35 Avant-propos de ma thèse (1998)

Florence Piron

Relire par hasard cet avant-propos il y a quelques années m’a touchée, car j’ai été heureuse d’y retrouver des femmes qui ont été si importantes pour la finalisation de ma thèse, alors qu’elles ne sont pas souvent citées dans les remerciements typiques.

Source : 1998. « Avant-propos ». Responsabilité pour autrui et refus de l’indifférence dans trois dialogues avec de jeunes québécois et dans l’écriture scientifique. Thèse inédite, Université Laval. https://corpus.ulaval.ca/jspui/handle/20.500.11794/28493

Bien des péripéties ont émaillé le processus de gestation qui a abouti à cette thèse. Certaines m’ont fait douter de la possibilité d’y arriver un jour, d’autres ont ravivé au bon moment ma passion pour le travail de recherche et d’écriture. Parmi ces péripéties figurent en premier lieu les dialogues que j’ai menés pour mon terrain avec 35 jeunes de la ville de Québec qui m’ont fait don de leur parole avec une générosité et une confiance dont j’ai encore peine à mesurer l’ampleur. Même si je ne peux les nommer ici, qu’ils et elles soient assurées de ma reconnaissance et de ma gratitude. J’espère que cette thèse ne leur donnera pas lieu de regretter d’avoir voulu m’aider à obtenir mon diplôme de doctorat. Deux autres péripéties qui auraient pu faire fondre mon énergie créatrice l’ont au contraire renouvelée de plus belle : la naissance de mes deux filles, Sarah-Anne en 1995 et Élisabeth en 1998. L’expérience de la maternité et la rencontre avec leur regard plein de lumière, à la fois si proche de moi et irrémédiablement différent, m’ont fait réfléchir de manière approfondie à la responsabilité pour autrui, nourrissant ainsi ma réflexion de chercheure. Cette perméabilité de ce qui furent les domaines les plus importants de ma vie ces dernières années a été essentielle à ma capacité de mener de front et sans trop de culpabilité mon « travail » de mère et mon travail d’écriture. Mais je n’aurais pu venir à bout de ce projet sans l’appui, la confiance et le dévouement de Daniel, mon compagnon depuis tant d’années, qui ne m’a jamais failli malgré ses nombreuses obligations professionnelles. Que ce soit en faisant la cuisine ou en relisant mon texte, en promenant les filles ou en faisant des recherches bibliographiques, il a su m’aider de manière généreuse. Je l’en remercie profondément.

Je n’aurais jamais réussi à mener à terme cette aventure intellectuelle et humaine sans l’appui constant de nombreuses autres personnes que je veux remercier ici du fond du cœur, à commencer par mon directeur de thèse, M. Yvan Simonis qui, au fil des années, a fait preuve à mon endroit d’une patience et d’une bonté remarquables. Il a compris et respecté mes difficultés et mes décisions malgré ses doutes quant à leur bien-fondé; il m’a écoutée et répondu avec honnêteté et rigueur, sans paternalisme ni cruauté; il m’a laissée découvrir le chemin que j’avais à faire sans me masquer les pièges qui m’attendaient, m’aidant quand il le fallait à mieux me comprendre. Son intelligence et sa culture ont été une source sans fond de réconfort et d’encouragement, même à son insu. Sa tolérance à l’endroit de ma « singularité » m’a laissé suffisamment d’espace pour apprendre à devenir « sujet » de ma parole scientifique. J’espère seulement que j’arriverai à rendre un jour à autrui tout ce qu’il m’a donné.

Je veux également remercier son grand ami Mikhaël Elbaz, conseiller pour cette thèse, qui a su lui aussi respecter mon cheminement tortueux et compliqué. C’est grâce à sa fameuse érudition et à son amour inépuisable des livres et des idées que j’ai découvert Bauman, Lévinas et Nussbaum. C’est aussi en travaillant avec lui que j’ai mieux compris le sens de la Shoah pour le monde contemporain et l’urgence de réfléchir à l’interrogation éthique. Sa curiosité intellectuelle, son énergie et son expérience en matière de recherche anthropologique m’ont constamment inspirée. J’espère que nous aurons l’occasion de continuer notre dialogue à travers de nombreux autres projets.

Deux amies et collègues ont joué un rôle majeur dans ma vie personnelle et intellectuelle. Marie-Andrée Couillard, ma « bonne fée » depuis 10 ans et Ratiba Hadj-Moussa, ma « première grande amie » québécoise, n’ont jamais douté que j’arriverai à écrire cette thèse. Elles m’ont écouté quand il le fallait, me faisant une confiance telle que je ne pouvais pas les décevoir… Un grand merci pour tout à toutes les deux. Cette confiance, elle n’a jamais failli non plus chez mes parents, Catherine Audard et Alan Montefiore et Olivier Piron et Marie-Noëlle Balasko, chez mon frère Sylvain et Gyöngy Biro et chez ma sœur Laure-Hélène. Malgré la distance, ils se sont continuellement enquis de mon travail, réjouis de mes trouvailles et inquiétés de mes angoisses. Je ne pouvais pas non plus les décevoir! Cet appui moral et parfois financier inestimable a été précieux lors des moments de doute et de découragement et je les en remercie de toute mon âme.

Je veux remercier aussi tout particulièrement Michelle Mauffette qui a accompagné presque quotidiennement la fabrication de cette thèse, jusqu’aux toutes dernières heures. Sa virtuosité au traitement de texte n’a d’égale que sa minutie, sa rigueur, sa bienveillance et son dévouement : n’a-t-elle pas gardé mon bébé et accroché mon linge quand, débordée, je n’y arrivais plus? Dans la solitude de l’écriture, sa compagnie, ne serait-ce qu’au téléphone, a été une bénédiction. Si jamais elle décidait de se lancer à son tour dans un doctorat, elle pourra compter sur moi.

De nombreux amis et membres de ma famille québécoise m’ont donné des coups de main de toutes sortes sans lesquels je n’aurais pu mener à bien cette aventure, ne serait-ce qu’en me permettant de me changer les idées. Hélène, Andréas, Pauline, Suzanne, Maurice, Philippe, Marie-France, Félicité, Adama, Katia, Pier, Claudia, Steve, Christine, Luc, Nicole, François, Pascale, Bruno, Odette, Michel, Lucie et les autres, un grand merci. Mes merveilleuses voisines ont aussi su m’aider quand il le fallait, que ce soit en m’hébergeant pour me permettre de finir un chapitre ou en gardant mes filles. Merci à Jocelyne, Françoise et Christiane.

Je tiens aussi à remercier le personnel des garderies de mes filles et en particulier Julien, Thérèse, Manon, Diane, Christiane, Guylaine, Pierre, Sylvie, Gaétane, Elena et Odette. Sans la confiance que j’avais dans leur dévouement et dans leur compétence, je n’aurais jamais pu écrire cette thèse. Tenus quotidiennement au courant de l’état d’avancement de la chose, ils ont pu savourer avec moi la joie de l’achèvement… J’en profite pour remercier tous ceux qui, par leur gentillesse et leurs sourires, ont rendu si agréable et si confortable sur le plan humain ma vie à Québec. Cet environnement a été essentiel pour compenser la solitude parfois si lourde de l’écriture.

Plusieurs professeurs et collègues m’ont permis de tester certaines des idées à l’origine de cette thèse dans des cours, des colloques ou des articles. Je les en remercie. Le C.R.S.H. m’a accordé une bourse de doctorat qui m’a permis de me consacrer à ma recherche pendant plusieurs années. En m’accordant à deux reprises une bourse postdoctorale, il a ensuite contribué à nourrir ma motivation d’une manière très efficace et je l’en remercie. J’ai aussi reçu du fonds F.C.A.R. une bourse me permettant d’effectuer un stage à l’Université de Californie à Berkeley, avec le professeur Rabinow, qui restera un grand souvenir pour moi. Je l’en remercie.

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La gravité des choses Copyright © 2022 by Florence Piron is licensed under a License Creative Commons Attribution - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International, except where otherwise noted.

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