liées à l’analyse des dossiers de candidatures au sein de ce CTS. « Le nombre de jours alloué à chaque session pour l’étude des dossiers a toujours été insuffisant pour étudier chaque dossier de façon exhaustive. » La réclamation de deux instructeurs par dossier, ce qui ferait que l’échec ou l’inscription d’un candidat ne relèverait pas du seul ressort d’un instructeur, est restée vaine[89]. Résultat :

Le nombre élevé de candidatures empêchait les jurés d’étudier tous les dossiers à fond. Des groupes étaient constitués pour étudier les candidatures par niveau. On se fiait donc bien souvent au seul avis de l’instructeur. Or, certains de ces instructeurs (souvent surpris par le délai de renvoi des dossiers au CAMES) n’étudiaient pas les dossiers à fond. Ainsi, il n’était pas rare de commettre un instructeur sur place, lors de la session, pour reprendre l’étude d’un dossier mal analysé par l’instructeur[90].

 

 

 

 

 

 

 

 

Graphique n° 6 : Évolution du nombre de candidats au programme des CCI de 1981 à 2017

Source : Archives du CAMES. Données fournies par le Secrétariat général.

Le succès de l’évaluation académique en Afrique par le biais du CAMES dont rend compte la croissance des effectifs de candidats aux CCI pose tout aussi la question de la capacité de l’institution à assurer des évaluations objectives. Le nombre élevé de candidatures, perçu par Gayibor comme ne favorisant pas une étude à fond des dossiers, souligne l’insuffisance des effectifs des jurés commis à l’évaluation. Le cas des CCI est loin d’être exceptionnel. La section Sciences économiques de l’agrégation recommandait quant à elle en 2003 qu’ :

Une réflexion soit menée dans la perspective souhaitable et souhaitée de l’augmentation du nombre de candidats, sur le temps nécessaire pour une évaluation approfondie des données de travaux et une programmation équitable des leçons[91].

Ces préoccupations visant à améliorer le fonctionnement et la crédibilité des évaluations devaient être mises en relation avec la difficulté de trouver des « gisements d’économies » après la réduction de deux à trois représentants par spécialité. Le rapport d’évaluation externe du CAMES de 2004 soulignait à ce propos :

Les difficultés que connaissent certains CTS en raison de l’absence d’adéquation entre la réduction du nombre de spécialistes et l’augmentation du nombre des dossiers, de telle sorte que la réduction des jours consacrés aux évaluations impose une surcharge non négligeable qui peut mettre en danger une évaluation sereine[92].

Ces conditions d’évaluation soulignent la part de l’aléatoire dans le processus d’évaluation du CAMES :

Il suffit que le rapporteur (par ailleurs surchargé et… peu rémunéré) n’ait pas apporté toute l’attention nécessaire au dossier qui lui a été confié, pour que la sous-section (faute de trouver un spécialiste) soit amenée à renoncer à l’évaluation. Si la chose n’est pas très fréquente, elle n’en est pas moins critiquable et fait peser sur les travaux d’évaluation une suspicion préjudiciable.[93]

Les conséquences diverses de ce phénomène allant des retards de carrière à l’incertitude pesant sur certaines promotions ou refus rendent les participants et participantes amers et sans illusion[94] et expliquent pour partie la défiance grandissante vis-à-vis des critères et des procédures d’évaluation du CAMES. L’instabilité de celles-ci, dont nous avons largement fait mention dans certains des chapitres précédents, constitue sans doute le biais majeur de l’évaluation académique sous les fourches caudines des CTS et des concours d’agrégation du CAMES. Il s’y ajoute que dans certains cas, la pertinence de certains critères fut contestée, y compris dans les rangs mêmes des instances académiques du CAMES.

En 2011, 24 membres du CTS Lettres et Sciences humaines à l’issue de la 33e session des CCI à Brazzaville adressèrent, par exemple, une correspondance au CCG à propos de l’obligation faite derechef à tout candidat sollicitant une inscription sur la LAPFT d’une direction ou co-direction d’une thèse jusqu’à soutenance.

Si le CTS prit acte de la décision du CCG, sans doute motivée par des raisons qui tendraient à garantir la qualité du corps des professeurs titulaires, il ne se priva pas d’émettre des réserves pour cinq raisons. En premier lieu, ce CTS nota que la réforme LMD, qui encourage la professionnalisation des filières, entraîne de facto la diminution des doctorants.

En deuxième lieu poursuit le CTS, certaines universités ne disposent pas de formations doctorales dans plusieurs disciplines de Lettres et Sciences humaines comme à Bamako, à Bangui, à Niamey.

En troisième lieu, l’absence quasi généralisée de la prise en charge institutionnelle de la mobilité internationale, notamment africaine, ne favorise guère la co-direction en l’absence de possibilités locales d’encadrement.

En quatrième lieu, cette mesure risque d’entraîner une baisse sensible de la productivité scientifique (publications), attendu que le nombre d’articles exigé passerait de six à trois. La suppression de l’alternative (encadrement versus publications) aura une conséquence négative sur la recherche qui alimente l’enseignement.

Enfin, en dernier lieu, il convient de souligner la spécificité des champs disciplinaires en Lettres et Sciences humaines. En effet, la préparation du doctorat exige des contraintes rédactionnelles particulièrement lourdes (volume de la thèse, temps de préparation, travaux de terrain, recueil de données, etc.). Et le CTS de prendre l’exemple d’une discipline comme l’égyptologie à l’appui de sa démonstration. Dans ce domaine, la co-tutelle selon le texte est difficilement envisageable, compte tenu des divergences d’orientation scientifique entre les universités africaines et celles du Nord. Dans ces conditions, exiger des collègues l’encadrement d’une thèse jusqu’à la soutenance reviendrait à limiter leur carrière au grade de maître de conférences.

Compte tenu de tout ce qui précède, le CTS tira la conclusion qu’il était fort à craindre que l’excellence recherchée à travers cette décision, qui consistait à imposer l’encadrement d’une thèse à tout candidat à la LAPFT, ne conduise à l’effet contraire, à savoir à apporter de l’eau au moulin des partisans de la promotion locale au détriment de l’esprit d’intégration que prône le CAMES. Pour toutes ces raisons, le CTS Lettres et Sciences humaines recommanda le maintien du statu quo ante, à savoir l’alternative « encadrement de thèse » ou « publications supplémentaires »[95].

La mesure entra en application malgré ces réserves, le CAMES faisant valoir le principe d’harmonisation des critères entre les différents CTS. Une étude croisée des critères mis en œuvre dans les différents CTS révélait que seul le CTS Lettres et Sciences humaines n’exigeait pas de ses candidats à la LAFPT, l’encadrement d’une thèse[96].

Ce besoin d’équité défendu par le CAMES, mais appréhendé par le CTS Lettres et Sciences humaines comme une mesure contre-productive, souligne la discordance des canons de l’évaluation au sein même des instances de décision de l’institution[97]. Celle-ci montre que les normes de la légitimité sont multiples et que l’institutionnalisation du pouvoir de contrôle par les clercs ne peut faire abstraction de la multiplicité des foyers de sa réceptivité.

Conclusion

L’entame du 21e siècle est incontestablement le temps du renouveau du CAMES après la décennie de morosité financière (1990-2000) qui a contrarié ses ambitions d’expansion. La loi des générations qui ont vocation à s’enchevêtrer dans une chaine ininterrompue des successeurs trouve son expression dans les transformations décisives qui ont changé le visage de l’institution par touches successives. L’effort de redressement financier et de modernisation de l’institution entrepris par Mamadou Moustapha Sall a ainsi redonné des couleurs à une institution qui était à bout de souffle.

La rénovation des programmes statutaires hérités des temps héroïques de l’institution souligne la volonté des héritiers du 21e siècle de calibrer la marche du CAMES avec les défis intellectuels du nouveau siècle. La mise en place par Bertrand Mbatchi du premier plan quinquennal (PSDC) de l’histoire de l’institution est une autre étape décisive qui l’inscrit davantage dans la modernité.

Si l’institution progresse, ses programmes d’évaluation académique restent cependant soumis à des phénomènes de résurgence de la question nationale qui mettent à rude épreuve le principe de supranationalité qui est au fondement de l’idée de CAMES. Les tendances centrifuges à l’œuvre dans certains États membres à l’égard du CAMES sont dominées par la question du pouvoir de contrôle académique exercé par cette institution.


  1. L’auteur souligne cet élément.
  2. Centre des archives diplomatiques de Nantes. Ministère des Affaires étrangères. Poste de Ouagadougou., op.cit., Rapport d’activités du CAMES, 1970.
  3. Archives du CAMES. Rapport final de la 17e session ordinaire du Conseil des ministres. Antananarivo, 10-14 avril 2000, p. 3.
  4. Archives du CAMES. Rapport final de la 18e Session ordinaire du Conseil des ministres, Ouagadougou, 9-13 avril 2001, p. 8.
  5. Archives du CAMES. Décision n° 001/2000 portant nomination de Mamadou Moustapha Sall pour un mandat de cinq ans, décision intervenue lors du 17e Conseil des ministres à Antananarivo, le 13 avril 2000.
  6. Zakari Liré, responsable du CID & Chargé de programme « assurance qualité » au CAMES. Entretien du 25 janvier 2018 à Niamey.
  7. Archives du CAMES. Rapport d’activités du secrétaire général. Exercice 2003. Abidjan, 4-7 mai 2004, p. 41.
  8. Elle eut lieu à la demande de la partie canadienne, qui l’a financée à hauteur de trois millions de francs CFA. Malick Bambara. Entretien à distance du 8 mars 2018.
  9. Archives du CAMES. Rapport du comité de pilotage sur l’évaluation externe du CAMES, 2004, op.cit., p. 4.
  10. Composé du Pr. Nicoué Gayibor de l’Université de Lomé et du Dr. Michel Sedogo, délégué général du CNRST de Ouagadougou.
  11. Les experts avaient d’ailleurs proposé que la prise en charge des membres du CCG soit assurée par leurs institutions d’origine, ce qui aurait permis d’économiser 18 900 000 francs CFA. Cf. Archives du CAMES. Éléments de réflexions sur la réduction des coûts des programmes et sur la mobilisation des ressources alternatives par le CAMES. Par Nicoué Gayibor et Sédogo Michel, experts du CAMES, 2002, op.cit., p. 8. À défaut de disposer des contributions des pays membres, une résolution du 7e Conseil des ministres à Bamako fut prise pour exiger le paiement au préalable des frais de traitement des dossiers par les pays membres. Or, s’inquiétait le Secrétaire général, « il se trouve que déjà des cantines sont arrivées sans que l’on sache si elles sont accompagnées d’un chèque de règlement. » Cf. Compte rendu de la 8e session ordinaire du Conseil des ministres. Ouagadougou, 19-21 mars 1991, p. 1.
  12. Archives du CAMES. Rapport final de la 7e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Bamako, du 13 au 17 juillet 1990.
  13. Ibid., p. 9.
  14. Ibid., p. 17.
  15. Archives du CAMES. Rapport final de la 19e session ordinaire du Conseil des ministres, Abidjan, 8-13 avril 2002, p. 22-23.
  16. Archives du CAMES. Rapport final de la 20e session ordinaire du Conseil des ministres. Kigali, 14-19 avril 2003, p. 45.
  17. Archives du CAMES. Rapport final de la 28e session ordinaire du Conseil des ministres. Libreville, 11-15 avril 2011, p. 22.
  18. La 7e session du Conseil des ministres du CAMES réunie à Bamako en juillet 1990 en avait déjà fait une priorité qui se heurta cependant à la crise financière sérieuse que traversait le CAMES. Des négociations avaient été entamées dans ce sens avec la Banque islamique et la Banque arabe saoudienne pour l’obtention de prêts ou de subventions, sans succès. Cf. Archives du CAMES. Rapport final de la 7e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Bamako, 13-17 juillet 1990. Résolution n° 6 pour demander l’appui de pays membres à des négociations avec les banques arabes.
  19. Il s’agit du tout premier siège du CAMES construit avec l’aide de la coopération française en 1972. Il est aujourd’hui à l’abandon.
  20. Mamadou Moustapha Sall. Entretien à distance du 23 janvier 2018.
  21. Archives du CAMES. Rapport final de la 19e session ordinaire du Conseil des ministres. Abidjan, 08-13 avril 2002, p. 45.
  22. Archives du CAMES. Rapport du comité de pilotage de la mission d’évaluation externe, 2004, op.cit., p. 10.
  23. Ibid., p. 7.
  24. Archives du CAMES. Rapport final de la 17e session ordinaire du Conseil des ministres. Antananarivo, 10-14 avril 2000, p. 30.
  25. Archives du CAMES. Rapport final de la 24e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Yaoundé, 10-13 avril 2007. Intervention du Pr André Gouazé, directeur général de la CIDMEF, le 12 avril 2007, p. 62.
  26. Par la décision n° 001/2007 relative au soutien aux centres de préparation des candidats aux concours d’agrégation, le Conseil des ministres adopta le principe d’une subvention annuelle de cinq millions de francs CFA au réseau des collèges de préparation au concours d’agrégation des Sciences juridiques, économiques et de gestion et à la CIDMEF. Ibid., p. 30.
  27. Archives du CAMES. Rapport final de la 24e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Yaoundé, 10-13 avril 2007. Allocution de Mamadou Moustapha Sall, Secrétaire général du CAMES à la cérémonie d’ouverture. p. 78.
  28. Archives du CAMES. Rapport final de la 27e session ordinaire du Conseil des ministres. N’Djamena, 3-7 mai 2010. L’article 2 de cette décision mentionne que le prix comporte un certificat et une subvention de deux millions de francs CFA. André Gouazé, en plus de l’instauration de ce prix, fut reçu en 2007, en même temps que Jean du Bois de Gaudusson, dans l’ordre de l’OIPA/CAMES, au grade d’officier.
  29. Archives du CAMES. Décision n° 1/2010 du Comité de sélection du « Prix André Gouazé ». Fait à Lomé le 8 novembre 2010.
  30. Archives du CAMES. Décision n° 2/2012 du Comité de sélection du « Prix André Gouazé ». Fait à Libreville, le 13 novembre 2012.
  31. Archives du CAMES. Décision n° 3/2014 du Comité de sélection du « Prix André Gouazé ». Fait à Yaoundé, le 11 novembre 2014.
  32. Archives du CAMES. Décision n° 4/2016 du Comité de sélection du « Prix André Gouazé ». Fait à Dakar, le 14 novembre 2016.
  33. Archives du CAMES. Rapport final de la 24e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Yaoundé, 10-13 avril 2007. Adresse du Pr Jean du Bois de Gaudusson, directeur général de l’IDESUF, le 12 avril 2007, p. 66-67.
  34. Archives du CAMES. Rapport final de la 25e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Bangui, 14-17 avril 2008, p. 88.
  35. L’auteur souligne cet élément.
  36. Archives du CAMES. Rapport final de la 24e session ordinaire du Conseil des ministres. Yaoundé, 10-13 avril 2007, p. 83.
  37. Ibid. sur les dysfonctionnements au sein des jurys d’agrégation des sciences juridiques, politiques, économiques et de gestion, voir Salif Yonaba, 2016, op.cit.
  38. Ibid.
  39. Archives du CAMES. Accord relatif au concours d’agrégation de droit, de sciences économiques et de gestion.
  40. Archives du CAMES. Accord relatif au concours d’agrégation des sciences juridiques, économiques et de gestion. Adopté en avril 2000 par le Conseil des ministres en sa 17e session ordinaire à Antanarivo, p. 4.
  41. Pascaline Kouraogo. Entretien du 23 janvier 2018 à Niamey.
  42. Archives du CAMES. Rapport du comité de pilotage sur l’évaluation externe du CAMES, op.cit., p. 19.
  43. Archives du CAMES. Rapport final de la 20e session ordinaire du Conseil des ministres, Kigali, 14-19 avril 2003, p. 100-101.
  44. Il s’agit des commissions Sciences, médecine et grandes écoles (I), Lettres et Sciences humaines (II), Sciences juridiques, économiques, gestion et grandes écoles (III), Évaluation des établissements, structures et équipes de recherche (IV).
  45. Archives du CAMES. Accord portant organisation et fonctionnement du PRED signé à Dakar le 23 avril 2009.
  46. Archives du CAMES. Rapport final de la 27e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. N’Djamena, 3-7 mai 2010, p.9.
  47. Archives du CAMES. Rapport final de la 29e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Ouagadougou, 19-20 avril 2012, p. 21.
  48. Archives du CAMES. Évaluation du programme du CAMES sur pharmacopée et médecine traditionnelles africaines par le Pr Edouard Adjanohoun, recteur honoraire de l’université nationale du Bénin, 1989, p. 13.
  49. Archives du CAMES. Conseil des ministres du CAMES. Session ordinaire. Rapport d’activités du CAMES. Exercice 1993, p. 64.
  50. Ibid. p. 64-65.
  51. Archives du CAMES. Rapport du comité de pilotage sur l’évaluation externe du CAMES, 2004, op.cit., p. 19-20.
  52. Archives du CAMES. Rapport final de la 20e session ordinaire du Conseil des ministres. Kigali, 14-19 avril 2003, p. 99.
  53. Archives du CAMES. Session ordinaire du Conseil des ministres. Décision n° 002/2007 instituant le prix international « Albert Rakoto-Ratsimamanga au sein du programme de pharmacopée et de médecine traditionnelles africaines ». Yaoundé, 10-13 avril 2007.
  54. Pour plus de détails sur sa vie et son œuvre, lire l’ouvrage de Raymond William Rabemananjara, Un fils de la lumière. Biographie d’Albert Rakoto Ratsimamanga, Paris-Montréal, L’Harmattan, 1997, 188 p.
  55. Archives du CAMES. Session ordinaire du Conseil des ministres. N’Djamena, 3-7 mai 2010. Décision n° 001/2010 relative à l’attribution du « Prix Albert Rakoto-Ratsimamanga pour la valorisation de la pharmacopée et de la médecine traditionnelles africaines ».
  56. Chiffres communiqués par le secrétariat général du CAMES.
  57. Voir document en annexe.
  58. Archives du CAMES. Projet de mise en œuvre de la résolution n° 2/CM/SO/2000 relative à la création de distinctions honorifiques du CAMES, p. 3.
  59. Ibid.
  60. Ibid.
  61. Voir document en annexe.
  62. Archives du CAMES. Rapport final de la 20e session ordinaire du Conseil des ministres. Kigali, 14-19 avril 2003, op.cit. Discours de clôture de Romain Murenzi, président du Conseil des ministres du CAMES lors de la cérémonie de clôture de la Session, p. 123.
  63. Archives du CAMES. Rapport de la mission de consultation de madame Fatimata Seye Sylla sur l’informatisation du CAMES, juin 2001, p. 11-12.
  64. Archives du CAMES. Rapport des travaux de la 29e session du Conseil des ministres. Ouagadougou, 19-20 avril 2012, p. 21.
  65. Entretien avec Bertrand Mbatchi du 29 décembre 2017 à Abidjan.
  66. Archives du CAMES. Décision n° 001/2011, du Conseil des ministres portant nomination de M. Bertrand Mbatchi, professeur titulaire de biologie de l’université des Sciences et techniques de Masuku à Franceville au Gabon au poste de Secrétaire général du CAMES, pour un mandat de cinq ans pour compter du 1er août 2011.
  67. Entretien avec Bertrand Mbatchi, op.cit.
  68. Archives du CAMES. Rapport final de la 29e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Ouagadougou, 19-20 avril 2012, p. 22.
  69. Archives du CAMES. Rapport final de la 30e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Cotonou, 25-26 avril 2013, p. 9.
  70. Archives du CAMES. Plan stratégique du développement du CAMES (2015-2019), avril 2013, p. 13-14.
  71. Ibid., p. 14.
  72. Élaboration participative et inclusive du PSDC, diffusion d’un document sur le plan stratégique, organisation d’une table ronde des partenaires techniques et financiers, sensibilisation des responsables des institutions d’enseignement supérieur et de recherche membres du CCG, sensibilisation à travers divers outils de communication.
  73. Archives du CAMES. Rapport final de la 30e session ordinaire du Conseil des ministres. Cotonou, 25-26 avril 2013, p. 7.
  74. Archives du CAMES. Rapport final de la 29e session ordinaire du Conseil des ministres. Ouagadougou, 19-20 avril 2012, p. 21.
  75. 1/Référentiel pour l’évaluation institutionnelle des établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans les États membres du CAMES; 2/Référentiel pour l’évaluation des offres de formation dans les établissements d’enseignement supérieur dans les États membres du CAMES; 3/Référentiel pour l’évaluation des programmes de recherche scientifique dans les établissements d’enseignement supérieur et de recherche dans les États membres du CAMES.
  76. Archives du CAMES. Appui à l’assurance qualité de l’enseignement supérieur et de la recherche dans les pays de l’espace CAMES. Les référentiels qualité du CAMES, avril 2014, p. 8.
  77. Ibid.
  78. Peter Materu, Assurance qualité de l’enseignement supérieur en Afrique subsaharienne : État de la question, défis, opportunités et pratiques positives. Document de travail de la Banque mondiale, n° 152. Série : le développement humain en Afrique. Washington, D.C. 2008, p. 8.
  79. Archives du CAMES. Rapport final de la 30e session du Conseil des ministres. Cotonou, 25-26 avril 2013, 14 p.
  80. Archives du CAMES. Rapport final de la 33e session ordinaire du Conseil des ministres du CAMES. Dakar, 2-6 mai 2016. Résolution n° SO/CM/CAMES/2016-005 portant adoption du manuel de procédures comptables et financières du CAMES et la résolution n° SO/CM/CAMES/2016-006 portant adaptation du cadre comptable actuel du CAMES au système comptable SYSCOHADA.
  81. Ibid. Décision n° SO/CM/CAMES/2016-005 portant réajustement du salaire du personnel.
  82. Entretien avec Bertrand Mbatchi, le 29 mars 2018 à Abidjan.
  83. Ibid. L’une des nouveautés de ce manuel de procédure (guide d’évaluation) en vigueur est l’obligation pour les enseignants-chercheurs d’apporter la preuve de services rendus à la communauté en dehors des tâches académiques à l’université.
  84. Cette commission est présidée par le Secrétaire général du CAMES.
  85. N’diouga Adrien Benga, historien sénégalais. Entretien du 6 octobre 2017 à l’UCAD.
  86. Ousseynou Faye. Entretien du 6 octobre 2017 à l’UCAD.
  87. Archives du CAMES. Rapport d’activités du secrétaire général. Exercice 2009, p. 19.
  88. Archives du CAMES. Conseil des ministres du CAMES. Session ordinaire. Ouagadougou. Rapport d’activités du CAMES. Exercice 1987-1988, p. 14.
  89. Le principe de la double instruction sera finalement accepté par le CAMES en 2002.
  90. Nicoué Gayibor. Correspondance à distance le 15 décembre 2017.
  91. Archives du CAMES. Rapport d’activités du secrétaire général. Exercice 2003, p. 29.
  92. Archives du CAMES. Rapport du comité de pilotage sur l’évaluation du CAMES. Par Bernard Durand, Membre du Conseil scientifique du CAMES, p. 18.
  93. Ibid.
  94. Ibid.
  95. Archives du CAMES. Observations du CTS Lettres et Sciences humaines sur la décision du CCG. Fait à Brazzaville le 13 juillet 2011.
  96. Abou Napon. Directeur de programmes chargé des CCI, des concours d’agrégation et de l’OIPA au CAMES. Entretien du jeudi 25 janvier 2018 à Niamey.
  97. Sur les débats menés au sein du CTS Lettres et Sciences humaines pour l’amélioration des critères d’objectivité des dossiers des candidats, voir Aboubacry Moussa Lam, « Mamadou Kandji : président du CTS Lettres et Sciences humaines » in Oumar N’dongo et Alioune Badara Kandji (dir.) Mélanges offerts au Pr Mamadou Kandji, Dakar, Les éditions Diaspora académie. Collection Bridges. Vol.1. Inédit.

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