5 Don et consommation néonatale du colostrum
Pratiques, représentations et enjeux de santé publique au Burkina Faso
Ludovic Ouhonyioué Kibora et Roger Zerbo
Introduction
Divers aspects de la vie sociale au plan individuel et collectif font l’objet de recherches ethnographiques et anthropologiques dans des espaces sociaux et géographiques contrastés qui influencent leurs modes d’expressions. On peut citer, entre autres, la gouvernance, le changement social, la parenté, le symbolisme, l’échange, les systèmes de croyance, l’ethnicité et les relations de pouvoir, les migrations, la santé, la nutrition. Au fil des années, de nouvelles problématiques relatives aux relations sociales et interpersonnelles émergent sous le prisme de l’évolution des sociétés vers la modernité qui induit une nouvelle configuration des rapports sociaux. Par ailleurs, le rapport aux corps, les rapports intergénérationnels, l’alimentation et surtout l’allaitement et ses représentations sont des thématiques qui sont revisitées de nos jours pour comprendre davantage l’évolution des perceptions des populations. C’est dans ce sens que, s’intéresser au colostrum pour en faire un objet de recherche ethnographique, contribue à appréhender les systèmes de pensées dans des contextes spécifiques.
Sans cloisonnement géographique, ni préférence pour un groupe social particulier, l’anthropologie étudie aussi bien les sociétés urbaines que rurales et contribue à la compréhension de problèmes contemporains tels que la santé de la reproduction et l’allaitement. L’allaitement, et plus particulièrement l’usage du colostrum, révèle la manière dont le maternage est vécu dans un contexte social et l’impact de ses représentations sur les rapports sociaux. En effet, le colostrum est une substance biologique qui est aussi l’objet d’investissements culturels nombreux, complexes et variés. Les diverses représentations sociales relatives au colostrum ont des effets sur le don par la mère et sur sa consommation néonatale. Appréhender les pratiques relatives à une substance corporelle, en faisant l’hypothèse que celle-ci est perçue comme un « objet » tout à la fois biologique et culturel, justifie donc que soient réunies des compétences scientifiques venant de l’anthropologie et de la biologie. Cela rappelle sans doute les contraintes liées aux approches interdisciplinaires pour appréhender les rapports sociaux qui comportent des enjeux de santé publique.
Ce chapitre est l’occasion de revisiter un pan essentiel du processus du maternage auprès des populations en lien avec les représentations sociales. Il est tiré des résultats d’un programme de recherche intitulé « L’alimentation pré-lactée (don et consommation néonatale du colostrum) : pratiques, représentations et enjeux de santé publique ». Ce programme sur le don et la consommation néonatale du colostrum comprend deux volets : un volet anthropologique et un volet psychobiologique et biologique. Le volet anthropologique vise à documenter les pratiques et les représentations relatives à la consommation néonatale du colostrum dans sept pays (Allemagne, Bolivie, Burkina Faso, Brésil, Cambodge, France, Maroc) aux contextes sociaux et culturels contrastés. Ce chapitre qui met le focus sur le cas du Burkina Faso, aborde le problème classique d’intégration des problématiques propres à la biomédecine aux approches théoriques des sciences sociales, quand il s’agit de prendre en compte une constante sociale, à savoir les relations mère-enfant, dans les réflexions pour l’amélioration de la situation alimentaire et les conditions sanitaires. Nous allons d’abord évoquer la méthodologie utilisée dans le cadre de cette recherche, ensuite donner un aperçu de la politique sanitaire en matière de promotion de l’allaitement maternel au Burkina Faso et des enjeux de santé publique qui y sont associés. Enfin, après avoir rappelé quelques terminologies locales utilisées pour désigner le colostrum, nous évoquerons les pratiques d’allaitement en lien avec la perception culturelle du milieu.
Méthodologie
Dans le cadre de cette recherche, nous avons utilisé la méthode qualitative pour recueillir le point de vue des femmes et des personnes ressources sur le don du colostrum au nouveau-né dans le contexte du Burkina Faso.
Caractéristiques géographiques et démographiques du site de recherche
Le Burkina Faso compte une population de 14 017 262 habitant-e-s (INSD, 2010) et le territoire est subdivisé en 66 districts sanitaires. La province du Kadiogo située dans la région sanitaire du Centre comprend cinq districts sanitaires dont celui de Bogodogo. Le district sanitaire (DS) de Bogodogo est situé dans la partie sud-est de la province du Kadiogo. Il est limité au nord par le DS de Nongr-Massom, au nord-est par le DS de Ziniaré, à l’ouest par le DS de Baskuy, à l’est par le DS de Zorgho, au sud par le DS de Kombissiri et au sud-ouest par le DS de Boulmiougou. Il s’étend sur une superficie de 1167,77 km2. L’aire sanitaire du district couvre les communes rurales de Saaba (23 villages) et de Koubri (25 villages), ainsi que les arrondissements 5, 10, 11 et 12 de la commune de Ouagadougou. Au total, le district sanitaire de Bogodogo a sous sa coupe 38 formations sanitaires publiques. Selon le plan d’action 2015 du DS de Bogodogo, sa population est estimée à 764 043 habitant-e-s au 31 décembre 2015. Cette population vit majoritairement en milieu urbain (74%) avec une densité de 5 847,643 habitant-e-s au km2. La population du DS de Bogodogo regroupe plusieurs ethnies dont la majorité est représentée par les Mossé[1]. On y retrouve aussi la quasi-totalité des 59 autres groupes ethniques du pays.
Déroulement des enquêtes de terrain
En plus de la revue de la littérature, l’enquête de terrain a consisté à récolter aussi bien des données quantitatives que des données qualitatives, selon une démarche socio-anthropologique. Le 16 novembre 2013, une séance d’échange a eu lieu avec des traducteurs et traductrices en langue locale mooré et dioula, afin de traduire le questionnaire dans deux langues nationales. Le 20 novembre 2013, l’enquête a débuté dans les services de Santé maternelle et infantile (SMI) du district sanitaire du secteur 30. La saisie des données a été achevée le 24 février 2014.
Concernant le déroulement des enquêtes, elles ont eu lieu parfois dans l’enceinte des Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) ou aux domiciles des mères. L’enquête auprès des agent-e-s de santé a eu lieu essentiellement sur les lieux de service. Lorsque les mères ne sont pas disponibles immédiatement pour un entretien ou lorsqu’elles manifestent trop de signes de souffrance, l’interview est soit abandonnée ou proposée à une autre date, tout en respectant le délai de deux à six jours requis selon le protocole d’enquête. Compte tenu de la souffrance parfois manifeste lors des suites d’accouchement, on procède au recrutement des mères dans les SMI pour les rejoindre deux à trois jours après, à leur domicile pour réaliser les entretiens et prendre les photos lorsqu’elles acceptent.
Le premier contact avec les femmes allaitantes a toujours été au centre de santé par l’intermédiaire des agent-e-s de santé et des responsables des services de maternité. Cette exigence a été recommandée par le comité d’éthique national de recherche en santé. La demande du consentement pour participer à l’étude était systématique.
Par ailleurs, le mode de fonctionnement des CSPS est tel que les femmes qui n’ont pas de complications obstétricales sont libérées du CSPS le lendemain de l’accouchement, ce qui impose de les rejoindre à domicile suite à un rendez-vous[2]. Cela explique que nous ayons adopté le processus de recrutement des femmes dans les CSPS pour pouvoir poursuivre les entretiens à domicile. Il faut donc noter que les questionnaires sont remplis en plusieurs étapes sur une période de deux ans.
Les entretiens individuels ont concerné soit les mêmes femmes rencontrées lors des enquêtes par questionnaires, soit de nouvelles femmes qui viennent d’accoucher. Ils se sont déroulés principalement en langue française. Les entretiens réalisés en mooré ont été simultanément traduits par les enquêtrices. La passation des questionnaires individuels avec cent femmes qui ont accouché dans les centres de santé et vingt agent-e-s de santé, s’est déroulée de novembre 2013 à février 2014. La réalisation des entretiens individuels sur le colostrum auprès de cinq expert-e-s, personnes ressources et praticien-ne-s de santé, afin de connaître leur expérience et leurs perceptions et usages du colostrum, a eu lieu en août 2014. La réalisation des entretiens individuels approfondis avec vingt mères d’enfants ayant des antécédents d’allaitement ont eu lieu de septembre à novembre 2014. Nous avons pris 31 photos de mères allaitant leur enfant.
Résultats
Politiques publiques en matière d’allaitement
Le lait maternel est le premier aliment naturel pour les nourrissons[3]. C’est un élément irremplaçable pour le nouveau-né, car il contient tous les éléments nutritifs nécessaires aux enfants dans les premiers mois de leur existence. C’est pour cela que plusieurs organisations au niveau international, régional et national font la promotion de l’allaitement maternel. Au plan international, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande fortement l’allaitement maternel, dès la naissance du bébé et de façon continue jusqu’à l’âge de six mois. Selon l’OMS, l’enfant nourri au sein constitue un modèle normatif de croissance et de développement[4]. Elle précise que l’allaitement exclusif au sein diminue les risques de mortalité infantile imputable aux maladies courantes de l’enfance. C’est dans cette vision de promotion du lait maternel qu’en 2003, l’OMS et l’UNICEF ont formulé un programme d’action sur « la stratégie mondiale pour l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant » en appelant les gouvernements et tous les responsables à « faire en sorte que le secteur de la santé et les autres secteurs pertinents protègent, encouragent et soutiennent l’allaitement maternel exclusif pendant six mois et la poursuite de l’allaitement jusqu’à l’âge de deux ans ou au-delà » (OMS, UNICEF, 2003 : 15).
Il s’avère donc important de donner aux femmes les moyens nécessaires pour réussir cette pratique dans leur famille, dans la communauté, sur leur lieu de travail et également en situation d’urgence. Selon les institutions impliquées dans la protection de la santé des enfants, l’allaitement maternel est un droit de l’enfant, notamment son droit d’être protégé, car l’allaitement maternel exclusif augmente les chances de survie du bébé.
En effet, depuis 1992, l’alliance mondiale pour l’allaitement dans le but de promouvoir l’allaitement maternel a décrété que chaque année, la première semaine du mois d’août est consacrée à la « Semaine Mondiale de l’Allaitement Maternel » (SMAM). De plus, l’Assemblée générale des Nations Unies, à travers la Convention relative aux droits de l’enfant adoptée le 20 novembre 1989, fait obligation aux États de mettre en place une stratégie d’information et de soutien en matière d’allaitement maternel. En août 1990, 32 gouvernements et 10 institutions des Nations Unies signaient « la Déclaration d’Innocenti » pour encourager l’allaitement maternel dans le monde entier. Cela se justifie par le fait que l’allaitement maternel est un moyen reconnu de promouvoir et de protéger la santé à la fois de la mère et de son jeune enfant. Depuis lors, un réseau mondial s’est constitué pour protéger, promouvoir et soutenir l’allaitement maternel[5].
Au Burkina Faso, certaines associations et ONG sensibilisent les mères sur l’importance du colostrum et de l’allaitement exclusif durant les six premiers mois du bébé. En effet, l’International Baby Food Action Network (IBFAN) considère que le colostrum en Afrique est le premier vaccin contre un grand nombre de maladies. L’Association pour la Promotion de l’Allaitement Infantile (APAIB) et l’Association Chant de Femme (ACF) participent également à la promotion du lait maternel au Burkina Faso[6]. Une initiative visant à sauver des vies, prévenir la maladie et assurer une croissance et un développement optimal chez les nourrissons grâce à l’amélioration des pratiques d’allaitement maternel est mise en place par l’association Alive & Thrive (A&T). Le ministère de la Santé (MS), à travers la Politique nationale de nutrition et le Plan stratégique de nutrition (PSN) 2010-2015[7], a mis en place des activités de soutien et de promotion de l’allaitement exclusif au cours des six premiers mois. Au niveau régional, dans le cadre de l’amélioration de l’alimentation du nourrisson, le douzième forum sur la nutrition de la CEDEAO (20-24 septembre 2010, Grand Bassam, Côte d’Ivoire) préconise également l’allaitement au sein (UNSCN, 2011).
Une alimentation et des soins appropriés peuvent aider les femmes enceintes à pratiquer l’allaitement dès l’accouchement. Ainsi, des projets pour l’amélioration de la nutrition ou de lutte contre la malnutrition aiguë mis en place au Burkina Faso permettent de réduire la malnutrition aiguë et la mortalité de la population la plus vulnérable, à savoir les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes (Somassé et al., 2011). Il en est de même de la politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle qui, dans le but d’améliorer l’état nutritionnel des populations, a prévu, dans l’axe stratégique n°4, de mettre en œuvre des actions de prévention et de traitement de la malnutrition au profit de tous les enfants de moins de cinq ans, des femmes enceintes et allaitantes ainsi que des adolescentes[8].
De nombreuses raisons expliquent le manque d’attrait pour l’allaitement maternel et l’utilisation superflue des substituts du lait, et ces raisons varient selon les pays. La grande majorité des professionnel-le-s de santé reconnaissent que l’allaitement artificiel ne peut suppléer le lait de la mère. En effet, le lait artificiel n’a pas la qualité nutritionnelle du lait maternel. De plus, les règles d’hygiène ne sont pas observées par les femmes qui optent pour l’allaitement artificiel. Pourtant, l’utilisation sans soins du lait artificiel peut causer des maladies et la mort du nourrisson. L’allaitement artificiel a un coût économique important pour les familles qui optent pour ce type d’allaitement. Néanmoins, il existe des situations nécessitant un recours obligatoire à l’allaitement artificiel, c’est le cas notamment du nouveau-né, orphelin dès la naissance ou en cas de séparation prolongée entre la mère et le bébé.
Dans les centres de santé, les femmes qui viennent en consultation bénéficient de séances de sensibilisation sur la santé maternelle et infantile. Au nombre des activités entrant dans ce cadre, il y a les planifications familiales, la prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant, les vaccinations de routine et l’allaitement maternel. Le temps de séjour des mères est très réduit dans les centres de santé, lorsqu’il n’y pas de complication obstétricale. Les mères donnent spontanément le colostrum aux enfants, sauf celles dont le lait ne coule pas aisément.
En effet, de nombreux programmes de santé publique de type vertical et horizontal sont mis en place au Burkina Faso, en vue d’améliorer la santé de la mère et celle de l’enfant, de même que la prise en charge des accouchements difficiles. Dans ces paquets d’activités, il y a la promotion du don du colostrum aux enfants et l’allaitement exclusif jusqu’à environ six mois.
L’allaitement dans le cycle de vie de la femme est le prolongement normal du processus reproductif et la préparation à l’allaitement commence dès la grossesse. Un bon suivi de l’allaitement est signe que la femme joue bien son rôle de mère. On apporte des substituts de lait à l’enfant lorsque la mère a des problèmes pour avoir du lait. Les femmes qui ont des empêchements pour être toujours aux côtés de leur enfant ont recours au lait artificiel de manière alternée avec le lait maternel. Pour mieux cerner la perception des populations par rapport au colostrum, nous avons identifié des terminologies qui traduisent la manière dont elles nomment le colostrum et ce que cette nomenclature recouvre en termes de significations sociales.
Terminologies locales pour désigner le colostrum
La désignation, la nomination d’un fait social, d’un objet dans une langue donne des informations importantes sur les systèmes de représentations des populations en lien avec ce fait ou cet objet. C’est pourquoi notre intérêt premier a été guidé par la recherche de sens auprès des populations concernant l’usage du colostrum. Notre enquête ayant ciblé quatre groupes socio-culturels, les informations suivantes ont pu être notées.
Les Kasim : En langue kasim parlée par les Kaséna, groupe socio-culturel d’environ 250 000 personnes vivant au Nord Ghana et au sud-est du Burkina Faso, à environ 147 km au sud de la capitale (Cremer, 1924), le colostrum est appelé yil giyu. Yil (lait maternel) guyi (cru, non mûr). Le colostrum est donc considéré comme un lait non accompli. Ce qui est giyu chez les Kaséna est impropre à la consommation. Ce terme s’applique aux fruits et légumes verts, aux viandes crues dont la consommation peut entrainer des maux de ventre, voire d’autres maladies. Raison de plus pour que la femme attende que le colostrum murisse en lait nourrissant avant de faire téter le nouveau-né.
Les Mossé : Les Mossé (appelés, dans la littérature coloniale, les Mossi) occupent principalement le centre et le nord du Burkina Faso. C’est le groupe socio-culturel majoritaire du pays. En langue mooré, le colostrum est désigné par les termes : biis ko saalga (eau sale du sein), biis puugu (mousse de lait) ou biis beedo (mauvais lait). La mousse d’une boisson est impropre à la consommation. De nos jours, comme en dioula, l’appellation pipi bisim (premier lait) est adoptée par de nombreuses personnes grâce à la sensibilisation entreprise par les services de santé et d’action sociale.
Les Jula : Le jula ou dioula est une langue parlée majoritairement dans l’ouest du Burkina Faso par divers groupes socio-culturels comme première ou deuxième langue d’expression courante. Cette langue est aussi parlée dans le nord de la Côte d’Ivoire et est une variante du bambara parlée au Mali et du malinké de Guinée. En dioula, le colostrum est désigné par les termes suivants : Dji sala (Dji : eau; Sala : trouble, voire sale) ou encore Dji djougou (Djougou : méchante, mauvaise). De plus en plus, le personnel de santé tend à faire adopter l’appellation Sinj fôlô (premier : fôlô; lait maternel : sinji). Cette appellation est utilisée lors des campagnes de sensibilisation et dans les émissions radiophoniques. Alors, on la trouve maintenant en milieu urbain et chez les personnes instruites.
Les Peuls : Le fulfuldé est la langue parlée par les Peuls qui occupent le nord du Burkina Faso. C’est la troisième langue nationale après le mooré et le dioula. Population pastorale nomade, les Peuls sont un peu partout dispersé-e-s sur plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest et du centre. En fulfuldé, le colostrum est désigné par le terme Kinndi qui signifie « quelque chose de trouble », « liquide amère » ou encore « liquide impropre ». Ce qui fait qu’il n’est pas conseillé d’en donner aux nouveau-né-e-s.
Les Gulmacema (ou Gourmantché) : En gulmacema, il est appelé bitooma ou bidjangan, respectivement « lait amer » et « lait sale » (Sawadogo, 2006).
Pratiques d’allaitement et lien explicite avec le colostrum
Selon un certain nombre de personnes ressources interviewées (des agent-e-s de santé et l’animatrice d’une émission dédiée aux femmes dénommée Questions de femmes), les pratiques d’allaitement, notamment celles qui sont en lien avec le colostrum, ont une importance capitale dans l’évolution physique et psychique du nouveau-né.
Sur les pratiques appliquées avant l’accouchement, Mme Dramé, 42 ans, mère de trois enfants, se souvient toujours de son dernier accouchement, il y a de cela sept ans :
J’en ai un souvenir très vif parce que c’est un enfant que j’ai porté dans mon ventre (…), j’avais déjà accouché, l’enfant est sorti, la matrone était contente et puis elle courait avec l’enfant, elle dit qu’il est beau, qu’il est né propre, qu’il n’y a rien sur sa peau, il est teint clair; elle s’est promenée pour montrer l’enfant à tout le monde, ensuite elle me l’a amené, et dès qu’on nous a mis en salle, j’ai commencé à l’allaiter, c’était un très beau souvenir…
En ce qui concerne l’usage du colostrum dès l’accouchement ou le recours au substitut du lait maternel, elle poursuit en ces termes :
Absolument! On ajoute toujours le lait, mais quelques jours après; parce que, on est des femmes qui travaillent, donc, quand une femme travaille, elle a besoin de substitut, mais au début, moi, ce que je faisais, c’était de presser le sein, mettre dans un biberon et c’est quand le lait maternel recueilli dans le biberon finit que maintenant, on va lui donner le biberon du lait…
Pour ce qui est de la première consommation du colostrum, on peut noter que, d’une manière générale, elle intervient dès l’accouchement, quand « maman et bébé se portent bien », comme on le dit souvent. Seules les considérations biomédicales traditionnelles en font une substance impropre à la consommation, à cause d’un certain nombre de préjugés. C’est ce que signale Néya, 41 ans, mère de trois enfants :
D’abord sa couleur, comme il est jaunâtre, un peu plus lourd par rapport au lait que le commun des mortels connait, qui est blanc, un peu plus liquide, on pense que c’est du lait gâté, comme il a commencé à se produire avant la naissance de l’enfant… C’est comme du lait qui a stagné longtemps, c’est pour cela qu’il est devenu un peu lourd, donc il est gâté, donc il faut le presser et le jeter… parce que… il n’est pas bon de donner quelque chose qui est gâté à son enfant.
Sur les pratiques appliquées juste après l’accouchement, en commençant par le temps qui sépare l’accouchement de l’allaitement, Zanré, médecin gynécologue de 50 ans et père de trois enfants, fait remarquer ce qui suit :
En principe, dès la naissance, l’enfant est apte à téter; parce qu’il n’y a que le réflexe, et s’il est né dans les bonnes conditions, il est bien portant, il a bien crié, il respire très bien, immédiatement il doit être mis au sein; même sans avoir coupé le cordon.
En ce qui concerne les pratiques recommandées sur l’allaitement, et en relation avec les prescriptions nutritionnelles, émotionnelles et sociales, il poursuit en ces termes :
La pratique de l’allaitement, j’avoue qu’en tant que Burkinabè, Africain, je vois que beaucoup de femmes acceptent d’allaiter; ça je suis fier pour ça, il ne faut pas baisser les bras, il faut continuer à encourager cela.
À la question de savoir s’il y a des soins particuliers aux seins en période d’allaitement, M. Compaoré, médecin, père de trois enfants estime que :
Soigner le sein, c’est déjà le garder propre; lorsqu’on le garde propre, on a toutes les chances de pouvoir délivrer du lait de bonne qualité. On a appris également que pour faire du bon lait, il faut également de l’eau; donc c’est bien que la mère puisse se réhydrater correctement pour pouvoir donner du bon lait. Mais je pense que déjà le soin du sein passe d’abord par une bonne hygiène du sein, c’est-à-dire le garder propre; et également, je sais qu’avant l’allaitement, il y a certaines femmes qui font un petit massage des glandes galactophoriques, sans vraiment trop presser, mais juste un petit massage superficiel pour permettre de vider facilement les canaux galactophoriques.
Toujours sur la façon dont se pratique l’allaitement, Bicaba, médecin de 36 ans et père de deux enfants affirme que :
Normalement, après l’accouchement, on doit mettre immédiatement l’enfant au sein; et normalement l’allaitement doit se faire de manière exclusive jusqu’à six mois, et ensuite il faut introduire des suppléments nutritifs, les bouillies enrichies, etc. Et cela peut se faire jusqu’à 18 mois pour le sevrage; maintenant, le nombre de tétées, on conseille généralement à la maman de donner autant de fois que l’enfant le veut, pour les tétées.
Quant aux conséquences de la consommation du colostrum, Kaboré explique d’abord que :
C’est un liquide qui est d’une grande importance parce que renfermant certaines qualités pour l’enfant… Ça renferme tout ce qu’il faut pour le nouveau-né, c’est beaucoup plus adapté, ça renferme des anticorps.
Il poursuit en évoquant les avantages sur le plan sanitaire et les effets bénéfiques pour le nouveau-né :
Je disais que c’est une substance qui est déjà plus adaptée à la physiologie intestinale du nouveau-né, également adaptée sur le plan immunitaire, parce que contenant beaucoup plus d’anticorps… Et bien sûr, ça contient, comme le lait, des substances nutritives; on dit que le colostrum est plus riche que le lait maternel.
Sur la croyance ou l’existence de la parenté de lait, il est plutôt sceptique et ne conçoit que la relation qui s’établit entre la mère et l’enfant; et même là, il trouve que :
Ce n’est pas le lait en lui-même qui est l’élément déterminant, mais le sein. C’est le contact physique qui est établi entre l’enfant et la maman qui fait cet échange.
Au sujet de la connaissance des effets du colostrum sur le nouveau-né, voici ce qu’en sait Mme Dramé, sans être une spécialiste de la santé :
Sans vraiment connaître la santé et l’importance de ce liquide-là, je sais que les matrones nous conseillent d’allaiter l’enfant dès la naissance, parce que c’est ce liquide-là qui permet à l’enfant de faire ses premières selles, et de lui apporter les nutriments nécessaires pour qu’il puisse vraiment se sentir bien.
Quant à Néya, elle soutient pour sa part que :
Cette substance jaunâtre-là contient des substances qui vont aller préparer déjà l’estomac de l’enfant pour accueillir l’autre lait qui va être son repas pendant plus d’une année, en fonction de la durée de l’allaitement que la maman va accorder à l’enfant…
Elle conçoit pour sa part la parenté de lait plutôt comme une parenté entre les laits, d’autant plus qu’elle considère que :
Le colostrum est le grand-frère du lait, puisqu’il est produit avant, pour préparer l’enfant, en attendant que le lait lui-même n’arrive.
Évocations du colostrum selon les perceptions culturelles
Le premier lait épais et de couleur jaunâtre d’une nouvelle accouchée scientifiquement appelé colostrum revêt plusieurs significations : sur le plan médical, celui-ci, riche en anticorps de la mère, est susceptible de protéger le nouveau-né contre les infections auxquelles il se trouve exposé, d’où la recommandation de sa consommation par tout nouveau-né dès sa naissance.
Selon Sawadogo (2006), une des techniques utilisées pour tester la qualité du colostrum est ce qu’il convient d’appeler « le test à la fourmi ». L’utilisation du colostrum, selon ses enquêté-e-s, est subordonnée aux résultats de ce test. Ce qu’avait relevé la belle-mère d’une enquêtée et épouse d’un griot :
Le premier lait en gulmacema est appelé bitooma. Quand tu veux réellement savoir que le premier lait c’est du bitooma, quand tu l’enlèves un peu, tu mets une fourmi dans ça, elle meurt; donc en ce moment, ce n’est pas autorisé que la femme donne ça à son enfant; elle enlève ça jeter avant que le bon lait ne vienne. Mais chez certaines femmes, le lait est bon; donc certaines donnent et d’autres ne donnent pas; ça dépend de la qualité du colostrum[9].
Le test à la fourmi consiste à immerger une fourmi vivante dans le colostrum pour tester sa qualité; lorsque la fourmi s’y « noie », le colostrum est appelé bitooma « lait amer »; la noyade de la fourmi est logiquement due à « l’amertume » du lait, il est alors prohibé au bébé.
Cependant si la fourmi ne meurt pas, le lait est considéré comme étant de bonne qualité donc approprié au nouveau-né. Pour les Gulmacema, « la mauvaise » qualité du colostrum est due à plusieurs facteurs : la coagulation du lait et la présence du fœtus.
Les conséquences liées à sa consommation, lorsqu’il s’avère « mauvais », peuvent aboutir à la mort; son rejet est de ce fait immédiat :
Le colostrum est mauvais pour l’enfant, ça lui donne la diarrhée. Quand la femme accouche on extrait ce lait et on jette. À défaut de l’extraire, après l’accouchement, l’enfant n’est pas immédiatement mis au sein, cela permet de laisser couler le premier lait[10].
Cette période de privation de lait au nouveau-né est mise à profit pour purifier le lait. Ainsi, « il faut d’abord traiter la mère avec des tisanes pour que le lait change », a déclaré une accoucheuse villageoise.
Cette représentation du colostrum a des incidences sur le comportement social; elle reste dans la mémoire collective et nécessite une mise en ordre sociale, celle de l’utilisation de la tisane.
Son rejet par les mères se fonderait sur des expériences vécues :
À notre temps, nous ne donnions pas le colostrum aux enfants parce qu’en donnant le premier lait aux enfants, les enfants maigrissaient jusqu’à ce qu’ils meurent. Donc à notre temps, le premier lait faisait mourir nos enfants; (…) nous faisions des expériences (…) quand la fourmi meurt, c’est que ce n’est pas le bon lait, c’est le bitooma; tu sais que quand l’enfant va téter, ça (…) peut faire mourir l’enfant; mais quand la fourmi ne meurt pas et elle sort, c’est que c’est le bon lait… », selon la belle-mère d’une femme allaitante enquêtée[11].
C’est aussi ce qu’une vieille femme d’une famille royale relève. Le bidjangan :
Ce n’est pas du bon lait, mais une fois que la femme a accouché et que l’enfant a refusé de dormir, il faut forcement lui donner à téter; on sait que ce n’est pas le bon lait mais si l’enfant continue à pleurer, il faut lui donner le lait pour qu’il soit calmé. Il y aura le bon lait qui va venir après[12].
Dans ce sens, la consommation du lait est vécue comme un moyen d’apaiser la faim, mais pas comme une réponse adaptée à une fonction vitale.
D’autre part, les travaux de Sawadogo (2006) révèle que les Gulmacema assimilent le colostrum à un agent pathogène (microbe, virus, bactérie) offensif inoculant des maladies; en consommant ce liquide, le nouveau-né est exposé aux « intoxications » et à l’infection. Il est un être faible et fragile; sa résistance est comparée à celle de la fourmi; de ce fait, une égalité est établie entre les deux êtres. La nécessité de tester la comestibilité du colostrum avec l’être animal s’avère donc nécessaire; c’est l’issue (vivante ou morte) de la fourmi après son bain laiteux qui déterminera l’utilisation réservée au colostrum.
Il s’érige alors un déterminisme causal, les mêmes causes produisant les mêmes effets : si la fourmi meurt, le bébé n’y échappera pas, eu égard à l’analogie établie entre eux. On peut cependant se demander si le « test à la fourmi » est fiable : une fourmi physiquement faible est-elle capable de sortir indemne de ce liquide épais qu’est le colostrum?
Chez les Gulmacema, le colostrum est la cause a priori et a posteriori des maladies néonatales; la première causalité a priori indique l’idée que l’on se fait d’une maladie ou d’une infortune, la deuxième causalité a posteriori indique que le schéma causal est lié à une expérience individuelle ou collective singulière, à une conjoncture particulière (Simon, 1995).
Cependant, on constate que grâce au développement de la médecine moderne et aux sensibilisations, le colostrum connaît un regain d’intérêt. Nombreuses sont les mères, en effet, qui le donnent à leurs enfants. À propos, un jeune infirmier, chef de poste, affirme que :
Avec les sensibilisations, il y a moins de tabous autour du colostrum, parce que les femmes qui accouchent en maternité, on le conseille de donner le premier lait parce que c’est très important pour le bébé. Quand je demande à ce qu’on donne le sein à l’enfant, c’est exécuté sans réticence et vraiment ça m’étonne quand même[13]!
Une pluralité de perceptions entoure l’utilisation du colostrum : de la volonté de nourrir l’enfant s’oppose la crainte de le perdre. Il est alors considéré comme une « nourriture » ou un « poison ». En perspective, la mère s’attend à ce que son enfant, en consommant ce lait, tombe malade. Il est donné avec crainte et sans conviction. Psychologiquement, ce sont les effets néfastes qui sont attendus et quand ils ne se manifestent pas, alors on conclut à son inoffensivité. La consommation du colostrum est donc soumise à une procédure d’expérimentation et de validation. Sa perception négative semble être atténuée grâce au développement de la médecine et les jeunes mères ont tendance à le considérer non plus comme un élément a priori négatif, mais plutôt neutre ou apte à la consommation.
Conclusion
L’allaitement maternel est le mode alimentaire le plus naturel mais aussi le plus bénéfique pour la santé et la croissance de l’enfant. Les représentations sociales et les croyances traditionnelles influencent les relations et les expériences du don du colostrum. Dans certaines communautés, les mères pensent que le colostrum n’est pas assez « propre » à la consommation, ni nourrissant. Certaines considèrent que cette substance est néfaste pour la santé de leur enfant. À travers les données empiriques, de nombreuses variables sociales et culturelles susceptibles d’expliquer la consommation ou la non-consommation du colostrum sont révélées par un savoir anthropologique et bio-culturel sur la perception de cette substance auprès des différentes communautés. Les personnels de santé, de par leurs formations de base, ont une représentation structurée et des références normatives par rapport au colostrum. Ils et elles évoquent aisément des bienfaits biologiques, physiques, sanitaires du colostrum, tant pour le bébé que pour la mère allaitante. Ces connaissances sont utiles dans l’élaboration et la mise en place de programmes de promotion de l’allaitement maternel et dans la prévention des maladies infantiles. Cela est un apport important pour le renforcement des programmes de promotion de la santé de la reproduction, de la santé maternelle et infantile, au regard du taux de morbidité et de mortalité infantile relativement élevé au Burkina Faso.
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Pour citer :
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- Cf. INSD, Monographie de la commune de Ouagadougou/RGPH 2010 ↵
- Ceci pourrait être compris aussi comme un indicateur de succès des programmes de lutte contre la mortalité maternelle qui met l'accent sur le suivi régulier des femmes avant l’accouchement pour les consultations prénatales (CPN). ↵
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- Ministère de la Santé, Plan stratégique nutrition 2010-2015 ↵
- Politique nationale de sécurité alimentaire et nutritionnelle, octobre 2013 ↵
- Extrait de l’étude de M. Sawadogo, 2006 ↵
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