1 Trente années d’espoir

Bruno Legendre

Personne n’en disconvient plus, l’énergie solaire représente une source d’énergie extraordinaire et les technologies qui permettent de la convertir en électricité, tout comme les systèmes qui en optimisent l’utilisation pour la mise en œuvre, en n’importe quel endroit, de services d’eau, d’électricité, de communication ou de santé de qualité, sont devenus fiables et performants.

Malgré tout, après plus de trente années de promotion à grande échelle dans ses diverses applications, qui ont vu au Sénégal installer des dizaines des milliers de systèmes d’éclairages public ou domestiques et de pompage (en 2014 installés ou en cours d’installation 65 000 systèmes familiaux, 1 500 systèmes communautaires, 5 500 lampadaires, 200 centrales hybrides et 110 systèmes de pompage pour une puissance totale dépassant 12 MWc) (Nodalis 2014), l’utilisation de l’énergie solaire se développe peu, et souvent bien mal, accumulant des contre-références qui confortent la prudence des esprits sceptiques.

L’histoire de l’énergie solaire au Sénégal est émaillée de gaspillages éhontés et, au final, d’une désolante inefficacité face au potentiel de production d’énergie qu’elle représente dans un pays sahélien, face aux attentes de plus en plus vives qui lui sont adressées pour une véritable amélioration des conditions de vie, et face aux enjeux d’une stratégie de développement national résolument orientée vers la décentralisation des activités économiques.

Il est dès lors logique de se demander si ces attentes ne devraient pas être transcrites sous forme de « droits » : si la pertinence de la solution technologique n’a plus à être prouvée, alors le « droit à en bénéficier » doit, encore, définitivement, être promu.

Un « droit », pour être revendiqué, doit s’appuyer sur une raison forte. Le « droit général à l’énergie » repose sur un ensemble de droits, humains, économiques, écologiques, et sociaux avec lesquels il est en cohérence. Il s’agit du droit à avoir des conditions de vie décentes, du droit au travail, du droit à accéder à des services de santé et d’éducation de qualité, du droit à l’eau potable, du droit à un environnement sain, du droit à participer au développement national et à bénéficier d’une redistribution équitable des richesses et bienfaits qu’il génère.

Un « droit » se réfère par ailleurs à un cadre réglementaire et contractuel, qui ne se contente pas de l’énoncer, mais qui oblige à le respecter.

Reconnaître un droit implique pour l’État le devoir d’investir pour le rendre accessible, de façon équitable et durable à tous.

L’énergie solaire n’est pas simplement une source d’énergie parmi d’autres. Elle est dotée de trois grandes qualités : elle est renouvelable, elle est décentralisée, et les technologies qui permettent de la mobiliser sont fiables.

On pourrait y ajouter que les développements récents l’ont sortie d’un isolement qui la réduisait à des installations de petite puissance : elle a appris à s’intégrer dans n’importe quel système et plus aucune dimension ne l’effraie désormais.

Parce qu’elle est durable, accessible à tous, intégrée dans son environnement, le « droit à l’énergie » ne peut être réalisé sans elle.

Et pourtant, l’énergie solaire au Sénégal est dans une situation de « non-droit ». Les dispositions réglementaires qui ont été conçues pour la promouvoir ne sont pas appliquées et sont même largement ignorées du public. Il sera difficile à l’État, dans ces conditions, de réaliser son objectif d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2025.

Quels sont donc, alors, les différentes facettes de ce « droit à l’énergie solaire »?

Le droit à la pérennisation des investissements

Alors qu’on devrait y investir, de façon responsable et déterminée, l’énergie solaire continue à faire l’objet de « projets » dont les réalisations n’ont jamais été durables, faute d’entretien.

Nettoyer des panneaux solaires, cela ne semble pas grand chose.

Cela se fait en général régulièrement sur les stations de pompage, car on paie quelqu’un pour le faire. On l’oublie souvent sur une installation domestique, surtout lorsqu’ils se trouvent sur une toiture, peu visibles. Et, à voir la couche de poussière qui les recouvre en saison sèche, on ne le fait à l’évidence jamais lorsqu’il s’agit d’éclairages publics… On pourrait évoquer, de la même façon, l’entretien des batteries.

On en vient parfois à une solution radicale : sans état d’âme, on abandonne l’énergie solaire.

C’est le sort de lampadaires, par exemple, lorsqu’ils occupent des emplacements trop visibles, comme ceux qui jalonnaient la route des Almadies à Dakar, desserte, à la fois, d’une zone résidentielle et de l’aéroport.

Mais ce n’est là qu’un symptôme, tellement banal qu’il n’a eu d’ailleurs aucun écho dans la presse, d’un mal beaucoup plus profond.

Des milliards de francs CFA partent ainsi en fumée dans l’indifférence la plus totale. Sauf, on l’imagine, dans celle de ceux qui voient annihilés leurs rêves d’amélioration de vie : mais ceux-là sont sans voix…

Le « Projet sénégalo-allemand Énergie Solaire » a organisé l’acquisition, à crédit, d’environ 4 000 systèmes en 10 ans par des familles rurales. En 2000, à l’occasion d’un atelier final au Novotel de Dakar, ses promoteurs ont été interrogés sur la façon dont avaient été renouvelées les batteries, certainement au moins une fois en moyenne au cours de cette période. Mais cette question, pourtant posée à plusieurs reprises, a été savamment esquivée.

La raison en est simple : ce défi-là n’avait pas pu être relevé, et plutôt que de partager l’expérience en toute transparence et d’inviter à une réflexion sur les obstacles à surmonter, on a préféré cacher ce qui devenait la honte d’un échec magistral…

Une enquête réalisée quelques mois plus tard auprès de la centaine d’usagers qui avaient été les tous premiers à bénéficier de ces installations a montré que seulement 10 % d’entre eux disposaient encore d’une installation en fonctionnement : les batteries coûtaient trop cher.

Les usagers ont choisi, pour les remplacer, des batteries de démarrage bon marché voire même des batteries d’occasion. Celles-ci ne tenaient pas bien la charge, alors ils ont enlevé les régulateurs, et puis, comme plus rien ne marchait bien, ils ont abandonné….

C’est finalement une capacité de production de 200 kWc, que l’on continue à la comptabiliser dans les statistiques nationales, qui est probablement perdue…

Au cours de la décennie qui a suivi, l’Agence Sénégalaise d’Électrification Rurale (ASER), qui avait entre temps été créée, s’est orientée vers la contractualisation d’opérateurs privés qui participeraient à l’investissement et prendraient en charge l’entretien et le renouvellement des installations, moyennant une rémunération, par les usagers, du service ainsi rendu.

C’est ainsi que la gestion des 10 000 systèmes photovoltaïques de 50 Wc installés dans le département de Foundiougne un peu avant 2005, a été confiée à une entreprise privée, chaque usager devant s’acquitter d’un montant forfaitaire de 4 125 francs CFA par mois (6,2 euros, soit 8,6 % du salaire minimum mensuel).

Combien de ces systèmes sont-ils encore fonctionnels?

Hélas, une étude réalisée quinze ans après la fin du Programme Spécial Énergie, montre que l’on n’a pas fait mieux : il faut se rendre à l’évidence que moins de 10 % des installations sont encore en état de fonctionnement, et que l’on n’a pas davantage eu le courage d’affronter la réalité en face, puisque le contrat de l’opérateur n’a même pas été résilié (IED/Performances 2015b).

Mais cette fois-ci l’échelle a doublé : c’est un investissement de 4 milliards de francs CFA (6 millions d’euros) et une capacité de production de 500 kWc qui ont été perdus.

Il ne suffit pas de contracter un opérateur et de faire payer aux usagers le service qu’il doit mettre en œuvre.

Les usagers du département de Foundiougne ont largement respecté leurs devoirs envers l’opérateur, mais on ne s’est pas donné les moyens d’exiger de celui-ci le strict respect de dispositions contractuelles énonçant clairement les objectifs de performance et la qualité du service attendus.

L’expérience de ces vingt années n’a sans doute pas été suffisamment amère.

L’Agence Nationale de promotion des Énergies Renouvelables (ANER) se prépare ainsi à son tour à doter un millier de postes de santé ou d’établissements scolaires de générateurs photovoltaïques de 1 kWc.

Ils pourront ainsi bénéficier d’un approvisionnement en énergie de qualité, leur permettant d’avoir accès à internet et de disposer de ventilateurs et de réfrigérateurs.

Mais suffit-il qu’il soit de qualité pour être durable? L’ANER aurait assuré une visibilité durable de cette action de promotion de l’énergie solaire si elle l’avait inscrite dans les dynamiques d’électrification rurale en cours, y associant les opérateurs de services d’électricité présents désormais un peu partout à travers le territoire national sous la supervision de l’ASER.

Elle a retenu, au contraire, de ne s’appuyer, pour l’entretien de ces équipements, que sur des jeunes qui auront été rapidement formés au moment de leur installation.

Qu’adviendra-t-il de cette nouvelle capacité de production, qui s’élève cette fois-ci à plus de 1.000 kWc?

Le « droit à la pérennisation des investissements », corollaire du « droit à une amélioration durable des conditions de vie », relève du principe de redevabilité dans la gestion des financements publics, fondement majeur de la réforme en cours de la gouvernance de l’État.

Le droit à l’évolution technologique

Comme pour toute autre ressource, l’exploitation de l’énergie solaire se trouve confrontée à des contraintes qui lui sont spécifiques et qui peuvent constituer une limite à son utilisation : deux d’entre elles sont souvent présentées comme des handicaps.

La première, c’est que, étant intermittente, elle doit être stockée (dans des batteries, dans le réseau interconnecté ou sous d’autres formes telles que énergie hydraulique, hydrogène, volant d’inertie, etc.).

La seconde, c’est qu’elle demande un important investissement en capital, qui vient altérer l’avantage, entre autres, de ne plus dépendre d’un approvisionnement en carburant dont les modalités et le coût deviennent de plus en plus aléatoires.

L’utilisation de l’énergie solaire s’est donc longtemps trouvé cantonnée dans la fourniture de petites quantités d’énergie, en général au niveau de localités dépassant rarement 1 500 habitants.

À partir de 2005, la vulgarisation de nouvelles technologies de gestion intelligente des systèmes énergétiques a permis le développement de solutions hybrides, aussi bien pour le pompage que pour l’alimentation de réseaux électriques autonomes : elles allient l’indépendance et la fiabilité des générateurs solaires à la puissance et la souplesse d’utilisation des groupes électrogènes thermiques.

En outre, la volonté affirmée alors de promouvoir une production locale de biocarburants, ouvrait la perspective de pouvoir disposer en tout lieu, à tout instant, d’une quantité quasiment inépuisable d’énergie renouvelable pour alimenter les différentes composantes de ces systèmes : notamment, à partir de 2007 au Sénégal, avec l’objectif de valorisation de l’huile contenue dans les graines de Jatropha curcas, dont les caractéristiques sont très proches de celles du gasoil.

Rien ne devrait empêcher, dès lors, de répondre à la demande de plus en plus pressante en énergie formulée non seulement par les usagers domestiques, mais également par les acteurs économiques des centres isolés, ni au besoin urgent de sécurisation de l’alimentation en eau des systèmes de desserte multi-villages, beaucoup trop dépendants aujourd’hui d’un approvisionnement en énergie fossile.

Dans le seul secteur de l’hydraulique rurale, le potentiel est énorme : un tiers des générateurs qui équipent le parc de 1 500 forages en exploitation est arrivé en fin de vie et doit être renouvelé. Si l’obstacle au remplacement des systèmes thermiques existants par des solutions hybrides est le surcoût initial engendré par cette option, alors n’est-ce pas là une superbe opportunité pour l’ANER de promouvoir l’énergie solaire, par exemple en bonifiant le taux d’intérêt sur les financements à mobiliser ou en encourageant les synergies dans le développement de services d’eau et d’électricité utilisateurs de la même source d’énergie et des mêmes technologies?

La contribution potentielle de l’énergie solaire au développement national s’étend bien au-delà de l’utilisation qui en est actuellement faite.

Mais on se cantonne dans une vision sectorielle, figée, de l’électrification rurale, se référant à des « standards » qui n’en sont pas en ce sens qu’ils ne reposent pas sur les résultats d’une capitalisation transparente et objective de l’expérience, mais sur le dictat de soi-disant « expertises ».

Le « Projet sénégalo-allemand Énergie Solaire », évoqué plus haut, avait commandé en 1989 un suivi sur deux ans de l’appropriation par les usagers du système « standard » sur lequel reposait son modèle d’électrification rurale. Les observations qui en sont ressorties, dès la première année, étaient claires : le nombre de lampes était insuffisant, l’absence de prises empêchait de répondre à une demande majeure en équipements audio-visuels et, surtout, la moitié des usagers ne consommaient que la moitié de l’énergie dont ils disposaient, et dans laquelle on les avait poussés à investir.

La première réaction des promoteurs de ce programme, même s’ils ont dû par la suite revenir sur leur idée de « standard », a été de suspendre ce suivi qui se faisait l’écho de critiques et demandes remettant en question « leur » modèle…

Même si la conception des systèmes familiaux s’est considérablement ouverte depuis, et leur champ d’utilisation étendu, les pratiques n’ont guère évolué.

Les solutions technologiques les plus récentes n’échappent pas à cette tentation de la standardisation : c’est le cas par exemple des centrales hybrides dont deux centaines environ ont été installées, principalement dans le sud du pays. Une évaluation indépendante a montré que les choix effectués dans leur dimensionnement n’étaient pas pertinents, validant ainsi les critiques émises par les opérateurs en charge de leur gestion et qui n’arrivent pas à les rentabiliser (IED/Performances 2015a).

Cependant aucune capitalisation systématique de cette expérience n’a été diffusée alors que le gouvernement a prévu de réaliser 400 nouvelles centrales similaires dans le cadre de son programme national d’urgence d’électrification rurale. Avec une puissance installée moyenne de 20 kWc, c’est une capacité de production de 12 000 kWc qui est en cours de développement, soit dix fois plus que le projet de l’ANER : l’énergie solaire connaît un engouement sans précédent, mais risque fort d’en faire les frais si tout n’est pas mis en œuvre pour assurer la viabilité des investissements réalisés et de leur exploitation.

Le « droit à bénéficier de l’évolution des technologies », corollaire du « droit à l’information et à la parole », repose sur le principe que c’est la demande qui est le moteur du développement décentralisé que veut impulser le gouvernement.

Le droit à l’initiative

Le développement de l’énergie solaire s’inscrit dans un cadre réglementaire et contractuel, dont l’application suscite de nombreuses interrogations.

La loi 98-29, du 14 avril 1998, introduit de nombreuses réformes dans le secteur de l’électricité. Elle annonce ainsi dans son préambule qu’une large place est faite au secteur privé, tant au niveau de la production que de la distribution et de la vente de l’énergie électrique.

Dix-huit ans plus tard, la compagnie nationale SENELEC continue pourtant de détenir le monopole sur la vente et, alors que des projets de centrales photovoltaïques connectées au réseau annoncent des prix de vente compétitifs avec celui des centrales au charbon, et bien inférieurs aux tarifs pratiqués par la SENELEC, les opérateurs d’électrification rurale ne peuvent traiter directement avec les fournisseurs de leur choix.

La loi 2010-21 du 10 décembre 2010, portant loi d’orientation sur les énergies renouvelables, prévoit des mesures fiscales incitatives (notamment l’exonération totale de taxes sur les équipements destinés à l’autoconsommation domestique), mais cinq ans plus tard, le décret d’application qui devait rendre opérationnelles ces dispositions n’a pas encore été pris.

Le décret N°2011-2014 du 21 Décembre 2011 définit les conditions d’autoproduction d’énergies renouvelables. Cependant, en 2015, le prix d’achat garanti du surplus d’énergie produite par les auto-producteurs n’a pas encore été fixé par la Commission de Régulation du Secteur de l’Électricité (CRSE). L’obligation d’achat des surplus d’électricité renouvelable, faite aux opérateurs, n’est donc pas rendue effective.

Le Code Général des Impôts lui-même prévoit des réductions d’impôts au profit des particuliers ou entreprises qui investiraient une partie de leurs revenus dans les énergies renouvelables.

Mais de telles dispositions sont-elles connues? A-t-on déjà, ne serait-ce qu’une fois, évalué leur impact?

En 2012, une convention signée entre le ministère de l’Énergie et la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) mettait en place une ligne de crédit de 10 milliards de francs CFA (15,2 millions d’euros) pour la diffusion de 15 000 kits solaires, principalement, étant donné les caractéristiques d’implantation de la BHS en milieu urbain et périurbain.

Curieusement, cette initiative n’était pas été liée à la mise en application des dispositions de la loi sur les énergies renouvelables, et les résultats de l’évaluation de son impact, réalisée en 2014, n’ont pas été publiés.

Sur le plan contractuel, l’exclusivité dont bénéficie un concessionnaire d’électrification rurale n’est pas liée à un engagement de desserte : au-delà d’une certaine distance du réseau, c’est à l’usager de faire l’investissement.

Le droit de l’usager ne serait-il pas, alors, de pouvoir faire appel à tout opérateur qui accepterait de faire pour son compte l’investissement et lui offrir le service qu’il demande?

De nombreux projets d’électrification rurale d’initiative locale (ERIL) sont aujourd’hui gérés par une dizaine de petites entreprises qui se sont spécialisée dans la mise en œuvre de services d’électricité à partir de l’énergie solaire. Malgré leur demande répétée, une seule d’entre elles a vu son statut reconnu et formalisé par la Commission de Régulation.

Le cadre légal, réglementaire et contractuel est riche de dispositions qui devraient encourager à investir dans les énergies renouvelables à tous les niveaux. Théoriquement, la voie est ouverte pour que la production d’énergie renouvelable sur le réseau interconnecté ne soit plus limitée aux seuls grands projets de centrales photovoltaïques : les mini-centrales pourraient, dès que les extensions du réseau le permettent, « stocker » leurs surplus d’énergie dans le réseau et l’utiliser comme « backup », s’affranchissant ainsi des coûts élevés de fonctionnement des groupes thermiques; et la valorisation des vastes espaces de toiture en milieu urbain pourrait initier de nouvelles dynamiques dans les relations entre l’opérateur de services d’électricité et les usagers.

Alors que le cadre en a été clairement dessiné, on hésite à libérer les initiatives qui pourraient profondément transformer les conditions d’accès à l’énergie, en termes de coûts, de durabilité, d’accessibilité.

La mise en œuvre du droit applicable à l’énergie solaire est une condition essentielle pour en valoriser le potentiel. Elle doit devenir une exigence car l’application des textes votés par les élus du peuple constitue un des principes clef de la bonne gouvernance dans un État de droit, comme revendique de l’être le Sénégal.

En conclusion

Il est temps de promouvoir l’appropriation par tous de l’énergie solaire, et l’investissement le plus large, à tous les niveaux, dans cette technologie. Il est temps de disposer d’une vraie stratégie de valorisation des énergies renouvelables, qui ne se limite pas à décliner une liste de projets, mais qui capitalise l’expérience, définit les mécanismes, clarifie les droits et, enfin, encourage toute forme de synergies qui contribue à consolider un accès durable, pour tous, à un service d’électricité de qualité.

Le temps de la « neutralité technologique » qui prétendait ne pas vouloir imposer aux investisseurs d’orientations en matière de production d’énergie est révolu. Si la liberté des décisions d’investissements doit être respectée, doit l’être également le droit de chaque citoyen à bénéficier, où qu’il habite, d’un accès de qualité à l’énergie dans des conditions compatibles avec ses ressources, afin de pouvoir satisfaire ses besoins humains fondamentaux.

Une telle liberté n’est pas incompatible avec une promotion active de toute initiative visant à accroître la part de l’énergie solaire dans la consommation nationale, car elle est un facteur de réussite essentiel d’un véritable développement décentralisé et durable.

Elle n’est pas incompatible non plus avec une promotion active des nombreuses dispositions qui définissent les droits de ceux qui n’ont pas la capacité de les exprimer et de les défendre. Un « droit » non appliqué, non respecté n’est plus un « non-droit » : c’est un scandale.

Car il enfonce dans la dépendance celui dans le cœur duquel on a fait miroiter des rêves de mieux-être, faisant surgir en lui un profond sentiment d’injustice et de privation de sa propre liberté.

Références

IED/Performances, 2015a. « Analyse du fonctionnement de quatre centrales hybrides solaire/diesel dans la région de Sedhiou (THD 2014, reprise dans le plan local d’électrification de la concession Ziguinchor-Oussouye-Bignona-Sedhiou) ». Financement Banque Mondiale.

———, 2015b. « Plan local d’électrification de la concession de Foundiougne ». Financement Banque Mondiale.

Legendre, Bruno, 2013. Dynamiques rurales. Moteurs de développement durable au Sénégal. Pailhès : TheBookEdition.com.

Nodalis, 2014. « Sahel Solar Power Assessment. Rapport Sénégal ». Financement Banque Mondiale.

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