4 Conclusion. De la procrastination dans les politiques juridiques
Il est paradoxal, alors que les communs continuent à être pratiqués, surtout implicitement, c’est-à-dire dans les pays du Sud, que les discours tenus à l’échelle des instances étatiques et internationales soient encore actuellement quasi ignorants de la notion de communs.
Une réticence à surmonter
Il y a là une réticence paradoxale mais explicable car tous les discours sont des discours propriétaristes, en particulier lorsque l’on aborde la question du foncier. Il y a un raidissement idéologique, comme s’il y avait une crainte, en entrant dans une période d’incertitude, d’accepter cette évidence que ce sur quoi on a basé en Afrique les stratégies pendant 50 ans (mais en fait depuis près de deux siècles) étaient fondées sur un certain nombre de mauvaises appréciations, voire d’erreurs, et que donc il faut changer.
Certain-e-s comprennent qu’il faut changer, mais au bord du précipice, on ne sait pas très bien quelle stratégie adopter. En tous cas, il y a un raidissement très grave, mais en même temps plein d’espoir, car ce raidissement indique que certain-e-s commencent à prendre conscience, à l’Agence française de développement actuellement, à la Banque mondiale, parfois, mais avec réticence. Comment va se faire la transition-adaptation à de nouveaux enjeux à la fois climatiques et stratégiques? Il semble évident que, dans les pays du Sud, il y a un raidissement idéologique considérable, comme si les riches, les puissant-e-s et les élites commençaient à avoir peur.
Par contre chez nous, dans les pays du Nord, on voit se développer des formes de recours à des communs hors institution… Ce sont des manifestations du souci de notre société de gérer autrement notre rapport aux ressources sans remettre en question le droit de propriété, et en le ménageant par des procédures qui sont généralement celles de la location, ou de l’utilisation de services (payants plus que gratuits d’ailleurs).