Préface

Florence Piron

Rive imòtalize fanm ki te kontribye oubyen ki toujou ap kontribye nan pwosesis konstriksyon Ayiti, epi k ap lite pou byennèt peyi a, se deja yon gwo jès. Rive rasanble non sèlman otè fanm, men tou gason pou rann yo omaj, jès la vin gen plis enpòtans toujou.

À titre de responsable de la collection « Portraits de femmes » des Éditions science et bien commun, je suis très fière d’y accueillir cet ouvrage collectif consacré aux femmes d’Haïti. Le but de la collection est de présenter de manière simple et accessible, par de brefs portraits accompagnés de ressources bibliographiques, des femmes remarquables qui ont contribué à façonner et à penser le monde tel qu’il est et qui, pourtant, ont disparu de la mémoire collective ou sont ignorées dans l’espace public. L’idée de faire Haïtiennes s’est imposée en douceur après le lancement des deux premiers ouvrages de la collection, Femmes savantes, femmes de science tome 1 et Citoyennes. Portraits de femmes engagées pour le bien commun. Pourquoi ne pas faire un livre qui présente au public de formidables femmes d’Haïti?

Ricarson Dorcé, jeune écrivain haïtien et chercheur en sciences humaines, a tout de suite été intéressé et a lancé le processus de manière collaborative, en invitant collègues et amis à contribuer au projet. Émilie Tremblay, sociologue québécoise et amie de Ricarson, a contribué à enrichir le livre et les chapitres d’une solide armature bibliographique. Tous deux sont des ardents défenseurs de la bibliothèque numérique en libre accès Les Classiques des sciences sociales et sont des membres de l’Association science et bien commun et du projet SOHA (Science ouverte en Haïti et en Afrique francophone). Il était donc naturel qu’ils publient ce livre aux Éditions science et bien commun, dont Émilie est un pilier.

Les Éditions science et bien commun cherchent avant tout à partager avec le plus grand nombre possible de lecteurs et lectrices les connaissances produites par des hommes et des femmes des pays des Suds et du Nord. Elles utilisent le libre accès, mais aussi la production de livres imprimés dans les contextes où Internet n’est pas encore très accessible. Leur combat pour la justice cognitive, c’est-à-dire l’accès le plus universel possible de chacun à tous les savoirs, passe aussi par la valorisation du plurilinguisme, c’est-à-dire l’idée que l’anglais et le français peuvent fort bien coexister dans un livre avec le créole, l’ewondo, le pulaar ou toute autre langue dite  « locale ». C’est pourquoi l’introduction de Ricarson est présentée en français et en créole et chaque chapitre comporte une introduction en créole.

Rendre visibles et immortaliser des femmes qui ont contribué ou qui contribuent à construire Haïti et à lutter pour son mieux-être, c’est déjà un geste fort. Rassembler non seulement des femmes, mais aussi des hommes pour leur rendre hommage, c’est puissant. Cet ouvrage collectif montre qu’en Haïti, la question des femmes et des rapports de genre concerne toute la société et non pas seulement les femmes. Il montre que des hommes peuvent tout à fait comprendre et expliquer les obstacles auxquels sont confrontées les haïtiennes qui souhaitent participer à la vie publique ou scientifique de leur pays; que de jeunes et moins jeunes spécialistes des sciences sociales savent trouver les mots pour exprimer toute leur admiration et gratitude envers les femmes extraordinaires présentées dans ce livre.

Que ces exemples inspirent la jeunesse haïtienne!

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