Francesca Auguste, enseignante de créole
Dans ma famille, on peut dire que l’enseignement a toujours été présent. Pendant ma classe secondaire, je ne voulais pas enseigner, mais mon père avait une vision pour moi. Il me disait souvent : « Francesca, vu ta performance à l’école, tu dois devenir normalienne. » Après avoir terminé mes études classiques, j’ai étudié la gestion. Malgré toutes mes recherches, je n’ai pu trouver un travail. Un soir, en dormant, j’ai rêvé que j’étais dans une salle de classe en train d’enseigner la littérature française. Je m’en souviens très bien! En me réveillant, j’ai raconté ça à ma maman. Elle m’a encouragée à aller chercher des cours à donner. J’ai dit : « Maman, je ne suis pas normalienne, je ne vais pas trouver de cours. » Elle m’a dit : « Tu vas chercher des cours, ensuite, tu iras à l’École normale ». Mais j’ai dit : « Les élèves sont trop ennuyeux, maman, je m’en souviens quand j’étais à l’école. » Et, le pire, c’est que dès ma première demande d’enseignement, tout de suite, on m’a engagée. J’ai commencé dans un lycée à Port-au-Prince, à la capitale, il y a treize ans de cela. J’ai commencé avec tout le dynamisme nécessaire pour atteindre mon objectif. L’année suivante, je me suis inscrite à l’École normale supérieure et j’ai étudié les sciences sociales. Depuis, je suis enseignante.
L’enseignement est pour moi un sacerdoce. J’aime enseigner, même s’il y a des difficultés. Présentement, en Haïti, les enseignant·e·s traversent beaucoup de difficultés, mais je n’entends pas rester sans enseigner. Il y a des réformes en cours parce que c’est vraiment lourd, surtout pour certains élèves. Il faut qu’avec le « nouveau secondaire », ça change. Il représente pour nous une autre façon de vivre l’enseignement. Certains élèves ont étudié dans le secondaire traditionnel et se sont intégrés dans le nouveau secondaire, et ça cause beaucoup de difficultés aux professeur·e·s. L’éducation en Haïti doit changer. Les enseignant·e·s ont besoin de se former, par exemple, sur l’approche par compétences. Nous, les professeur·e·s, nous avons toujours besoin d’apprendre.