I. Aperçu de la situation des mathématiques en Afrique et interpellation

Introduction

L’Afrique est de loin le continent où les mathématiques sont le moins développées.

   (Villani, 2010 : 8)

L’impact de l’adoption des principes mathématiques sur le quotidien du citoyen et de la citoyenne d’Afrique reste peu perceptible au point où cette quasi-absence d’effets tend à déterminer le désamour pour cette discipline; une situation qui amène à s’interroger sur la place, l’importance ainsi que l’avenir de cette discipline. Le mathématicien français Poincaré s’intéressait déjà en son temps à l’histoire et l’avenir des mathématiques (Poincaré, 1920), mais il explorait le sujet avec un regard occidental.

En Afrique, les acquis inestimables en matière de sciences ont été spoliés au cours de l’histoire (Fokam Kammogne, 2000) pendant les mouvements migratoires des populations résultant des différentes guerres sociopolitiques qui l’ont décimée. D’ailleurs, Gerdes (1994) présente un panoramique de résultats de recherche et des sources d’information se rapportant à l’histoire de la mathématique en Afrique subsaharienne. Pourtant, l’Afrique s’est toujours retrouvée en marge du développement des sciences mathématiques au point que Lumpkin (1987) se demande pourquoi le rôle et les contributions originales des Africain·e·s et de leurs diasporas dans le développement de la civilisation occidentale ont été omis ou relégués au second plan dans les manuels scolaires. Pourquoi le taux de décrochage et d’échec dans les filières mathématiques reste-t-il préoccupant?

Dans ce chapitre, nous examinons ce sujet avec un regard froid, en tirant avec Djebbar (2015) nos arguments du contexte africain à travers un état des lieux. Tout d’abord, nous dressons un bilan de l’échec et de décrochage dans les filières mathématiques, pour tenter de trouver des facteurs explicatifs tant à l’intérieur du système éducatif qu’à l’extérieur de celui-ci; ensuite nous analysons ces facteurs pour déboucher sur la nécessité d’agir suffisamment à temps pour mieux contrôler la dynamique du phénomène.