7 Le récit de vie dans la compréhension du phénomène des mineur·e·s polyvictimes en Côte d’Ivoire

Grace Perside Poeri

Résumé

Le terme scientifique « mineurs polyvictimes » – sujet très peu documenté et médiatisé – s’applique aux enfants dits « microbes » apparus en Côte d’Ivoire au lendemain du conflit armé post-électoral de 2010. Il désigne des jeunes garçons et filles extrêmement violent·e·s dont l’âge varie entre 7 et 17 ans révolus, qui ont pour particularité d’agresser leurs victimes en les mutilant ou les assassinant afin de leur dérober leurs biens matériels. Ce sont des personnes ayant une addiction très forte aux stupéfiants. Elles vivent dans des fumoirs et leur récit de vie permet de comprendre ce phénomène. Le chapitre présente d’abord sommairement les positions épistémologiques choisies par la chercheuse; décrit ensuite le terrain de l’enquête et la façon dont le récit de vie est utilisé auprès de ces mineur·e·s polyvictimes; aborde, enfin, les enjeux de leur récit de vie tant sur le plan de la recherche que celui concernant leur personne intrinsèque et leur sécurité. Ces enjeux visent concomitamment à élaborer une solution qui généralise une intervention et à formuler la position de la chercheuse.

Introduction

Le récit de vie s’appréhende comme étant la narration du parcours de vie d’une personne ou d’une collectivité en mettant en exergue les faits marquants, l’histoire de vie pendant une période donnée (Benner, 1985; Meyor, 2007). Plusieurs recherches qualitatives s’y rapportant expliquent que le fait de s’intéresser à la vie des personnes ouvre des horizons qui ne sont souvent pas immédiatement inclus dans le cadre d’une intervention sociale, humanitaire, etc. C’est le cas, par exemple, du travail de Beauregard (2010), dont l’étude sur les enfants soldats a permis de mettre en exergue l’impact psychologique de la guerre sur ces jeunes. C’est aussi le cas des travaux de Fassin (2004) qui font entendre la voix de personnes opprimées, méconnue par la plupart.

Le présent chapitre, qui ne cite pas de noms d’organismes et d’institutions ivoiriennes pour des raisons de confidentialité, s’inscrit dans cette tendance pour traiter le cas des mineur·e·s polyvictimes appelé·e·s communément « enfants microbes ». Ces dernier·ère·s, dont l’âge oscille entre 7 et 17 ans révolus, forment un groupe hybride à cheval entre les enfants de la rue, les enfants soldats, les enfants accusé·e·s de sorcellerie et les talibé·e·s[1]. Ils ont été à plusieurs reprises victimes dans leur vie de violence résultant de la consommation addictive de stupéfiants (Poeri, 2020).

Parler de ces mineur·e·s polyvictimes revient à s’intéresser à leur parcours de vie, afin de comprendre leur situation et proposer une intervention de protection à leur profit. Le concept criminologique de polyvictimisation permet de saisir le réel fardeau de victimisation de l’enfant, car celui ou celle-ci peut subir à elle ou lui seul·e une multitude de types de violence, comme c’est le cas chez les mineur·e·s polyvictimes. Hamby, Finkelhor et Turner (2014, p. 13) expliquent à cet effet que « contrairement à la plupart des stéréotypes, la forme de violence vécue par un enfant importait moins que le nombre de différents types de violence qu’il avait vécus ».

Eu égard à la complexité et à la multiformité de la violence subie par les mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s, les différentes interventions du gouvernement ivoirien et des organisations non gouvernementales en leur faveur ont toutes échoué et nécessitent de poursuivre la réflexion pour répondre adéquatement à ce phénomène. Aussi, pour réussir une telle entreprise, apparait-il judicieux de se pencher sur le récit de vie de ces mineur·e·s polyvictimes pour disposer de données qui servent à mener cette réflexion visant la mise en place d’une intervention de protection efficace centrée sur eux.

Le travail de recherche qui sera déployé dans ce chapitre présente premièrement les cadres théorique puis méthodologique en les articulant aux positions épistémologiques de la chercheuse. La démarche ethnographique est présentée par la suite, ainsi que le contexte de la recherche en incluant les enjeux du terrain.

Les choix épistémologiques de l’étude

Pour cette recherche portant sur la construction d’un savoir à des fins d’intervention, la chercheuse a fait le choix de produire des connaissances selon les perspectives socioconstructiviste, phénoménologique et interdisciplinaire.

Production de connaissance selon la perspective socioconstructiviste

La connaissance produite dans cette perspective résulte de la façon de poser le problème qui se construit dans le cadre d’une interaction entre au moins deux individus. Elle repose ainsi sur l’interaction qui existe entre les individus et les structures basées sur des « normes de symboles constitutifs » qui identifient et singularisent l’intérêt et le sens donné à l’action des acteur·rice·s (Braspenning, 2002, p. 316). Le socioconstructivisme, posture épistémologique qui s’intéresse entre autres à la connaissance de l’action (Harris, 2010), permet de déconstruire, démonter ces relations entre individus en tenant compte de la question choisie par la chercheuse et dont la construction de réponse se situe historiquement, géographiquement et culturellement. Il refuse de considérer la connaissance comme « le reflet objectif de l’objet », naïveté dépassée – réalisme métaphysique –, auquel s’oppose la révolution épistémologique du XXe siècle.

C’est dans ce sens que ce choix épistémologique nous a permis de comprendre, à la suite de nos différentes interactions, que les mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s, premièrement sous le masque de la violence, sont des personnes qui manquent d’affection et se sentent marginalisées face à la situation sociale et économique du pays. Ensuite, il nous a permis de déceler qu’il y a des discordes entre ce qui est dit et fait sur le terrain. Enfin, de découvrir le manque de travail en synergie des acteur·rice·s impliqué·e·s auprès des mineur·e·s polyvictimes ainsi que le manque de suivi.

Production de connaissance selon la perspective phénoménologique

La connaissance produite dans cette perspective découle de l’observation de phénomènes intersubjectifs que constituent le discours des interviewé·e·s. Entrer en contact avec ces mineur·e·s polyvictimes, c’est faire face à un flux d’informations subjectives que la science, selon une perspective positiviste, ne retient pas. Toutefois, ce handicap peut être contourné grâce à la phénoménologie qui offre une nouvelle perspective dans les pratiques scientifiques, en trouvant sa légitimité en dehors des pratiques de la science conventionnelle (Benner, 1985).

La phénoménologie apparaît comme une tentative pour dépasser les limites de l’approche scientifique traditionnelle sur l’étude des processus vitaux et psychiques. En tant que méthode codifiée, elle permet de comprendre, à partir du récit de vie de ces mineur·e·s, la signification des phénomènes subjectifs sans les dénaturer (Goodinson et Singleton, 1989). Or ici, il faut rendre compte de la réalité du sujet sans chercher à interpréter pour mieux comprendre l’intervention de protection à leur apporter.

Elle a permis à la chercheuse de comprendre, à partir du récit de vie de mineurs polyvictimes ivoiriens interviewés, la signification des phénomènes subjectifs et de faire les observations et entrevues dont le verbatim ayant servi à l’analyse. Elle a ainsi facilité l’accès à l’expression du vécu et aux savoirs locaux de leurs expériences de vie, afin de faire l’historique de ce phénomène peu documenté. De plus, leurs récits de vie ont permis de comprendre qu’avant d’être considérées comme un groupe de mineur·e·s polyvictimes, ces personnes appartenaient à différentes catégories d’enfants en difficulté, à savoir enfants de la rue, enfants maltraité·e·s, enfants soldats.

Production de connaissance selon la perspective interdisciplinaire

La connaissance produite dans cette perspective se fonde sur l’interdisciplinarité. Comme le soutiennent Giugnatico et Lemay (2017), l’interdisciplinarité est un mouvement incessant d’une discipline ou savoir à une autre discipline ou savoir au gré des besoins :

(…) sous l’effet d’une maturité épistémologique nouvelle, le parallèle avec le modèle théorique de Boltanski et Thévenot se fait de lui-même :

L’interdisciplinarité comme capacité de penser au-delà des disciplines […] se présente comme l’habileté intuitive qui permet de passer adéquatement d’une raison disciplinaire à l’autre en s’adaptant au défi intellectuel propre à chaque nouveau rapprochement de savoirs. (Giugnatico et Lemay, 2017, p. 6)

La chercheuse priorise une intervention et un contrôle de l’action prioritairement centrée sur les jeunes en s’inspirant du fait que l’action et l’intervention appellent toujours l’interdisciplinarité, comme en atteste Lemay (2017, p. 21) :

(…) le contrôle de l’action ou le souci de la soutenir adéquatement grâce aux secours de la connaissance oblige toujours de mélanger ce que la discipline oblige à séparer à des fins de mise en ordre théorique.

En effet, comme Schön (1993) l’explique, lorsqu’on intègre les développements récents en théorie des sciences et en praxéologie, une façon plus adéquate de référer aux « sciences humaines appliquées » deviendrait probablement « sciences de l’action », l’idée d’une pratique professionnelle où on « appliquerait » passivement des savoirs produits par l’université se faisant dépasser par l’étude empirique de la pratique professionnelle.

En d’autres termes, l’approche interdisciplinaire permet la mise en dialogue d’une pluralité de ressources, qui semble évidemment incontournable pour le développement de compétences par les personnes dans des situations données. Elle a permis à la chercheuse, à travers six disciplines à savoir la psychologie, la criminologie, l’anthropologie, l’intervention humanitaire, le service social et le droit, de comprendre d’abord que les mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s, comme leur nom l’indique, sont des personnes « polyvictimisées ». Ce concept met en exergue différents types de violence vécus par ces enfants (Hamby, Finkelhor et Turner, 2014). Ces différents types de violence engendrent une panoplie de besoins auxquels chacune des six disciplines abordées dans le cadre de notre étude propose une intervention spécifique. Il est à noter que ces disciplines sont, pour certaines, opposées, contradictoires ou complémentaires. Bien qu’ainsi, à l’exception du droit, ce concept de « polyvictimisation » nous a permis d’amener ces disciplines à s’entendre sur le fait que l’intervention de protection des mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s doit être centrée sur la ou le mineur·e.

Le choix méthodologique pour cette étude

Comme énoncé dans le titre du chapitre, le récit de vie de ces mineur·e·s polyvictimes constitue la matière principale de la chercheuse pour comprendre le phénomène. Sa population cible se constitue exclusivement, dès le départ, d’enfants de sexe masculin de ce groupe. Une partie de ces derniers fréquente soit le centre de resocialisation mis en place par l’État de Côte d’Ivoire, soit elle vit dans la rue. Le centre de resocialisation des mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s n’accueille que les garçons, alors qu’il existe aussi des filles polyvictimes. Ces dernières vivent dans la rue et sont presque invisibles, compte tenu du rôle très discret qui leur est confié.

Relativement au centre de resocialisation, sur les 300 mineurs polyvictimes qu’il reçoit dans le cadre de leur formation, 10 % de cet effectif – soit un total de 30 de ces mineurs – a été sélectionné sur la base de critères institutionnels (12 à 17 ans révolus). Cet échantillon a été recruté de façon aléatoire selon la liste obtenue des intervenant·e·s. Relativement à celles et ceux vivant dans la rue, leur liste a été communiquée par leurs leaders. Les choix issus des deux groupes procèdent d’un souci de diversification pour cerner le phénomène des mineur·e·s polyvictimes et les interventions de protection en leur faveur.

À ce niveau, le recours à l’interactionnisme symbolique trouve son importance. Comme Poupart (2011) l’explique, l’interactionnisme symbolique sert à rendre et à tenir compte des points de vue des acteur·rice·s sociaux·ales afin de lever le voile sur les appréhensions des réalités sociales. Il est associé à l’analyse microsociologique dans une approche compréhensive et constitue une référence de l’École de Chicago dont le souci est « l’étude de terrain et la volonté de prendre en considération les acteurs plutôt que les structures ou les systèmes » (Le Breton, 2012, p. 46). L’individu est alors perçu comme un acteur interactif avec les autres et influencé par « les structures sociales à cause de son habitus ou de la ‘force’ du système ou de sa culture d’appartenance » (Le Breton, 2012, p. 47).

Ces interactions peuvent se comprendre comme ce que l’individu cherche à extérioriser afin d’exprimer sa manière de voir une situation donnée envers lui-même et les autres à travers des actes verbaux ou non (Goffman, 1974). Ces actes verbaux ou non-verbaux sont qualifiés de « motif » qui sous-entendent la production de justification du comportement de l’individu face aux autres (communauté, groupe d’individus) devant une situation donnée (Fillieule, 2001).

Dans ce chapitre, le fait de donner la parole aux acteur·rice·s principaux·ales – les mineur·e·s polyvictimes – ainsi qu’aux acteur·rice·s secondaires – les intervenant·e·s – est donc justifié. L’interactionnisme symbolique auquel la chercheuse a recours pour comprendre comment les espaces de sociabilité (les différents groupes) interfèrent dans la manière de voir le programme de resocialisation, offre l’opportunité de mettre en exergue à travers leurs actes verbaux ou non :

  • les motivations et revendications ayant poussé ces mineur·e·s polyvictimes à s’organiser en groupes épousant la culture de l’extrême violence;

  • la signification de leurs actes barbares;

  • leurs attentes de ce programme;

  • le point de vue des intervenants et intervenantes.

La démarche ethnographique

Le choix de cette démarche s’explique par le fait que l’ethnographie aide « à une meilleure compréhension de la culture partagée par des groupes singuliers » (Pepin, 2011, p. 31). Cléret (2013, p. 53) explique qu’elle permet de « comprendre et d’expliquer davantage les comportements de consommation des individus ». Et Fassin (2008) ajoute qu’elle décrit en rendant fidèlement compte de la réalité observée. Le recours à cette démarche permet de comprendre et expliquer les effets ainsi que les impacts du projet ou programme de resocialisation sur le comportement des mineur·e·s polyvictimes qui participent au dit projet (Cléret, 2013; Creswell, 1998; Fassin, 2008; Savoie-Zajc, 2007). Toutefois, il sied de relever avec Creswell (1998) que l’ethnographie de type critique couplée à l’observation et l’entretien comme outils de recherche répond au mieux aux objectifs visés dans ce chapitre qui sont de comprendre les impacts des activités issues du programme sur le comportement du groupe, mais aussi d’émanciper le ou la chercheur·euse. Autrement dit, de donner une liberté de réflexion en dépassant les résultats obtenus et en allant au-delà de ce qui a été institué pour approfondir sur ce qui a été à la base du débordement du phénomène (Creswell, 1998; Laforgue et al., 2017; Pepin, 2011).

En ce qui concerne la démarche d’observation, une grille a été élaborée à cet effet. Elle se focalise sur les interactions entre les différent·e·s acteur·rice·s (principaux entre eux; entre principaux et intervenant·e·s; intervenant·e·s entre elles et eux; et entre autres catégories de personnes impliquées dans le programme). La participation du ou de la chercheur·euse aux différentes activités qui font partie du programme est requise pour appréhender divers faits observables. Cette posture peut toutefois compromettre l’étude, car à cause du fait d’être observé·e·s, les acteur·rice·s peuvent, par exemple, faire semblant ou avoir peur.

Concernant l’entretien, Poupart (1997, p. 174) explique qu’il est utilisé « surtout comme instrument privilégié d’accès à l’expérience des acteurs ». La démarche ethnographique offre l’avantage de ne pas faire de distinction entre l’observation et l’entretien en permettant d’avoir des entretiens informels avec les acteur·rice·s. Or, ces entretiens donnent des éléments de compréhension qui s’avèrent importants dans l’analyse des données (Fassin, 2008). Pour utiliser le choix d’un guide d’entretien, la chercheuse a fait le choix de l’entretien non directif combiné à l’entretien semi dirigé, afin de revenir sur les zones d’ombre laissées pendant la narration du récit de vie des mineur·e·s polyvictimes (Poupart, 1997).

Dans le cadre du programme de resocialisation, la chercheuse s’attend, en principe, à des changements positifs dans la vie des mineur·e·s polyvictimes. Son objectif est donc de mettre en lumière les éléments essentiels et non essentiels à prendre en compte dans une intervention de protection envers elles et eux. Cette intervention devra répondre à leurs besoins spécifiques en y intégrant les impacts ou effets du programme de resocialisation.

L’induction, méthode d’approche utilisée

La méthode d’approche inductive dans cette étude trouve son avantage, comme le soutient Kaufmann en permettant de « ne pas tomber dans ce piège où l’on installe la théorie d’entrée de jeu et où les faits, trop aisément manipulables, se cantonnent dans un rôle d’illustration-confirmation » (Kaufmann, 2001, p. 12). Elle met en lumière – au fur et à mesure de la collecte des données de l’expérience des act·eur·rice·s sur le programme existant – des éléments qui impactent positivement ou négativement afin de proposer des solutions.

Aléas de la recherche sur le terrain : le contexte

Quel que soit le procédé utilisé, le ou la chercheur·euse est toujours confronté·e à des aléas qui peuvent l’amener à reconsidérer ses méthodes de recherche sur le terrain. La chercheuse n’en échappe pas. Aussi, Pour mener à bien le recueil de données de sa recherche[2], une organisation non gouvernementale locale s’est disposée à l’accueillir et l’accompagner pour avoir les différentes rencontres. Sa présence sur le terrain a coïncidé avec la recrudescence et l’aggravation du phénomène des mineur·e·s polyvictimes qui prenaient maintenant pour cible les forces de l’ordre et de sécurité.

Avec cette évolution de cibles, ces mineur·e·s polyvictimes avaient rendu délétère l’atmosphère et engendré un débat, voire une colère, au niveau des populations et administrations publiques. Ce débat s’employait à les renommer en « enfants en conflit avec la loi » ou « enfants en difficulté avec la loi ». Pourtant, il existait un centre de resocialisation les concernant et que les populations dans leur ensemble ignoraient pour diverses raisons.

Avant l’arrivée de la chercheuse, l’ONG hôte avait sollicité au profit de celle-ci, par courriers officiels, des rendez-vous auprès des institutions ivoiriennes. Un nombre assez significatif de rendez-vous sont restés sans suite à cause de la vivacité du problème. Fort de ce constat, la prudence lui était vivement recommandée. Cela n’a cependant pas empêché sa rencontre avec certains de ces mineurs polyvictimes moyennant de l’argent.

L’enquête à proprement parler

Avant la visite sur le terrain, la chercheuse avait prévu de visiter le centre de resocialisation. Cependant, la cellule en charge du programme, bien que sollicitée avec insistance, a rechigné sur la question. Ce qui a conduit à recourir à deux guides qui ont rempli pleinement pour elle la mission du centre de resocialisation. Ces guides devraient lui rapporter des interviews réalisées avec certain·e·s acteur·rice·s du centre et la notabilité du village l’abritant ainsi que des observations faites sur les installations du centre et du village. À sa satisfaction, le travail rendu a été largement réussi malgré les embûches. Les mineurs polyvictimes rencontrés personnellement par la chercheuse viennent de la rue à Cocody[3], à Abobo[4] et à Yopougon[5] (MACA[6]).

Utilisation de l’entretien avec les mineurs polyvictimes

Il était prévu d’interroger 30 enfants sur les 300 admis au centre de resocialisation. Cependant, face aux nombreuses embûches, seulement sept ont pu être interviewés par la chercheuse en dehors du centre. Les guides en ont interviewé deux devant le centre. Ce qui donne un total de neuf enfants avec lesquels la chercheuse a eu recours à différents types d’entretiens allant du semi-dirigé au récit de vie, en privilégiant l’interaction ou la conversation, ou la « négociation invisible » c’est-à-dire que pour ne pas altérer le déroulement de l’interview, la chercheuse a trouvé un compromis en laissant ces interviewés s’exprimer à leur aise selon leur ressenti sur les questions sur le moment (Olivier de Sardan, 2001).

Les interviews se sont déroulées dans un premier temps individuellement, puis avec le groupe dans un deuxième temps. La chercheuse a pu faire le constat suivant : pendant qu’elle interviewait une personne du groupe; soudainement, une autre commençait à faire son récit de vie sans que la parole lui fût donnée. Cette personne intervenait souvent sur l’effet de la colère ou du désespoir. Ainsi, il n’était pas possible d’isoler une personne du groupe pour l’interviewer toute seule parce qu’en dehors du groupe, elle craignait pour sa sécurité.

La durée de l’entretien était en moyenne de 01 heure 30 minutes et tournait autour de ces quatre thèmes : leurs expériences de vie en tant que mineurs polyvictimes ivoiriens; leurs perceptions sur le centre de resocialisation; leurs perceptions sur les autres moyens de réinsertion existant; les perspectives en vue de leur venir en aide. La chercheuse a joint à ses entretiens qui figurent en annexe une fiche signalétique inspirée de Poupart (1997).

Utilisation de l’observation avec les mineurs polyvictimes

Il était prévu d’utiliser l’observation non participante, mais le terrain a imposé à la chercheuse quatre types d’observation, pour répondre à la complexité de l’objet d’étude. Ce sont l’observation directe, l’observation indirecte, l’observation non participante et l’observation par l’intermédiaire d’informateur, focalisées toutes sur le comportement, l’habillement et l’environnement de ces mineurs polyvictimes.

L’observation directe a été le premier pas dans le début de la recherche. Selon Arborio (2007, p. 27),

elle est aussi le seul moyen d’accéder à certaines pratiques : lorsque celles-ci ne viennent pas à la conscience des acteurs, sont trop difficiles à verbaliser ou au contraire, font l’objet de discours préconstruits visant au contrôle de la représentation de soi, voire lorsque ceux-ci ont le souci de dissimuler certaines pratiques.

Ce type d’observation a permis à la chercheuse de s’imprégner du terrain afin de saisir et de comprendre, entre autres, le contexte de l’environnement social dans lesquels évoluent les mineurs polyvictimes et leur mode de vie. Comme souligné plus haut, à Abobo, la chercheuse a pu observer les endroits d’où ces mineurs, pour la plupart, sont issus.

L’observation indirecte a permis à la chercheuse de remédier aux empêchements de ses guides d’avoir directement accès aux locaux, en s’imprégnant elle-même des réalités de l’intérieur du centre au moyen d’un documentaire réalisé sur le site par la chaîne ARTE[7] (Berthiaume, 2004).

L’observation non participante a permis de regarder en prenant des notes et en enregistrant tout ce qui se passait dans le groupe que la chercheuse interviewait, sans qu’elle s’y ingère ou prenne parti; ou encore, exposer son point de vue dans les problèmes ou situations rencontrés (Berthiaume, 2004).

L’observation par l’intermédiaire d’informateurs a permis à la chercheuse d’avoir accès au centre de resocialisation et au fumoir (Olivier de Sardan, 1995). Cette fonction a été remplie à sa faveur par les deux guides chargés de mission dont l’un a été un ancien chef de fumoir. Elle s’est assurée de la crédibilité des informations transmises, en entrant en contact téléphonique avec chacune des personnes interviewées. Les échanges avec chacune d’elles, qui ont duré environ 30 minutes, ont permis de valider ou invalider les informations reçues sur leur environnement, comportement et habillement.

La méthode d’analyse utilisée

L’analyse des données a été l’étape cruciale du travail de la chercheuse car c’est celle qui a permis l’émergence de la théorie. Huberman et Miles (2003) expliquent que dans la démarche ethnographique, le but est de décrire, comprendre et expliquer les faits survenus dans un contexte unique, circonscrit. Dans le cas présent, le fait d’avoir interrogé plusieurs mineurs polyvictimes dans différents lieux amène à faire une analyse intersite. Le fait de multiplier les sites a permis à la chercheuse de faire une généralisation et d’approfondir la compréhension et l’explication du phénomène des mineur·e·s polyvictimes.

Noblit et Hare (1988) soutiennent que l’analyse intersite doit inclure une théorie de l’explication sociale qui préserve l’unicité tout en intégrant la comparaison. Huberman et Miles (2003) expliquent aussi qu’avant l’arrivée des logiciels aidant à l’analyse, il existait le mode traditionnel de présentation utilisé par le qualitatif qui :

est le texte narratif. Le texte se présente sous forme de notes de terrain transcrites que l’analyste parcourt, pour en extraire des segments codés et en tirer des conclusions. Ensuite, l’analyse prend généralement la forme d’un nouveau texte narratif : le compte rendu d’étude de cas. (Huberman et Miles, 2003, p. 143)

Avec l’avènement des logiciels d’analyse de données comme QDA, NVivo, entre autres, cette façon traditionnelle de faire qui est compliquée et ambiguë se trouve facilitée grâce à des systématisations (Carvajal, 2010). Même si ces logiciels sont appréciés, ils comportent aussi leurs inconvénients (Miron et Dragon, 2007). Bien que la chercheuse ait voulu recourir à ces logiciels pour l’analyse des données, elle s’est heurtée à des difficultés dans l’exploitation du langage utilisé par certains mineurs polyvictimes qui s’expriment en « nouchi »[8] – une langue de rue spécifique à la Côte d’Ivoire.

Face au défi de la retranscription des données recueillies brutes auprès de ces interviewés – locuteurs de « nouchi » – par ces logiciels susceptibles d’altérer leur authenticité, la chercheuse a préféré la méthode traditionnelle d’analyse. Cette décision lui a permis de garder les expressions employées par ces mineurs polyvictimes dans leur discours. Ainsi donc, même si Savoie-Zajc (2000), Huberman et Miles (2003) démontrent que le mode traditionnel comporte des risques de dispersion chez le ou la chercheur·euse, cette méthode est préférée parce qu’elle vise notamment à décrire le comportement de ces mineurs polyvictimes à travers leur langage et leurs interactions avec la chercheuse. En effet, pour ne pas se détacher de l’objet d’étude, il s’impose une immersion de la chercheuse dans le phénomène des mineur·e·s polyvictimes.

Ainsi, le recours à l’ethnographie de type interactionniste s’explique par le fait qu’elle permet de saisir de façon fine le comportement de ces mineurs polyvictimes et les différents contextes (sociohistorique, socioculturel, socioéconomique) dans lesquels ces derniers ont évolué (Cléret, 2013). Toutefois, bien que la subjectivité fasse partie intégrante de toute étude ethnographique, et que les logiciels d’analyse soient perçus comme des moyens techniques fiables, ces derniers ne seraient pas capables de faire ressortir la dynamique des entrevues avec ces mineurs polyvictimes. Et pour contourner cette subjectivité, la chercheuse a dû recourir à la triangulation, en cherchant des corrélations entre ce qui a été dit par eux, les actions menées sur le terrain et la littérature.

Avec cette précision, l’analyse a démarré par la synthèse des retranscriptions des entretiens et des observations recueillies telles qu’elles ont été enregistrées sur le terrain d’enquête. Après l’étape de retranscription, un compte rendu d’analyse avec des catégories a été produit (Savoie-Zajc, 2000). Ces catégories sont : la trajectoire de vie, les temporalités et les bifurcations, la composition du groupe et l’organisation ou la structuration du groupe (Marguerat, 2003). Cette analyse qui s’est faite en fonction des sites visités et dont les résultats obtenus ont été comparés, a permis de retenir ces trois catégories.

Enjeux du récit de vie au niveau des interviewés, de la phénoménologie et de la chercheuse

Par ces enjeux et par rapport à sa position épistémologique, la chercheuse voudrait s’assurer qu’elle a pu surmonter les obstacles qui se sont présentés à elle et au cas échéant, les possibilités qui se sont offertes à elle pour les remédier.

Au niveau du nombre des interviewés

Dès l’entame de cette recherche, il était prévu de rencontrer les mineurs polyvictimes au minimum à trois reprises afin de dissiper les incompréhensions à cause de leur langage ésotérique. Malheureusement pour moult raisons dont notamment leur addiction à la drogue qui leur fait changer constamment d’humeur, cela n’a pas été possible. Pour contourner cependant cette situation, des « guides-gardes » qui les côtoient dans la rue ont été mis à contribution pour traduire certains mots et phrases incomprises.

Finalement, la validation des données récoltées a été faite au moyen d’une triangulation entre ce que dit la littérature et ce que disent les acteur·rice·s secondaires. En tant qu’étude qualitative et les approches choisies par la chercheuse, il ne semble pas nécessaire de justifier cette limite. Elle n’a pas pour but d’être généralisable. La chercheuse est d’avis que ce travail gagnerait davantage en associant le qualitatif au quantitatif, voire une méthode mixte.

Au niveau de la phénoménologie : la position épistémologique de la chercheuse

Avant d’aller plus loin, il faudrait insister que les mineurs polyvictimes présentent une grande complexité. Ils ont chacun leur histoire, leur vécu du phénomène de violence qui est relatif et ne peut être validé ou fixé, leur évaluation de la qualité de vie et enfin le sens qu’ils accordent à l’expérience qu’ils vivent. Entrer donc en contact avec eux, c’est faire face à un flux d’informations subjectives que la science sous une perspective positiviste traditionnelle ne retient pas mais que la phénoménologie résout (Benner, 1985).

Dans la phénoménologie, comme l’explique Meyor (2007, p. 109-110), la subjectivité doit être comprise sous l’angle de la :

(…) qualité d’intentionnalité voire de non-intentionnalité, et délaisser résolument le subjectivisme. Que dire de ce dernier? (…)

Le sujet dans la pensée phénoménologique – car ce qui motive les phénoménologues, c’est l’étude des modes intentionnels par lesquels le sujet est en relation avec les choses qui l’environnent et/ou qui composent son vécu, voire celle de la non-intentionnalité qui fonde toute expérience intentionnelle.

Dans ce travail, la chercheuse est partie du postulat qu’il n’y a pas de vérité absolue, mais une pluralité de vérité selon les individus. Pour elle, il fallait rendre compte de la réalité du sujet sans chercher à interpréter pour mieux comprendre le phénomène. Grâce au récit de vie de ceux-ci, cet outil l’a aidée à cerner la question délicate et complexe de ces mineurs fiers de se faire appeler « microbes » en lieu et place d’« enfants en conflit » ou en « difficulté avec la loi » imposés par l’État.

En réalité, d’une certaine façon, le phénomène des mineur·e·s polyvictimes a déjà existé mais sous une autre forme. La guerre de 2010 a fait émerger la forme actuelle que ces jeunes ne se sont pas abstenus de dépeindre en situant ses diverses compositions, structures et organisations. En effet, il n’existe pas une seule organisation, mais plusieurs, dont la prise en charge en vue d’une intervention devrait tenir compte.

Cette étude visant à mettre en place une intervention de protection à partir du vécu des acteur·rice·s, ne peut ainsi se limiter uniquement à l’approche phénoménologique. La mise en place d’une telle intervention en faveur des mineur·e·s polyvictimes devrait idéalement coupler les approches phénoménologique et systémique et les faire cohabiter pour maximiser l’intervention à venir.

Au niveau de la chercheuse

Fassin (2008) explique la nécessité pour le ou la chercheur·euse d’être issu·e du milieu où il·elle travaille car il·elle a déjà une bonne connaissance de son terrain. Ce dont la chercheuse ne bénéficie pas pour diverses raisons, même si la Côte d’Ivoire est son pays d’origine. Elle a par conséquent fait face à de véritables écueils.

En effet, le premier est celui lié à l’insécurité et la violence. Elle a failli être victime d’agression de la part de ces mineurs polyvictimes dans la commune d’Abobo. Elle leur a échappé grâce à une personne qui les connaissait et qui l’accompagnait lors de cette visite. À part cette tentative d’agression, leurs propos crus et leur façon d’agir, lors des interviews, lui ont fait peur et exiger des mesures de prévention, de façon à ce que la recherche se poursuive malgré ces conditions difficiles.

Pour contourner cette difficulté, ses hôtes l’appelaient la veille des entretiens pour la rassurer et rappeler que des « guides-gardes » seraient envoyés pour sécuriser les lieux de la rencontre. En plus, elle évitait de rentrer à son domicile familial après six heures du soir – lorsqu’elle avait des entrevues avec des acteur·rice·s secondaires – afin de garder privé le lieu de sa résidence. Par prudence, même ses hôtes ignoraient l’emplacement de son domicile.

Le deuxième est d’ordre financier. Elle ne bénéficiait d’aucun financement pour la recherche sur le terrain, et était entièrement soutenue financièrement par ses parents. Or, ce type de travail exige de disposer d’un budget important pour rémunérer toute la chaîne humaine mise à contribution. En effet, la société ivoirienne est très regardante sur les pourboires et autres récompenses. La chercheuse n’a pas échappé à cette réalité et la plupart des personnes ressources approchées s’attendaient à des compensations de sa part. Malheureusement, ses ressources limitées ne lui ont pas permis de les satisfaire entièrement.

Le troisième est lié à son sexe féminin. Cette combinaison de faits rendait problématique sa recherche lorsqu’elle se présentait auprès des structures dont certaines étaient enclines à vérifier discrètement ses origines. En effet, la plupart de ses interviewé·e·s se demandaient pourquoi, en tant que femme, elle s’intéressait à un sujet aussi dangereux et sensible. Le fait d’être une femme qui étudie sur cette question était intrigant pour de nombreuses personnes qui pensaient qu’elle était une espionne malgré les documents académiques de son université.

Par contre, après réflexion, elle peut avancer que le fait d’être une femme a plutôt facilité la confiance mutuelle avec ses interviewé·e·s. Ces dernier·e·s qui au départ étaient très méfiant·e·s envers elle, ont fini par lui avouer qu’ils ou elles la prenaient pour une journaliste. Or beaucoup de soi-disant organes de presse s’étaient servi de leur cause pour s’enrichir à leurs dépens. Il fallait par conséquent de la patience et de la ténacité pour réussir à obtenir d’eux des informations. Celles reçues étaient en ce sens largement suffisantes.

Conclusion

Au terme de ce chapitre, le constat en lien avec l’objet d’étude interpelle et nécessite une approche singulière suivant plusieurs perspectives scientifiques. Le phénomène des mineur·e·s polyvictimes qui défraie la chronique en Côte d’Ivoire depuis la fin de la guerre post-électorale de 2010 est d’une profondeur et d’une complexité abyssales que la phénoménologie tente de démêler (Benner, 1985). En effet, le sujet est très peu documenté et ce travail participe de sa démystification. L’usage des termes « mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s » préférés par la chercheuse en lieu et place d’« enfants dits microbes » ou « enfants en conflit avec la loi » participe d’une volonté d’aborder le problème dans une perspective de recherche scientifique. Il décrit, notamment sur la base de leur récit de vie et du savoir d’autres disciplines scientifiques, les nombreux traumatismes dont chacun·e d’entre eux et elles a été victime.

En effet, sur le terrain de l’enquête, la chercheuse a rencontré des enfants traumatisés transformés par une succession d’événements dramatiques en « monstres » d’une très grande dangerosité. Ils ont chacun leur histoire, leur vécu du phénomène du reste relatif et qui ne peut être validé ou fixé, leur évaluation de la qualité de leur vie, et enfin, le sens qu’ils accordent à l’expérience qu’ils vivent. Entrer en contact avec eux, comme la chercheuse l’a entrepris pour des raisons de recherche, c’est faire face à ce flux d’informations subjectives que la science selon une posture positiviste traditionnelle ne retient pas. D’où l’utilité de la phénoménologie sus évoquée qui, en tant que méthode codifiée, a permis de comprendre, à partir de leur récit de vie, la signification des phénomènes subjectifs, sans les dénaturer (Goodinson et Singleton, 1989).

Se limiter toutefois à la phénoménologie serait réducteur, si l’objectif final poursuivi est la mise en place d’une intervention de protection centrée sur ces mineur·e·s polyvictimes. C’est pourquoi le recours à d’autres postures ou perspectives en lien avec des disciplines scientifiques comme le socioconstructivisme, l’interdisciplinarité, s’est imposé.

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  1. Ce sont des élèves ou disciples apprenant le Coran auprès d’un maître coranique qui est très souvent un marabout. Ce sont, la plupart du temps, des garçons âgés entre 5 et 15 ans, issus de familles musulmanes très pauvres. Ils vont principalement dans les rues pour quémander de l’argent, de la nourriture, etc., auprès des populations, à la demande de leur maître. Ils se retrouvent dans les pays de l’Afrique de l’Ouest où la religion musulmane est la plus pratiquée, à savoir le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et la Guinée.
  2. Elle s’est effectuée en Côte d’Ivoire d’août à novembre 2017 soit sur quatre (04) mois.
  3. Cocody est l’une des dix communes de la ville d’Abidjan qui est la capitale économique de la Côte d’Ivoire.
  4. Abobo est l’une des dix communes de la ville d’Abidjan. Elle est l’une des communes les plus peuplées et des plus grandes. Sa population est composée de tous les peuples dont majoritairement des immigrant·e·s issu·e·s pour la plupart de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest et des peuples du nord de la Côte d’Ivoire. Les populations – en majorité des femmes et des enfants – vivent dans l’extrême pauvreté. C’est cette commune qui a vu naitre le phénomène des mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s à la suite du conflit armé de 2010-2011 lors de la crise postélectorale. Ce qu’il faut retenir de cette commune par rapport aux autres de la ville d’Abidjan est son extrême pauvreté et sa marginalisation. Ces dernières années ont grandement contribué à exacerber le sentiment d’abandon chez ses populations résidentes. Ce sentiment qui dure depuis des décennies en exerçant une influence négative sur leurs enfants fait partie des éléments créateurs du phénomène des mineur·e·s polyvictimes ivoirien·ne·s.
  5. Yopougon est l’une des dix communes et la plus grande commune d’Abidjan.
  6. MACA : Maison d’Arrêt et de Correction d’Abidjan est la plus grande prison de la Côte d’Ivoire qui depuis le 3 mai 1980 est située dans la commune de Yopougon.
  7. Côte d’Ivoire : les enfants de la crise - ARTE REPORTAGE, 2017, de la 10ème à la 13ème minute. En ligne : https://www.arte.tv/fr/videos/076446-000-A/cote-d-ivoire-les-enfants-de-la-crise-2017/.
  8. C’est la langue de rue parlée en Côte d’Ivoire. C’est le mélange du « dioula », une langue commerciale largement parlée aussi bien en Côte d’Ivoire que dans les pays limitrophes, et du français très élémentaire.

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