Partie 5. Plaidoyer

La dernière partie de ce rapport vient clôturer la recherche-action participative menée tout en l’ouvrant. Si, à partir des récits et de leurs analyses, nous avons mieux compris ce que vivent ces femmes lors de leur grossesse et de leur accouchement à Québec, si, de plus, nous avons exposé l’impact de l’absence d’offre de services et de soins appropriés et respectueux de leur personne et de leur statut d’immigration, il convient désormais de faire un plaidoyer afin que ces vécus et les problèmes rencontrés par les centres et professionnel·le·s de santé ne tombent point dans l’oubli et permettent de faire changer les choses en proposant des actions. Pour trouver les meilleures solutions en vue de répondre à cette problématique complexe, nous avons, dans le cadre de cette recherche, entretenu des liens avec Médecins du Monde qui élaborait alors son Mémoire intitulé « Santé sexuelle et reproductive des femmes vivant au Québec. L’urgence d’agir pour garantir le bénéfice des régimes publics d’assurance pour toutes les femmes, peu importe leur statut migratoire », soumis au ministère de la Santé et des Services sociaux[1]. Le Collectif FEMSAM appuie ce Mémoire et supporte toutes ses recommandations, notamment celle qui conseille au gouvernement du Québec de poursuivre les démarches amorcées avec le Projet de loi 83 pour garantir, à toutes les femmes qui vivent au Québec, le bénéfice des services de santé assurés par les régimes publics d’assurance maladie et d’assurance médicaments.

Toutefois, les premières recommandations soulevées et discutées dans le cadre de notre recherche furent celles de trois participant·es qui acceptèrent de se réunir pour réfléchir collectivement. Au moment de cette rencontre, en avril 2022, nous avions justement reçu l’annonce de l’adoption du Projet de loi 83. Même si bien accueillis par les participant·es, ces dernières et ce dernier ont expliqué que ce changement de loi n’avait pas eu d’impacts financiers pour celles qui ont accouché et écopé avant son adoption. À l’instar de Médecins du Monde et de tous les autres acteurs qui se battent en ce sens, les participant·es ont indiqué l’urgence de poursuivre les démarches avec les mamans ayant un statut migratoire précaire afin de couvrir les suivis de grossesse ainsi que la prise en charge des frais d’accouchement et des soins postnataux. En témoignent ces quelques propos tirés de la rencontre : « ça ne fait plus de sens que la mère ne le soit pas, mais que le père et l’enfant le soient »; « ça sépare la famille, ça crée des dettes pour la famille. On ne sort donc pas du cercle vicieux »; « On doit reconnaître que la cellule, c’est la famille, ce n’est pas que l’enfant, car cet enfant grandira dans un foyer qui demeure discriminatoire ». Les participant·es ont déploré la logique sous-jacente centrée sur le capital négligeant les critères humains. Au terme de cette rencontre, plusieurs recommandations ont été émises relativement aux grands groupes d’acteurs et d’actrices rencontré·e·s au fil de leur parcours respectif.