8 Les codes de la déférence autour du lamido Issa Maïgari

Gilbert Willy Tio Babena

Résumé

L’article analyse du matériau langagier qui marque la reconfiguration de la déférence dans l’institution lamidale. Autrefois vénéré sur les terres qu’il administrait, le lamido a dû courber l’échine, d’abord face au colon puis face à la force du nouvel État indépendant, pour maintenir l’autorité sur son peuple et un certain nombre de privilèges. Ce pacte n’a pas été sans conséquence sur la vie civile et les usages protocolaires qui impliquent la figure du monarque. Le dernier des Sultans, document filmique qui retrace les grands moments qui scandaient le quotidien du lamido Issa Maïgari, saisit les différents visages de ce jeu de déférence. Le témoignage des protagonistes du film de Denis Whyte, leur langage gestuel et la narration d’Eldridge Mohammadou permettent de dégager, dans ce matériau multimodal, l’inscription d’une perception temporelle, aussi bien endogène qu’exogène, de la révérence dans les sociétés traditionnelles africaines.

Mots-clés : déférence, terme honorifique, politesse, lamido, Nord-Cameroun

Abstract

The article analyses the language material that marks the reconfiguration of deference in the lamidal institution. Once revered in the lands he administered, the lamido had to bend over backwards, first in the face of the colonist and then in the face of the force of the newly independent state, in order to maintain authority over his people and a number of privileges. This pact was not without consequences for civil life and the protocol practices that involve the figure of the monarch. The Last of the Sultans, a film document that retraces the great moments that marked the daily life of the lamido Issa Maïgari, captures the different faces of this game of deference. The testimony of the protagonists of Denis Whyte’s film, their gestural language and Eldridge Mohammadou’s narration make it possible to identify, in this multimodal material, the inscription of a temporal perception, both endogenous and exogenous, of deference in traditional African societies.

Keywords: deference, honorific term, politeness, lamido, North Cameroon

Introduction

Je m’intéresserai dans ce texte à la pratique de la déférence autour de la figure du lamido, dirigeant influent d’un modèle de chefferie traditionnelle au Nord-Cameroun[1]. Certes la notion ne permet pas de saisir directement la résilience des populations qui y vivent, problématique majeure de ces miscellanées, mais elle facilite tout de même l’observation du cérémonial autour de la personne qui incarne le pouvoir traditionnel et la survivance de l’institution lamidale. Le texte se donne dès lors un double objectif : (a) dégager le réseau de significations couvert par les rituels déférentiels et (b) expliquer comment le langage déférentiel articule les niveaux politique et social dans les représentations du pouvoir. Le rapprochement entre le politique et le social s’arc-boute sur l’idée que les changements politiques reflètent d’une certaine manière les aspirations sociales. Il se développe au même moment un univers de discours qui permet de saisir ces transformations et la structuration du social. Le corpus de cette étude est une archive d’anthropologie visuelle datant de 1997 qui saisit les représentations majeures du pouvoir données par le lamido Issa Maïgari. À ce titre, je m’appuierai sur la totalité du matériau multimodal (dialogues, sous-titres, images, gestes) pour mettre en rapport la notion de déférence avec la dynamique régionale du palais d’une part et les représentations du pouvoir en région extérieure d’autre part.

Mise au point sur la déférence

Par la déférence, Erving Goffman « désigne un composant de l’activité humaine dont la fonction est d’exprimer dans les règles à un bénéficiaire l’appréciation portée sur lui, ou sur quelque chose dont il est le symbole, l’extension ou l’agent » (1974, p. 50-51). A priori, la notion tend à se rapprocher de celle de respect, mais on lui ferait perdre sa substance si on admet une quasi-synonymie puisqu’elle est englobante et dispose d’un socle symbolique, culturel et social. Le cérémonial lié à la déférence amène souvent le sujet à jouer un rôle dépouillé d’admiration envers le bénéficiaire ou d’estime réellement ressentie. Dans l’ordre de l’interaction, la déférence évoque prioritairement la relation verticale même s’il peut aussi exister des rituels de considération mutuelle entre des personnes de même statut social. L’attitude du supérieur ou de la supérieure bénéficiaire se rapproche très souvent de l’ordre des attentes et celle de l’inférieur-e, généralement en position d’offrante, se traduit en termes d’obligations : « les obligations de l’un sont les attentes de l’autre », dira Goffman (ibid., p. 45). Le cérémonial s’opère entre les rites d’évitement et les rites de présentation largement décrits dans les deux tomes de La mise en scène de la vie quotidienne (Goffman, 1973a, 1973b). Les premiers commandent à l’offrant-e de garder une distance dans l’optique d’éviter de poser des actes qui vont à l’encontre de la bonne conduite et des rituels protocolaires tandis que les seconds regroupent un ensemble d’« actes spécifiques par lesquels l’individu fait savoir au bénéficiaire comment il le considère et comment il le traitera au cours de l’interaction à venir » (Goffman, 1974, p. 63).

Les déférences par « évitement » et par « présentation » télescopent le cadrage de la théorie dite de la politesse nourrie des travaux de Goffman et enrichie par Brown et Levinson (1987). Bien que j’inscrive les descriptions ci-dessous à la lisière des interactionnismes linguistique et symbolique, je veux m’écarter des considérations qui réduisent cette notion à un « cas particulier de politesse » marqué dans un énoncé (Kerbrat-Orecchioni, 1992, p. 258). Il convient ici de souligner que l’objet d’étude est un rituel communicatif et pourrait intégrer, par conséquent, la dimension pragmatico-sémantique (Kaufmann, 2006, p. 92) qui préoccupe entre autres la philosophie du langage et la pragmatique, à savoir : les déférences dites sémantique, linguistique et épistémique. La première concerne le rapport entre le contenu sémantique des énoncés et les états mentaux relevant de l’ordre de la connaissance et des croyances (Brabanter, 2006). Avec la déférence linguistique, il est question de « l’utilisation du langage et le sens des mots que nous employons », mais également des « raisons justificatives de nos énoncés » (Brabanter et al., 2007, paragr. 1). Enfin, la déférence épistémique s’entendra comme la soumission motivée par la présomption de détention d’un savoir. La prise en compte de la totalité du matériau filmique, qui propose une photographie-type des pratiques déférentielles dans l’institution lamidale, me force ainsi à entrer par la déférence sociale. Cette dernière organise les rapports interpersonnels de type hiérarchique et est, de ce fait, étroitement liée aux types sémantique et épistémique comme a pu le montrer Kaufmann (ibid.).

Photographie de la pratique lamidale du pouvoir

Les systèmes politiques traditionnels centralisés de la partie septentrionale du Cameroun prennent leurs racines dans l’empire Sokoto, bien avant la colonisation. Sur l’ensemble des territoires soumis à la suite de la conquête islamique menée par Othman Dan Fodio et Modibo Adama entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, la vie y est organisée autour des lamidats. Voici la description qu’Engelbert Mveng donne de ce système politique :

À la tête d’un lamidat, se trouve le lamido, élu à vie parmi les membres de la famille régnante. Il est de race[2] foulbé. Dans les régions où le métissage s’est doublé de compromis politiques, c’est le cas de Ngaoundéré, un dosage très savant veille à ce que des descendants de père ou de mère foulbé ou mboum alternent sur le trône (1963, p. 203).

Près de 60 ans plus tard, le fonctionnement du lamidat de Ngaoundéré n’a pas réellement changé. L’alliance entre les ethnies foulbé et mboum prévaut toujours dans l’ordre successoral du trône. Si le lamido est traditionnellement d’obédience musulmane, il faut souligner toutefois que son pouvoir s’étend en réalité au-delà de la communauté musulmane dont il en est l’émir. Historiquement, le monarque était aussi chargé de gérer le patrimoine foncier de son aire de commandement dans lequel il garantissait la justice. Il était reconnu comme le « maître des hommes qui dépendent de lui [et détenait] le droit de vie et de mort » (Mveng, ibid., p. 204), droit qui s’est progressivement effrité avec la colonisation jusqu’à disparaître totalement à l’indépendance du Cameroun oriental en 1960.

À l’âge d’or des lamidats, la figure du lamido était celle d’un monarque absolu. Nonobstant les mutations sociopolitiques, l’institution lamidale a traversé le temps, s’est transformée pour garder son influence sur la vie publique et s’adapter d’abord face à la colonisation occidentale, ensuite face à l’administration postcoloniale qui a cheminé, en fin de compte, vers un système démocratique moderne marqué par la multiplication des partis politiques et le clientélisme (Abé, 2007). Ces différentes mutations ont été plus ou moins consignées dans l’archive qui sert de corpus à cette étude. Le dernier des sultans (LDS), réalisé par Denis Whyte (1997) avec l’appui de l’anthropologue visuelle Lisbet Holtedahl, est un film qui présente le lamido Issa Maïgari dans l’exercice quotidien du pouvoir. Les rituels déférentiels de ce film permettent d’apprécier d’emblée la puissance du suzerain, mais également les visages du respect dans le Nord-Cameroun dont on trouve déjà une description dans Théophile Calaïna et Amine Goron (2020)[3]. Ils indiquent par ailleurs ce qu’était le pouvoir de ce dernier par le passé, sa reconfiguration au gré des mutations sociopolitiques qui ont accompagné la vie du royaume et la substance culturelle cérémoniale qui assure la survie de l’institution. Né vers 1926 à Ngaoundéré d’un père peul et d’une mère mboum conformément à la tradition, Issa Maïgari Yaya, alors lamido de Ngaoundéré, est issu d’une lignée de monarques dont le règne s’étendait sur le territoire historique de l’Adamaoua. Intronisé le 1er mai 1973, le 17e roi de la dynastie des lamibés de Ngaoundéré est décédé le 20 février 1997, année de la parution du document ethnographique qui me servira de corpus (voir le film à partir du QR code ci-dessous). Dans la suite de ce texte, je tâcherai d’étudier comment la déférence s’organise autour de ce personnage royal.

Planche 1. QR code pour visionner le Dernier des sultans

Sémiotique de la déférence dans la dynamique régionale du palais

La déférence au lamidat est intrinsèque à l’organisation de la vie du palais. L’institution en elle-même évoque déjà l’adoption de bonnes manières étant donné qu’elle est le lieu de la représentation par excellence du pouvoir du roi. La notabilité y trouve légitimation et adopte un code de conduites qui atteste d’une part de son allégeance à ce dernier et qui la distingue d’autre part de simples citoyen-ne-s de même que des esclaves – une catégorie sociale disparue par la force de l’évolution politique du Cameroun et désormais restreinte à l’enceinte du palais. Il est du sens commun que la société de la cour n’est toujours pas suspendue aux comportements protocolaires tout le temps et dans chaque recoin. Les déplacements du lamido dans les régions du palais activent différents types d’attitudes déférentielles que Denis Whyte et Lisbet Holtedahl ont su capter. La dynamique régionale engendre ainsi une dynamique déférentielle dont les codes et le sens diffèrent. La région, pour l’interactionnisme symbolique, est « tout lieu borné par les obstacles à la perception, ceux-ci pouvant être de différente nature » (Goffman, 1973a, p. 105). Parmi les trois régions (antérieure, postérieure et extérieure) mises en exergue par Goffman, seules les deux premières concernent effectivement les usages déférentiels du palais.

Le lamido dans la région antérieure

Les murs et la cour royale, le tribunal coutumier, de même que le vestibule (jawleeru) dans lequel le lamido entretient sa faada (ministres et notables), sont des exemples de composants de la région dite antérieure, celle dans laquelle le pouvoir est symboliquement représenté avec ses principaux attributs (tenues d’apparat pour le lamido et sa cour, chevaux parés, sabres fourrés, manteaux, etc.). Dans cette zone, les actes de déférence indiquent soit la fonction du déférant ou de la déférante, soit son rang social. Certains membres de la garde rapprochée, qui se recrutent en partie dans la classe des esclaves (macobe), sont toujours pieds nus, décoiffés et évitent même de croiser le regard du lamido (figure 1). Ils sont vraisemblablement les fantassins de la garde royale. Le port d’une coiffe (bonnet et/ou turban) en présence du lamido est visiblement un signe de notabilité ou indique, tout au moins, que les porteurs ont une préséance sur les décoiffés. Les signes déférentiels qui discriminent ces deux catégories sont les mêmes tant dans la cour royale que pendant les sorties du lamido Issa Maïgari en véhicule ou à cheval.

Planche 2. Position des corps au passage du lamido

Au sein de la cour, l’on peut observer par ailleurs que la posture est essentielle à l’acte de déférence. Autour du roi, les courtisans s’asseyent à même le sol lorsque celui-ci est assis sur son trône, exception faite des serviteurs qui le ventilent. Les femmes sont majoritairement absentes de ces représentations du pouvoir dans la région antérieure. Elles n’y trouvent une place qu’en tant que danseuses (jeunes filles) ou griottes (femmes âgées). La caste des griots et griottes est en position d’offrant. Ils et elles officient en qualité de louangeurs et louangeuses publics du lamido. Ce dernier est élevé par des procédés rhétoriques :

  • métaphore animalière + impératif de suggestion comportementale : « Grand Éléphant, pose tes pieds à terre en paix! » (LDS, sous-titrage, 34:13), « Déplace-toi lentement, Grand Lion » (LDS, sous-titrage, 34:15);
  • appellatif avec caractérisation méliorative : « Grand Éléphant solitaire! Couronné de dignité! » (LDS, sous-titrage, 34:30 – 34:35);
  • salutation + métaphore animalière et de son de protecteur : « Salut à vous, ô Éléphant! », « Santé à vous, ô notre Père! », « Salut à vous qui répondez à nos supplications! » (LDS, sous-titrage, 42:11 – 42:26);
  • impératif de souhait + métaphore de puissance : « Portez-vous bien, Grand Pilier de l’Univers! » (LDS, sous-titrage, 42:14).
Image 3. Deux femmes griottes (LDS, 42:15)

Les termes honorifiques ci-dessous participent d’un jeu de déférence linguistique qui vise à magnifier publiquement les qualités exceptionnelles du bénéficiaire. La scène dans laquelle a été capturée l’image 3 brille par la rythmique du jeu énonciatif marqué de nombreuses hyperboles imagées (Grand Éléphant, Grand Lion, Grand Pilier de l’Univers). La griotte du premier plan (à droite) donne de la voix pour se faire entendre non seulement du lamido, mais aussi du public. Celle qui est au second plan (à gauche) rythme les éloges des youyous stridents et reprend des dithyrambes du roi pendant les moments de récupération de la principale donneuse de voix.

La sacralisation de la parole du lamido est aussi un important rituel de déférence dans Le dernier des sultans. L’idée est que le roi ne s’adresse pas directement à son véritable destinataire, mais a recours à une tierce personne pour assurer la communication. Le dispositif communicatif de l’interposition met généralement en scène trois participants que j’ai appelés dans de précédentes observations le souffleur, l’intermédiaire et le receveur[4]. Cette terminologie semble toutefois ne pas s’accorder à la réalité des données quoique le principe de base reste le même. Dans le sillage de la déférence, l’on remarque que le ou la bénéficiaire de l’acte s’adresse à un-e intermédiaire, lui-même ou elle-même en position d’offrant-e supérieur-e, lequel ou laquelle s’adresse à son tour à un-e offrant-e inférieur-e sur l’échelle de valeurs. En retour, l’intermédiaire porte le message de l’offrant-e inférieur-e au bénéficiaire ou à la bénéficiaire. Le film propose une scène illustrative du phénomène qui connaît une configuration particulière puisque toutes les instances s’écoutent mutuellement. Le lamido s’adresse à l’imam par l’intermédiaire du juge (alkali) au sujet d’un complot qui est fomenté pour déstabiliser son royaume. Sa position haute de bénéficiaire est confirmée sur le plan linguistique par l’usage du discours rapporté (Lamɗo wi’i, le lamido a dit que) chez l’alkali[5].

Wakiili : To ɓe yecci goɗɗo oo mallum, o hula Alla, o hulataa goɗɗo. To, aaybee ɗoo, ko woni haa mallum’en, ngam lamɗo ɗo ƴewna ɓe, ɓe jooɗa, ɓe yeewta bee maɓɓe, ɓe yecca mo huunde ko haani tokka diina, tokka laawol ƴimɓe, laamu wooɗa, ɓe yeccataa! ɓe yeccataa!

Si une personne est appelée mallum (marabout, savant), il doit craindre Dieu et non les humains. Le manquement chez ces savants, c’est que, lorsque le lamido les appelle pour qu’ils s’asseyent pour discuter afin qu’ils lui disent ce qui est conforme à la religion, conforme à la volonté des populations, ils ne le lui disent pas! Ils ne le lui disent pas!

Alkaali : Kamɓe ɓe moɓti balmi ɓaleeji.

Eux, ils ont réuni les armes mystiques (litt. : les armes noires)

Liman : um um. [Inaudible]

Hum hum

Alkaali : Annabiijo boo wi’i do’a on woni balmol mum. To, juulɗo haa woni fuu, do’a on. Do’a on woni balmol mum.

Quant au prophète, il dit que son arme, c’est la do’a (formule de prière). Bien, le musulman où qu’il soit, doit faire la do’a. C’est la do’a qui est son arme.

Liman : Do’a tan!

La do’a seulement!

Alkaali : Do’a ɗoo tan. Alla ruɗɗita ɗum dow…

Seule la do’a. Et Dieu retournera cela [leur plan] contre…

Laamiiɗo : Yimɓe maatootira nii.

Que les gens [de la cour] s’informent mutuellement.

Alkaali : Lamɗo wi’i sey en maataani ƴimbeeji men, wuttudu men. E non boo ɗum wona dow anniya, ndey juuli fuu waɗa du’a. Alla ruɗɗita anniya maɓɓe dow maɓɓe. Hee hee.

Le lamido a dit qu’il faut que nous informions [vous et moi], que vous informiez nos gens, ceux de notre camp. Par ailleurs, que nous formulions l’intention qu’après chaque prière, nous fassions la do’a.

Liman : um um. Non non.

Hum hum. C’est cela.

Laamiiɗo : Yaunde kam ɗo siryi ɗum hannde ɗoo. To ɓe wi’i ɓe waɗan kam, ɓe waɗan hannde.

Yaoundé quant à lui est préparé pour aujourd’hui même. S’ils [les protestataires] disent qu’ils le feront, ce sera aujourd’hui.

Alkaali : Naywu.

Oui.

Laamiiɗo : To ɓe waɗi kam, Yaunde mbaran ɓe jur.

S’ils le font, Yaoundé tuera beaucoup parmi eux.

Alkaali : Mbaaran?

[Ils les] tueront?

Laamiiɗo : Mbaran! Ngam mi nani jey haa Yaunde man ɗoo, mawɓeeji man on ɓe sufti jonta ɓe nangi.

[Ils les] tueront! Parce que j’ai appris que, pour ce qui s’est passé à Yaoundé, ce sont leurs chefs qui ont été identifiés et arrêtés.

Liman : Um um.

Hum hum.

Laamiiɗo : Kamɓe on boo mawɓe man haa ɗoo.

Et ce sont eux les meneurs [de la contestation] ici [dans la ville].

Alkaali : Oo’ho.

Oui.

Laamiiɗo : Na ɓe accataa.

Mais elles [les autorités politiques] ne laisseront pas [faire les manifestants].

Alkaali : Ko laarani madarasa ɗoo, ɓe accataa.

En ce qui concerne les écoles-là, elles ne laisseront pas.

Laamiiɗo : Ɓe accataa!

Elles ne laisseront pas!

Alkaali : Ɓe accataa!

Elles ne laisseront pas!

Laamiiɗo : Ɓe accataa!

Elles ne laisseront pas!

Le lamido dans la région postérieure

Les codes déférentiels se reconfigurent toutefois au fur et à mesure que le lamido s’infiltre dans la région postérieure du palais. Cette zone représente « l’ensemble des endroits sur lesquels la caméra n’est braquée à un moment donné, ou qui sont hors de portée des micros branchés ‘‘en direct’’ » (Goffman, 1973a, p. 116). L’évocation de l’appareillage de captation audiovisuelle dans ce passage doit être prise au sens métaphorique pour mieux comprendre la présence des micros et de la caméra de l’équipe Whyte et Holtedahl dans les coulisses du palais. Il semble à l’évidence que l’intrusion ait été acceptée par le sultan. Le film est un montage et, en ce sens, il propose une réécriture qui nécessite éthiquement l’assentiment du principal protagoniste avant sa diffusion. On pourrait donc postuler que ce qui est vu et entendu a été validé par le lamido. Au niveau vestimentaire, ce dernier délaisse sa tenue d’apparat dans la zone postérieure pour une gandoura ordinaire qui marque tout de même son importance. La distance proxémique est réduite avec ses interlocuteurs et l’ambiance plus détendue. Le sultan visite la cuisine de ses épouses (image 4), s’assoit sur les mêmes fauteuils qu’elles dans ses appartements privés et se laisse même aller sans complexe au bâillement (image 5).

Planche 3. Le sultan dans ses appartements privés

La région postérieure du palais demeure, quoi qu’il en soit, est une zone d’influence où chaque courtisan-e tente d’attirer l’attention et s’octroyer les faveurs du roi par le biais des ragots ou de simples plaisanteries. C’est un peu le lieu où le lamido peut se décharger de ses journées et parler de la vie du palais avec relâchement (LDS, 39:52 – 40:17). Même dans cet espace, il doit garder sa casquette de chef en répondant par exemple à des demandes matérielles (LDS, 39:14 – 39:25) ou de bénédiction (LDS, 33:54 – 34:00). Le barbier conserve par exemple son bonnet en présence du roi et plaisante avec lui sur le griot qu’on entend en fond sonore. Il traite celui-ci de bavard, de sorcier dangereux et arrive même à faire admettre cette suspicion au lamido : « – On dit que ce griot fait fuir les gens, car serait un sorcier dangereux. – Est-il réellement un sorcier ? – Il a des yeux injectés. – C’est vrai. – Et il parle comme un sorcier » (LDS, sous-titrage, 29:53 – 30:18). Le relâchement de la déférence dans cette zone ne signifie pas sa disparition. Le quartier des femmes (reine mère, veuves du défunt lamido, concubines) est l’un des lieux où s’observent d’autres types de rituels déférentiels du pouvoir. Les veuves du père du lamido s’asseyent à même le sol ou se mettent en quatre à son passage ou lorsqu’elles doivent échanger avec lui (images 6, 7 et 8). Elles font partie du faste du royaume et contribuent à relever son image en exécutant des danses lors des cérémonies ou des événements heureux. Si pour un observateur ou une observatrice leur posture peut s’interpréter comme relevant de la servitude, la signification culturelle de ce geste s’ancre plutôt dans la perpétuation de la tradition du royaume. Dans le sillage des explications qu’elle donne à une membre de l’équipe du tournage, l’une de ces vieilles dames conclut : « Il ne s’agit pas de servitude réellement, mais nous ne servons que de parure ici pour le lamido » (LDS, sous-titrage, 31:43 – 31:51).

Planche 4. Position des femmes au passage du lamido

L’échange de la capture d’écran 8 ci-dessus est révélateur d’une déférence sémantique qui a cours dans les quartiers des femmes. La vieille assise par terre converse avec le lamido en langue mbum au sujet de son fils. Alors que le sultan lui propose d’accorder une audience à son fils, celle-ci réclame plutôt avec insistance la bénédiction pour le compte de sa progéniture : « – Nous devons parler du problème de ton fils. Dis-lui de venir me voir n’importe quand. Sauf le vendredi. – Il a besoin de ta bénédiction. – Dans ce cas, donne-la-lui de ma part (sourire du lamido) » (LDS, sous-titrage, 33:43 – 34:04). Il peut être inféré de cet échange que le pouvoir de bénir un sujet, et conséquemment celui de maudire, est reconnu à la figure du lamido, mais cela reste logiquement intangible, une croyance implicite largement partagée par les dames du royaume appartenant à la génération des ancien-ne-s. Une telle croyance est de nature à renforcer le respect de l’autorité. Par sa demande, la vieille dame, plus âgée que le roi, déroge à une doxa africaine qui fait des ancien-ne-s les détenteurs et détentrices naturel-le-s du pouvoir de bénédiction et de malédiction. Elle prouve ainsi sa soumission à la figure royale. L’indice paraverbal (sourire) qui clôture l’échange pourrait être le signe du détachement intérieur du lamido, autorité bénéficiaire de cette déférence, face à cette croyance. Le regard qu’il jette vers la caméra, dans le cadre de cette représentation, montre que l’équipe occidentale derrière l’objectif est symboliquement située en région extérieure : un rituel déférentiel des coulisses vient d’être exécuté devant un public rationnel habituellement absent de ces lieux.

Codes de la déférence en région extérieure

Le dernier des sultans propose par ailleurs d’autres représentations du pouvoir dans lesquelles le lamido Issa Maïgari n’est pas le centre organisateur de la déférence bien qu’il soit la figure principale du documentaire. Les actes déférentiels y existent toujours, mais l’on voit visiblement que le suzerain s’adapte aux conditions des représentations dans lesquelles il n’est pas l’autorité centrale. Contrairement aux séquences filmées dans son palais et ses alentours où le lamido Issa Maïgari est relativement[6] le maître, les lieux extérieurs dans lesquels le cérémonial protocolaire autour de l’autorité est construit sur une autre figure constituent pour lui une région extérieure. Dès lors que la déférence est analysée à partir du personnage principal du film, chaque fois que la figure du bénéficiaire change au cours d’une représentation du pouvoir, on quitte inexorablement les régions antérieur et postérieur pour un domaine extérieur. Goffman dira fort à propos ce qui suit : « lorsqu’on passe de l’examen de la région antérieure ou postérieure à celui de la région extérieure, on risque de changer de point de référence en substituant une représentation à une autre » (Goffman, 1973a, p. 131). S’il n’est plus la personnalité bénéficiaire centrale de l’acte de déférence, le lamido n’est pas pour autant considéré comme une personne extérieure à la représentation. Les codes changent juste selon qu’il s’agisse de faire dialoguer le pouvoir traditionnel avec le pouvoir administratif ou un autre pouvoir traditionnel.

Face à l’autorité administrative

Si le décret n°77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles a indirectement influencé les rites déférentiels dans le rapport entre l’autorité administrative et la chefferie traditionnelle, il faut surtout rappeler qu’il n’est que l’aboutissement d’une politique amorcée avec la colonisation. Avant les indépendances, les lamibés s’étaient déjà placés – après une résistance sans succès pour certains – sous l’autorité de l’administration coloniale pour s’assurer une protection et conserver leurs privilèges. Les dirigeants du nouvel État indépendant n’ont fait que prolonger ce système en faisant des chefs traditionnels des « Auxiliaires de l’Administration » (article 20 du décret de 1977). C’est dans ce sillage qu’il faut comprendre les situations dans lesquelles le lamido Issa Maïgari apparaît en position d’offrant de déférence dans le protocole de certaines cérémonies administratives du dernier des sultans. Dans la séquence d’installation du gouverneur Oumarou Koué par le ministre de l’Administration territoriale Gilbert Andze Tsoungui, le lamido est installé au pied de l’estrade de la tribune officielle, à quelques mètres des autorités administratives. Il est entouré de certains membres de sa cour, assis à ses pieds (image 9). Sur l’échelle de la relation interpersonnelle, le ministre occupe la place la plus haute pour la circonstance, le gouverneur se place à une position intermédiaire supérieure. Le lamido, pour sa part, est en position intermédiaire inférieure, quelque peu au-dessus des populations, après plusieurs autres personnalités administratives (préfets, sous-préfets entre autres). Le cérémonial présidé par le ministre vise simplement à consacrer Oumarou Koué comme la plus haute personnalité de ce qui n’était encore que la province de l’Adamaoua[7].

La disposition protocolaire de la séquence de l’installation révèle l’organisation hiérarchique administrative indiquée dans le décret de 1977. En haut de la pyramide se trouve la force de l’État représentée par les hauts fonctionnaires. La position du lamido est celle de la symbolique de l’auxiliaire qui, selon les trois alinéas de l’article 20 du décret ci-dessus cité, est la courroie de transmission des directives venues de l’administratif, le garant de la paix, du développement multisectoriel et, au besoin, le percepteur de l’État. Il lui est réservé une place dans l’ordre protocolaire au regard de ce statut. C’est dans cet élan que le ministre lui serre la main et échange des vœux de Nouvel An avec lui après l’installation du gouverneur et la salutation des corps constitués (image 10). La présence du sultan dans les cérémonies officielles contribue ainsi à renforcer son pouvoir auprès des populations, mais elle est surtout l’occasion de l’amener à déférer, par sa présence, au pouvoir de l’État. En bénéficiant du salut militaire en raison de sa qualité d’autorité traditionnelle, le lamido est désormais obligé d’offrir en retour cette déférence à plus haut que lui. Arrivé visiblement dans l’après-midi à l’aéroport, on le verra par exemple attendre le Premier ministre jusqu’à tard dans la nuit. Le commentaire ci-après du narrateur du dernier des sultans, articulé par les adverbes temporels auparavant et aujourd’hui, révèle assez bien l’évolution de l’ordre protocolaire dans l’institution lamidale :

Pour remplir les fonctions de lamido de nos jours, il faut se munir d’une grande réserve de patience. Patience envers les petits, patience envers les grands. Auparavant, c’est le lamido qui faisait attendre la foule. Aujourd’hui, c’est lui qui doit patiemment attendre l’arrivée de ses supérieurs en provenance de la capitale (LDS, transcription de la narration, 46:40 – 47:11).

La déférence des chefs traditionnels à l’autorité administrative a toutefois quelque chose de pervers. L’État et le parti politique au pouvoir ne font plus qu’un et astreignent plus ou moins tacitement le sultan à être partisan. Cette confusion est un obstacle à la liberté d’opinion. Faire allégeance à l’État revient à se plier aux attentes du parti; faisant ainsi du sultan un agent de la propagande politique obligé de s’opposer à une partie de son peuple qui a choisi de soutenir les opinions contraires dans le nouveau contexte du multipartisme :

On dit que les notables et moi, nous avons demandé de ne pas voter pour le RDPC[8]. Mais j’ai dit que nous sommes avec toute personne qui soutient Biya. Il s’agit de nous blanchir, car j’ai appris une nouvelle. […] Le Préfet m’a appelé et m’a dit : ‘‘Voilà ce qui se raconte…’’ J’ai dit que nous et les notables, nous sommes du côté du pouvoir. Nous sommes du côté du pouvoir. Celui qui n’est pas du côté du pouvoir n’est pas avec nous » (LDS, sous-titrage, 44:42 – 45:37).

En territoire étranger, face à un autre sultan

Héritée de l’éthologie, la notion de territoire, à laquelle Goffman[9] a accordé une place importante dans ses travaux, continue à faire florès dans la compréhension des comportements communicatifs. Les actes déférentiels y sont intrinsèquement liés dans la mesure où la perte de la face et les conflits interactionnels se situent à la lisière des codes cérémoniels. Pour rappel, le territoire, rebaptisé negative face (face négative) par Brown et Levinson (1987, p. 13), est l’ensemble des attributs matériels et spirituels rattachés à la personnalité d’un individu. Ces attributs sont par essence dotés d’une certaine importance et peuvent entrer en connexion avec ceux de la face positive (negative face) qui, elle, vise à communiquer une meilleure image de soi dans l’interaction (Kerbrat-Orecchioni, 1992, p. 168). Pour parler simplement, un lamido qui va au-delà des limites de son royaume quitte non seulement son territoire physique, mais commet un acte symbolique de violation territoriale si jamais il n’a pas été convié par le roi hôte. Même s’il demeure dans le même ensemble étatique, les déplacements d’un chef traditionnel en territoire étranger ne sauraient se faire en grande pompe sans une invitation préalable de son homologue. Ils sont à bien des égards différents de ceux d’un-e simple citoyen-ne. Ces codes rituels sont archivés dans Le dernier des sultans : le lamido Issa Maïgari y est invité par le lamido de Galim à célébrer la fête annuelle des populations de cette localité.

Face à un autre sultan, Issa Maïgari garde tous les honneurs dus à son rang. Si la séquence de sa réception en terre étrangère n’a pas suffisamment d’indices qui permettent de clarifier l’acte de déférence entre deux sultans, la gestion du cadre spatial cérémoniel ainsi que la proxémie suffisent pour constater que la respectabilité du roi invité est préservée en territoire étranger. À la tribune, il est assis à la gauche du roi accueillant avec quelques éléments de sa garde rapprochée. À la droite du lamido de Galim est assis un autre personnage ayant également les apparences d’un lamido. Les courtisans qui viennent à la rencontre d’Issa Maïgari le saluent avec un mouvement de génuflexion pour lui témoigner du respect. La présence des rois des autres contrées à Galim est non seulement honorifique pour le lamido accueillant, mais lui permet aussi de renforcer symboliquement sa valeur et son pouvoir auprès de ses populations. Pour ce faire, en étant au centre de la « scène » qui se joue publiquement, il marque par là son statut de maître des céans. Son fauteuil est visiblement surélevé par rapport à celui de ses deux invités. L’interprétation que l’on peut faire de cette disposition sur l’acte de déférence est que les deux sultans invités, quoiqu’étant du même rang, signifient par l’acceptation de ce protocole que la plus haute autorité de cette représentation est le lamido de Galim. Subséquemment, ils se placent implicitement en position d’offrants supérieurs face à un bénéficiaire qui a le même statut qu’eux. La notion de territoire est alors fondamentale dans la lecture des déterminants de ses subtilités déférentielles : le cérémonial procède par une valorisation des faces des alter rex, laquelle élève en retour le lamido accueillant dont les attributs de commandeur en font le bénéficiaire naturel de l’acte de déférence.

Image 11. Le lamido de Galim au milieu avec deux autres lamibés ; Issa Maïgari à droite (LDS, 27:36)

Conclusion

Le lamido est une figure importante de la royauté traditionnelle au Nord-Cameroun. Contrairement à une certaine époque, il est depuis le décret présidentiel de 1977 un auxiliaire qui organise la vie politique et sociale des populations sous la coupe de l’administration étatique. En dépit des mutations sociopolitiques, la déférence est demeurée l’instrument essentiel de la représentation du pouvoir et du code rituel de la cour comme on peut le voir dans Le dernier des sultans du réalisateur Denis Whyte et de l’anthropologue Lisbet Hoteldahl. D’un point de vue historique, ce document authentique a non seulement le mérite de faire parler un témoin de trois grandes époques (la colonisation, les indépendances et l’avènement du multipartisme), même s’il n’accède au pouvoir qu’en 1973, mais donne également une photographie unique de la place du lamido au sein d’une société « moderne ». La vie au palais s’organise en fonction des régions antérieure et postérieure. La première région est le lieu de la représentation par excellence du pouvoir. Le code rituel de la déférence est pensé pour célébrer la personne exclusive du roi. Les courtisans – qu’ils soient des notables, des fantassins ou issus de la classe des « esclaves » – adoptent une attitude révérencielle qui convient à la situation et qui s’accommode aux usages du palais. La région postérieure, contrairement à la première, est le lieu de relâchement de la bonne tenue. Mais l’on assiste toutefois à de véritables scènes de soumission dans le quartier des femmes. Il convient de signaler ici que les offreuses de cette déférence considèrent simplement qu’elles perpétuent une tradition ancestrale.

Par ailleurs, il ressort de l’analyse de la déférence en région extérieure que le centre organisateur du rituel protocolaire change. Le lamido Issa Maïgari n’est plus la figure principale de la représentation quoiqu’il fasse partie du dispositif. Il lui est certes réservé un espace avec sa cour dans les cérémonies officielles, mais la disposition montre qu’il n’est plus le maître du vaste territoire qu’il administrait avant les indépendances. Derrière les codes, on y retrouve la lettre et l’esprit du décret de 1977 reléguant le chef traditionnel au rôle d’auxiliaire de l’administration. Le lamido y apparaît dans la posture symbolique de l’intermédiaire, un offrant supérieur de déférence face à l’autorité administrative. Cette déférence le force à s’aligner derrière le parti au pouvoir, faisant dorénavant de lui un partisan et opposant face une frange de son peuple qui ne partage pas les mêmes opinions politiques. Sa neutralité en prend ainsi un coup dans la mesure où la relation du régnant d’avec le politique n’est plus saine.

La déférence envers l’administration a donc un côté pervers, du fait des manipulations politiques, qui affaiblit le lamido dans sa gestion du pouvoir. Par contre, il trouve dans les interactions avec d’autres chefs traditionnels un cérémonial qui renforce sa valeur. Accueilli avec tous les honneurs en terre étrangère (Galim), Issa Maïgari bénéficie de la politesse due aux rois. La disposition des commodités rappelle toutefois que le maître de la représentation est le lamido accueillant. La déférence permet en fin de compte d’articuler les niveaux politique et social par le biais d’une organisation qui dévoile le mode de fonctionnement des structures sociales dans leur rapport au pouvoir. S’il ressort des propos du dernier des sultans que le langage déférentiel a évolué et s’est adapté aux réalités sociopolitiques de son temps, il faut toutefois noter que le film date déjà pour avancer des certitudes sur l’actualité des pratiques au sein des lamidats en général – et particulièrement au lamidat de Ngaoundéré –, sur le rapport entre la figure du lamido, l’administration, le pouvoir politique et les autres monarques.

Références

Abé, C. (2007). Les systèmes politiques traditionnels centralisés du monde rural face à la multiplication de l’offre partisane et à la mutation du personnel politique local au Cameroun : L’expérience du lamidat de Rey Bouba (nord Cameroun). In C. Bessière, É. Doidy, O. Jacquet, G. Laferté, J. Mischi, N. Renahy et Y. Sencébé (Éds.), Les mondes ruraux à l’épreuve des sciences sociales. Actes du colloque (p. 202‑217). Paris.

Brabanter, P. de. (2006). Déférence sémantique. In L. Perrin, Le sens et ses voix. Dialogisme et polyphonie en langue et en discours (p. 379‑406). Centre d’Études Linguistiques des Textes et Discours, UFR Lettres et Langues.

Brabanter, P. de, Nicolas, D., Stojanovic, I. et Villanueva, N. (2007). Les usages déférentiels. In A. Bouvier & B. Conein (Éds.), L’épistémologie sociale (p. 139‑162). Éditions de l’École des hautes études en sciences sociales. En ligne : https://doi.org/10.4000/books.editionsehess.11311

Brown, P. et Levinson, S. C. (1987). Politeness. Some universals in language usage. Cambridge University Press.

Calaïna, T. et Goron, A. (Éds.). (2020). Pratiques et représentations ethnologiques du respect au Nord-Cameroun. Challenges Littéraires Éditions.

Décret n° 77/245 du 15 juillet 1977 portant organisation des chefferies traditionnelles. (Signé par Ahmadou Ahidjo).

Décret n° 2008/376 du 12 novembre 2008 portant organisation administrative de la République du Cameroun. (Signé par Paul Biya).

Goffman, E. (1973a). La Mise en scène de la vie quotidienne. La présentation de soi (tome 1). Minuit.

Goffman, E. (1973b). La Mise en scène de la vie quotidienne. Les relations en public (tome 2). Minuit.

Goffman, E. (1974). Les Rites d’interaction. Minuit.

Kaufmann, L. (2006). Les voies de la déférence Sur la nature des concepts sociopolitiques. Langage et société, 117(3), 89‑116. En ligne : https://doi.org/10.3917/ls.117.0089

Kerbrat-Orecchioni, C. (1992). Les Interactions verbales (Vol. 2). Armand Colin.

Mveng, E. (1963). Histoire du Cameroun. Présence Africaine.

Tio Babena, G. W. (2018). Corruption et morale. Penser un modèle linguistique holistique. Interstudia, 23, 62‑75.

Tio Babena, G. W. (à paraître). Questionner la linguistique pour une analyse interactionnelle des données filmiques [Actes du colloque du Réseau Africain d’Analyse du Discours (juin 2021)].

Whyte, D. (1997). Le dernier des sultans [Film anthropologique]. En ligne : https://vimeo.com/185885653


  1. Je rends hommage à la professeure Marcelline DAMA-TEYABE qui ne lira jamais ce texte dont le projet fut initialement préparé pour un collectif qu’elle préparait sur le sujet du respect avant sa mort le 30 octobre 2017. « Toute âme goûtera à la mort, c’est une certitude. »
  2. Pendant la colonisation et au lendemain des indépendances, on reconnaissait au terme race le sens du mot ethnie. Ce dernier a fini par s’imposer dans le vocabulaire civique officiel en raison de la plurivocité et la charge sémantique péjorative du premier.
  3. On signalera toutefois que le terrain de la royauté n’a pas été exploré dans ce collectif.
  4. Mes premières observations sur le phénomène datent de 2011. Déjà utilisé dans un travail sur la corruption (Tio Babena, 2018), j’y ai proposé une description préliminaire qui devrait paraître prochainement (Tio Babena, à paraître).
  5. Je remercie grandement Mohamadou Ousmanou pour la transcription et la traduction de cet exemple.
  6. La présence d’une autorité administrative (gouverneur, préfet, ministre…) pourrait vraisemblablement modifier les usages protocolaires comme on le verra infra.
  7. Elle est transformée en région depuis le décret n° 2008/376 du 12 novembre 2008 portant organisation administrative de la République du Cameroun.
  8. Rassemblement démocratique du peuple camerounais.
  9. Voir notamment le chapitre 2 de Goffman (1973b).

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