2 La délicate socialisation des enjeux techniques contemporains : fablabs, encore un effort et vous deviendrez des communs

Matei Gheorghiu

Introduction

Les fablabs sont des ateliers dotés d’une panoplie d’outils traditionnels et numériques. S’y retrouve une communauté aux frontières imprécises ancrée localement et globalement connectée[1]. Les fablabs physiques et leurs doubles virtuels (les réseaux) sont des espaces de mise en commun d’outils, de plans, de recettes, permettant de partager des idées et des problèmes et de trouver de l’aide mais aussi de la reconnaissance et un vecteur de diffusion de ses réalisations. Ils sont en théorie ouverts à tout public, même si le niveau de technicité des outils et pratiques concernées implique un certain niveau de compétences. Cela tend à accentuer les frontières entre expert·e·s et profanes et à renforcer naturellement les biais de sélection, notamment sous l’aspect du genre mais aussi de l’âge et des origines sociales (Bosqué et al., 2018).

En raison de leur caractère ouvert[2], ces lieux peinent à trouver leur place dans le paysage économique : s’agit-il de clubs de loisirs, d’incubateurs, de centres de formation ou encore d’espaces de médiation numérique? Chacune de ces définitions suppose un ancrage institutionnel différent; cette forme originale d’organisation située aux interstices des catégories établies les réinterroge et esquisse de nouveaux modes d’intégration des questions techniques dans le tissu social.

Les fablabs et leurs membres, les makers (Berrebi-Hoffman et al., 2019), se sont distingués lors de la pandémie au Covid-19 en se mobilisant pour fabriquer et distribuer bénévolement des dispositifs sanitaires (visières, distributeurs de gel) alors que le marché et l’État peinaient à réagir (Bergeron et al., 2020). Cette mobilisation a apporté la preuve de l’intérêt de la « fabrication distribuée » (Homemade, 2023), et de la capacité inédite – mais éphémère – de cette communauté d’organiser un véritable commun d’urgence (Chalet et al., 2020).

Si ce phénomène a marqué (plusieurs centaines d’articles dans la presse en 2020) par son apparente spontanéité, son émergence et son efficacité reposent en réalité sur des relations de longue date. Situées au carrefour de plusieurs mondes (Bosqué et al., op. cit.) les communautés de makers sont disposées à agir de concert dans le sens de l’intérêt général (Fages et al., 2020). L’utilité sociale de ce phénomène est démontrée mais sa fragilité l’est tout autant : la mobilisation repose sur l’existence d’outils de production mutualisés, mais aussi et surtout sur du temps disponible et sur un fort niveau d’interconnaissance et de confiance des personnes engagées. Aussi, les différentes tentatives de domestication de ces pratiques innovantes menacent leur efficacité sociale.

Comment pérenniser cette capacité d’agir en commun? La force et la richesse de ce phénomène sont sources de difficultés pour l’organisation et l’articulation aux institutions existantes : ces initiatives émergent dans des cadres hétérogènes et sont portées par des individus qui y consacrent une partie conséquente de leur énergie et parfois de leur santé; comment les apprivoiser sans les domestiquer, les coordonner sans les discipliner?

Depuis l’institution du premier fablab en France (Artilect à Toulouse en 2009), différentes orientations et modèles d’organisation se sont distingués. On compte aujourd’hui autour de 400 fablabs ouverts sur le territoire national et un bon nombre d’entre-eux participe à l’association nationale, le Réseau français des fablabs (RFFLabs). Nous consacrerons une première partie de ce texte à la description sommaire de l’écosystème, ses conditions d’émergence et son état actuel.

La mobilisation de mars 2020 a démontré la capacité de cette communauté à donner naissance à un commun d’urgence, temporaire mais à l’effectivité bien réelle. En revanche, la dynamique ne s’est pas prolongée, même si les structures déjà existantes continuent à défendre l’orientation de leur activité comme service public de proximité en réseau. Nous évoquerons dans un second temps les circonstances de cette mobilisation et les raisons de son interruption.

À l’heure actuelle, aucun mode d’organisation n’est stabilisé et l’hétérogénéité des situations entraîne des controverses et de l’incertitude sur l’avenir de ces espaces. Les différents modèles correspondent à la défense d’intérêts spécifiques. Mais tous les modes d’organisation peuvent-ils garantir la reproduction de la mobilisation du premier confinement?

Du savoir-faire partagé au réseau de pairs, émergence de la communauté

Il est difficile d’établir une généalogie des espaces du faire, tant les déclinaisons des réseaux de partage de recettes, d’outils et de coups de main ont probablement existé de tout temps et sous des formes très différentes – on pense entre autres au mouvement Arts & Crafts évoqué par Michel Lallement (2015), au Whole Earth Catalog (Isaacson, 2014) ou encore au magazine Système D (Bellanger et Bureau, 2019). Tentons de définir plutôt en quoi ces réseaux constituent une adaptation singulière à une situation nouvelle qu’ils contribuent à caractériser.

Le terme fablab a été formalisé au MediaLab du MIT, au début des années 2000. Il désigne un atelier ouvert au public, équipé d’instruments permettant de « fabriquer presque tout et n’importe quoi » et favorisant la documentation et le partage des projets qui y sont réalisés. Depuis, ce modèle a essaimé dans le monde entier (Kohtala et Bosqué, 2014). Cette diffusion a été soutenue par la création de plusieurs outils organisationnels : une charte[3], une fondation (la FabFoundation[4]) et un parcours de formation (la Fab Academy[5]); ainsi que par un intense travail de promotion. La communauté se retrouve chaque année lors d’un événement d’envergure mondiale, le FabX[6].

Si l’investissement du MIT dans la structuration de ce mouvement a joué un rôle capital, cet écosystème n’aurait pas pu se constituer aussi rapidement sans la préexistence d’un terreau : celui des communautés du logiciel libre et de leurs références partagées (Broca, 2013). Celles-ci se sont constituées en opposition (Stallman, 2010) au processus dominant de diffusion des dispositifs connectés : le capitalisme cognitif (Moulier-Boutang, 2008). Les personnes qui gravitent autour des espaces d’échange en libre accès portent une représentation particulière des objectifs des outils de communication – devant privilégier d’abord la solidarité plutôt que la concentration de capital – et aussi des moyens, notamment techniques, d’atteindre ces fins.

Les communautés du « libre » ne sont toutefois pas un bloc idéologique uniforme (Auray, 2010). Les personnes professionnelles ou amatrices d’informatique connectée occupent des positions théoriques parfois éloignées, certaines proches d’un pôle libertarien, d’autres plus collectivistes, etc. Si les références partagées peuvent favoriser les interactions et la coopération (Troxler, 2013) elles peuvent aussi, en l’absence de règles de coordination, faciliter la mise en concurrence. Par ailleurs, l’élaboration, la distribution et l’utilisation d’objets manufacturés libres de droits (open hardware) ouvre sur une série d’enjeux différente de ceux posés par la libre distribution d’œuvres immatérielles. Leur fabrication pose la question de l’approvisionnement en matières premières, du coût énergétique et humain de fabrication ainsi que des éventuelles externalités et risques que leur diffusion peut faire courir aux usagèr·e·s et à leur environnement. Enfin, les animatrices et animateurs de ces espaces sont des êtres de chair dont la capacité d’engagement bénévole n’est pas infiniment extensible. Et l’animation d’un espace technique requiert un certain niveau de compétences et de coordination. Tôt ou tard se pose la question de leur rémunération, donc des sources de revenus de la structure.

Fablab : un commun de service de proximité?

Le réseau mondial des fablabs préfigure la superposition des avantages de la fabrication numérique aux bénéfices des échanges informatiques et d’un mode de coordination de la production distribué et décentralisé, l’open source (Troxler, 2010). Mais cette forme d’organisation oscille encore entre une déclinaison du capitalisme cognitif au monde industriel et la mise en place d’un commun de socialisation des enjeux techniques. Le développement des fablabs n’a pas impliqué d’emblée leur insertion dans un circuit économique, qu’il soit marchand ou étatique. Les makers ont été libres de s’organiser – i.e. de résoudre les problèmes que cette innovation organisationnelle risquait d’entraîner en modifiant les chaînes de production – au gré des circonstances et de leurs possibilités.

L’existence des ateliers partagés ne résout pas en effet l’ensemble des problèmes qui jalonnent leur chaine logistique. La diffusion d’une innovation n’est pas un processus linéaire : usages et règles d’usage n’en découlent pas de manière automatique (Pestre, 2015). Ses potentiels bénéfices sont initialement tempérés par les fortes dissymétries d’information. L’incertitude ainsi créée appelle la mise en place de dispositifs d’aide au choix (Karpik, 1989). La formalisation des qualifications permise par le MIT a constitué une forte aide au développement. En permettant à des communautés de bénéficier de l’aura et de la légitimité de cette institution, elle a joué un rôle de révélateur. Mais le processus transformateur de cette innovation n’est pas encore abouti et la question de la production et de la répartition de la valeur ajoutée sur l’ensemble de la chaîne n’est pas résolue.

Cette liberté de développement a conduit en France à l’apparition d’un paysage bigarré composé de formes organisationnelles hybrides. Aux côtés de structures classiques (ateliers intégrés à des groupes industriels ou à des institutions de formation, universités, écoles d’ingénieurs, apparentés au modèle du MIT mais finalement peu ouverts vers l’extérieur), le début des années 2010 a vu l’émergence de fablabs associatifs intégrant des activités commerciales (du conseil, de la formation, du prototypage voire de la petite série) et de quelques aventures strictement commerciales mais bénéficiant tout de même à divers titres de subsides publics (Ocalia pour la DGE, 2019)[7].

La prédominance des associations s’explique par la place de la culture associative dans la société française et par un effet secondaire de la gestion du travail industriel : la dévaluation des filières professionnelles, l’hyper-industrialisation (Veltz, 2017), les délocalisations et l’externalisation, enfin les concours et foires à l’innovation (Gheorghiu, 2018) ont conduit un nombre croissant de professionnel·le·s à se construire un « travail à côté » (Weber, 1989), hors concurrence, un espace de re-socialisation des enjeux scientifiques et techniques (Bosqué et al., 2016).

Les fablabs, espaces du « faire soi-même » mais surtout du « faire avec les autres », sont les réceptacles d’une aspiration politique au sens premier du terme, correspondant bien aux fonctions dévolues à la sphère associative dans l’univers de l’ESS décrite par Nicole Alix dans cet ouvrage. Cependant, les premiers fablabs ont été confrontés aux limites humaines et techniques du bénévolat. Incompréhension de l’environnement, turn-over, manque de suivi, difficulté à trouver le temps pour documenter et partager, épuisement et incapacité à faire face à toutes les obligations que la gestion d’un tel lieu peut impliquer, autant d’épreuves de l’activité associative, accompagnées d’un manque de reconnaissance des effets socialement positifs de cet engagement.

Cette situation a été amplifiée par les orientations ambivalentes des fablabs : sont-ils des espaces de formation? De socialisation? De prototypage et d’innovation? De fabrication? Quels modes de financement et de rétribution doivent-ils adopter? Faut-il en faire des entreprises exerçant dans l’espace concurrentiel? des services publics? Qui, quelles personnes ou quelles institutions doivent payer pour des services encore pas clairement définis?

Cette ambivalence a été renforcée par un contexte, celui de la soumission des services publics et des associations à de méthodes de management issus du monde de l’entreprise (injonction à la rentabilité, omniprésence du reporting, mise en concurrence avec des structures commerciales, estompage des frontières entre activité lucrative et à but non lucratif…). Ainsi, fablabs associatifs, artisans, petits ateliers industriels et annexes d’institutions et de collectivités publiques se retrouvent mis en concurrence sur les mêmes segments de marché même s’ils ne jouent pas tous dans la même catégorie : à la recherche des mêmes subventions, des mêmes clients, ce qui rend la reconnaissance et la valorisation des différents modes de fonctionnement délicates et la coordination impossible.

Cette mise en concurrence confuse paraît favoriser tout sauf l’intérêt général. Une partie de l’écosystème réclame la constitution de la communauté (de ses compétences et de ses outils) en commun, la création de règles et d’outils organisant son entretien, son usage raisonnable et sa reproduction. Elle rappelle que le fonctionnement par mise en concurrence ne peut pas correspondre aux principes de la fabrication distribuée : les makers conçoivent en commun et produisent de manière distribuée, le fonctionnement par concours ne peut donc que menacer leur principale valeur ajoutée. Et celle-ci peut fonctionner comme a pu le démontrer l’épisode de la mobilisation maker contre le Covid-19.

La mobilisation des makers contre le Covid-19 : un exemple de commun d’urgence éphémère (et de réseau de communs de services de proximité?)

La mobilisation des makers

À l’annonce du confinement, en mars 2020, alors que la nature exacte de la menace n’était pas encore clairement définie, les professionnel·le·s de la santé sonnaient déjà l’alerte sur la pénurie de masques. Des citoyen·ne·s se sont mobilisé·e·s pour y pallier. Aux côtés des couturières et couturiers, des collectifs de makers se sont organisés pour fabriquer principalement des visières de protection. Les fablabs et leurs communautés ont participé à cette mobilisation.

Le RFFLabs (Encadré 4) a participé à ce mouvement en contactant des services de médecine pour s’enquérir des besoins et de la meilleure manière d’y répondre (notamment du point de vue de la sécurité des processus de fabrication et de distribution), en instituant des référent·e·s sur chaque territoire et en assurant un service de standard collectif. L’association a mis ses moyens, ses relations et sa légitimité au service de cette opération, sans limiter son soutien à ses membres. Dans le même temps apparaissaient sur tout le territoire des groupes de makers indépendants, qui ont essaimé par le biais de Facebook, agrégeant ainsi de nombreuses initiatives individuelles.

Encadré 4 : Le Réseau français des fablabs (RFFLabs)

Le RFFLabs est une association d’associations créée en 2015 à l’initiative de makers pour mutualiser des ressources et défendre une vision commune de leurs structures, en réaction à l’intérêt croissant des pouvoirs publics pour la fabrication numérique. La modalité d’intervention publique (par mise en concurrence) n’était pas considérée par celles et ceux-ci comme adaptée au fonctionnement « en commun » qu’iels cherchaient à promouvoir. Les fablabs, objets non identifiés, étaient généralement perçus comme des auxiliaires au développement de start-ups; cette approche se traduisait notamment par des modes de financement via des appels d’offre concurrentiels et l’évaluation en priorité de leurs « impacts économiques ».

Or un des fondements des fablabs est de fonctionner en réseau, visant à produire des communs informationnels en open source. Les fablabs ouverts et leurs communautés mettent en commun les projets (y compris les dossiers de réponse à appels d’offre) ce qui entrave la gouvernance via la mise en concurrence. Il s’agit plutôt de lieux de formation, de partage, espaces d’expérimentation, arènes de réflexion et de débats sur les relations entre science, technique et société et sur les normes qui les régissent.

Le potentiel créateur des fablabs repose sur la dynamique de socialisation de la technique : les usagers et usagères sont à la fois producteurs, distributeurs et consommateurs des ressources qui y circulent. Ce faisant, iels y éprouvent toutes les difficultés et contradictions de ces situations et c’est précisément en cela qu’ils jouent le rôle de socialisation (et de politisation) de la technique. Les fablabs, réseaux et communautés de makers correspondent ainsi aux trois critères définissant les communs de proximité proposés par Benjamin Coriat dans cet ouvrage : communauté nécessairement ouverte (1), auto-gérée (2) et ancrée sur le territoire (3), ce dernier terme étant entendu comme un territoire non géographique mais symbolique (champ professionnel, zone d’activité, espace d’intervention et plus généralement de « concernement »).

Le RFFLabs, espace de réflexion et de partage, a fonctionné grâce à la seule mobilisation de telles communautés bénévoles pendant ses 6 premières années d’existence. En dépit de fortes pressions d’une partie de son environnement pour se plier à des objectifs exogènes, l’association a développé une démarche expérimentale promouvant une approche par les communs, favorisant la solidarité entre ses membres et le développement d’un ensemble d’outils et de pratiques de coopération (badges ouverts, systèmes participatifs de certification, forums et outils partagés, mutualisation de moyens et de solutions…)

Malgré (ou peut-être grâce à) ce caractère, le RFFLabs a bénéficié indirectement de ressources provenant d’un certain nombre d’institutions publiques et privées. Parmi elles, on peut citer évidemment la Fab Foundation au niveau international, mais aussi la Cité des Sciences, Airbus, Toulouse Métropole et la Région Occitanie, la Maif, Rennes Métropole et les universités locales, Cergy Université, la Ville de Paris, Leroy Merlin, différentes associations amies comme La Coop des communs, la communauté de communes de Guéret, la ville de Moulins, et plus récemment l’ANCT, l’association France Tiers-lieux, la Fondation de France, la Banque des Territoires et la Fondation Orange, cette liste étant non exhaustive.

Des forums ont permis à ces makers de se coordonner au-delà des affiliations, d’échanger des informations, de concevoir en commun très rapidement plusieurs prototypes en s’appuyant sur des informations transmises par des épidémiologistes, de se coordonner pour l’achat de fournitures ou l’obtention d’autorisations administratives de circuler. La coordination a connu des couacs mais dans l’ensemble et considérant que toute l’organisation était improvisée à blanc, son fonctionnement a été extraordinairement cohérent.

La standardisation du processus et sa validation par des équipes médicales ont permis de garantir l’uniformité et une relative sécurité d’usage des produits, levant ainsi une partie des freins liés à l’incertitude. La mise à disposition des protocoles de fabrication en open source et l’invention d’outils de partage des ressources ont permis une action collective à grande échelle, constituant ainsi un commun d’urgence (Chalet et al., 2020). Quiconque disposant de contacts officiels les a mis à profit pour faciliter les opérations, et différentes institutions ont participé aux efforts collectifs.

La mobilisation a été réalisée hors de toute recherche de profit, la communauté ayant fait le choix de la distribution gratuite et puisé dans ses réserves matérielles, financières et humaines pour assurer la production. Le processus de fixation de prix sur un « marché » aussi tendu aurait pris trop de temps, ou fait courir le risque de mettre en concurrence des participant·e·s qui avaient tout intérêt à coopérer. À la différence des comportements qui ont pu être constatés sur les marchés internationaux, l’écrasante majorité des intervenant·e·s a opté pour la solidarité et la mise en commun des ressources. Ainsi, pendant près de 3 mois et pour ne s’en tenir qu’à la situation hexagonale[8], des équipes de makers ont pu fabriquer et distribuer, sur demande, au plus près des besoins des différents territoires, plus de deux millions de dispositifs de protection sanitaire aux travailleuses et travailleurs de 1e ligne, suppléant ainsi aux défaillances de l’État et du marché.

Les « impacts » multiples de cette mobilisation

Les réactions face à ce phénomène ont été de plusieurs ordres. D’un côté, la presse locale a consacré de nombreux articles à cette mobilisation étonnante, ce qui a permis à certain·e·s élu·e·s de saisir l’utilité de ces communautés. L’État, certaines collectivités et quelques fondations ont alloué a posteriori des sommes pour indemniser les personnes et les structures qui avaient engagé des frais. Cette bonne volonté s’est toutefois heurtée à plusieurs difficultés, notamment l’hétérogénéité des situations des makers, l’absence d’une structure centralisée qui aurait documenté l’ensemble des actions en temps utile et l’impossibilité de recenser a posteriori tout ce qui avait été réalisé, enfin d’évaluer ainsi les coûts réels engagés.

Le RFFLabs a été approché, notamment par la Fondation de France, pour devenir le réceptacle de certaines aides et l’organe de redistribution des fonds, mais ses administratrices et administrateurs ont refusé estimant que l’association n’avait ni les moyens, ni les compétences en interne, ni la légitimité pour prendre cette responsabilité. En effet, le coût d’une instruction rigoureuse garantissant une redistribution équitable des fonds dépassait les possibilités de l’association (elle ne disposait d’aucun·e salarié·e à l’époque). D’ailleurs, les nombreuses initiatives impliquaient des producteurs de nature hétérogène (des associations, des collectifs, des indépendants…).

En second lieu, même si une partie non négligeable des fablabs les mieux établis participait à la vie de l’association (plus de 200 fablabs adhérents fin 2019), de nombreux makers indépendants considéraient les fablabs et le réseau national comme des organisations trop institutionnelles et auraient peu apprécié le fait que l’association se positionne en intermédiaire entre les financeurs et les producteurs. L’écosystème n’était pas mûr pour une coopération régulée. Au final, les différents fonds de soutien ont été versés à différentes structures (et finalement très peu aux makers indépendants) par les institutions.

Étant donné la diversité des acteurs engagés, la difficulté de leur recensement et de l’évaluation de leurs coûts – ou plutôt l’élaboration collective d’une manière de mesurer la valeur de ce qui a été produit, ce mode d’indemnisation des structures par des fonds publics ou via des fondations est pour le moins perfectible mais constitue une première expérience documentée qui permet d’envisager de nouvelles expérimentations par la suite. Par ailleurs, le précédent encourage l’inscription des actions des makers indépendants dans des structures, ce qui favorise la mise en place de normes partagées et donc sécurise la qualité des procédures de production et des produits.

À partir de la fin du mois d’avril 2020, une succession de réactions des acteurs économiques, notamment de membres de la filière plasturgie, ainsi que des autorités publiques a conduit à la disparition brutale de cet embryon de commun, au grand désarroi des communautés mobilisées. Dès le début du confinement, des makers et représentant·e·s des organisations constituées (notamment du RFFLabs, dont l’auteur du présent texte) avaient entamé des discussions avec des représentant·e·s des autorités et des organismes de normalisation (dont l’AFNOR) pour valider le processus de production de visières et en faire des équipements de protection individuelle (EPI) à part entière. Il s’agissait de formaliser les préconisations et ainsi garantir la qualité des processus de production et de distribution. Ces discussions n’ont pas abouti en raison de pressions de la filière plasturgie et du retrait consécutif des représentant·e·s du gouvernement de la table des négociations ce qui a effrayé de nombreux collectifs sur tout le territoire, les makers craignant d’être accusés d’avoir mis en danger les personnes qu’ils prétendaient protéger (Fages et al., 2020).

Un capital symbolique commun diversement réinvesti

Cette mobilisation inédite a toutefois contribué à mettre en lumière un phénomène marginal et à constituer un capital symbolique. Celui-ci a été réinvesti par les acteurs les plus à même d’en faire usage. Ainsi, plusieurs structures (Visières Solidaires, Makers contre le Covid, France Tiers-lieux, RFFLabs) ont médiatisé le nombre impressionnant de dispositifs distribués, chacune soulignant sa participation, sans revendiquer le monopole ou tenter de répartir des fractions de production par entité – chose d’ailleurs impossible, de nombreux makers ayant participé à plusieurs groupes et/ou se revendiquant indépendants. Les représentant·e·s de ces organisations ont, lors de cette phase de communication, traité ce capital symbolique comme un commun, préservant la possibilité que les autres participant·e·s à la mobilisation en fassent des usages différents et non concurrents.

Les deux structures les plus à même de mobiliser collectivement les bénéfices symboliques ont été celles qui préexistaient et disposaient d’une légitimité organisationnelle : France Tiers-lieux et le RFFLabs. Ces deux associations partageaient jusqu’à un certain point une représentation commune des leçons à tirer de cette séquence : la mobilisation des makers a démontré l’utilité collective d’un réseau d’ateliers distribués animés par une communauté disposant des compétences à même de faire fonctionner cet outil et de l’adapter en cas de besoin à une demande urgente. Chacune a orienté ses efforts vers les acteurs avec lesquels elle entretenait les relations les plus « naturelles » : France Tiers-lieux vers le gouvernement, obtenant le financement d’un programme de « Manufactures de proximité » sur les fonds du plan France Relance, le RFFLabs vers les communautés du faire, renforçant leur solidarité et sa légitimité.

Pour conclure, revenons sur les principales caractéristiques des fablabs et du Réseau français des fablabs comme communs de proximité. Les fablabs pris isolément peuvent certes apporter des réponses à des enjeux hyper-locaux (notamment en matière de médiation numérique) mais la question de la production distribuée de dispositifs techniques soulève des questions que seule une organisation globale sectorielle attachée à prendre en considération à la fois des enjeux économiques, sociaux et écologiques peut traiter de manière pertinente.

Le(s) réseau(x) de fablabs, un commun de proximité global?

Les fablabs proposent plusieurs services dont la mutualisation d’outils et d’espace et la mutualisation de savoirs et de documentation. Mais cette description factuelle serait incomplète sans ce qu’elle sous-tend : les fablabs sont d’abord des cadres organisationnels ouverts et autogérés qui visent à faciliter la réappropriation, la domestication de technologies complexes, des lieux qui permettent aux expert·e·s et profanes de repenser et de réaménager les relations entre science, technique et société.

La réalisation de cette fonction n’est pas garantie par un fablab isolé : elle implique l’inscription des initiatives locales dans des réseaux de différentes échelles. La mise en réseau et son animation sont des facteurs indispensables pour garantir une socialisation de la technique. Sans la coopération extra-locale qui incarne la constitution d’un territoire immatériel commun, celui de la technique, les fablabs redeviendront de simples auxiliaires des industries locales et seront soumis à la mise en concurrence et à une gestion économique simpliste.

Pour cette raison, la situation des fablabs et leurs perspectives d’évolution sont « en tension » entre deux potentiels écueils : d’un côté, il est essentiel que ces lieux continuent à jouer ce rôle transversal, péri-institutionnel de réceptacle des remises en question du rapport collectif à la technique; de l’autre, il est important de structurer ces réseaux de manière à protéger celles et ceux qui y évoluent et le font vivre : les doter du minimum de routines qui permettent d’en stabiliser le fonctionnement, de protéger les travailleuses et travailleurs, usagères et usagers et de capitaliser les acquis d’expérience sous forme de documentation accessible à toutes et tous.

Il existe de nombreux partenariats de niveau local entre fablabs et collectivités, fablabs et universités, fablabs et centres hospitaliers, fablabs et entreprises, chantiers d’insertion, chambres consulaires, écoles d’ingénieurs et d’art, collectifs de professionnels, centres de formation, etc. Ces partenariats sont souvent semi-formalisés, dépendant de la qualité de relations personnelles établies. C’est là que réside une des difficultés : la dépendance aux relations personnelles fragilise le lieu et son rôle dans l’écosystème local et fait en outre courir le risque de divers détournements.

Il est toutefois possible d’imaginer l’animation des réseaux de fablabs à l’image de celles d’associations sportives : la compétition est réduite au prétexte du jeu et n’a pas pour objectif d’éliminer une structure de la course mais au contraire de l’amener à se perfectionner. Pour jouer ensemble, il faut convenir ensemble de règles. Un des rôles du RFFLabs pourrait être d’animer la discussion autour des modalités de cette forme de coopération de communs de proximité globalement connectés.

Conclusion

L’intégration d’un tel dispositif (un réseau de fablabs) dans un modèle d’organisation économique global d’un territoire reste à élaborer, d’autant que son horizon (FabCity Manifesto, 2014)[9] est une modification profonde de notre rapport à la production, à la consommation et à la distribution. Ateliers partagés en réseau, espaces de recyclage et de réparation, participation citoyenne, économies substantielles, plus espaces de formation et de « soin ». Le modèle le plus courant aujourd’hui est un financement en 3 tiers : un tiers de ressources propres (provenant de dons, de cotisations et d’engagements bénévoles), un tiers de prestations de biens ou de services et un tiers de soutien de la puissance publique (collectivités, État…). Avec une attention particulière à la manière dont ce mode de financement et l’existence de ces espaces influe sur les relations économiques entre activités lucratives et activités non lucratives : un fablab constitue évidemment une valeur ajoutée au fonctionnement d’un système socio-technique, mais celle-ci est très difficilement chiffrable. Les acteurs du secteur lucratif peuvent facilement reporter les coûts de son entretien sur le secteur public et s’approprier les profits; a contrario, les représentants du secteur public peuvent exiger du fablab une forme de rentabilité, qui risque de stériliser sa capacité à mobiliser des communautés bénévoles. C’est là une difficulté qui reste à résoudre en l’état actuel de l’écosystème.

L’investissement initial est considérable (achat de machines et acquisition des locaux) et le coût de fonctionnement n’est pas à négliger : il faut du temps homme qualifié pour entretenir les machines, accueillir le public, le former à l’utilisation, veiller à ce que les activités respectent les normes de sécurité… Il faut penser aussi au temps dédié à représenter le fablab à l’extérieur, promouvoir son utilité et attirer des nouveaux publics, enfin un temps dédié à l’entretien des relations du fablab avec ses pairs au sein du réseau. Une partie de ces tâches peut être réalisée sous forme coopérative mais il ne faut pas sous-estimer la labilité du groupe des bénévoles et il est important de garantir un temps de transmission en cas de mobilité, le problème du tuilage étant récurrent.

Pour ce qui est du RFFLabs il semble souhaitable que son fonctionnement repose autant que faire se peut sur des ressources propres, donc sur les cotisations de ses membres (ce qui implique que ceux-ci aient les moyens de la soutenir). Le soutien public est à double tranchant dans ses formes actuelles : les séquences électorales et celles des appels à projet n’obéissent pas à la même temporalité que celle de la stabilisation d’une communauté nationale, de l’élaboration de dispositifs techniques et de normes correspondantes. Le mécénat quant à lui peut avoir une place mais à condition de ne pas risquer la réputation d’impartialité de la structure. Enfin la recherche de revenus via la réponse à des appels d’offres et plus généralement par une action sur les marchés risque de mettre la structure en concurrence avec ses adhérents.

Une des pistes actuellement envisagées est de faire de la structure la créatrice et la garante de labels (notamment les « badges ouverts ») ou d’autres dispositifs d’aide au choix attribués à différents acteurs exerçant dans ce secteur, ce qui contribuerait à produire un attachement réciproque, à condition que des règles claires et des conventionnements explicites soient formalisés.

Les risques de sortir du caractère commun sont bien identifiés et les animateurs du réseau y sont très attentifs. Ils sont de plusieurs ordres. On peut distinguer les risques issus d’un mouvement de privatisation (donc de subordination directe à des intérêts économiques d’horizons spatial et temporel limités) et ceux qui découleraient d’un mouvement inverse, de transformation en équipements de collectivité (et de subordination à des intérêts médiatiques et électoraux variant d’une campagne à l’autre). Nous allons évoquer différentes stratégies possibles pour prendre le pouvoir au sein de la structure et divers antidotes imaginés à ce jour.

Les fablabs réussissent à remplir leur fonction quand ils arrivent à ménager un équilibre subtil entre plusieurs types d’activités, dans des proportions variables dans le temps et l’espace. Distinguons l’utilisation du fablab comme un auxiliaire des services publics (enseignement, formation, assistance à l’utilisation des outils numériques, centre de ressources diverses pour les services municipaux – ateliers de réparation, chantier d’insertion, ressourcerie/recyclerie, etc.), de la position d’auxiliaire du développement économique (espace de prototypage, incubateur, centre de veille technologique et scientifique, espace d’exposition ou de concours, de coworking, atelier partagé…). Ces modes d’utilisation complémentaires se superposent parfois. La difficulté réside dans le maintien d’une culture commune, de la complémentarité et de sa contrepartie organisationnelle, la solidarité.

Toutes ces activités n’ont pas la même capacité à générer des revenus ou à attirer du public et leur potentiel est lui-même variable dans le temps. Les risques d’une privatisation sont dès lors évidents : une entreprise à but lucratif doit adopter une rationalité économique stricte, ce qui est tout à fait légitime. Un·e manager de fablab qui appliquerait strictement cette forme de rationalité serait amené à élaguer dans la gamme des activités et ne conserver que celles qui sont le plus rentables. Or ce qui leur permet d’être rentables est souvent la valeur ajoutée par la contiguïté d’activités non rentables économiquement mais porteuses de sens et nourrissant la solidarité.

Un centre de coworking est attractif parce qu’on peut côtoyer des personnes qui ne viennent pas du même horizon. Ces échanges doivent rester informels et ne pas faire l’objet de transactions. Lequel des interlocuteurs serait d’ailleurs fondé à facturer sa « prestation » aux autres, et selon quels principes? Entre deux inconnu·e·s partageant un espace de travail, faut-il rémunérer celle ou celui qui entame la conversation ou celle ou celui qui accepte de répondre à une sollicitation amicale? Faut-il pour éviter cette difficulté payer une personne pour « faciliter » la mise en relation? Mécaniser les incitatifs à l’échange? On le voit, la formalisation risque de stériliser le dispositif.

La transformation de ces espaces en équipements de collectivités administrés de manière traditionnelle (dépendant donc d’un service, soit celui de l’éducation, soit celui du développement économique, soit celui de la solidarité…) fait courir un risque analogue, le mode d’évaluation du profit s’en distinguant par la forme (concentration de capital social au lieu du capital économique). L’expérience a déjà démontré la fragilité des initiatives locales soutenues par intermittence, selon une opportunité indexée sur un sujet médiatique ou une échéance électorale. La subordination de la gestion du lieu (de la définition de sa gamme d’activités) à une finalité politique ou administrative entraîne des problèmes analogues.

Reste la situation de gestion autonome du lieu par sa communauté locale. Celle-ci ne va pas non plus sans poser des problèmes. L’expérience nous enseigne que la communauté n’est pas forcément et naturellement bonne gestionnaire. Elle peut se replier sur elle-même, ou au contraire se diviser en raison de problèmes relationnels. Les animatrices et animateurs peuvent se retrouver épuisé·e·s, changer d’horizon sans assurer la transmission. C’est à ce niveau que l’existence d’un réseau de pairs organisé à différentes échelles peut jouer un rôle de médiation, de contrôle social, mais aussi de solidarité professionnelle et de mutualisation des ressources.

Pour conclure, l’essentiel du travail d’organisation d’un tel réseau (dont le RFFLabs est probablement à ce stade un simple embryon) reste à faire. Pour avancer dans cette direction, il faut défendre l’autonomie et la pluriactivité des structures locales et la règle de subsidiarité, mais aussi mettre en place des dispositifs qui attacheront les financeurs, les animatrices et animateurs et les usagères et usagers de ces structures à l’existence d’une communauté et d’un commun supra-local qui étoffera leurs intérêts particuliers en les rattachant à l’intérêt général. Ce faisant, il faudra être attentif à ne pas faire des dispositifs de niveau « supérieur » des opportunités d’accumulation de pouvoir et de capital privatisables, en les construisant dès le début avec des mécanismes de contrôle et de contre-pouvoir.

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