2 Catherine Flon, couturière
Fritz-Gérald Louis
Se youn nan fanm vanyan ki te patisipe nan revolisyon pou endepans Ayiti. Youn nan pi gwo zèv li te reyalize, se drapo a li te koud. Drapo sa se senbòl fyète nou.
Catherine Flon est née probablement au milieu du 18e siècle à l’Arcahaie, qui est aujourd’hui une commune de la République d’Haïti située dans le département de l’Ouest. Ce fut une femme engagée, faisant partie de la révolution. Cette grande dame a contribué à la fondation de la société haïtienne. Elle a été chargée, comme couturière, de coller, d’une manière verticale, les deux bandes de l’étendard haïtien.
Début de sa vie
Catherine Flon naquit dans la colonie Saint-Dominguoise quelque part au 18e siècle. Nous n’avons pas pu trouver d’informations précises sur sa date de naissance ou sur son enfance. En revanche, sa jeunesse s’est passée dans le monde du commerce, car sa famille vendait du tissu acheté à l’étranger, en France particulièrement. Lorsque la révolution éclata, ses parents laissèrent la colonie pour la France. Quant à elle, elle resta en Haïti et prit position contre l’esclavage.
Toute sa vie, elle développa une passion pour la couture. Elle fonda un atelier dans sa ville natale. Elle s’y construisit une réputation hors pair par sa serviabilité, son sérieux et sa compétence. Elle forma beaucoup d’autres jeunes filles dans le domaine de la couture.
Son engagement pour l’unité de la société haïtienne
On doit impérativement faire ressortir l’importance de Catherine Flon aux yeux de la société haïtienne : c’est elle qui a cousu le drapeau du pays en date du 18 mai 1803 (Méléance, 2006). Par cet acte, elle a mis en exergue l’identité, le symbole et l’histoire du peuple haïtien. Toutefois, l’histoire d’Haïti retient deux versions de ce geste, comme l’explique Jasmine Narcisse (1997) :
1) La première version laisse croire qu’« aux yeux de la masse des Noirs, le drapeau tricolore symbolisait l’union des trois classes de la colonie: les Blancs, les jaunes, les Noirs. D’un geste vif, Dessalines supprima la couleur blanche ». Catherine Flon aurait alors réuni les bandes bleu et rouge et les aurait cousues en utilisant ses cheveux comme fil.
2) La deuxième version stipule qu’une fille de Jean-Jacques Dessalines (le fondateur de la Nation) fut maltraitée par un colon sur le domaine dans lequel elle serait restée comme servante en vue de rapporter ce qui s’y passait. Dessalines, ayant vu sa fille en sang, aurait déchiré sa jupe bleue, pris son foulard rouge et demandé à Catherine Flon de les réunir en s’exclamant : « Jamais, plus jamais, un Français ne frappera nos filles. Liberté ou la mort ». On présente en faveur de cette version l’argument que le bleu du drapeau haïtien ne serait pas identique au bleu français (source : Jasmine Narcisse, Mémoire de femmes, 1997).
En cousant le drapeau haïtien, Catherine Flon devient une femme éminente. Elle symbolise l’union des noirs et des mulâtres, abolissant implicitement la répression et l’esclavage qui caractérisaient la société haïtienne.
Distinctions et honneurs
Dans le but de rendre hommage à cette vaillante femme pour son dévouement dans la formation des jeunes filles archeloises et pour honorer sa bravoure et sa participation dans la révolution haïtienne, une place porte son nom au Champ de Mars, la Place Catherine Flon, au sein de la Place des Héros de l’Indépendance. Cette place a été créée en 2000 grâce à des femmes engagées dans la CONAP (Coordination Nationale de Plaidoyer pour les Droits des Femmes) et elle a été reconnue officiellement par le gouvernement haïtien en 2004. Plusieurs écoles et équipes sportives, ainsi que des rues du pays, portent également le nom de Catherine Flon.
En 2000, le gouvernement haïtien, par souci d’appropriation de ce patrimoine national, fit figurer le portrait de cette grande femme sur le billet de dix gourdes. De nombreux articles lui sont aussi dédiés. Catherine Flon, par son geste essentiel, reste encore aujourd’hui le symbole de l’étendard haïtien.
Références
Accilien, Cécile et al. (2006), Revolutionary Freedoms : A History of Survival, Strength and Imagination in Haiti, Coconut Creek, Caribbean Studies Press.
Celius, Chris (2012), « Haiti: Catherine Flon’s Needle, Flag and Undeniable Legacy », Foreign Policy Blogs. En ligne. 27 mai 2012.
http://foreignpolicyblogs.com/2012/05/27/haiti-catherine-flons-needle-flag-undeniable-legacy/
Claude-Narcisse, Jasmine en collaboration avec Pierre-Richard Narcisse (1997), Mémoire de femmes, Catherine Flon, Unicef-Haïti. En ligne. 192 p.
http://jasminenarcisse.com/memoire/01_anonymes/06_catherine.html
Fanm Deside, Haïti – Commémoration/Drapeau: L’héroïne Catherine Flon représentée par Fanm Deside à Jacmel.
http://www.fanmdesidehaiti.org/2015/06/29/haiti-commemorationdrapeau-lheroine-catherine-flon-representee-par-fanm-deside-a-jacmel/
Gauthier, Jean Gardy (2007), « Catherine Flon, héroïne et unificatrice », Le Nouvelliste. 16 mai 2007.
http://lenouvelliste.com/lenouvelliste/article/43529/Catherine-Flon-heroine-et-unificatrice
Haiticulture, Site culturel de la communauté haïtienne de Suisse. Femmes d’Haïti : Catherine Flon. http://www.haiticulture.ch/Catherine_Flon.html
Méléance, Elmide (2006), « Catherine Flon and the Creation of the Haitian Flag », in C. Accilien et al., Revolutionary Freedoms : A History of Survival, Strength and Imagination in Haiti, Coconut Creek, Caribbean Studies Press, p. 91-94.
Vital, Octavien (2013), « Le 18 mai 1803 : Jean-Jacques Dessalines crée le drapeau haïtien », Paroles en archipel.
http://parolenarchipel.com/2013/05/18/le-18-mai-1803-dessalines-cree-le-drapeau-haitien/
Catherine Flon (s.d.), Wikipédia, l’encyclopédie libre.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Catherine_Flon
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