Annexe I : Résolution n° 23 portant sur la création et l’organisation du Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur
La conférence des Chefs d’État de l’OCAM réunis à Niamey du 22 au 23 janvier 1968
Après avoir entendu l’exposé présenté par la délégation du Sénégal relatif à la coordination des enseignements supérieurs dans les États de l’OCAM
CONSIDÉRANT la nécessité :
- d’une part, d’adapter la réforme française de l’enseignement supérieur, aux réalités africaines et malgaches, en tenant compte précisément des problèmes spéciaux que posent la situation actuelle des États africains et malgache et les impératifs de leur développement économique et social;
- d’obtenir une utilisation optimale des établissements déjà en fonctionnement et une extension rationnelle de ces établissements, en évitant les doubles emplois et les gaspillages de crédits et de moyens;
- de mettre en place des structures et des programmes tenant compte à la fois, des réformes déjà introduites dans un enseignement du second degré qui doit déboucher normalement sur les études supérieures, et des conditions que doit remplir la formation de professeurs nationaux préparés aussi exactement que possible à leur tâche dans les classes de cet enseignement;
- d’harmoniser l’organisation pédagogique, non seulement du premier cycle, mais aussi des second et troisième cycles des études supérieures, qui ne pourront pas être ouverts immédiatement dans tous les États d’Afrique et de Madagascar, mais auxquels devront avoir accès les étudiants de tous ces États pour y recevoir en commun une formation homogène;
- de réaliser l’adaptation des programmes d’études de telle manière qu’en répondant aux besoins propres à la communauté africaine et malgache, et en permettant de retrouver les traditions authentiques et l’esprit original des civilisations de l’Afrique et Madagascar, ils constituent un enseignement de valeur et de portée universelles, aboutissant à des diplômes valables de plein droit en France, et dans les États africains et malgache d’une part, et admis en équivalence, de ceux délivrés dans toutes les autres universités du monde, d’autre part;
CONSIDÉRANT, enfin, que cet effort ne sera vraiment productif que si l’on met en place rapidement un minimum de structures permanentes;
Conformément aux recommandations de la Conférence annuelle des ministres de l’Éducation nationale des pays africains et malgache en sa session d’avril 1967;
SUR PROPOSITION DU CONSEIL DES MINISTRES,
DEMANDE
- Que soit créé un Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (CAMES);
- Que cet organisme comprenne un représentant par État, désigné par le ministre de l’Éducation nationale, et assisté éventuellement, d’experts appelés à siéger avec voix consultative, qu’il se réunisse au moins une fois par an, et qu’il travaille en liaison avec la Conférence des ministres Africains et Malgache de l’Éducation nationale.
Que les objectifs et les méthodes de travail du CAMES, ainsi que les moyens matériels de tous ordres dont il pourra disposer soient précisés dès que possible, suivant les modalités arrêtées par la Conférence des ministres de l’Éducation nationale, étant entendu que sa compétence devrait s’étendre, notamment aux domaines définis ci-après :
1. En ce qui concerne l’information, il rassemblerait et diffuserait les documents universitaires, les statistiques, les renseignements sur les examens et diplômes, africains malgaches, français et autres, sur les offres et demandes de personnel, sur les organismes inter africains et internationaux, publics ou privés susceptibles d’apporter leur appui au développement de l’enseignement supérieur en Afrique et à Madagascar.
2. Dans le domaine de l’organisation pédagogique, après avoir pris connaissance des ajustements et aménagements jugés nécessaires par la commission consultative d’experts, désignés à cet effet par la Conférence des ministres de l’Éducation nationale et après accord des États intéressés, il contrôlerait l’application de la récente réforme française des études supérieures et la mise en place des programmes, des méthodes et des structures d’enseignement les mieux adaptés aux réalités africaines et malgaches.
3. Il serait chargé de dresser, la carte universitaire pour l’Afrique et Madagascar. Il devrait, ainsi pouvoir déterminer les meilleures conditions de l’utilisation et du développement des centres existants ou de la création d’établissements nouveaux, en étudiant la situation, d’abord, à l’intérieur des trois zones universitaires reconnues comme bases régionales et complémentaires.
États de l’ouest-africain, Union des États de l’Afrique centrale, Madagascar, dans chacune de ces zones, où les universités existantes constitueraient des foyers principaux d’action, et en utilisant au mieux les moyens dont elles disposent, le premier cycle de l’enseignement supérieur pourrait être organisé dans les États du groupe selon leurs possibilités et leurs besoins.
Cette première assise de l’édifice étant mise en place les second et troisième cycles, ainsi que les instituts universitaires de technologie ou les grandes écoles seraient implantés après une étude prospective qui aboutirait à une répartition équitable et parfaitement efficace.
4. enfin, il assurerait la mission de coordination et d’harmonisation sur les problèmes administratifs et financiers tels que : bourses, régime des œuvres universitaires, statut, rémunération et avantages du personnel enseignant africain, afin d’éviter que les différents États ne se livrent une concurrence fâcheuse.
Source : Centre des archives diplomatiques de Nantes. Ministère des Affaires étrangères, Ouagadougou. CAC RP 499 PO/1-619.