Annexe II : Lettre de démission de Joseph Ki-Zerbo du poste de secrétaire général du CAMES

Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur

(CAMES) B.P V 134

Tel : 346 75 Télex : 5239 UV

Ouagadougou (HauteVolta)

Ouagadougou, le 18 février 1978

 032/CAMES/SG

Monsieur le Ministre

L’Alinéa C. de l’Article 9 de l’ordonnance n° 78006/PRES/IS/PI relative à l’élection des députés à l’Assemblée nationale de HAUTE VOLTA stipule : «Les fonctionnaires internationaux et interafricains aux élections législatives, doivent justifier de leur démission 2 mois au moins avant la date des élections ».

Or, il y a trois jours, les compatriotes de ma sous-préfecture d’origine (TOMA) viennent de m’investir comme candidat aux élections législatives qui doivent avoir lieu le 30 avril 1978.

Par ailleurs, l’Annexe à la Convention portant statuts du Conseil africain et malgache pour l’Enseignement supérieur (CAMES) dispose en son article 12 : «Les fonctions du Secrétaire général peuvent prendre fin par démission dûment notifiée au Président de la Conférence des ministres, ou par décision de cette Conférence. »

La loi électorale précédente (1970) ne comportant pas de disposition de ce genre, j’avais pu me faire élire et exercer mon mandat de député à l’Assemblée nationale, tout en demeurant Secrétaire général du CAMES, et cela pendant trois ans.

Mais compte tenu de la nouvelle législation, je me vois contraint à mon grand regret, de vous notifier par la présente, ma démission du poste de Secrétaire général. Je le fais avec d’autant plus d’amertume qu’après 14 ans d’efforts au service du CAMES, cette organisation accède à sa maturité, surtout avec le programme des Comités consultatifs interafricains pour la sélection et la promotion des Maîtres de l’Enseignement supérieur.

En effet, cela fait de longues années que je m’occupe du CAMES. D’abord tout seul, cumulativement et gratuitement avec mes fonctions de Directeur général de l’Éducation nationale. Ensuite, petit à petit avec un personnel qui aujourd’hui, bien que réduit (dix personnes), est parfaitement apte à gérer les trois programmes majeurs du CAMES, dont chacun se plaît à reconnaître la valeur et la portée stratégiques :

  1. Reconnaissance des diplômes de l’Enseignement supérieur,
  2. Pharmacopée et Médecine traditionnelles,
  3. Comités consultatifs interafricains.

L’examen du compte rendu d’activités et des actes de nos différentes rencontres vous convaincra certainement que tous ces programmes sont en pleine expansion, soutenus qu’ils sont de plus en plus par des fonds spéciaux.

C’est pourquoi je vous adjure respectueusement de tout faire pour que le CAMES continue de se développer.

Pour ma part, je reste à votre disposition pour traiter avec vous dès maintenant, des conditions de ce développement, et pour y aider par la suite dans la mesure de mes possibilités, ne serait-ce qu’à titre de consultant.

Je ne vous cacherai pas non plus que, compte tenu de la durée de mon service et s’agissant d’une inéligibilité et non d’une incompatibilité, un certain temps devra s’écouler avant que je sois pris en charge au titre de mes nouvelles fonctions éventuelles. C’est pourquoi, compte tenu de la durée de mon service au CAMES je vous saurais infiniment gré des dispositions que vous voudrez bien prendre pour me permettre de faire face à cette nécessité.

Bien entendu, le problème de la désignation de mon remplaçant se trouve posé; et je vous prie de prévoir son inscription à l’ordre du jour de la prochaine conférence qui se tiendra à Ouagadougou du 5 au 8 mars 1978.

Monsieur le Ministre, c’est avec regret que je me vois (à moins d’un fait nouveau) contraint d’interrompre avec vous une collaboration dont les résultats sont substantiels.

Tout le mérite vous en revient. Car mes modestes efforts personnels seraient restés inopérants sans la compréhension, la hauteur de vue et la générosité dont le CAMES a bénéficié de votre part.

Ce faisant, vous avez bien mérité de cette organisation et aussi, de l’Afrique.

J’en porte témoignage, et vous en remercie de tout cœur.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes sentiments de déférente amitié et de profond respect.

 

CAMES. Le Secrétaire général

J. KiZerbo

 

Source : Archives du CAMES. Lettre de démission de Joseph Ki-Zerbo, Secrétaire général. N° 032/CAMES/SG. Ouagadougou, 18 février 1978, 3 p.

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