Recommandations des participant·es

Fatine, Nelly et Malek

Au milieu de la santé

Bien que certain·es aient reçu du soutien des membres du personnel qui ont démontré de l’empathie, les participant·es soulignent que plusieurs sont mal informé·e·s. Ainsi, dans un premier temps, il faudrait informer l’ensemble du personnel hospitalier, incluant les gestionnaires, quant à cette problématique et aux vécus reliés. Cela est d’autant plus important que le racisme et la discrimination persistent à plusieurs niveaux, comme le souligne une participante : « Le statut migratoire prédomine dans les rapports alors que ce devrait être l’accouchement ». Les participant·es suggèrent que la présence d’un travailleur social ou d’une travailleuse sociale assigné·e pourrait potentiellement faciliter la communication entre la femme et ses proches et les membres du personnel de l’hôpital. Cet·te intervenant·e pourrait s’assurer de trouver des solutions adaptées à la situation de chaque famille, garantir un consentement éclairé et une entente claire pour les coûts (rabais raisonnables), et renforcer une coordination entre les divers prestataires de soins. Les participant·es soulignent également de revoir l’approche des services centrée autour de la cellule familiale plutôt qu’uniquement de la femme : « Savoir que le mari fait partie de la famille et régler le problème du secret médical qui entoure la situation ».

CLSC : Aux femmes qui ont souhaité se tourner vers les CLSC, des frais de 600 $ leur ont été demandés pour ouvrir un dossier. Les participant·es souhaiteraient donc que ces frais de gestion soient gratuits ou, du moins, non majorés du fait de leur statut. En continuité, cet accès aux soins de proximité devrait permettre aux femmes de pouvoir obtenir des services périnataux essentiels comme la physiothérapie, et d’autres services de santé sexuelle et reproductive. Ces services périnataux ne sont pas accessibles gratuitement ou facilement à toutes les femmes du Québec.

Au milieu politique

Les participant·es ont tenu à souligner le rôle des député·e·s qui ont apporté un soutien en les rassurant ou en donnant des « coups de main » ponctuels. Il s’agit cependant d’actions réalisées encore dans une logique de cas par cas. La loi qui légifère sur les frais de soins est la solution la plus souhaitée. Pourquoi, minimalement, ne pas leur charger les mêmes frais qui sont chargés à la RAMQ? Bien que les craintes des Québécois·es qui cherchent à décourager le tourisme médical soient comprises, les participant·es soulignent leur statut et leur contribution à la société québécoise et rappellent la différence entre leur statut et celui d’une touriste en visite au Canada qui accoucherait dans le pays. Les politicien·ne·s sont donc invité·e·s à reconnaitre leur contribution comme immigrant·e·s dans toutes les facettes de leur vie, incluant la natalité, et suggèrent de réfléchir à différentes catégories au-delà de la distinction facile étrangers·ères vs citoyen·ne·s. Cela leur semble injuste de payer la majoration de frais et de recevoir un traitement comme simples touristes alors que ce n’est pas la raison de leur présence en sol canadien. Finalement, les participant·es se questionnent sur la décision de n’avoir considéré que l’enfant, au nom de sa santé, dans la Loi 83 alors que les soins de grossesse et d’accouchement ont aussi un impact direct sur leur santé en tant que parents.

Au milieu communautaire

Le Gouvernement doit octroyer plus de ressources aux organismes communautaires qui soutiennent les femmes et leur famille. Les participant·es suggèrent une meilleure décentralisation des ressources matérielles, en particulier en consacrant un budget plus conséquent au milieu de proximité qui est là pour soutenir les femmes dans leurs expériences d’immigration et de périnatalité. Cette première ligne communautaire réalise un travail essentiel et complémentaire au milieu hospitalier : soutien, relation, informations, matériel. À cette fin, il faut consolider et développer les services de suivis de grossesse de la Clinique SPOT en octroyant plus de ressources matérielles et humaines, le tout dans une optique intersectorielle. Les efforts de la Clinique ne peuvent se faire en parallèle du système hospitalier. Si l’élargissement de la Loi 83 n’est pas adopté, il faudrait minimalement injecter plus de ressources dans les organismes dont la mission et la clientèle peuvent inclure les femmes immigrantes sans RAMQ afin de pallier les lacunes du système institutionnel.

Au milieu assurantiel

C’est une discrimination de ne pas couvrir la grossesse ou de la couvrir partiellement ou inadéquatement. Les épreuves commencent avant la venue au Québec, dès le choix de l’assurance qui limitera les possibilités de couverture ou encouragera les endettements des immigrant·e·s. En regard du système actuel dans lequel des assurances peuvent se conjuguer (assurances médicaments de l’employeur + RAMQ), le gouvernement ne peut-il pas trouver un même type d’arrangement pour les personnes immigrantes? Ces femmes pourraient avoir l’équivalent de la RAMQ spécifiquement pour l’accouchement, mais seraient tout de même inviter à payer pour une assurance privée tel que demandé par son statut migratoire. Ceci permettrait de contrebalancer les imprévus liés à une grossesse.

Au milieu social et sociétal

Les intervenant·e·s sociaux et sociales jouent un rôle essentiel dans la transmission des informations nécessaires à un parcours périnatal sécuritaire et digne (défense de droits, orientation dans le système de santé et les services sociaux, etc.). Comment faire pour que ces intermédiaires soient accessibles rapidement aux femmes immigrantes sans RAMQ et qu’ils et elles détiennent les bonnes informations à leur transmettre? Sans réponse immédiate, les participant·es suggèrent tout d’abord de reconnaitre les préjugés qui circulent et les discriminations qui en découlent. Déplorant l’injustice d’être traité·e·s comme des personnes de seconde zone, il et elles proposent aussi de mieux informer la population et de démystifier et déconstruire les préjugés autour des représentations « du profiteur » et « du tourisme médical » dans ces situations.