Conclusion

La menace terroriste a sensiblement évolué depuis quelques années au Niger. La lutte contre le terrorisme implique nécessairement une connaissance des groupes djihadistes et des individus présumés djihadistes. Le nombre de personnes radicalisées dans certaines régions du Niger (comme Diffa) implique également un système de déradicalisation. Depuis 2016, les discours d’incitation au passage à l’acte sont ainsi régulièrement entretenus auprès des sympathisants djihadistes présents sur le territoire national. Ces deux dernières années, les attaques et tentatives menées confirment le primat d’une menace endogène, diffuse et omniprésente. Leurs auteurs ont le plus souvent recours à des moyens rudimentaires, notamment les armes blanches et les véhicules-bélier. Ils visent à la fois des cibles indiscriminées ou plus symboliques telles que les représentants de l’autorité publique.

Face à la gravité du phénomène de terrorisme au Niger, des mesures urgentes s’imposent comme la lutte conte la radicalisation, le renforcement de la coopération régionale et internationale entre les autorités en charges de la lutte. Il importe aussi de créer les conditions pour sortir les jeunes nigériens de l’oisiveté. À cet effet, il faut créer les conditions du développement mental qui commence par l’éducation, la formation, l’accès à la santé et l’insertion dans la communauté nationale. Plus les gens se considèrent comme étant des exclus des systèmes de l’État-nation, plus leur amertume les conduira à des extrêmes pour se positionner ou se faire valoir. Il en résulte donc qu’il faut conjuguer les efforts en insistant sur la demande de développement des populations. Cela pourra être un chemin vers la réduction progressive du terrorisme qui ne pourra pas finir du jour au lendemain par magie.

Par ailleurs, tous les citoyens et citoyennes doivent être sensibilisé-e-s, afin de participer et rendre plus efficace la lutte contre le phénomène terroriste. Dans le cadre du programme stratégique contre la radicalisation, des mesures alternatives afin de permettre à ceux qui souhaitent abandonner l’action djihadiste de retrouver une vie normale à travers la création d’activités génératrices de revenus.

Enfin, malgré l’extrême nocivité des actes terroristes au Niger et dans les autres pays de la zone sahélo-saharienne, ces pays peinent encore à conceptualiser le phénomène et y apporter les réponses satisfaisantes. Cela est dû sans nul doute au fait que les États en question, y compris le Niger, ont été entraînés dans une spirale sécuritaire primaire tendant à vouloir répondre aux attaques armées par une riposte de même nature. Pourtant, les experts sont unanimes sur le fait que le terrorisme actuel est une guerre atypique qui nécessite des moyens logistiques non seulement beaucoup plus importants, mais surtout plus stratégiques, géopolitiques et davantage orientés vers la prévention (le renseignement) que les interventions militaires. Dès lors, alimenter autant de conflits n’est pas la bonne solution pour le Niger et les autres pays du Sahel. On peut aussi s’orienter vers les mécanismes du dialogue politique inclusif, ayant des effets stabilisateurs et pacificateurs pour conférer aux États victimes du terrorisme des systèmes politiques plus efficaces et pourvoyeurs de paix.

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