Analyse thématique transversale

Coûts de la grossesse et de l’accouchement

Le fait de ne pas bénéficier de la RAMQ expose les parents à payer des coûts que ceux-ci jugent exorbitants durant la grossesse et après la naissance. En effet, les coûts assumés étaient très variables et dépendaient des aléas de la grossesse et de l’accouchement et des ressources d’aide et de solidarité dont les parents ont pu bénéficier. Par exemple, pour certaines femmes qui n’ont eu aucune complication lors de la grossesse et l’accouchement, le coût total était estimé entre environ 15 000 $ (Fatine) et 25 000 $ (Fatim). Alors que pour d’autres femmes qui ont eu des complications ou des problèmes de santé lors de leur grossesse – accouchement par césarienne ou accouchement prématuré –, les coûts assumés pouvaient atteindre 190 000 $ (Malek). Généralement, les frais assumés par les parents étaient liés au séjour hospitalier, à la consultation médicale, à l’investigation clinique (laboratoire/échographie) et aux médicaments.

Parce que, ce qui arrive, quand tu n’as pas la RAMQ, c’est que tu vas à l’hôpital. Si tu as un examen à faire, l’hôpital te facture ses frais, le médecin te charge ses frais et les frais de l’examen te sont aussi chargés. Donc, tu as trois frais différents à payer. Pendant mon séjour là-bas, j’avais les frais de laboratoire et des échographies qu’on me chargeait en même temps. Ça, c’est juste la facture de mon séjour pour l’hospitalisation. Mais il y a d’autres factures que j’ai reçues après dans ma boîte. Ah! Il y avait tellement de factures. Plusieurs médecins m’ont envoyé leur facture. Il y a des factures, des échographies, des prises de sang. Ça, ce sont des factures à part. (Nelly)

Les coûts liés à l’hôpital sont plus élevés que ceux des cliniques communautaires ou privées. En effet, les différents services ainsi que les professionnel·le·s comptabilisent tous une facture respective. Les exigences de paiement de plusieurs spécialistes, comme les anesthésistes, sont, en l’occurrence, souvent demandées dans l’immédiat du traitement. La capacité de négocier les montants est alors affectée. Pour les services, comme les frais de séjour hospitalier, il y a tout de même une possibilité pour les parents d’obtenir une entente de remboursement sur le long terme. Dans ces deux cas, l’enjeu de la capacité à négocier les frais à payer demeure et peut encourager les femmes à éviter certains services ou soins.

Le problème, c’est que moi je ne voulais pas de péridurale parce que, justement, je sais que ça coûte cher. Pourtant, comme je vous l’ai dit, ce n’était pas évident. C’était très long. J’étais fatiguée, hyper fatiguée. J’avais hyper mal et tout. Mais à la fin, j’ai demandé quand même la péridurale parce que, justement, je n’en pouvais plus. Donc, je l’ai eue vers 3 heures du matin. Et l’anesthésiste doit être payé comptant, directement, sur-le-champ. Je pense que ça m’a coûté 1 100 $, 1 200 $; quelque chose comme ça. (Fatine)

Les femmes qui ont été suivies dans des cliniques communautaires au moment de la grossesse ont affirmé n’avoir déboursé aucun frais, sauf quand elles devaient faire des échographies dans des cliniques privées, dont les coûts étaient moins élevés que ceux de l’hôpital. Cependant, les femmes qui ont fait leur suivi prénatal dans une clinique privée devaient assumer certains coûts qu’elles considèrent moins exorbitants que ce qui est chargé à l’hôpital. Toutefois, certains frais assumés peuvent sembler aberrants, notamment qu’une femme puisse avoir payé 120 $ pour recevoir la confirmation par un test de grossesse.

Donc, ce jour-là, je suis partie [Nom de la clinique] et là-bas, on m’a juste dit d’aller acheter un test. J’ai acheté un test, ensuite, ils m’ont dit de payer 120 $. Ça, c’était juste pour que le médecin qui allait faire le test puisse voir si j’étais enceinte. Donc j’ai payé ça. Bien, le médecin a juste mis les tests dans l’urine pour voir si c’était positif ou pas, c’est tout! Mais vu que j’étais venue à la clinique, donc la clinique aussi devait me charger le fait que je suis partie chez eux juste pour savoir si j’étais enceinte ou pas. (Fatim)

Vécu de grossesse et d’accouchement

Le vécu des parents, de la grossesse et de l’accouchement était généralement teinté par le stress, la détresse et la peur, les sentiments de honte, de culpabilité et d’injustice et l’obligation de faire des choix déchirants. Plusieurs femmes ont ainsi assimilé leur grossesse ou accouchement à un « calvaire », un « problème », un « fardeau ». Cette sensation est plutôt liée aux conditions de précarité, telles que le manque de couverture assurantielle de la périnatalité ou de faible statut socio-économique, qu’aux problèmes de santé vécus durant cette période. Il est important de noter que les problèmes de santé ou de complications périnatales viennent accentuer la situation de précarité et de fragilité des parents.

Stress, peur et détresse des femmes et leur conjoint

Les parents interviewés ont raconté avoir vécu un stress permanent lié particulièrement aux coûts de la grossesse et de l’accouchement, mais également à d’autres aspects, comme trouver des ressources communautaires, un médecin de famille, un médecin gynécologue ou encore des stratégies pour amoindrir les coûts (des soins, matériels pour le bébé, le logement ou la nourriture). Ces situations de stress pouvaient les conduire à vivre des moments de détresse, d’autant plus que la plupart vivaient soit seul·es, sans leur conjoint, ou sans leur famille proche. Ce sont en plus de nouveaux immigrants et nouvelles immigrantes qui ne comprennent pas encore le fonctionnement du système de santé. De ce fait, la période périnatale, qui est déjà éprouvante surtout pour les femmes qui ont des grossesses ou accouchements à risque, se ponctue de moments sans répit et accentués par l’absence de RAMQ.

Tous les jours, peu importe la personne d’origine africaine que je rencontrais, que ce soit dans l’autobus ou ailleurs, je demandais : « Est-ce que tu connais quelqu’un qui a été enceinte ici? ». Certaines personnes me prenaient certainement pour une folle. (Fatim)

On est sorti de l’hôpital, je suis sortie avec ma césarienne et là je ne pouvais pas m’empêcher de commencer à penser à l’argent. Je ne vous dis pas le stress que ça pouvait avoir! J’en parle encore avec les larmes aux yeux. J’avais un bébé qui était né et je ne connaissais pas ce que serait son sort parce qu’elle était née à 24 semaines. Mais là encore, il fallait que je commence à réfléchir pour voir comment rembourser les 94 000 $. Ah! Je vous en parle avec des larmes aux yeux. (Nelly)

Ces situations de stress sont aussi liées au faible statut socioéconomique des parents rencontrés. En effet, certains ne bénéficiaient que d’une bourse d’études, tandis que d’autres n’avaient pas de travail ou avaient un travail précaire. Si certaines femmes pouvaient bénéficier de l’aide financière de leur conjoint, pour d’autres ce n’était pas le cas puisque leur conjoint était étudiant au Québec ou vivait toujours dans leur pays d’origine. Les parents devaient en plus assumer d’autres coûts liés au logement, au transport, à la famille éloignée (certains ont laissé leurs enfants dans leur pays d’origine). Par conséquent, cela contribuait à hausser leur niveau d’angoisse et à instaurer, sur le long terme, un stress chronique. Ce stress conjugué aux différentes incertitudes de ne pas savoir comment faire pour payer la dette liée à la grossesse et l’accouchement, ni comment soigner son enfant malade, ni quel sera le sort de son enfant né prématuré, ou encore de ce qui adviendrait en cas de nouvelle grossesse, plonge les femmes rencontrées dans le désarroi, la détresse et le sentiment d’impuissance.

Le jour où j’ai appelé l’assurance et ils m’ont dit : « non, ton contrat est fini, tu dois attendre quatre jours ». Et mon garçon près de moi, fébrile… Il respire avec difficulté. J’ai pleuré et j’ai passé une nuit blanche près de lui et j’ai tellement pleuré parce que c’est vraiment dur. C’est dur d’être dans cet état-là. Pas capable d’emmener ton fils parce qu’il n’est pas assuré alors qu’il est né ici, à Québec, et il a la nationalité, il a son passeport canadien. Mais non, il n’est pas assuré parce qu’on n’a pas la résidence. (Hamscha)

Les participant·es ont soulevé le fait d’avoir développé une peur lié aux factures ou aux coûts associés à leur grossesse ou accouchement. Conséquemment, ce sentiment d’angoisse augmente considérablement le stress des parents rencontrés qui doivent fournir un effort supplémentaire pour accepter la grossesse. Une des femmes a raconté avoir commencé les démarches d’avortement durant sa deuxième grossesse puisqu’elle ne voulait pas revivre le même cauchemar.

Ce n’était pas programmé. Au début, j’ai pensé à l’avortement, parce que justement on n’était pas du tout prêts. D’abord pour le côté financier, on n’avait pas l’assurance. […] C’était une période super stressante pour moi parce que je voulais garder mon bébé, mais… J’avais le stress du côté financier qui me pesait et tout. Et finalement, je l’ai gardé et je suis très contente. Peut-être que là, je suis reconnaissante. Je sais que l’avortement coûte cher. Finalement, j’ai gardé mon bébé. (Fatine)

Sentiments de honte, de culpabilité et d’injustice

Les participant·es ont mentionné avoir eu le sentiment d’être jugé·es par les professionnel·le·s de la santé ou gestionnaires des hôpitaux par rapport à leur situation de précarité ou de personne sans RAMQ. De ce fait, il·elles percevaient certains commentaires ou attitudes dans les milieux de soins comme des reproches qui leur étaient faits, notamment d’être « irresponsables » de tomber enceinte sans RAMQ ou de mettre au monde un enfant dans de telles situations. Cela laisse apparaître chez les participant·es des sentiments mitigés de honte envers leur situation périnatale, mais également de culpabilité de n’avoir pas pu planifier leur grossesse ou de ne pas avoir souscrit à une assurance privée. Le stress vécu n’était ainsi pas seulement financier mais également social et psychologique, accentué par l’isolement social et le jugement des autres par rapport à leur situation migratoire précaire et la grossesse.

Parfois, on se sent coupable de tomber enceinte parce que, parfois, on lit ça, surtout sur les réseaux sociaux : « Allez, arrêtez d’avoir des enfants. Pourquoi vous tombez enceintes si vous n’avez pas d’assurance maladie? » Mais normalement, on ne devrait même pas penser à ça parce que c’est… Ce n’est pas à moi de parler de ça, mais c’est tellement naturel, ça vient comme : « Pourquoi avoir un conjoint? » ou « Pourquoi, je ne sais pas moi, manger ou dormir? » On ne peut même pas dire ça, mais il y a des gens qui le pensent et qui le disent : « Allez, si vous chialez parce que vous n’avez pas d’assurance là, ne tombez pas enceinte, arrêtez d’avoir des enfants et tout ». Les gens ne comprennent pas que, qu’on n’est pas des visiteurs, qu’on n’est pas des touristes. (Fatine)

À côté de ce sentiment de honte et de culpabilité, les parents perçoivent leur situation comme étant une injustice qui, de plus, serait transmise à l’enfant dès sa naissance. D’une part, cette injustice se traduit, selon eux, par le fait qu’ils sont des travailleurs et étudiants qui contribuent à la société québécoise et donc, qui ne méritent pas d’être traités comme des touristes ou des étrangers. Pour cela, ils estiment que les frais qu’ils payent devraient correspondre à ce que les Québécois·es payent. D’autre part, le fait de ressentir le sentiment d’être perçus comme des étrangers, notamment dans le traitement reçu dans les services de santé, participe à accentuer leur sentiment d’injustice.

Moi, quand ils me disent [de payer], ça me fait mal. Je me dis, mais c’est injuste. Je suis dans un pays où les gens qui nous ont fait venir payent beaucoup d’argent au gouvernement québécois pour qu’on puisse étudier ici. Et puis nous, on paye nos impôts, on paye nos taxes, et puis on paye nos assurances aussi. (Fatim)

Dans le fond, ce qui me fait de la peine dans cette cause-là… Non pas de la peine, mais ça m’énerve dans le sens où nous sommes traités comme des touristes alors qu’on ne l’est pas. Nous sommes des travailleurs, comme le permis l’indique. On travaille très dur pour avoir ce qu’on a. C’est-à-dire on paye les impôts, on paye les taxes, on paye tout comme tout le monde, mais le problème est que ces frais-là ne sont même pas les frais exacts. Ce sont des frais majorés à 200 %. C’est ça que je ne comprends pas. Je comprends peut-être que… parce qu’ils craignent le tourisme médical, je ne sais pas comment ils l’appellent… Mais, ils peuvent vérifier que je ne suis pas venue la veille pour accoucher ici, que moi ça fait des années que je suis là, que je travaille. (Fatine)

On dirait que l’administration est carrée sur la règle. Ils veulent leur fric, point barre. […] Quelqu’un nous a dit que normalement pour quelqu’un qui vit au Canada et qui travaille au Canada, sa facturation ne devrait pas être comme pour quelqu’un qui quitte le Cameroun pour venir jusqu’ici pour accoucher, vous comprenez? Parce que je travaille ici, je vivais légalement, je travaillais, je payais les taxes. On m’a dit normalement que je devais payer comme ce qu’ils facturent à la RAMQ. […] On devait me facturer comme un Québécois. (Nelly)

Ce sentiment d’injustice est encore plus prononcé quand les parents racontent la situation de leurs enfants après l’accouchement qui, même si reconnus par l’État comme canadiens, n’ont pas pu bénéficier de la couverture RAMQ. Leurs enfants, nés avant l’adoption du Projet de loi 83, ont ainsi subi les effets de la précarité issus de leur statut migratoire. En conséquence, dès leur naissance, ils ont obtenu un statut différencié par rapport aux autres enfants québécois. Cette situation alourdit, d’une part, la fragilité économique de certains parents qui ont dû prendre une assurance privée couvrant leur enfant. D’autre part, les enfants canadiens sans RAMQ ont été exposés aux risques de ne pas recourir à temps aux services de santé en cas de maladie, faute d’une assurance privée ou qui ne couvrait que les cas d’urgence. De plus, des parents ont relevé que leur enfant, à peine né, avait déjà une facture à leur nom, ce qu’ils considèrent inacceptable. L’une d’entre les enfants des participant·es, alors âgée de 14 mois, a eu une mise en demeure de la part de l’hôpital pour non-paiement à temps de la facture.

Mon garçon, après sa naissance, n’est plus couvert. Donc, il n’a pas d’assurance maladie, de carte soleil puisque nous, on n’a pas la résidence. Donc, j’étais obligée de lui faire l’assurance privée Desjardins. Je paye chaque mois ou tous les trois mois, selon mes capacités financières. Mais cette assurance-là ne couvre pas tout, elle couvre juste les urgences. Un accident, ou une grippe ou de la fièvre. Quelque chose d’urgence. Mais, par exemple, mon premier garçon, il a l’anémie. Il n’est pas suivi pour l’anémie parce qu’il n’est pas couvert pour ça. (Hamscha)

Elle [sa fille], en revanche, ne paye pas les frais majorés, juste les frais exacts, mettons. C’est pour ça qu’elle paye 2 000 $ et pas 4 000 $ comme moi je paye. Donc c’est ça. Après, cerise sur le gâteau, quand ma fille avait 14 mois, elle a eu une mise en demeure à son nom. Parce qu’à l’hôpital, on n’a pas payé sa facture à temps et tout. (Fatine)

Face à des choix déchirants

Dans les récits de leur vécu de grossesse et d’accouchement, les parents ont raconté avoir eu à faire des choix déchirants, tels que d’utiliser des alternatives de soins ou l’automédication pour ne pas recourir aux services de santé; de renoncer aux soins en cas de maladie ou de douleur liée à la grossesse ou à la césarienne; ou de sortir rapidement de l’hôpital juste après l’accouchement. Ces choix étant grandement liés aux coûts associés à la grossesse et l’accouchement, des stratégies de priorisation des soins ont été élaborées par les femmes afin de ne pas s’endetter considérablement après leur accouchement. Aussi, le fait que certain·e·s spécialistes demandaient à être payé·e·s sur place contribuait à la décision, pour certaines femmes, de renoncer à des soins. Cela peut entraîner des conséquences désastreuses sur leur santé.

Parce que des fois aussi, quand on est très malade, on reste là on n’a pas envie d’aller à l’hôpital parce qu’on se dit que quand je vais aller à l’hôpital, je vais dépenser d’énormes montants et puis on se laisse mourir! C’est quand ça devient grave qu’on va à l’hôpital. Quand je suis revenue après avec ma césarienne, j’avais ma plaie. À un moment donné, ma plaie était horrible. Ça chauffait terriblement, mais je n’osais pas aller à l’hôpital parce que je savais que juste pour les urgences c’est 700 $. Donc j’ai supporté en espérant que ça va finir. Par la grâce de Dieu, c’est fini, mais il pouvait y avoir des complications. Je devais rester avec mes complications parce que j’ai peur des factures. (Nelly)

Parce que dans le fond, à cause des coûts, j’ai demandé à avoir une autre salle. Là, c’est une infirmière qui m’en a parlé après. Voilà, ils ont des salles où ils peuvent accueillir les femmes qui ont accouché pour qu’on reste pour pouvoir allaiter le bébé – parce qu’elle était alitée. Voilà, donc, j’ai quitté les soins de l’hôpital parce que si j’avais eu un problème, il fallait que je retourne aux urgences. Je n’étais plus sous la responsabilité de l’hôpital. Voilà. Mais j’ai dû faire ce choix, vraiment, compte tenu des coûts. (Asseita)

Pour la péridurale, ils ont appelé un anesthésiste pour qu’on puisse discuter entre nous. Il est venu, j’ai dit : est-ce que vous pouvez me faire la péridurale? Il me dit, faut que je paye 1 000 $. Mon Dieu, j’ai oublié ma douleur! J’ai dit c’est bon. Je vais accoucher tout de suite… Et puis je lui ai dit de sortir. Il est parti. (Fatim)

Conséquences négatives inattendues du vécu de la grossesse et de l’accouchement

Les parents ont soulevé différentes conséquences négatives inattendues qui découlent de leur vécu de la grossesse et de l’accouchement sans RAMQ. La première conséquence négative est l’endettement à long terme des parents et possiblement de leur enfant. Vivant dans des situations socio-économiques précaires, les parents rencontrés n’ont pas les moyens de rembourser les dettes accumulées durant la période périnatale. Cela les amène souvent à utiliser l’argent d’allocation de l’enfant pour commencer à les rembourser. Pour d’autres parents, sachant l’impossibilité de pouvoir rembourser leur dette et le refus du service hospitalier d’accepter leur proposition de remboursement selon leur capacité financière, ils se résignent à laisser le temps faire son œuvre. Toutefois, l’endettement expose les parents à vivre le harcèlement des services de recouvrement. Cela a été relevé comme étant une source de stress et de fatigue psychologique extrême.

Mon mari a dit « bon, on va les laisser avec leur contentieux. De toutes les façons, on ne peut plus rien faire, c’est 100 000 $! » On n’a même pas d’économies, on n’a rien. On vit au jour le jour. Donc, c’est comme ça qu’ils ont commencé à nous appeler tout le temps. Ça a duré au moins deux ans! Ils nous appelaient, ils nous appelaient. Après, ils ont envoyé ça dans un service de recouvrement. Au recouvrement, on nous appelait tout le temps, on décrochait et on s’expliquait. À un moment donné, ils nous ont mis comme le service automatisé là. Donc, tout le temps il y a du monde qui nous rappelait: « Veuillez nous rappeler à ce numéro pour des trucs vous concernant! ». On a laissé faire, puis ils ont inscrit ça sur mon crédit. (Nelly)

Une deuxième conséquence décrite est l’engrenage dans la pauvreté. En effet, les parents se sont retrouvés sans argent et avaient souvent d’autres enfants à leur charge. Cela participait à alourdir l’effet de la dette sur leur situation socio-économique précaire. Une des femmes a même dit avoir utilisé le transport en commun alors qu’elle avait des contractions à cause du manque d’argent.

Oui, ça, c’était surtout le jour où j’ai accouché, j’avais 33 $ dans le compte, c’est pourquoi je n’ai pas pris un taxi. C’est pourquoi je n’ai pas appelé l’ambulance non plus. Je vais appeler l’ambulance, ils vont me dire, tu dois nous payer 2 000 $. Je vais trouver ces 2 000 $ là où? Mais Dieu merci, ce sont les amis qui cuisinaient tous les jours. Ils cuisinaient tous les jours jusqu’à ce que j’aie fait un mois à la maison. Ce sont les gens qui viennent me donner la nourriture tous les jours. Et les 33 qui étaient dans mon compte, l’infirmière qui est venue du CLSC m’a dit de payer l’argent ce jour-là, c’est ma maman qui a réglé l’argent de cette femme-là parce que je n’en avais pas. (Fatim)

Une troisième conséquence rapportée est la détérioration de la santé psychologique qui a des effets négatifs dans la vie familiale. Outre le stress lié à la grossesse, l’accouchement et les coûts associés, les femmes avaient d’autres préoccupations familiales ou professionnelles qui les rendaient nerveuses.

Non, mais c’est de la nervosité, je suis. Je suis devenue très nerveuse. Je suis toujours sur les nerfs. Quand l’un de mes garçons est malade, je suis vraiment sur les nerfs. Oui, c’est sûr, le climat familial, ça va être très affecté. Ma relation avec mon conjoint, ça va être affecté. Ça c’est normal. Oui! Bien, ce n’est pas de grandes chicanes parce que mon conjoint est très compréhensif. Heureusement qu’il m’aide beaucoup, donc, il essaie d’être un peu doux avec moi, parce qu’il sait que je suis sur les nerfs, il me dit: « oui, je comprends le stress. Tu as le stress de ton doctorat, le stress des garçons. Je comprends donc ça ». (Hamscha)

Problèmes d’accès aux soins pour les parents sans RAMQ et leur enfant durant la période périnatale

Dans cette partie, nous relevons différents obstacles identifiés par les parents rencontrés pour l’accès réel aux soins périnataux.

Méconnaissance des ressources existantes

L’analyse des entrevues a permis de relever que les parents n’avaient pas connaissance de la couverture assurantielle à laquelle ils peuvent souscrire en cas de grossesse ou d’accouchement. En outre, cette méconnaissance valait aussi pour les ressources communautaires ou privées auxquelles ils peuvent pourtant recourir durant la période périnatale. Ce manque d’information est généralement dû au fait qu’à leur arrivée sur le territoire québécois, les personnes immigrantes ne bénéficient pas d’accompagnement pour mieux comprendre le fonctionnement du système de santé. En plus, les professionnel·le·s de santé avec qui les parents ont eu un premier contact n’ont pas transmis les informations les plus adaptées vis-à-vis de leur statut d’immigration. De ce fait, les sources d’information proviennent de leur entourage ou, exceptionnellement, des cliniques communautaires le cas échéant. Cette situation reste préoccupante : les parents ont eu parfois des informations non fondées sur certains services ou alors n’ont eu connaissance de certaines ressources communautaires que tard durant la période périnatale. À cause de ce manque d’information sur les autres ressources existantes, le principal recours aux soins a été l’hôpital qui s’avère l’option la plus chère et, pourtant, la plus souvent recommandée par les professionnel·le·s de santé.

Et en passant, pendant que je cherchais à savoir où est-ce que j’allais accoucher, parce que quand j’ai vu le coût qui m’attendait au niveau de l’hôpital, j’ai cherché d’autres voies et moyens. Et puis, on a entendu parler des maisons d’accouchement. On a été, mais malheureusement, on n’a pas été à temps. On a été à notre septième mois de grossesse, donc eux, ils ne pouvaient plus nous suivre. (Asseita)

J’ai été là-bas [Clinique de l’Université]. J’ai été là-bas. Ils m’ont consultée et, après avoir énuméré mes symptômes, la dame m’a fait une petite analyse. Et puis, elle m’a dit: « Il faut que tu partes voir quelqu’un qui s’y connaît vraiment parce que je pense que tu es enceinte ». Elle m’a dit qu’il fallait que j’aille à l’hôpital pour faire les tests de grossesse. (Fatim)

Attitudes discriminatoires dans les milieux de soins

Les attitudes discriminatoires dans les milieux de soins peuvent être résumées comme étant de la froideur de certain·e·s soignant·e·s ou gestionnaires, le manque d’empathie au regard de la détresse des parents et des coûts associés aux soins, et la déshumanisation des soins qui se manifeste par une vision marchande de la santé. En effet, les parents ont soulevé que les professionnel·le·s de la santé avaient parfois une attitude condescendante envers eux. De ce fait, des décisions étaient prises en lien avec leur santé sans leurs avis ou sans que les deux puissent comprendre le processus ayant conduit à une décision plutôt qu’à une autre. Cela se traduit, dans certains cas, par l’omission d’informations de la part des professionnel·le·s ou, dans d’autres cas, par la proposition d’une seule alternative aux parents, celle de « laisser partir ou mourir son enfant ». Ce qui risque d’arriver prématurément à cause des coûts liés à l’accouchement et aux soins postnataux.

Mais moi, quand je suis arrivée, on demande à mon conjoint qui m’accompagne, ma carte d’assurance maladie, on répond qu’on a juste une assurance privée. Ça commence à dire, est-ce qu’on sait qu’entre la césarienne, les soins du bébé qui va rester dans la couveuse plusieurs mois, ça fait beaucoup en matière de dépenses. (Nelly)

Le seul jour où j’ai senti un peu de… Comme je vous l’ai dit, c’était le jour où j’ai amené ma femme au CHUL la première fois. Donc, on ne m’a pas laissé entrer avec elle. Je leur ai dit que j’ai tout son historique. On m’a dit que si elle parle français, elle pourrait assurer toute seule. Je leur ai dit qu’elle a des problèmes neurologiques. Qu’elle a des troubles de mémoire, on m’a dit puisqu’elle parle en français, elle peut entrer toute seule. Donc, elle a passé toute une nuit et le lendemain on n’a voulu rien me dire. Je comprends que la confidentialité était très importante, mais quand même il faut traiter au cas par cas aussi. Il y a des limites à ça. Donc, c’est vraiment ça, j’étais très agacé envers les urgences du CHUL du Québec. (Malek)

La condescendance dans les milieux de soins s’entrevoyait également par un manque de sensibilité de certain·e·s professionnel·le·s de santé ou des gestionnaires des hôpitaux. En effet, les parents ont mentionné n’avoir pas eu de soutien ou d’écoute de la part de ces personnes qui auraient pensé uniquement à leur argent. Par le fait même, certain·e·s professionnel·le·s demandaient à être payé·e·s sur-le-champ alors que les gestionnaires de l’hôpital pouvaient se permettre de faire pression sur les parents quelques mois après l’accouchement. Ce paternalisme du système de la santé trouve légitimité et normalité dans la loi de la RAMQ qui exclut les parents avec un statut d’immigration précaire. Si c’est le cas pour plusieurs parents rencontrés, dans certaines situations, les professionnel·le·s de santé ont quand même permis aux parents de trouver des moyens d’amoindrir les coûts des soins. Ceci sera développé en détail dans une des sections ci-bas.

On entend ces mots, mais en retour, on ne nous dit pas : « voilà ce qu’on te préconise. Voilà ce que tu peux faire ». Il n’y a pas comme un soutien. Il n’y avait pas comme : « on va te dire. Dirige-toi vers cet endroit-là. Eux, ils pourront te conseiller, ils pourront comme t’écouter ». Non il n’y avait pas ça. (Asseita)

Maintenant il reste pour bébé, donc un mois de couveuse. C’est presque 120 000 $. J’ai essayé de trouver des solutions, j’ai contacté des députés. J’ai contacté la RAMQ, j’ai contacté pas mal de personnes, le maire aussi. Donc franchement, tout le monde a essayé de m’aider. Bon, la RAMQ, ils m’ont dit qu’ils ne peuvent rien faire. C’est la loi. Pour eux, le bébé n’est pas couvert. (Malek)

Caractère restrictif des assurances privées et leur processus de remboursement

Un autre défi rencontré par les parents qui ont souscrit à une assurance collective d’étudiant·e·s, de travailleurs et travailleuses ou une assurance privée est l’absence ou la faible couverture des coûts associés à la grossesse et l’accouchement. Certaines restrictions de la clause du contrat assurantiel, telles que le fait de s’inscrire à l’université pour bénéficier de l’assurance ou encore une faible couverture de la grossesse, peuvent avoir de lourdes conséquences socioéconomiques chez les parents sans RAMQ.

Oui, à mon arrivée, mon conjoint avait souscrit une assurance privée, mais l’assurance me couvrait à hauteur de 100 000 $ par mois. Ce qu’on ne savait pas c’était qu’en cas de grossesse, l’assurance couvrait uniquement à hauteur de 10 000 $. (Nelly)

Je dis, je suis enceinte, je ne vais pas faire des cours […]. Je n’ai pas fait l’inscription quand… Je ne savais pas que l’assurance est en lien avec l’inscription. J’ai eu un message que l’assurance est arrêtée. J’ai appelé, j’ai dit : « pourquoi c’est arrêté, j’ai payé 1 000 $ pour la session? », « Non, on va te rembourser pour le reste de la session parce que tu n’es pas inscrite. Tu ne peux pas être assurée ». (Hamscha)

Outre ces restrictions, les compagnies d’assurances demandent souvent que les frais soient assumés par le patient ou la patiente qui fait, par la suite, une demande de remboursement. Cela est en vigueur dans les milieux de soins avec lesquels ces compagnies n’ont pas d’entente. Ce processus est souvent long et implique que les parents aient d’abord de l’argent pour pouvoir accéder aux soins et qu’ils fassent un long processus de remplissage de formulaire auprès des professionnel·le·s de santé. Cette étape peut être une source de surcharge mentale et de stress pour les parents qui vivent seuls et qui viennent d’arriver au Québec sans une bonne connaissance du fonctionnement du système de santé. Outre cela, l’analyse a révélé plusieurs défis supplémentaires en lien avec les assurances pour les parents, notamment la recherche d’assurances qui correspondent à leur statut migratoire précaire, la compréhension des contrats d’assurance, le paiement des assurances au délai prescrit et la gestion du recouvrement des coûts d’assurances.

Limites des ressources communautaires

Les ressources communautaires, telles que la Coopérative de solidarité SABSA ou les maisons de naissances, qui prennent en charge la grossesse et l’accouchement des femmes sans RAMQ à moindre coût, présentent certaines limites qui engendrent soit la discontinuité des soins, soit l’impossibilité pour certaines femmes d’y recourir. En effet, les femmes qui les ont utilisées ont déploré le fait qu’il existait – à l’époque – une obligation à 32 semaines de grossesse d’arrêter leur suivi prénatal effectué auprès d’une infirmière dans ces cliniques communautaires pour continuer avec un médecin gynécologue[1]. Ce changement constituait un point déterminant dans la hausse des coûts assumés par certains parents et une rupture importante dans le suivi prénatal.

À partir de 32 semaines, [nom de l’infirmière] a dû me transférer à un médecin. C’est alors là que j’ai commencé à payer de l’argent… Parce qu’elle, elle est infirmière, donc à partir de 32 semaines, elle ne devait plus me suivre. Elle devait me confier à un médecin spécialisé en accouchements. (Fatim)

Pour certaines femmes, les complications qu’elles encourent durant leur grossesse et l’accouchement font en sorte qu’elles ne peuvent pas y recourir puisque leurs conditions, selon elles, nécessitent le suivi d’un·e médecin spécialiste. Pour d’autres, le retard dans le processus de recours dans les ressources communautaires fait en sorte qu’elles ne peuvent pas bénéficier de leurs services. Ce résultat est toutefois lié à la méconnaissance de ces ressources, tel qu’énoncé ci-haut. Il existe aussi le fait que certaines ont entendu dire qu’il n’y avait pas de péridurale dans les maisons de naissance, ce qui a finalement orienté leur choix vers les hôpitaux.

Oui, moi, depuis, j’avais pensé à aller dans une maison de naissance. Je ne sais pas si tu connais les maisons. Mais le problème, c’est qu’on me dit que là-bas, il n’y a pas de péridurale. Il n’y a rien. Donc c’est ça qui était un peu inquiétant pour moi, parce que j’avais aussi mon amie qui me disait « Fatim, accoucher c’est dur. Il faut aller dans un hôpital comme ça, si tu n’arrives pas, ils vont te faire la péridurale, mais si tu pars dans une maison de naissance et que tu n’arrives pas, tu n’as pas le choix, ça va être beaucoup… Ils vont devoir te prendre en ambulance. Tu vas payer tout ça. Donc, les frais vont être trop chargés pour toi ». Donc c’est elle qui m’a dit d’aller à l’hôpital. Mais sinon, j’avais même appelé dans une maison de naissance pour demander, mais eux, ils me disaient qu’ils n’avaient pas de place. Donc, ils avaient déjà des gens qui étaient prévus la semaine où je devais accoucher. (Fatim)

Éléments protecteurs autour des parents sans RAMQ

Au-delà des contraintes d’accès aux soins, les récits recueillis soulignent plusieurs éléments protecteurs qui permettent aux parents sans RAMQ de pouvoir bénéficier de certains services ou de sortir du cercle d’endettement.

Réseau d’aide et de solidarité

Le premier élément relevé est lié au réseau d’aide et de solidarité qui peut se déployer autour des parents. Ce réseau se développe, d’une part, par les ami·e·s ou proches des parents sans RAMQ. En effet, il a été constaté que les parents qui comptent sur un réseau d’ami·e·s ou de la famille proche (comme leur conjoint) ont bénéficié de plus d’aide psychologique et financière que d’autres qui n’en avaient pas. Certains parents ont mentionné avoir reçu de l’aide de leurs ami·e·s pour payer des factures ou nécessités comme la nourriture ou le transport. D’autres ont aussi reçu des conseils de la part de leurs ami·e·s ou parents vivant au Québec ou dans leur pays d’origine. En retour, certaines participantes ont partagé leurs expériences avec d’autres femmes qui ont vécu la même situation qu’elles.

Donc là il y a des amis, des amis déjà qui ont commencé à faire des collectes pour nous, GoFundMe et une autre association donc elle a fait une collecte, mais moi j’ai essayé de trouver d’autres solutions. (Malek)

L’anesthésiste même a facturé. J’ai une belle-sœur qui a réglé l’anesthésiste sur-le-champ. (Nelly)

D’autre part, un autre réseau d’aide et de solidarité a été déployé par des professionnel·le·s de santé qui, connaissant la situation de ces parents, ont décidé de renoncer à leur paiement ou ont essayé de trouver des alternatives pour supprimer ou amoindrir les frais de services. Les parents ont été très reconnaissants envers ces professionnel·le·s qui semblent leur donner une lueur d’espoir sur l’humanisme qui devrait être au cœur des soins. Néanmoins, cette aide apportée semblait être arbitraire et imprévisible, d’autant plus que les femmes n’étaient pas impliquées dans les processus de négociation des coûts ou de la recherche d’alternatives.

Donc j’ai perdu ma femme et j’ai un bébé prématuré de 28 semaines. Donc tout le monde était un peu solidaire avec moi et donc franchement je n’ai rien senti. […] Les médecins, d’ailleurs les médecins pour l’hospitalisation de ma femme qui a duré quand même dix jours je crois, aucun médecin n’a été payé. C’est donc ce bon geste qu’ils ont fait; voilà tout le monde essayait de me consoler. (Malek)

Vous comprenez, parce qu’il y a beaucoup, énormément d’Africaines qui sont dans ce… moi j’ai des amies qui ont été dans la même situation, le médecin les a suivies neuf mois sans rien charger. Beaucoup de médecins font ça, vraiment beaucoup de médecins sont très acquis à la cause. Même pour ma première grossesse, le médecin qui m’avait suivi, mon mari est retourné plusieurs fois lui demander la facture pour qu’on paye, mais il a refusé. Il n’a jamais… Il nous a d’abord dit revenez puis il a dit : « laissez ça ». Beaucoup de médecins sont sensibles à ça, mais c’est l’administration. (Nelly)

Oh, je suis ressortie de son bureau avec un grand sourire et un soulagement hors pair! J’étais vraiment très, très soulagée. Oui. Quand elle a accepté, elle a dit « oui, pas de problème, je vais pouvoir te suivre. Maintenant pour ce qui concerne les échographies et autres, s’il y a des échographies à faire, tu seras toujours obligée d’aller à l’hôpital le faire, parce qu’on n’a pas le matériel à notre niveau ». Mais déjà, le fait même de savoir qu’elle est là. À elle, je pouvais vraiment confier sur ce que j’avais comme difficultés. En plus d’être une infirmière, elle était une confidente. C’était vraiment une personne extraordinaire! Oui! C’est une personne vraiment que j’ai rencontrée au bon moment je dirais! (Asseita)

Le congé de maternité payé et d’autres ressources financières

Pour certaines femmes, le fait d’avoir pu travailler durant leur grossesse et de pouvoir bénéficier d’un congé maternité payé était une source importante de réconfort. Par conséquent, cela leur permettait de conserver leur logement ou de payer certaines nécessités de subsistance. Toutefois, les femmes immigrantes ne sont pas toujours au courant de la possibilité de demander le congé de maternité payé. D’ailleurs, une des femmes rencontrées a révélé l’avoir fait un peu tardivement. À côté de ces congés payés, les femmes qui bénéficiaient d’une bourse d’études ou dont le conjoint travaillait ont également trouvé cela très aidant.

J’ai pu avoir accès à mon congé de maternité. Alors à ce moment-là, la RTAP a commencé à me payer de l’argent parce que j’avais fait ma demande un peu plus tard. À huit mois, je ne savais pas que j’avais accès à un congé de maternité. Donc, c’est une amie qui m’a dit: « non, tu acceptes parce que je travaillais beaucoup, surtout durant la grossesse » . Beaucoup de femmes ne font pas ça. Il faut faire une demande, ils vont te donner. Ils m’ont donné, mais c’est venu un peu en retard. J’ai pu l’avoir un mois après mon accouchement. L’allocation aussi, ça c’était 2 mois après mon accouchement. Alors, lorsque c’est venu, j’ai commencé à rembourser un peu, un peu, les sommes du CHU. (Fatim)


  1. Pour les informations concernant l’ancienne obligation : https://www.oiiq.org/documents/20147/237836/4443-perinatalite-web.pdf