8 La vulnérabilisation des femmes africaines et séropositives en contexte migratoire

Laura Mellini; Francesca Poglia Mileti; et Michela Villani

Quand les femmes cumulent les vulnérabilités

Le rôle actif des femmes dans la migration n’est plus à démontrer, tant sont nombreux les travaux mettant en exergue les capacités qu’elles ont à adopter des stratégies pour améliorer leur situation et celle de leurs proches, autant dans le pays d’accueil que dans celui d’origine (Erel, 2011; Miranda et al., 2011). L’aptitude à mobiliser les liens transnationaux, par exemple, est fondamentale, puisqu’elle permet aux femmes de consolider leur processus d’émancipation (Catarino et Morokvasic, 2005). Cela est également le cas pour les femmes subsahariennes séropositives ayant migré en Suisse que nous avons interrogées dans le cadre de l’enquête FEMIS[1]. Comme nous l’avons montré ailleurs (Mellini et al., 2018), elles activent des liens sociaux producteurs de ressources pour gérer leur vie quotidienne.

Sans passer sous silence cette agentivité, le contexte migratoire expose les femmes séropositives à plusieurs risques sociaux découlant de leurs expériences de la migration et de la maladie, d’un manque de ressources (sociales, matérielles, économiques, parfois psychologiques) et des rapports sociaux qui les placent dans des positions de minorité, de dépendance, voire de soumission aux autres. Ces risques ne sont pas isolés les uns des autres, mais fortement imbriqués, comme le sont les conditions de femme, migrante et malade. Par effet d’intersectionnalité des situations de vulnérabilité (Villani et al., sous presse), la probabilité de passer du statut de « potentiellement blessée » – pour reprendre l’étymologie du terme vulnérable[2] – à celui de réellement « blessée » est constante pour ces femmes. Que ce soit parce que leur statut légal les contraint à accepter des situations de dépendance, parce que leur manque de ressources économiques les prive d’autonomie ou parce que leur séropositivité les mène à l’isolement social.

Si la maladie touche les femmes dans leur santé et leur corps, ce sont surtout les conséquences sociales engendrées par l’image négative de cette affection sexuellement transmissible qui les mettent en situation de vulnérabilité (Fassin, 2001). Car, si l’efficacité des traitements médicaux permet aujourd’hui de juguler la progression de la maladie, la séropositivité n’est pas encore acceptée socialement (Descloux, 2003; Perzeril, 2011). Elle est devenue un stigmate invisible qui fait peser une épée de Damoclès sur les individus affectés, les rendant ainsi discréditables (Goffman, 1996), c’est-à-dire à risque de discrédit si leur séropositivité est dévoilée. Lorsque la maladie est portée au grand jour (souvent contre la volonté de la personne concernée ou parce que le secret confié n’a pas été gardé), se déclenche ou se renforce un processus de vulnérabilisation dont nous montrerons ici les différents aspects et leur imbrication, en lien avec les conditions de femmes et de migrantes.

La discrimination envers les personnes atteintes reste importante, et ce, quel que soit le contexte national, social ou familial (Marsicano et al., 2016). Elle est néanmoins particulièrement prégnante dans les milieux au sein desquels vivent les femmes que nous avons rencontrées. En effet, les études portant sur les personnes séropositives issues de l’Afrique subsaharienne mettent en avant la forte stigmatisation de cette infection sexuellement transmissible dans les communautés africaines en contexte migratoire (Anderson et Doyal, 2004; Pourette, 2008). Cela explique pourquoi les personnes concernées accordent une attention extrême au contrôle de l’information relative à leur maladie (Flowers et al., 2006; Stutterheim et al., 2011). Le secret (à savoir ne pas dire sa séropositivité ou éventuellement la confier à quelques personnes choisies soigneusement) est mobilisé comme une stratégie de protection dans les relations quotidiennes, afin de se protéger des processus de discrimination et d’exclusion tant redoutés, notamment face aux compatriotes (Poglia Mileti et al., 2014; Mellini et al., 2016).

Les expériences de la migration et de la maladie, le manque de ressources et les rapports de pouvoir entre hommes et femmes, migrant-e-s et autochtones, séropositifs, séropositives et séronégatifs, séronégatives se conjuguent ainsi dans des configurations défavorables aux femmes d’origine subsaharienne et séropositives. Nous présentons ici deux études de cas qui permettent de mieux comprendre comment une situation de vulnérabilité multiple peut engendrer un processus de vulnérabilisation soumettant les femmes à la stigmatisation, à l’exclusion sociale, à la domination et à l’exploitation.

Conceptualiser et opérationnaliser la notion de vulnérabilité

Critiqué pour son caractère polysémique et multidimensionnel, le concept de vulnérabilité a mis du temps avant de s’imposer en sociologie, notamment en contexte francophone, en comparaison à d’autres disciplines comme la géographie ou l’économie (Becerra, 2012). L’intérêt des sociologues pour ce concept est plutôt récent. En effet, ce n’est qu’à partir des années 2000 que se multiplient les travaux sur ce thème (dont Châtel et Roy, 2008; Delor et Hubert, 2000; McLaughlin et Dietz, 2008; Rudolf, 2009; Soulet, 2005), au point d’être qualifié de « notion-phare » de la dernière décennie (Bresson et al., 2013 : 11).

Étymologiquement, le terme de vulnérabilité vient du latin vulnerare, blesser, et de vulnerabilis, qui peut être blessé, entendu que la blessure n’est pas avérée, mais potentielle (Delor et Hubert, 2000; Soulet, 2005). Cela signifie que la blessure peut concerner des individus particuliers qui deviennent alors vulnérables (Castel, 2003; Martin, 2008) ou toucher potentiellement un grand nombre de personnes, ce qui revient à relever le caractère structurel de la vulnérabilité (Soulet, 2008). Concernant les individus, il peut s’agir de personnes qui ne sont pas en mesure de se construire en tant que telles, en raison d’un manque personnel et d’une singularité de leur trajectoire biographique ou de leur position dans la structure sociale (Soulet, 2005). Autrement dit, certains « individus sont vulnérables devant certaines circonstances, dans certaines conditions » (Soulet, 2008 : 172), étant entendu que tous les individus ne disposent pas des mêmes ressources sociales, psychologiques et économiques pour faire face aux aléas de la vie. En résumé, la vulnérabilité peut être définie comme

A lack of resources in one or more life domains, which given a specific context, places individuals or groups at major risks of experiencing negative consequences related to sources of stress, the inability to cope effectively with stressors or to take advantage of opportunities before a given deadline[3] (Spini et al., 2017 : 2).

Sans nier l’intérêt aussi bien théorique qu’heuristique de tous ces travaux, nous rejoignons Axelle Brodiez-Dolino (2013 : 4) qui souligne la persistance d’un certain flou conceptuel : la vulnérabilité désigne en fin de compte « aussi bien un état qu’un processus, un individu qu’un groupe social, une situation conjoncturelle que structurelle », mais également une seule étape d’un processus – celui d’exclusion – ou une zone de bascule entre l’intégration et la désaffiliation (Castel, 1994). Ce caractère polysémique du concept de vulnérabilité (Becerra, 2012; Delor et Hubert, 2000) se double par ailleurs d’une faible opérationnalisation. À quelques exceptions près (Dieleman, 2008; Fréchon, 2013; Perreault, 2008), rares sont les travaux de terrain qui, à partir de données empiriques, mobilisent ce concept comme outil d’analyse systématique. Pour combler cette lacune, nous décrivons ici de manière détaillée le processus de vulnérabilisation des femmes issues de l’Afrique subsaharienne et séropositives, en indiquant les expériences, les situations et les contextes qui font passer d’une situation de risque à une réalité amenée.

Enquêter sans vulnérabiliser

S’il est vrai que chaque terrain de recherche se heurte à des obstacles propres, enquêter sur une population dite « difficile à atteindre » (Schiltz, 2005) et sur des sujets sensibles comme la maladie, la sexualité et le secret pose des défis à plusieurs égards. Comme nous l’avons analysé ailleurs, cela requiert une sensibilité scientifique (Villani et al., 2016), une créativité méthodologique et des réflexions éthiques[4] et même épistémologiques (Villani et al., 2014). Très vigilant-e-s à ne pas infliger à la population étudiée une « vulnérabilité par désignation » (Bresson, 2013 : 19), tout au long du processus de recherche, nous avons adopté une posture réflexive et critique. Également recommandée par d’autres chercheurs actifs et chercheuses actives dans le domaine du VIH/sida (Chabrol et Girard, 2013), une telle posture est un garde-fou face aux idées reçues et aux raccourcis, et évite l’écueil de l’essentialisme ou des explications culturalistes (Fassin et Fassin, 2006). Avant de débuter le recrutement des femmes, plusieurs entretiens individuels ont été menés avec des personnes-ressource travaillant en contact avec la population d’enquête, à la fois dans le milieu médical et de l’intervention sociale. Les informations récoltées lors de ces entretiens de pré-enquête ont permis d’acquérir une connaissance plus fine de la population cible, de finaliser les stratégies de recrutement et d’orienter le choix définitif des thématiques à aborder avec les femmes (Villani et al., 2016).

Plusieurs partenaires de terrain actifs et actives dans les domaines de la migration, de la santé et du VIH/sida en particulier ont participé au recrutement. Respectant strictement l’anonymat des femmes et leur garantissant une confidentialité absolue, les données ont été récoltées lors de longs entretiens approfondis (la durée moyenne est de deux heures et demie), de type biographique (Demazière et Dubar, 1997) selon une approche compréhensive (Kaufmann, 1996). La posture de recherche adoptée s’est inspirée de la grounded theory (Glaser et Strauss, 1967) et s’est concrétisée par la mise en place de campagnes successives d’entretiens, entièrement retranscrits au fur et à mesure, pour un total avoisinant les mille pages. Pour chaque femme interviewée, plusieurs documents analytiques ont été produits, dont le parcours de vie, les « modèles des sphères sociales et des cercles affectifs » (Poglia Mileti et al., 2014) et l’analyse thématique, sans oublier la fiche des notes personnelles des chercheuses (Villani et al., 2014).

Trente femmes originaires d’Afrique subsaharienne vivant avec le VIH en Suisse francophone ont pu être interviewées entre décembre 2012 et septembre 2013. Elles proviennent de onze pays de l’Afrique subsaharienne (Angola, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Guinée, Mozambique, République Démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Togo et Zimbabwe) et sont âgées entre 25 et 57 ans. Treize femmes sont en couple (neuf avec enfants, quatre sans), alors que dix-sept femmes vivent seules (douze avec enfants et cinq sans). Vingt-et-une femmes sont au bénéfice d’un permis de séjour (onze ont un permis B, cinq ont un permis C, trois ont un permis F et deux sont naturalisées), tandis que les neuf autres sont sans papiers[5]. Dix femmes travaillent dans le secteur des emplois ménagers et de service à la personne, dix-huit femmes sont sans travail et deux femmes sont étudiantes. À l’exception de quatre femmes diagnostiquées dans leur pays, toutes les autres l’ont été après leur arrivée en Suisse, entre 1988 et 2012, alors qu’elles y séjournaient depuis quelques mois, jusqu’à six ans, et qu’elles avaient entre 18 et 53 ans. Grâce au traitement antirétroviral, la grande majorité des femmes évalue son état de santé comme bon et la charge virale est rapportée comme indétectable[6]. Quant à la migration, si toutes les femmes ont effectué le parcours migratoire en solitaire, les raisons de la migration sont variées, souvent combinées : fuir la guerre, la misère, les violences, rejoindre un membre de la famille en Suisse ou se former. Pour la plupart des femmes, le projet migratoire a pu se concrétiser grâce au soutien de la famille au pays et aux membres de la famille déjà installé-e-s en Suisse ou ailleurs en Europe.

Trajectoires singulières, manque de ressources et rapports de pouvoir

Afin de montrer les différentes étapes et dimensions du processus de vulnérabilisation des femmes d’origine subsaharienne qui vivent en Suisse avec le VIH, nous avons choisi de nous concentrer sur deux « études de cas élargies » (Burawoy, 1998), à partir des trajectoires de Justine et Yamina[7]. Si les expériences vécues, l’enchaînement des différents événements et les significations données aux parcours biographiques diffèrent d’une femme à l’autre, l’intersectionnalité des vulnérabilités (Villani et al., 2018) est transversale à la vie en contexte migratoire de toutes les femmes interviewées. En effet, bien que ce contexte rende l’accès au traitement plus facile, la difficulté d’acquérir un permis de séjour stable, les obstacles qui en découlent pour exercer une activité professionnelle et les formes de discrimination pour cause de séropositivité actualisent les risques de précarisation, d’exclusion, de domination et d’exploitation en lien avec le genre et l’origine. Par effet d’intersectionnalité, nous montrerons, en nous appuyant sur les trajectoires de Justine et Yamina, que pour rester dans le pays d’accueil et continuer à bénéficier d’un traitement médical, les femmes n’ont pas d’autres options que de se soumettre aux attentes des institutions, accepter des conditions de travail dégradantes ou précaires et, dans de nombreux cas, endurer des relations de couple abusives.

Justine : la spirale des violences

Justine naît dans les années 1980 au Togo dans une famille de petits commerçants. Après sept années de scolarité obligatoire, elle interrompt ses études et commence à travailler en tant que coiffeuse. À 17 ans, elle devient mère d’un enfant né d’une relation non suivie. Quelques années plus tard, Justine rencontre et épouse Pierre, avec qui elle aura deux enfants. Son époux est un homme engagé politiquement et considéré comme un « opposant » au régime. Victime de violences du fait de ses idées politiques, Pierre décide de fuir le pays et de migrer en Suisse où il obtient l’asile humanitaire en tant que « réfugié politique » et trouvera un emploi dans le domaine des transports. Justine reste ainsi seule au pays, avec trois enfants à charge. À cette situation socialement et économiquement précaire viennent s’ajouter les violences, notamment sexuelles, qu’elle dit avoir subies, de la part des militants « ennemis » de son mari. Elle accouche de son quatrième enfant, issu d’un viol collectif. L’enfant est reconnu par un cousin de la famille qui lui donne son nom pour « réparer » le crime et la honte.

Deux ans plus tard, Justine et les deux enfants né-e-s du mariage avec Pierre rejoignent celui-ci en Suisse et obtiennent également un permis humanitaire. Le mariage facilite ainsi, pour Justine, l’obtention d’un permis de séjour octroyé au titre du regroupement familial[8]. De ce fait, elle évite les risques de précarisation, d’exclusion et d’exploitation auxquels sont confrontées les femmes en situation irrégulière (Villani et al., 2018), tel le cas de Yamina, analysé ci-dessous. À peine installée en Suisse, Justine s’aperçoit qu’elle est enceinte et, lors du premier contrôle de grossesse à l’hôpital, découvre sa séropositivité, qu’elle suppose avoir contractée lors des viols collectifs subis. Aux violences sexuelles endurées au pays vient donc se greffer le diagnostic d’une maladie (sexuellement) transmissible, ce qui confronte Justine au risque d’avoir contaminé son mari et l’enfant à venir. Elle informe sans tarder Pierre qui se soumet à un test VIH. Le résultat est négatif, ce qui en soi est une bonne nouvelle, mais paradoxalement tend à renforcer les inégalités au sein du couple, déjà marquées au niveau professionnel (Justine ne travaille pas) et juridique (Justine acquiert le statut de résidence via son mari).

Pierre réagit « mal » à la séropositivité de son épouse, faisant dire à celle-ci qu’il n’« a pas supporté » la nouvelle. Il l’accuse de s’être prostituée en son absence au pays, le sida étant pour lui une « maladie des prostituées », en ligne avec les représentations qui, selon les femmes interviewées, circulent dans les communautés africaines (Poglia Mileti et al., 2014). Pierre valide ainsi le stigmate de la maladie et commence à rejeter son épouse. La relation de couple se dégrade au point de devenir « une catastrophe » et les risques de domination s’actualisent sous différentes formes, dont le refus de relations sexuelles :

La nuit on est dans le lit, il tourne le dos. J’ai dit « C’est quoi? Donc, c’est à cause de ça? ». Il dit : « Non, je n’ai pas envie ». Ah, tu ne parles pas! […] On ne fait plus l’amour, on est là, mais moi j’ai dit « moi je ne peux pas vivre cette vie-là » .

Lorsque le conjoint reste malgré l’annonce du VIH, la femme peut se sentir redevable à son égard et se retrouver dans une position de « débitrice » (Pourette, 2008 : 188), à savoir dans l’obligation de faire des concessions, allant jusqu’à l’acceptation de situations de forte domination et de violence (Villani et al., 2018).

Malgré la détérioration des rapports avec son mari et au-delà du sentiment de redevabilité, les raisons poussant Justine à poursuivre une relation de couple qui la fragilise tiennent au besoin de protection juridique et socioéconomique. Ayant acquis le permis de séjour via le regroupement familial, elle doit vivre en ménage commun avec son conjoint durant au minimum trois ans sans interruption, sinon l’acquisition de son titre de séjour peut être compromise[9]. Quant au besoin de protection économique, il dérive du fait qu’elle ne travaille pas en Suisse et n’a donc pas d’autre revenu que celui de son mari.

Parallèlement aux sentiments de rejet vécus dans le cadre de la relation conjugale, Justine en subit d’autres. Pierre divulgue la séropositivité de Justine à sa tante. Cette dernière se chargera, comme le suppose notre interlocutrice, de « transférer ça en Afrique » et de le dire « à tout le monde, pour que tout le monde se méfie de moi. Et finalement, même dans ma famille, je n’ai plus de contacts. Ils m’ont tourné le dos. Et puis, le fait que ça a été rapporté dans le milieu africain… moi je n’avais pas envie que ça se sache… ». Si les réseaux transnationaux sont le support d’échanges d’informations utiles, ils peuvent aussi affecter les rapports sociaux avec les personnes ayant migré ou celles restées au pays. De nombreux cas analysés dans notre enquête révèlent que la divulgation délite en premier lieu les liens familiaux, mais peut également affecter les rapports sociaux avec les membres de toute une communauté, selon l’ampleur de la diffusion de l’information. À ce propos, Justine s’exclame : « c’est comme de la poudre! ». Dans son propre cas, son isolement social est la conséquence d’une divulgation non voulue – et, par la force des choses, non maîtrisée – de l’information relative à la séropositivité, une maladie perçue de manière très stigmatisante, notamment au sein des populations d’origine subsaharienne (Poglia Mileti et al., 2014; Pourette, 2008; Stutterheim et al., 2011). C’est donc par crainte d’être discriminées et exclues que les femmes interviewées dans le cadre de l’enquête FEMIS ont tendance à garder cette information secrète ou, le cas échéant, à la confier à un nombre très restreint de personnes (Mellini et al., 2016).

Une année après l’annonce, Pierre quitte son épouse. Si ce départ augmente évidemment la vulnérabilité affective et relationnelle de celle-ci, il entraîne également une aggravation de sa situation sociale et économique. Avec un niveau de formation plutôt bas (sept ans de scolarité), sans emploi, enceinte, malade et loin de sa famille d’origine, elle est à risque de précarité. À cela s’ajoute le fait que son mari ne part pas seul : il emporte avec lui ses deux enfants. Justine se retrouve ainsi confrontée à une situation de vulnérabilité supplémentaire, car elle est privée du lien maternel en contexte migratoire, les enfants constituant pour les femmes la principale « raison de vivre » (Poglia Mileti et al., 2014), autrement dit, une ressource psychologique essentielle pour continuer à avancer malgré les difficultés. C’est alors qu’elle dépose une demande pour faire venir en Suisse ses deux autres enfants restés au Togo, son premier enfant né d’une relation précédente à son mariage et le cadet, né des viols collectifs subis. La demande aboutit, ce qui permet à Justine d’affirmer que « c’est mes enfants, ça me donne le courage, le fait de les voir, ça me donne du courage. Je me dis « au moins ils sont là » Et puis Dieu aussi. Mais, première chose, c’est les enfants ».

Justine est informée qu’elle peut prévenir la justice de l’éloignement contraint de ses deux autres enfants. Elle ne se résout toutefois pas à porter plainte contre son mari, car, dit-elle, « c’est le papa de mes enfants et pour les deux, ça va causer encore un autre trou dans la famille ». Se sentant abandonnée, trahie et calomniée par son mari, elle décide de procéder à une interruption volontaire de grossesse en dernier recours. Depuis, elle mène une vie plutôt isolée, entourée de ses deux enfants. Pour rompre l’isolement, elle prend l’initiative de fréquenter un réseau associatif de lutte contre le sida et participe à quelques activités. Contrairement à d’autres femmes qui ont trouvé des liens très forts dans ces milieux (Poglia Mileti et al., 2014), Justine estime ne pas avoir « de vrai-e-s ami-e-s ». Quelques mois avant l’entretien, elle rencontre un homme également d’origine subsaharienne, avec qui elle nous dit entretenir une relation « sérieuse ». Si le partenaire poursuit sa relation en dépit de l’infection de Justine (il est lui-même séronégatif), elle nous confie qu’il est « dur » et violent avec elle, la menaçant de la diffamer dans les communautés africaines, si elle le quitte : « quand il se fâche, il me menace, il dit : si tu me laisses tomber, je vais dire aux gens que tu as ça ». À l’instar de nombreuses femmes rencontrées (et quelle que soit l’origine nationale du partenaire, car cela concerne tout aussi bien les partenaires suisses), Justine se trouve enfermée dans une relation de couple abusive dont il est difficile de sortir, au risque de se voir stigmatisée au sein de sa communauté. L’information relative à la séropositivité est ici utilisée par le partenaire comme une arme de chantage pour empêcher sa partenaire de mettre un terme à la relation de couple. Celle-ci, au lieu d’être une ressource pour mieux vivre avec le VIH en contexte migratoire, devient alors pour la femme une vulnérabilité supplémentaire à gérer.

Yamina : l’enchaînement des exploitations

Yamina naît il y a plus de 45 ans, au Sénégal, dans une « famille pauvre ». Scolarisée jusqu’au niveau secondaire, elle commence très tôt à travailler dans la restauration, afin de soutenir sa mère qui élève seule ses quatre enfants. À 21 ans, elle épouse un homme « directeur du cabinet du ministère intérieur » qui a « une bonne situation », ce qui représente pour elle une ascension socio-économique importante. De cette union naissent deux enfants. Mais après trois ans de mariage, son conjoint décide de prendre une deuxième femme. Yamina soupçonne celle-ci de lui avoir fait du « maraboutage » et s’oppose à cette union. Poussée par son mari à quitter la maison, elle demande et obtient le divorce, tout en perdant la garde de ses enfants qui restent vivre avec leur père. Cette séparation la met en situation de vulnérabilité relationnelle et de précarité économique puisqu’elle n’a plus de logement ni de revenu.

Lorsque, une dizaine d’années plus tard, son ex-mari se sépare aussi de sa deuxième femme, il reprend contact avec Yamina et lui propose de l’accompagner en Espagne, où il a des connaissances, pour « aller faire l’avenir de sa famille ». Pensant qu’il éprouve de la « honte » de l’avoir « chassée de sa maison », Yamina interprète ce geste comme une manière de la « récompenser ». En Espagne, par l’intermédiaire des connaissances de son ex-mari, elle obtient un emploi dans un restaurant africain et gagne « 1 200, 1 300 euros par mois ». Pendant trois ans, ce salaire lui permet de subvenir à ses besoins et de transférer de l’argent en Afrique qui est destiné à rembourser les dettes qu’elle a contractées avec une banque pour construire une habitation pour sa mère et ses frères et sœurs. Bien que son travail soit socialement peu valorisant, il lui permet de soutenir économiquement sa famille restée au pays, pratique très répandue chez les migrant-e-s au travers du phénomène des « remittances » (Henchoz et Poglia Mileti, 2017).

À l’aube de la quarantaine, Yamina cède aux pressions d’une compatriote résidant en Suisse et la rejoint pour travailler dans son salon de coiffure. Croyant celle-ci « sincère », elle quitte son emploi en Espagne. Une fois en Suisse, elle découvre que son amie et son conjoint ont bel et bien un salon de coiffure, mais sont aussi criblés de dettes. Durant six mois, Yamina travaille au salon sans être payée, ne pouvant dès lors plus rembourser le prêt contracté auprès de la banque en Afrique, qui dépose une plainte contre elle. Elle habite avec son employeuse et dit se sentir traitée « comme une esclave », car celle-ci exige d’elle qu’elle fasse « tout » et lui parle « comme elle veut ». Yamina regrette d’avoir quitté l’Espagne et les conditions de travail auxquelles elle avait pu accéder. Elle est convaincue que sa situation aurait pu être régularisée, si elle y était restée :

si j’étais toujours en Espagne, j’allais avoir les papiers depuis, parce que là-bas si tu as trois ans comme preuve avec un contrat de travail, on te donne les papiers, parce que toutes les filles qui étaient là-bas, elles ont eu leurs papiers maintenant.

Consciente que la situation de dépendance qu’elle vit avec sa compatriote n’est « pas normale », Yamina est dans l’impossibilité de la dénoncer. En effet, d’un point de vue administratif, elle est en situation irrégulière en Suisse, car à son arrivée sur le territoire helvétique, elle n’a pas déposé une demande d’asile. Après avoir pris des renseignements quant aux démarches à suivre pour obtenir un permis de séjour, elle découvre que les possibilités sont fortement limitées, en raison du durcissement de la loi sur l’asile[10] :

J’ai essayé, j’avais demandé quand je venais d’arriver, si on peut m’aider pour les papiers, mais on m’a dit que si on fait la demande et que l’État refuse je risque d’être expulsée. Et puis je peux pas faire l’asile aussi parce que chez moi y a pas, c’est pas un pays de guerre. Donc… la seule chose qui peut me donner les papiers peut-être c’était d’avoir un mari…

Dépourvue d’un titre de séjour légal, Yamina subit ainsi l’exploitation que lui inflige sa compatriote, sans pouvoir la dénoncer, par crainte de devoir quitter le pays : « comme j’étais sans papiers, j’avais peur de parler, ou bien ils disent que si je fais quelque chose, ils vont appeler la police, ils vont m’expulser ». Son cas est symptomatique de nombreuses situations vécues par les femmes qui, en l’absence d’un statut légal (ici un permis de séjour), sont plus à risque de se retrouver dans des relations de dépendance et des conditions d’exploitation.

Néanmoins, fatiguée des conditions de travail et de logement qui lui sont réservées, Yamina cherche refuge auprès d’une femme africaine qu’elle a connue au salon et qui cherche une aide au ménage. Sa situation ne s’améliore pas pour autant. À longueur de journée, des nettoyages aux courses, en passant par la garde d’un petit enfant d’un an, elle doit tout assumer pendant que la maman de celui-ci se rend au travail, ce qui augmente sa vulnérabilité psychologique, se sentant comme « l’esclave », comme « la boniche qui fait tout ». En contrepartie de son travail, elle ne perçoit pas de salaire, mais la possibilité de loger chez cette femme, dans des conditions très précaires, comme il ressort de ces propos rapportés par Yamina : « Tu peux dormir là, si tu as un pagne pour mettre par terre, tu peux dormir là. Ici c’est la Suisse : on fait rien pour rien. Moi aussi j’ai un enfant qui est à la crèche. Demain, je vais le retirer, tu le gardes, mais je te paie rien et tu peux dormir ici, mais je te donne rien ». La clandestinité débouche ici sur une double exploitation, travail non rémunéré et logement inconvenant, contre laquelle on ne peut pas déposer une plainte pénale, au risque d’être expulsée du pays.

Mais la clandestinité conduit aussi à l’isolement social, comme cela est le cas pour les autres femmes en situation illégale. La peur d’être repérée et renvoyée dans son pays l’emporte sur le besoin de tisser des relations sociales et d’obtenir du soutien. La vulnérabilité liée au statut de migrante compromet ainsi la création de liens forts (Granovetter, 1973), que ce soit avec les indigènes ou les compatriotes et prive les femmes des éventuelles formes de soutiens (matériels, économiques, informationnels ou psychologiques) utiles pour gérer leur vie quotidienne en contexte migratoire.

Aux conditions de travail éprouvantes, sans salaire ni couverture sociale, et à l’isolement relationnel, découlant de la condition de migrante sans statut légal, viennent s’ajouter des problèmes de santé. Prise par de fortes fièvres, Yamina se rend à l’hôpital pour une consultation. Parmi les différents contrôles, on lui propose de passer un test VIH dont le résultat est, à sa grande surprise, positif : « c’est le moment le plus dur de la vie (…) j’ai pensé aussitôt à la mort. J’ai dit : ma vie est foutue ». Si l’annonce la laisse sous le choc, Yamina se sent rapidement soutenue par l’équipe médicale qui s’engage pour qu’elle ait accès au traitement même si elle n’est pas affiliée à une caisse-maladie par manque de ressources économiques, mais aussi par crainte qu’on puisse la dénoncer par ce biais[11]. Confortée par l’encouragement des médecins, elle reste dépendante de la femme qui l’héberge et qui, par des tentatives répétées, la pousse à se prostituer. Yamina s’y refuse systématiquement et en parle à l’assistante sociale de l’hôpital qui lui procure un « petit boulot » grâce auquel elle commence à épargner pour pouvoir un jour s’offrir une chambre et quitter ces conditions de vie « très difficiles ». Mais, en dépit des efforts et des stratégies mises en place pour cacher sa séropositivité, comme le font la grande majorité des femmes interrogées (Mellini et al., 2016), sa logeuse découvre une boîte de médicaments pour le VIH et la met à la porte.

Commence alors pour Yamina une vie d’errance. Elle perd son travail, vit d’emplois encore plus précaires, notamment dans le domaine des nettoyages et se « cache dans les caves pour dormir ». Au moment de l’entretien, elle est toujours sans papiers, sans assurance maladie et trouve « très dur » d’être malade, seule, loin de sa famille et dans l’impossibilité de lui rendre visite, pour des raisons à la fois économiques et juridiques (absence de permis de séjour). Elle a des idées suicidaires qu’elle repousse en pensant à ses enfants :

Des fois, j’ai des mauvaises idées et si je sautais sous le train, et si je faisais ça, mais quand je pense aussi à mes enfants, le petit qui me pose toujours la question, quand est-ce que tu vas venir, tu n’as pas encore de l’argent et tout… des fois c’est ça qui me redonne aussi le courage de ne pas faire des bêtises. Mais ce n’est pas possible de sentir qu’on est malade et loin de la famille, on n’a pas les moyens et tout. C’est difficile.

L’isolement social de Yamina découle de son statut illégal en Suisse et se double de l’isolement résultant de son statut séropositif. Pour elle, le sida est une « maladie de la honte ». Par ailleurs, c’est notamment dans les communautés africaines que la séropositivité est gardée le plus soigneusement secrète, par crainte de rejet. Aucun geste de solidarité de la part des compatriotes ne parait être envisageable : « le milieu africain, tu vas jamais avoir de l’aide dans une galère, ils ne vont même pas t’aider, ils vont raconter à tout le monde quel est ton problème ». C’est précisément ce que vit Yamina lorsque, dans le cadre d’une association soutenant les personnes séropositives, elle commence à fréquenter une jeune femme africaine. Si elle en apprécie la compagnie, elle réprouve l’attitude de celle-ci consistant à parler publiquement de sa maladie :

Elle a commencé à parler à certaines personnes de moi et ça me faisait honte, parce que je voulais pas que les rumeurs courent jusqu’à la communauté sénégalaise, parce que dès que ça commence à fuir, les gens vont raconter jusqu’au Sénégal. (…) J’ai plus envie de fréquenter beaucoup le milieu africain par peur. (…) J’ai arrêté pour éviter les rumeurs (…). Y a pas tout le monde qui tient sa langue.

La représentation du sida comme une « maladie honteuse », associée à la crainte d’être rejetée par ses compatriotes, aggrave donc la situation d’isolement social de Yamina découlant de son statut illégal en Suisse.

Conclusion

Les études de cas de Justine et Yamina présentées ici sont certainement singulières par les faits, les enchaînements des événements et les personnes rencontrées. Elles sont toutefois symptomatiques et représentatives de l’imbrication et des influences réciproques des différentes situations de vulnérabilité auxquelles sont confrontées les femmes africaines et séropositives en contexte migratoire. En effet, s’il existe des individus dits vulnérables, ce sont surtout les conditions structurelles, l’accès inégal aux ressources et les rapports sociaux de domination qui placent les femmes dans une succession de situations qui péjorent leurs conditions de vie.

Le durcissement de la loi sur l’asile, en Suisse comme dans les autres pays européens, augmente pour les migrant-e-s la difficulté d’obtenir un permis de séjour durable. Cela a un effet particulièrement délétère sur les femmes malades qui, pour continuer de vivre en Suisse et bénéficier d’un traitement médical, endurent des relations de couple inégalitaires, parfois abusives. L’acquisition d’un titre de séjour via le regroupement familial ou le mariage contraint ces femmes à rester en couple le temps que leur permis de séjour soit acquis. D’autres femmes, conscientes de la difficulté d’obtenir l’asile pour des raisons humanitaires, choisissent de vivre sur le territoire de manière illégale, ce qui les empêche d’exercer un travail déclaré et, partant, les expose davantage aux risques de précarité et d’exploitation. L’illégalité rend également plus difficile l’accès au traitement médical et isole d’autant plus les femmes qui, par crainte d’être renvoyées dans leur pays, ont tendance à fuir les contacts avec les autres.

La maladie vient encore renforcer la vulnérabilité des femmes. Le stigmate associé au VIH augmente leur isolement et les confronte aux risques de discrimination et d’exclusion, notamment au sein des communautés africaines, où les représentations de la maladie sont rapportées comme particulièrement négatives. La séropositivité expose également les femmes au risque de domination dans le couple, lorsqu’elles se sentent redevables quand le partenaire ou conjoint poursuit la relation, en dépit de l’infection sexuellement transmissible dont elles sont porteuses.

Quant aux ressources économiques et matérielles, le bas niveau de formation ne permet pas d’accéder à des emplois qualifiés, et ce, même lorsque le statut légal est régularisé. Les revenus des emplois précaires occupés ne sont pas suffisants pour accéder à une indépendance économique qui permettrait aux femmes de se défaire de situations d’exploitation. Pour ce qui est des ressources relationnelles, si nous avons montré ailleurs qu’elles peuvent être mobilisées, afin d’obtenir des soutiens (Mellini et al., 2018), reste qu’elles sont très limitées, confinées au milieu médical et, éventuellement, au milieu associatif de lutte contre le sida. Les liens dans les communautés africaines en contexte migratoire dépendent du contrôle de l’information relative au VIH puisque, lorsque le secret sur la séropositivité des femmes est dévoilé, les risques de stigmatisation et de discrimination s’actualisent. En définitive, si le contexte migratoire facilite l’accès aux traitements médicaux, la condition de femme, associée à la difficulté d’acquérir un permis de séjour durable et à la discrimination pour cause de séropositivité, concourent à renforcer le processus de vulnérabilisation des femmes originaires de l’Afrique subsaharienne, malgré l’agentivité dont elles font preuve.

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Pour citer :

Mellini, Laura, Poglia Mileti Francesca et Villani Michela. 2020. « La vulnérabilisation des femmes africaines et séropositives en contexte migratoire ». In Vulnérabilités, santé et sociétés en Afrique contemporaine. Expériences plurielles. Sous la direction de Bouma Fernand Bationo et Augustin Palé, p. 157-176. Québec et Ouagadougou : Éditions science et bien commun.


  1. FEMIS : « Femmes migrantes d’origine subsaharienne et VIH : gestion d’un secret et rapport à la santé ». Menée par une équipe de sociologues et de sociolinguistes, FEMIS a été financée par le Fonds national suisse de la recherche scientifique (subside n°100017_140457).
  2. Du latin vulnerare : blesser.
  3. « Un manque de ressources dans un ou plusieurs domaines de la vie, qui, dans un contexte spécifique, place des individus ou des groupes face à un risque accru d’expérimenter des conséquences négatives liées à des sources de stress, à l’incapacité de faire face efficacement aux facteurs de stress ou de tirer profit d’opportunités avant un délai imparti » (traduction libre).
  4. Le protocole de recherche a été accepté par deux Commissions d’éthique de la recherche sur l’être humain.
  5. Le permis B est une autorisation de séjour pour cinq ans (renouvelable), le permis C est une autorisation d’établissement à long terme, le permis F est une autorisation d’admission provisoire pour les ressortissants en provenance de pays qui ne sont pas membres de l’Union Européenne/Association Européenne de Libre Échange. Pour un aperçu complet des permis de séjour en Suisse, voir le site du Secrétariat d’État aux Migrations (SEM) : https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home.html.
  6. La charge virale – quantité de VIH présente dans les liquides corporels d’une personne séropositive – est dite indétectable lorsqu’elle est en-dessous du seuil détectable dans le sang par les techniques actuelles (www.anrs.fr).
  7. Tous les noms sont fictifs et les biographies sont présentées de sorte à rendre impossible l’identification des personnes interviewées.
  8. Pour toute information relative à cette mesure, voir : https://www.sem.admin.ch/sem/fr/home/publiservice/weisungen-kreisschreiben/auslaenderbereich/familiennachzug.html
  9. Pour toutes les conditions relatives à l’autorisation de séjour octroyée au titre du regroupement familial, voir le chapitre 6 de ce document officiel « Directives et commentaires. I. Domaine des étrangers » : https://www.sem.admin.ch/dam/data/sem/rechtsgrundlagen/weisungen/auslaender/weisungen-aug-f.pdf.
  10. Pour plus d’informations sur ce point, voir le site https://asile.ch.
  11. Selon la loi fédérale sur l’assurance maladie (LAMal), toute personne domiciliée en Suisse doit s’assurer pour les soins en cas de maladie (https://www.admin.ch/opc/fr/classified-compilation/19940073/index.html). Les caisses-maladie sont tenues d’admettre dans l’assurance obligatoire des soins toute personne qui réside en Suisse, indépendamment de son statut légal, pour autant qu’elle soit en mesure de s’acquitter chaque mois d’une prime. Tenues au secret professionnel, les assurances n’ont pas le droit de communiquer les données personnelles des affilié-e-s aux services en charge des migrant-e-s ou à la police.

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