IV. DE LA DÉSOBÉISSANCE ÉPISTÉMIQUE À LA LIBERTÉ ÉPISTÉMIQUE EN VUE D’UNE DÉ-RETERRITORIALISATION ÉPISTÉMIQUE

Le colonialisme ne se contente pas d’imposer sa loi au présent et à l’avenir du pays dominé. Le colonialisme ne se satisfait pas d’enserrer le peuple dans ses mailles, de vider le cerveau colonisé de toute forme et de tout contenu. Par une sorte de perversion de la logique, il s’oriente vers le passé du peuple opprimé, le distord, le défigure, l’anéantit.
— Frantz Fanon (2002 [1952], 201)

 

Tant que les lions n’auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse seront toujours écrites à la gloire des chasseurs.[1]
— Proverbe africain

 

Mes propos liminaires reposent sur ce proverbe africain, récemment entendu, qui illustre bien la problématique des peuples dits subalternes, périphérisés, tant que notre histoire est écrite par les colons ou leurs laquais internes. Dans le chapitre sur les origines de l’« américano-eurocentration » du système scolaire haïtien et dans mon étude sur les manuels scolaires dans le domaine des sciences sociales, j’ai clairement fait ressortir le discours eurocentrique dominant qui fait des Haïtien·ne·s des néocolonisé·e·s frappé·e·s d’injustice sociale, culturelle et cognitive. Comme l’ont souligné le groupe Modernité/Colonialité et d’autres chercheur·euse·s, l’histoire constitue le créneau par lequel les puissances impériales opèrent le conditionnement de la pensée des subalternes, des périphérisé·e·s. Dans le cas d’Haïti, il y a non seulement un conditionnement, mais aussi un écrasement de ces « captif·ve·s réduit·e·s en esclavage », « lutteur·euse·s » – pour paraphraser Jean Casimir (2018, 35) – qui ont osé vaincre la grande armée napoléonienne.

Désaveu épistémique de la lutte des captif·ve·s haïtien·ne·s

Cette volonté manifeste de réduire au silence ces « captif·ve·s » se poursuit jusqu’à date et cette fameuse lettre[2], datée du 16 juin 1792, du secrétaire d’État américain Thomas Jefferson au Marquis de Lafayette est là pour témoigner et confirmer son actualité. Ainsi, le Professeur Brandon R. Byrd a écrit, dans le journal américain Washington Post (2018), suite au dérapage raciste du président américain Donald Trump dans une allocution (à propos de l’expression « shithole »), ce qui suit :

Plus d’une décennie après avoir rencontré l’aristocrate français pendant la Révolution américaine, Jefferson a félicité Lafayette pour sa direction de la Révolution française, qui « exterminait l’aristocratie monstrueuse » et… sa monarchie associée.

L’auteur de la Déclaration d’indépendance était fier de son ancien allié, mais il avait aussi des conseils à lui donner. Depuis les États-Unis, Jefferson avait pris connaissance de la rébellion d’esclaves à Saint-Domingue. Il s’est demandé si la France « ne pourrait jamais réduire les Noirs » dans sa colonie la plus rentable. Il a averti Lafayette que Saint-Domingue serait « perdue si elle n’était pas sauvée plus efficacement ».

La lettre de Jefferson[3] ne fait pas que confirmer les hypocrisies d’un père fondateur qui a lutté contre le colonialisme britannique et les idées avancées en matière de liberté universelle avant de condamner la révolution haïtienne. Il révèle également les fondements racistes et pro-esclavagistes de la politique américaine à l’égard d’Haïti. Les politiciens et les décideurs américains ont alors assimilé Haïti à la rébellion d’esclaves et à la noirceur, aux catastrophes et à la pauvreté. Ils ont fait progresser l’impérialisme et étouffé l’immigration en se basant sur la caractérisation erronée d’Haïti comme un « shithole », à la fois dangereux et malade.

Si les États-Unis avaient atteint leurs objectifs, Haïti n’existerait pas.

Au moment même où Jefferson assurait à Lafayette que « nous souhaitons sincèrement [la] restauration » de Saint-Domingue en France, le propriétaire d’esclaves George Washington a montré qu’il était également indifférent à la lutte pour la liberté des Noir·e·s dans les Caraïbes. Son administration a envoyé des armes et des munitions à des planteurs français qui luttaient pour conserver leur pouvoir et leur avait assuré que les États-Unis « fourniraient toute l’aide en leur pouvoir [pour] réprimer ‘l’insurrection alarmante de Negros' ».

En 1804, la révolution haïtienne réussit malgré les efforts de Washington. Mais les États-Unis ont ensuite rejeté l’existence d’Haïti. Pendant près de six décennies après la renaissance de Saint-Domingue en tant que nation indépendante d’Haïti, les États-Unis ont refusé de lui accorder une reconnaissance diplomatique et ont imposé un embargo commercial.

L’esclavage et le racisme ont conduit ces politiques. Un sénateur du Missouri a expliqué que l’accueil d’un diplomate haïtien serait perçu comme « une récompense pour le meurtre de maîtres et de maîtresses par des esclaves noirs ». Un collègue de la Caroline du Sud a convenu que « nous ne pouvons jamais reconnaître[l’]indépendance [haïtienne], la paix et la sécurité d’une grande partie de notre Union nous interdit même d’en discuter. »[4] (Traduction libre de l’auteur)

Dans un documentaire intitulé Toussaint Louverture, le libérateur d’Haïti[5], il est fait état de l’inquiétude du président des États-Unis, Thomas Jefferson, des Anglais, des Espagnols, à la suite de la décision, dans la Constitution de 1801, de faire disparaitre l’esclavage dans la colonie française de Saint-Domingue et d’interdire la discrimination raciale. Cette dernière disposition ne sera adoptée que 150 ans plus tard par les Américains. Ni Napoléon Bonaparte, ni Thomas Jefferson ne voulaient entendre parler de révolution! Et le président américain avait promis à Bonaparte de prendre toutes les mesures nécessaires au moment de l’arrivée de l’armée française pour affamer Toussaint. Jefferson déclara même : « Débarrassez-nous de ces nègres, c’est tout ce que nous voulons! ».

Bonaparte envoya en 1802 une expédition pour rétablir l’ordre et la loi, dit-on, sous-entendu le Code noir, et il eut à déclarer :

Ma décision de détruire l’autorité des Noirs à Saint-Domingue (Haïti) n’est pas tant pour des considérations de commerce et d’argent, mais plutôt à cause de la nécessité de bloquer à jamais la marche des Noirs dans le monde.

L’écrivain et journaliste d’investigation Jeremy Scahill, dans L’histoire oubliée et sanglante des États-Unis en Haïti et au Salvador[6] (2018) a souligné que :

Aucun démocrate ou républicain ne veut parler [ni entendre parler] de cette histoire [l’Indépendance d’Haïti]. (…) Ce sont les États-Unis qui ont été la « merde » (shithole) ou la « maison de la merde » (shit house) dans les pays du monde entier. C’est un héritage du racisme construit par les démocrates et les républicains, et Donald Trump est la personne appropriée pour représenter cet héritage parce que sa rhétorique raciste manifeste correspond à ce legs raciste dont personne ne veut jamais parler.

Dans un même ordre d’idées, Gérard Gourgue (2013, 265), dans ses mémoires, évoque le soutien du chef d’état français Charles de Gaulle au régime de François Duvalier, lorsqu’il fait cette remarque sur les Haïtien·ne·s à son homologue américain, John Fitzgerald Kennedy, boutade que Gourgue qualifie d’« éminemment raciste » : « Ce sont des nègres! Ils ont des réactions dér/[g]outantes[7]! Laissez-les se débrouiller avec leur Duvalier ».

Pour Gourgue (2013, 265), « ce genre de racisme est consubstantiel aux relations d’Haïti avec l’étranger ». Cet étranger-là est qualifié par le diplomate brésilien Ricardo Seitenfus[8] de « trident impérial, composé par la France, le Canada, les États-Unis ».

De son coté, Yanick Lahens a souligné, dans une entrevue à Radio Canada en 2020[9], que : « L’indépendance d’Haïti [en 1804] (…) a été la première attaque contre un système qui va dominer le monde, qui est la colonisation, l’esclavage, le racisme et un système de production que l’on connaît jusqu’à présent. Haïti porte le premier coup à cette modernité et dit : ‘nous, nous voulons un autre système’. » Elle fait remarquer que l’affranchissement d’Haïti « gêne la politique et l’économie des grandes puissances, à commencer par la France et les États-Unis ».

Ces commentaires de Lahens permettent de bien saisir cette phrase de Trouillot (1995, 98) dans laquelle il souligne que « la révolution haïtienne impensable est un non-événement [donc un nécessaire épistémicide, voire un ‘mémoricide’[10]] », car c’est une aberration que de penser que ces acteurs haïtiens soient des révolutionnaires. Cette déclaration de Bonaparte permet de comprendre cette chape de plomb – ces silences considérés par Ndlovu-Gatsheni (2018c, 28) comme une "technologie impériale/coloniale de démembrement" – dans les manuels et les textes populaires en Europe, en Amérique et le Tiers Monde sur cette révolution (Trouillot 1995, 98). Gurminder Bhambra (2016) a tenté de combattre "le désaveu épistémique de la révolution haïtienne", en s’appuyant sur différents penseurs eurocentriques et en mettant en exergue la contribution de notre révolution à la "pensée sociale globale". Laurent Dubois (2005), cité par Bhambra (2016, 6), souligne que « Haïti a été punie pour sa révolution à l’époque et, semble-t-il, les chercheurs ne sont toujours pas disposés à reconnaître son importance aujourd’hui ». Cette punition a été sollicitée par le ministre des Relations extérieures de Napoléon Bonaparte, Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord, dans une lettre[11] adressée à l’ambassadeur de France aux États-Unis, le général Louis-Marie Turreau, pour qu’il fasse pression sur les Américains, afin de mettre en place un blocus contre Haïti (Branda et Lentz, 2006, 202-203).

Désobéissance et liberté épistémique pour une dé-reterritorialisation du curriculum scolaire haïtien

Il ressort de ce qui précède le besoin de relire/revisiter/réécrire non seulement l’histoire d’Haïti avec une vision décoloniale (Casimir 2018) mais aussi toutes les autres disciplines. Ceci aidera, d’une part, à l’affranchissement de la pensée positiviste occidentale dominante par suite d’une désobéissance épistémique (Ndlovu-Gatsheni 2016, 103) et, d’autre part, facilitera la réalisation d’une liberté épistémique (Ndlovu-Gatsheni 2018a, 3). Par ailleurs, cette désobéissance/liberté épistémique passe également par une dé-reterritorialisation du curriculum scolaire haïtien. Je propose dans cette partie un maillage étroit entre les auteurs précités, pour comprendre et mettre en œuvre cette nécessaire dé-re-territorialisation[12]/désoccidentalisation, passant par la mise en place de processus de déprovincialisation (terme emprunté à Ndlovu-Gatsheni 2018a, 3) de la République d’Haïti.

Pour ce faire, je choisis pour me guider les cinq voies à suivre dans notre lutte pour une liberté épistémique de Ndlovu-Gatsheni (2018c, 16) :

(i) retourner à la base, c’est-à-dire au locus de l’énonciation;

(ii) déplacer la connaissance géo et bio de la connaissance/déplacer le centre;

(iii) décoloniser le fondement normatif de la théorie critique;

(iv) repenser la pensée elle-même;

(v) et enfin apprendre à désapprendre pour pouvoir réapprendre.

Pour illustrer mes propos, je m’appuie sur le dernier livre de Jean Casimir (2018) comme cas d’école pour mettre en exergue mes réflexions sur la nécessaire décolonisation épistémique de la connaissance et du savoir facilitant l’implantation de la déprovincialisation/déterritorialisation[13] d’Haïti et la reterritorialisation du curriculum scolaire haïtien. Je propose de mettre l’emphase sur cinq critères par une relecture de l'ouvrage de Jean Casimir, Une lecture décoloniale de l’histoire des Haïtiens (2018) :

  • Concernant le lieu d’énonciation, Casimir (2018, 35) rejoint Ndlovu-Gatsheni (2018c, 39) « en acceptant l’Afrique comme un centre épistémique légitime à partir duquel nous donnons un sens au monde » par cette déclaration : « je ne considère plus mes ancêtres [venus d’Afrique, ni] comme des anciens esclaves, [ni] comme une classe dominée ». Il souligne à l’encre forte que « je suis né d’un ensemble de lutteurs et non de vaincus. Captifs réduits en esclavage et affranchis au service du colonialisme, j’ai choisi de vénérer leurs armes en main, malgré leurs erreurs et leurs défaillances sporadiques. »
  • En ce qui a trait au déplacement géo/bio de la connaissance : par la lecture décoloniale, Casimir met en lumière une partie de l’histoire d’Haïti mise sous silence par les colonisateurs – épistémicide – et se déconnecte des modèles existants qui oblitèrent nos réalités (Casimir 2018, xxix).
  • Décoloniser le fondement normatif de la théorie critique : cette nécessaire désobéissance épistémique conduisant à la liberté épistémique a mené Casimir à se démarquer des penseurs marxistes haïtiens qui continuent à utiliser le vocable « esclaves »[14] intériorisé comme normal.
  • Repenser la pensée elle-même : Casimir (2018 : 141) pose la nécessité de faire des choix dans la façon d’étudier l’histoire d’Haïti et des Haïtien·ne·s. Il choisit de l’aborder du point de vue « des Taïnos [les premiers habitant·e·s d’Ayiti] que Colomb baptise Indiens avant de les exterminer ». Il explique qu’en empruntant cette posture, il « voit sur l’île des Taïnos non des Indiens, une variété de nations africaines et non des Noirs, des captifs et non des esclaves ».
  • Apprendre à désapprendre pour pouvoir réapprendre : cette prise de position décoloniale adoptée par Casimir permet de rompre avec le discours dominant eurocentré répandu dans les manuels d’histoire dite d’Haïti – une lecture « du point de vue de la Métropole » (Casimir 2018, 129), ré/appris depuis plus de deux siècles par les descendant·e·s des captif·ve·s. Casimir affirme que « l’intellectualité haïtienne [était] au courant du racisme de leur principale référence historiographique [Moreau de Saint-Méry] et de sa morgue contre les gens de couleur, ses congénères » (p. 131), citant une note de Brissot de novembre 1790.

Cette liberté épistémique dont a fait montre Casimir (2018) est passée non seulement par une nécessaire désobéissance épistémique, mais aussi par la "déseuropéanisation" du discours dominant que Kuan-Hsing Chen (2010, cité par Ndlovu-Gatsheni 2018a, 4) a décrit comme une "désimpérialisation". Or, ce processus de déseuropéanisation constitue un « processus intellectuel et académique de recentrage » et de re-territorialisation sur Haïti « en tant qu’unité historique d’analyse légitime et site épistémique à partir duquel on interprète le monde », tout en l’internationalisant. Une telle démarche qui constitue la "déprovincialisation" ou déterritorialisation d’Haïti est « une condition essentielle des libertés politiques, culturelles, économiques et autres » (Ndlovu-Gatsheni 2018a, 6).


  1. Écouter Fatima Khemilat, « Épistémicides. L’impérialisme m’a TueR », The Muslim Think Tank Talks, le 18 juin 2015. En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=zK6hegi_wHE
  2. Voir l’original de la lettre (quelques mois après la date du soulèvement général du 22 août 1791) dans les annexes.
  3. https://www.gilderlehrman.org/sites/default/files/inline-pdfs/08063_FPS.pdf
  4. Byrd, Brandon R. « Racism has always driven U.S. policy toward Haiti. On Haiti, Donald Trump sounds like a lot Thomas Jefferson », The Washington Post, le 14 janvier 2018. En ligne : https://www.washingtonpost.com/news/made-by-history/wp/2018/01/14/racism-has-always-driven-u-s-policy-toward-haiti/
  5. Walker, Noland. 2009. Toussaint Louverture, le libérateur d’Haïti. Production : Koval Films, llC. États-Unis. 54 mn. Voir à 44 mn 02’’ et 44 mn 53". En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=ChV9SSfl4LI
  6. Traduction de The Ignored and Bloody History of the U.S. in Haiti and El Salvador, Intercepted, titre d’un podcast hebdomadaire dont le but est de demander des comptes aux puissants. En ligne : https://www.youtube.com/watch?v=7jZGsf0Gruc
  7. Le mot originel est « déroutantes ». J’ai voulu mettre l’emphase sur ce terme, en ajoutant un [g] pour donner un double sens : le premier et un second, « dégoutantes »!
  8. Un ancien représentant spécial du Secrétaire général de l’OEA (Organisation des États américains) en 2010. En ligne : https://ayibopost.com/la-guerre-des-diplomates-en-haiti-ricardo-seitenfus-demasque
  9. Yanick Lahens : « En Haïti, on a un néocolonialisme depuis l’indépendance », entrevue avec Ahmed Kouaou, Radio Canada, le 8 janvier 2020. En ligne : https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1441729/yanick-lahens-haiti-pauvrete-histoire-colonialisme-seisme
  10. Politique visant à effacer les traces de la mémoire d’un peuple, sa culture. Voir Louise L. Lambrichs. 2009. « Génocide, déni et répétition en Serbie, en Croatie et en Bosnie. La justice internationale face à ses responsabilités », Le Banquet, 26, Centre d’étude et de réflexion pour l’action politique. En ligne : http://www.revue-lebanquet.com/?p=355. Ce néologisme a été élaboré en 1991, dans le contexte des guerres de Yougoslavie, par Mirko D. Grmek qui l’adopte dans un article intitulé « Un mémoricide » (Le Figaro, 19 décembre 1991), puis dans un ouvrage, La Vie, les Maladies et l’Histoire. La Guerre comme maladie sociale et autres textes politiques, paru aux éditions du Seuil en 2001.
  11. Voir Annexes.
  12. Le terme « déterritorialisation » a été emprunté à Paraskeva et Steinberg (2016, 268) auquel j’ai ajouté la « reterritorialisation » parce que c’est un double mouvement à faire.
  13. Sous-entendu qu’Haïti n’est pas/plus un territoire/une province d’outre-mer du « Trident impérial ».
  14. Voir Roger Petit-Frère, « Quelle influence la politique de nos premiers dirigeants a-t-elle sur la formation sociale haïtienne actuelle? », conférence prononcée le vendredi 29 février 2008 à l'Institut culturel Karl Levêque (ICKL). In Le Nouvelliste, le 8 août 2019. En Ligne : https://www.lenouvelliste.com/article/205589/les-points-de-vue-originaux-du-professeur-roger-petit-frere

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Critique décoloniale de l'école haïtienne Droit d'auteur © 2022 par Jacques-Michel Gourgues est sous licence License Creative Commons Attribution - Partage dans les mêmes conditions 4.0 International, sauf indication contraire.

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