Hélène Rhéaume, enseignante de travail social
Ce qui me vient spontanément, c’est une personne que je considère comme mon mentor en plein air. C’était un formateur de futurs moniteurs et futures monitrices, un mordu de plein air et d’animation, un puriste en la matière. Il était écolo bien avant son temps. Il avait 35 ou 40 ans, et moi j’en avais 17. Pendant l’année, il travaillait dans les écoles, et l’été, dans les centres de plein air, qui sont un peu comme des écoles d’été. Au lieu d’apprendre le français, l’anglais, les mathématiques, les enfants y font du canot, du tir à l’arc et d’autres activités, pour s’amuser. Ce camp était dans les Laurentides, au nord de Montréal.
Le matin, ce moniteur nous faisait réaliser des exercices pour commencer la journée, pour se mettre en train. C’était quelqu’un de très sérieux en apparence, mais dans le fond très rigolo. Une des activités qu’il animait était « le jeu des minuscules ». Il fallait se préparer à déjeuner comme si on était des enfants miniatures. On amenait le bol comme s’il était énorme, et c’était de grands travaux de se faire un petit déjeuner. Tout ça, vu qu’on était des « minuscules », c’était très amusant. Le moniteur arrivait pour nettoyer la table et devant sa main géante, les minuscules s’enfuyaient à toutes jambes!
Il nous disait : « Quand on travaille avec un groupe, il faut s’appliquer avec autant d’attention qu’en met un·e enfant qui fait un château de sable. Mais comme l’enfant avec son château de sable, il faut laisser la vague l’emporter. Il faut y mettre tout son temps, mais en sachant que la vague… » Même dans mes relations d’amitié, de vie, j’applique ça : quand on est là, on essaie de mettre autant de cœur, d’énergie, mais en sachant que rien n’est éternel.