IV. Le contexte socioculturel et son influence sur le développement des mathématiques
Introduction
L’enrichissement de l’identité culturelle est un véritable ferment qui permet d’enraciner profondément le développement et d’en faire un processus durable. (Fokam Kammogne, 2000).
Selon l’UNESCO, le terme « culture » désigne « l’ensemble des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l’être humain, les systèmes de valeurs, les traditions et les croyances. » (UNESCO, 1982, paragr. 6). Définie comme telle, la culture devient un élément fondamental sur lequel il est nécessaire de s’appuyer pour mieux appréhender et mieux connaître un peuple. Les différents éléments qui composent la culture sont des facteurs qui conditionnent l’enracinement de tout changement sociétal de grande envergure. Et tout changement, pour rester durable dans une société, doit être compatible avec les réalités anthropologiques (identité sociale, habitudes alimentaires, pratiques langagières, mentalité, etc.).
Mais quand Towa affirme qu’« une seule et même culture peut être vécue et développée par des groupes ou des individus racialement hétérogènes » (1977 : 347), il souligne qu’il n’y a pas de contradiction entre l’unicité d’une culture et l’hétérogénéité des populations d’une société. En fait, la culture est construite, donc une production humaine qui se transmet d’une génération à une autre, ou entre les membres d’une même génération. Dans cette construction, la notion de transmission intergénérationnelle semble fondamentale, qu’il s’agisse de l’acquisition du capital culturel (Bourdieu, 1979) comme celle du capital humain (Becker, 1964) : les plus habiles formant les moins aptes, indépendamment de leur identité culturelle. Une personne appartenant à une communauté culturelle donnée a les capacités d’apprendre la culture d’une autre communauté.
Étant donné que l’humain est un être qui est soumis à un échange permanent avec, à la fois, son entourage et la nature, sa vie, ses activités et son évolution en dépendent. Une bonne connaissance de sa culture, de la nature et de ses lois devient par conséquent une nécessité vitale. La réalisation d’une telle finalité constitue des conditions nécessaires pour toute société qui aspire à un développement harmonieux et durable. C’est ainsi qu’une étude rigoureusement menée sur une société, notamment sur sa culture, ses croyances et ses langues, peut permettre de juger de la capacité de cette société d’adopter les principes scientifiques et de faire éclore ses potentiels bienfaits (Malanda Dem, 1977).
Dans ce chapitre, nous décrivons les mentalités que pourrait cultiver une société pour arriver à la conclusion selon laquelle la mentalité scientifique est celle qui offre les meilleures conditions du développement des sciences mathématiques. Bref, il est question pour nous de faire connaitre, à la fois au grand public et à la communauté éducative, la contribution des mathématiques au progrès du monde. Un intérêt particulier sera porté aux conditions sociologiques et philosophiques de son développement sur le continent africain.