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9 Frontière internationale, villes frontalières et coopération transfrontalière entre Yagoua et Bongor, de 1900 à 2018

NDJIDDA ALI

Résumé 

Les frontières sont au centre des rapports entre États et sont ouvertes ou fermées en fonction de leurs intérêts. Celle issue de la colonisation européenne a séparé Bongor et Yagoua entre le Tchad et le Cameroun. La dynamique des rapports entre ces cités est maintenue par le fleuve Logone qui sert de frontière naturelle. Bongor et Yagoua ont chacune profité des avantages contextuels pour s’ériger en centre de décision ou d’affaires. L’environnement sociopolitique dans ces deux pays leur a imposé une évolution en dents de scie et les enjeux économiques et géopolitiques ont joué un rôle déterminant dans leur hiérarchisation.

Mots-clés : frontière, ville frontalière, interdépendance, coopération transfrontalière, Cameroun, Tchad.

Abstract

Frontiers are the core of relationship between states. They are flexible to each other depending on interests at stake. The Bongor-Yagoua boundary separated Chad from Cameroon as a result to the European colonization. The relationship dynamics between these States is still in date. This is made bold by the Logone river marking the natural boundary. Being decision-taking centres to the doing of business, Bongor and Yagoua benefited from each other economically wise. The sociopolitical environment in both countries imposed a two-fold evolution on the latter. Thus, the economic and geopolitical challenges have thefore played major roles in their categorization.

Keywords: Frontier, neighboring countries, interdependence, trans-border, cooperation, Chad, Cameroon.

Introduction

La conférence de Berlin tenue en 1884-1885 a permis à certaines puissances européennes d’avoir des zones d’influence en Afrique. C’est ainsi que Bongor et Yagoua se sont retrouvées sous la domination allemande, puis française après cette conférence. Ces villes sont habitées en majorité par le peuple massa et continuent d’entretenir des relations séculaires. L’évolution de Bongor et celle de Yagoua a subi diverses influences liées à plusieurs phénomènes. Les échanges se développent d’un côté comme de l’autre et le développement d’une ville par rapport à l’autre occasionne des mouvements de populations d’un sens à un autre. L’installation de l’administration coloniale à Bongor, au début du XXe siècle, a contribué à faire de cette ville un centre administratif, militaire et un espace de distraction pour les jeunes de la vallée du Logone. La création d’une école primaire et plus tard d’un établissement d’enseignement secondaire par l’administration coloniale a fait de Bongor un lieu de rencontre et de retrouvailles entre la jeunesse tchadienne et camerounaise en général et entre celles de Bongor et de Yagoua en particulier. Pendant la période postindépendance, Yagoua se positionne et devient une ville importante par rapport à Bongor.

Le contexte sociopolitique au Tchad, pendant les quatre décennies qui ont suivi l’indépendance et la stabilité économique et sociopolitique du Cameroun, permet à Yagoua de devenir un pôle socioéconomique important dans la vallée du Logone. L’écart de développement économique contribue à établir une interdépendance entre ces deux villes frontalières. Dès lors, il est important de saisir la dynamique des rapports qui lient et relient ces villes frontalières depuis la période coloniale jusqu’en 2018, année qui marque le début des travaux de construction du pont sur le Logone. Cet article se propose de définir d’abord certains concepts du travail. Ensuite, nous allons analyser l’évolution des relations entre Bongor et Yagoua et voir le fort différentiel qui existe entre ces villes et leur interdépendance. Enfin, nous déroulons les enjeux, les acteurs et les moyens qui accompagnent cette dynamique relationnelle en analysant l’interdépendance socioéconomique entre ces villes frontalières, depuis l’exploitation officielle du pétrole au sud du Tchad en juillet 2003, et jetons un regard prospectif sur la construction du pont sur le Logone qui ne manquera certainement pas de densifier les échanges et de positionner une de ces villes sur un créneau porteur.

De la frontière et de la ville frontalière : ancrage conceptuel et théorique

Pour la bonne compréhension de ce travail, il est nécessaire de définir certains concepts clés, car, comme le dit Thierno Mouctar Bah (1993, p. 63), « dans le domaine des sciences sociales, l’emploi insuffisamment rigoureux d’un terme conduit à des interprétations fâcheuses ». C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de définir les concepts de frontière, de ville frontalière et de coopération.

Le concept de frontière dérive du mot front qui signifie littéralement « faire face » et dans le langage militaire, il renvoie à une ligne de front en faisant appel à la défense et à l’intégrité du territoire grâce aux forces armées. C’est à partir du XVIIe siècle que cette notion prend un sens plus politique et, avec la construction des États-nations, devient progressivement une limite entre deux États[1]. Ce mot exprime toute différenciation qui n’est pas seulement territoriale, mais aussi sociale, culturelle et économique (Wangnamou Guidjara, 2015, p. 9). Ainsi, une frontière est un espace d’épaisseur variable, une ligne imaginaire à un espace particulier, séparant ou joignant deux territoires, en particulier deux États souverains. Mais en relations internationales, ce mot prend une dimension à la fois géographique et politique. C’est dans ce sens que la frontière est définie dans le dictionnaire des relations internationales comme les « limites territoriales naturelles ou artificielles qui servent de cadre géographique dans lequel s’exerce la souveraineté d’un État » (Mokhtar Lakehal, 2006, p. 132). Force est de constater que ce concept a une utilisation qui recouvre des significations multiples. Ceci amène Abdouramane Halirou (2006, p. 5) à faire la mention suivante : « Essentiellement relationnelle, la frontière est conditionnée par le contexte et le cadre géographique ». Dans le cadre de ce travail, nous pouvons dire que c’est une ligne définie qui matérialise la séparation entre deux entités distinctes reconnues sur le plan juridique et qui exerce une influence sur les localités environnantes. C’est dans cette perspective que la ligne séparant deux États souverains prend une dimension internationale.

En effet, la frontière internationale est une notion qui découle du droit international et elle est intangible. Sa modification ne peut se faire que par une décision de la justice internationale ou par un accord entre les États. Postel-Vinay (2011) nous fait connaître que les frontières internationales sont instaurées par les rapports de force, la progression des armées et les calculs stratégiques venant des puissances politiques. C’est de cette manière que les puissances européennes, selon leur rapport de force, se sont partagé l’Afrique à la fin du XIXe siècle. Si une frontière internationale est celle qui sépare deux ou plusieurs pays, alors les villes situées à proximité d’elle deviennent des villes frontalières. C’est dans ce sillage que Joël Kotek (1996) précise qu’« Une ville frontalière est une agglomération urbaine située à proximité d’une frontière d’État et dont l’histoire, l’organisation, le développement et le fonctionnement sont influencés par cette présence ». Nous pensons que les villes étudiées dans le cadre de ce travail vont dans la logique de la définition de cet auteur. Celles-ci ont eu une trajectoire différente et ont été souvent influencées par la présence du fleuve Logone qui matérialise la limite territoriale entre non seulement Bongor et Yagoua, mais aussi entre le Cameroun et le Tchad. Cette situation a poussé les deux pays à coopérer de gré ou de force.

Le concept de coopération, pour sa part, peut désigner une action conjointe des États dans l’optique de trouver une issue favorable à un problème transnational. Cela peut aussi être un accord que deux pays signent pour que l’un apporte son soutien à l’autre sur les plans technique, scientifique, économique ou matériel en vue de le développer. Ce terme est encore utilisé dans le sens d’association ou de communauté de personnes ou de villes pour réaliser ensemble un projet rentable à chaque partie (Mokhtar Lakehal, 2006, p. 95). Il faut préciser que la coopération n’est pas seulement institutionnelle, elle peut également être vécue quotidiennement par les populations frontalières qui se rencontrent et entretiennent des rapports divers. La coopération transfrontalière développée entre les villes de Bongor et Yagoua s’inscrit dans cette perspective.

Nous nous sommes appuyé sur deux théories que sont le constructivisme et l’interdépendance complexe pour mener cette étude. Au fait, le constructivisme est un courant de pensée sociologique qui apparaît dans les années 1920, préconisé par des figures des sciences sociales telles qu’Émile Durkheim et Claude Lévi-Strauss. D’autres auteurs de ce courant comme Peter Berger et Thomas Luckmann ont privilégié une approche qui part des individus et de leurs interactions. Cette approche permet de connaître la vie quotidienne et son activation dans les rapports des populations en présence. Il est question de comprendre la réalité de la vie quotidienne en se focalisant sur la qualité des rapports entre les individus[2]. Faisant allusion au domaine des relations internationales, le constructivisme amène le chercheur ou la chercheuse à tenir compte des aspects sociologiques et historiques. Outre l’interaction stratégique entre États, il faut intégrer la dimension sociologique et culturelle qui fait apparaître les éléments élaborés par les dispositifs de représentation et les perceptions qui ont une influence sur les attitudes. Cette théorie constructiviste nous a permis de comprendre les rapports qui existent entre les individus et les États et aussi avec leurs milieux. Cette interaction amène Mova Sakanyi (2014, p. 166, 167, 169) à penser que les acteurs et les structures (individus, États…) influencent leur environnement en même temps qu’ils et elles subissent aussi son influence. Ce paradigme nous a permis de comprendre les relations qui existent entre les populations, les villes de Bongor et Yagoua avec leurs milieux naturels et aussi l’influence qui s’opère dans la zone. Cette situation a créé une interdépendance entre les différents acteurs.

En effet, c’est aux États-Unis, au début des années 1970, qu’apparaît l’école de l’interdépendance complexe. Ce courant de pensée fait comprendre que l’objet d’étude des relations internationales ne doit pas seulement prendre en compte l’aspect militaire et/ou géostratégique. Il faut aussi considérer le côté sociologique[3]. Des auteurs comme Robert Keohane et Joseph Nye montrent que l’interdépendance grandissante des pays est une caractéristique des relations internationales depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. De ce fait, certain·e·s réalistes font observer que le rapprochement intense entre les pays, mais aussi entre les individus, est la résultante du rétrécissement des distances. Ainsi, l’information, le commerce d’objets physiques, les flux financiers et la libre circulation des femmes, des hommes et des idées animent l’ensemble des flux transfrontaliers en ouvrant les sociétés sur l’extérieur. Par conséquent, il devient difficile de séparer les réalités internes de celles externes. L’on constate alors que l’État n’est plus le seul acteur qui anime la scène internationale (Wenu, 2012-2013, p. 15). Il faut à cet effet comprendre que les relations établies entre les acteurs sont fondées sur une réciprocité. Cette approche nous a permis de mieux saisir les enjeux de la coopération transfrontalière entre Bongor et Yagoua.

Dynamique des relations entre Yagoua et Bongor de l’époque coloniale à 2018

Pendant la période coloniale de 1894 à 1960, Bongor était le pôle administratif et sécuritaire de la vallée du Logone. Le poste administratif de Bongor a été créé en 1900 par l’Allemagne coloniale. L’officier Herbert Kund y fonde la station militaire en 1904. Le district de Bongor créé en 1910, appartenait au Cameroun allemand, ce jusqu’en 1911. Suite au traité franco-allemand signé cette année, la France récupère cette unité administrative (Vossart, 1950, p. 134). Elle fait d’elle un poste-frontière avancé la même année. La circonscription de Bongor devient le chef-lieu du département du Mayo-Kebbi en 1920 (Cabot, 1965, p. 243) et le premier commandement civil se met en place au courant de cette année dans le but d’entreprendre la colonisation et l’administration fut installée après la Deuxième Guerre mondiale (Dumas-Champion, 1983, p. 17-18). La création de postes-frontière permet à cette période d’assurer le ravitaillement des troupes militaires. Ces lieux géostratégiques deviennent plus tard des centres administratifs (Coquery-Vidrovitch, 1988, p. 58) dotés d’hôpitaux, d’écoles régionales et deviennent des points de stockage et de redistribution des produits importés (Cabot, ibid., p. 238). La position stratégique de Bongor à la frontière internationale dans la vallée du Logone lui permet de bénéficier de tous ces privilèges.

De la période coloniale allemande à celle française, Bongor avait une importance particulière sur le plan administratif par rapport à Yagoua. Toutes les décisions importantes étaient prises dans cette ville. Les populations de Yagoua se rendaient à Bongor pour régler les affaires d’ordre administratif, judiciaire ou sécuritaire. Les problèmes conjugaux et autres de moindre importance étaient résolus à la chefferie de Yagoua. Le présumé auteur ou la présumée autrice d’un meurtre commis dans cette ville était arrêté·e et conduit·e à Bongor pour être jugé·e par l’administration coloniale (Domo, 2013, p. 40). Comme le fait savoir Ngouya, « les Blancs envoyaient les soldats pour arrêter les voleurs à Yagoua et les conduire à Bongor pour qu’ils soient jugés »[4]. L’on peut dire que cette ville était considérée comme la capitale de la vallée du Logone parce que bénéficiant de tous les atouts que lui procure la présence européenne sur ses sols avant les autres villages de la zone. Il faut mentionner aussi que son architecture diffère de celle des autres, ainsi que le mode de vie et l’alimentation. Les bâtiments administratifs, les magasins de vente, les bars-restaurants, les établissements scolaires, entre autres, embellissaient cette ville. Contrairement à sa sœur jumelle où il y avait des cases rondes en terre battue aux toits de chaume (Cabot, ibid., p. 89), Bongor avait plusieurs maisons construites en briques cuites et en tôles[5]. Il y avait des services de commandement comme la gendarmerie, la prison, les bureaux administratifs et les résidences européennes, les établissements scolaires et hospitaliers qui sont en général construits en briques cuites et ciment, couverts de tôles ondulées (Cabot, ibid., p. 238). La France coloniale a introduit une variété de cultures comme la carotte, le chou et la laitue. Les populations locales ont adopté la culture de ces légumes dont les produits sont vendus aux Européen·ne·s à Bongor ainsi qu’aux missionnaires protestant·e·s américain·e·s installé·e·s dans la vallée du Logone. Les légumes produits à Yagoua sont de ce fait écoulés à Bongor. Après la vente, les individus achètent des articles fabriqués en Europe comme les montres, les lunettes et autres objets manufacturés. Ils ramènent et retransmettent dans leurs villages d’origine tout ce qu’ils ont observé et acheté. Ceci fait dire à Joseph Domo (ibid., p. 65-66) que cette situation donnait aux concernés l’impression d’avoir réussi dans la vie.

L’on constate aujourd’hui qu’il y a mutation de besoins depuis l’apparition des technologies de l’information, à l’instar des téléphones, des ordinateurs et des téléviseurs. Selon Jean Cabot (ibid., p. 238), « l’arrivée d’Européens plus nombreux attirait des gens de maison en rupture de ban avec leurs tribus ». La présence de l’administration coloniale à Bongor a fait de cette ville pleine de dynamisme un centre d’attraction, de divertissement et de rêve pour les jeunes de Yagoua. Ils et elles sont attiré·e·s par les bars-restaurants et les magasins de vente entre autres qui s’y trouvent. C’est, une fois de plus, dans ce sens que Joseph Domo (ibid., p. 42) affirme que « des adultes de Yagoua, désireux de respirer l’air de la modernité, n’hésitent pas à se rendre régulièrement à Bongor où ils profitent des bienfaits de cette nouvelle façon de vivre ».

Pendant cette période, Yagoua n’était qu’une bourgade. Il fallait se tourner vers Bongor pour vivre la modernité parce que cette ville connaissait des moments de prospérité. Après les villes comme Ndjamena, Garoua et Maroua venait Bongor sur le plan de la mondanité[6]. Force est de constater qu’à l’époque de la présence de la France coloniale dans la vallée du Logone, l’on passe progressivement de la civilisation rurale vers une civilisation urbaine. La modification des comportements, des valeurs et même de la personnalité des individus est l’une des conséquences de la vie en ville (Coquery-Vidrovitch, ibid., p. 51). La ville devient un endroit de brassage forcé entre cultures et associations qui s’y trouvent. C’est aussi le lieu où s’exerce une concurrence et se bâtissent des identités sociopolitiques et religieuses (Djouda Feudjio, 2010). De ce fait, la ville bouleverse et réorganise tout dans son intérêt. Comme le fait savoir Catherine Coquery-Vidrovitch,

sa survie est conditionnée par l’organisation à la fois économique et politique de la production et des échanges, autrement dit par son ouverture sur l’extérieur […] cela impliquait la présence d’un pouvoir politique capable d’imposer ce contrôle et de fixer les règles de la circulation des vivres (Coquery-Vidrovitch, ibid.).

L’on constate que la ville impose le vivre ensemble et amène les individus à travailler davantage pour leur survie. C’est dans ce sens que diverses activités y sont menées à l’instar du commerce qui occupe une place importante. Parlant de Bongor, son centre commercial a été construit sur le pourtour de la place du marché avec des boutiques construites et bien rangées. Des commerçant·e·s venu·e·s du nord du Tchad animaient les activités commerciales dans cette ville (Cabot, ibid., p. 243). Bongor avait le pouvoir administratif et aussi économique, d’où la migration de temps à autre des habitant·e·s de Yagoua à la recherche du travail ou d’un endroit de distraction. C’est aussi un centre stratégique de décisions militaires. Cette agglomération se démarquait aussi par son école primaire et son établissement secondaire. Les jeunes de Yagoua qui souhaitaient continuer les études après le cycle primaire avaient le choix entre aller à Yaoundé comme tou·te·s les ressortissant·e·s du septentrion camerounais ou aller à Bongor pour la même cause. Vu la pauvreté ambiante et la distance à parcourir pour rejoindre Yaoundé sans oublier les difficultés d’insertion y relatives, l’on préférait, naturellement, la proximité géographique et sociologique (Domo, ibid., p. 38-39).

D’ailleurs, il faut noter que l’administration coloniale française avait presque établi une « barrière » entre le nord et le sud du Cameroun à cette époque. C’est pourquoi il y a eu peu de ressortissant·e·s de cette partie qui ont pu continuer leurs études à l’École Supérieure de Yaoundé. Plusieurs jeunes originaires du septentrion camerounais ont été envoyé·e·s à l’École Supérieure de Bongor au Tchad (Kouasi, 1988, p. 94). Cette division entre les deux grandes régions géographiques du Cameroun s’expliquerait, selon Kouassi, par le fait que l’administration coloniale voulait retarder l’évolution politique du Nord-Cameroun à cause de l’action de l’Union des Populations du Cameroun dans la partie sud. L’organisation de l’année scolaire de 1931 peut nous édifier à cet effet. Elle débute le 30 avril dans le septentrion et le 15 septembre dans la partie méridionale (Kouasi, ibid.). Cependant, nous pensons que le facteur climatique influençait beaucoup le calendrier scolaire pendant la période de l’administration coloniale française, car il fallait éviter la grande chaleur de mars et avril. C’est pour ces raisons entre autres que de nombreux jeunes de Yagoua à l’instar d’Akassou Jean, Bayam Hina et Kawaïna Lambert, qui sont devenu·e·s plus tard des fonctionnaires et acteur·trice·s politiques dans leur communauté, ont fait leurs études à l’École Régionale de Bongor[7]. Beaucoup de jeunes de Yagoua sont allé·e·s faire leurs premiers pas à l’école primaire de Bongor et, plus tard, à l’école supérieure de cette ville.

L’administration coloniale française a fait de Bongor un pôle administratif important où toutes les grandes décisions se prenaient. Cette ville avait tous les atouts pour attirer les curieux et ceux et celles qui aimaient les choses mondaines. En outre, son aérogare recevait constamment des avions. Ceci ne manquait pas de faire déplacer les populations situées de l’autre côté du Logone pour satisfaire leur curiosité (Domo, ibid., p. 40). Bongor a connu des moments de gloire à cette période. Cette ville avait une importance dans la vallée du Logone et Yagoua devait vivre à son rythme. Mais avec l’indépendance du Cameroun français en 1960, il y aura un revirement de la situation.

Yagoua et Bongor ont toujours entretenu des liens sociopolitiques, économiques et culturels depuis des générations. Le rythme des échanges n’a fait qu’augmenter. Le poste administratif de Yagoua a été créé en 1901 par l’administration coloniale allemande installée à Bongor. Cette ville devient le chef-lieu du département du Mayo-Danay en 1958[8]. De 1960 à 2003, Yagoua devient le centre d’attraction et le pôle économique. Cette ville a joué un rôle essentiel dans l’écoulement des produits commerciaux sur le marché de Bongor à cause des moyens de transport disponibles et un réseau routier les reliant facilement. Les marchandises en provenance de l’intérieur du Cameroun et même du Nigeria transitent par Yagoua. Jusqu’au début des années 2000, la faiblesse du réseau routier à l’intérieur du Tchad fait en sorte que les commerçant·e·s de Bongor se tournent beaucoup plus vers l’extérieur. Le ravitaillement au marché de Yagoua et l’acheminement des marchandises, notamment les denrées de première nécessité (savon, sucre, pâtes alimentaires) et d’autres articles utiles au marché de Bongor (tissus, appareils électroménagers et engins roulants), du Cameroun et du Nigeria, transitant par la ville camerounaise, font d’elle un pôle économique pour les commerçant·e·s.

Les troubles sociopolitiques qu’a connus le Tchad dans les années 1970 ont accentué davantage sa dépendance de l’extérieur. Il faut noter que la crise tchadienne a eu un impact sur le Nord-Cameroun dans les domaines politique, économique et social (Saïbou Issa, 1994). La guerre civile gagne le sud du Tchad en mars 1979 et fait plusieurs déplacé·e·s (Dumont, 2008, p. 278). L’implication des autorités administratives de la ville de Yagoua dans l’organisation et l’accueil des fugitifs et fugitives de la guerre civile au Tchad montre l’importance de cette ville sur les plans diplomatique et politique dans la vallée du Logone. Sur le plan économique, l’arrivée de ces individus à Yagoua a favorisé la flambée des prix sur les marchés. La hausse brutale des prix augmente le chiffre d’affaires de certain·e·s commerçant·e·s. Cette situation a contribué au développement économique de la capitale du Mayo-Danay. Avec des milliers de déplacé·e·s dans cette ville se développent d’autres activités, à l’instar de la prostitution et de l’insécurité[9].

Vu son enclavement et son éloignement de sa capitale Ndjamena et l’insécurité qui règne à l’intérieur de ce pays, les commerçant·e·s de Bongor se tournent vers Yagoua soit pour se ravitailler, soit pour faire transiter les produits en provenance de l’intérieur du Cameroun ou du Nigeria. Certain·e·s commerçant·e·s de Bongor se ravitaillent au marché de Yagoua. Pour les produits que l’on ne trouve pas sur place, d’autres commerçant·e·s louent les services des individus à Yagoua pour aller les leur chercher à Maroua, Garoua ou Douala. Les produits comme le pétrole lampant, l’essence, la glace pour le rafraîchissement des boissons et autres denrées sont alors achetés à Yagoua[10]. Cette situation montre que la ville camerounaise a pris une longueur d’avance sur sa sœur du Tchad, car elle a certains atouts en raison de son électrification : cela explique son monopole sur le plan économique dans la vallée du Logone. Les centres de distraction comme la salle de cinéma dénommée Cinéma Adam Toussia construite dans les années 1980, les bars-restaurants tels Bossou-Bar appartenant à un Togolais, le Campement le cocotier, Kaskao Palace et la fameuse boîte de nuit Labamba et récemment Fall nitgh-club ont attiré les populations de Bongor qui ne voulaient pas rater les moments forts de leur époque[11].

Sur le plan technique, les nantis de Bongor sollicitent l’expertise des jeunes de Yagoua dans le domaine de la construction. Des charpentiers, maçons, menuisiers, plombiers, etc. sont engagés dans les chantiers à Bongor. Wamalam Bernard fait savoir qu’il était sollicité jusqu’au-delà de Bongor pour la maçonnerie et Kampété Sali dit qu’il fait souvent un mois à Bongor et ses environs pour la charpenterie[12]. La différence de développement entre ces deux villes frontalières entraîne des déplacements occasionnels à caractère transnational. Force est de constater que la construction des maisons avec des matériaux durables et des installations sanitaires modernes est un signe de développement pour la ville de Bongor. En fait, depuis l’avènement de l’exploitation du pétrole au sud du Tchad en 2003, le niveau de vie des populations de cette ville s’améliore et les activités des un·e·s et des autres prospèrent. L’État tchadien a mis sur pied une politique qui soutient la stratégie de développement de ses villes. Le bitumage des chaussées, l’extension de l’électrification de la ville de Bongor, la construction d’un grand hôtel et la création des grandes écoles d’enseignement supérieur, notamment l’École Normale Supérieure de Bongor, sont des leviers qui amorcent le développement et des signes qui montrent une mutation. Cependant, Yagoua garde le monopole dans des secteurs essentiels comme la santé. Ainsi, dans le domaine médical, l’hôpital de référence de Yagoua érigé en Hôpital régional continue de recevoir des malades en provenance de Bongor. Le personnel bien formé et l’équipement sophistiqué font de cet établissement sanitaire un lieu d’accueil des malades de la vallée du Logone. Sur le plan sportif, les jeunes footballeurs de Yagoua sont souvent sollicités pour renforcer les équipes de Bongor (Ferah FC et Panthère FC, par exemple) lors des compétitions nationales à Ndjamena. En contrepartie, les basketteurs de Bongor renforcent très souvent les équipes de Yagoua lors des compétitions régionales à l’Extrême-Nord.

Parlant des activités commerciales, le lundi, jour du grand marché de Bongor, des camions en provenance de Yagoua, chargés de marchandises, traversent le Logone sur le bac pour le marché de cette ville tchadienne. Le jeudi, jour du grand marché de Yagoua, les commerçant·e·s de la rive droite du Logone viennent s’y ravitailler au marché. Mais avec le temps, certain·e·s commerçant·e·s de Bongor prennent l’initiative de délaisser le marché de Yagoua et les intermédiaires d’autrefois pour se rendre eux-mêmes ou elles-mêmes à Maroua, Garoua ou Douala pour se ravitailler en marchandises. Cette nouvelle situation crée un manque à gagner énorme pour les commerçant·e·s de Yagoua. Aujourd’hui, il y a des produits qui coûtent moins cher sur le marché de Bongor que sur celui de Yagoua. Au regard de cette situation, certain·e·s Camerounais·es ont préféré y investir en ouvrant des boutiques ou des snack-bars. Depuis la décennie 2010, le marché de Bongor tente de reprendre le dessus sur celui de Yagoua. Il y a une transformation socioéconomique dans la ville de Bongor depuis les années 2000[13]; d’où le déplacement de certain·e·s habitant·e·s de la rive gauche pour la rive droite du Logone à la recherche du gagne-pain quotidien.

La construction d’un pont prévue sur le fleuve Logone entre ces villes frontalières, financée par la BAD, l’État du Cameroun et l’État tchadien, va rendre plus fluide la circulation des personnes et des biens. Le but de ce projet est de densifier les échanges socioéconomiques entre Bongor et Yagoua. Au terme de cet ouvrage, des camions avec une charge considérable devraient transiter par la ville camerounaise en direction de Bongor, voire au-delà jusqu’à Moundou au sud du Tchad. Chaque ville va donc avoir besoin de l’autre pour se développer davantage. Comme le fait savoir Fissou Kouma, maire de la ville de Yagoua : « Ça nous donne l’espoir que nos problèmes seront résolus puisque le pont sur le fleuve Logone va rendre fluides les relations entre la ville de Bongor et celle de Yagoua qui sont deux villes capitales en pays massa. Vous connaissez l’importance du trafic entre ces deux villes et ça va faciliter les choses[14] ». À en croire Fissou Kouma, ce pont, dont les travaux ont commencé en 2018, va non seulement accentuer le trafic entre les deux villes, mais aussi transformer le paysage dans la vallée du Logone en attirant des personnes d’autres horizons. Bongor et Yagoua vont connaître une dynamique mutante, spontanée ou voulue avec pour corollaire le changement de mentalité.

Fondements des relations entre Yagoua et Bongor

La division géographique entre les populations de Bongor et de Yagoua par la colonisation européenne a développé des particularismes et des stéréotypes. Vivre dans la même aire culturelle et géographique n’exclut pas des tensions entre les populations frontalières. Des incompréhensions se développent souvent entre des individus animés par des intentions obscures (Domo, 2013, p. 16).

La présence de la frontière internationale a rendu complexes les mouvements des populations frontalières. Les forces de l’ordre travaillant aux postes-frontière des deux côtés du Logone profitent pour rançonner les pauvres individus qui souhaitent se rendre dans la ville d’en face. Commerçant·e·s, cultivateurs, cultivatrices, élèves, étudiant·e·s, etc. sont souvent extorqué·e·s. Cette situation développe des préjugés entre les habitant·e·s de ces villes sœurs. La frustration, la méfiance et le mépris s’installent. C’est ainsi que, quelle que soit la relation que vous entretenez avec les populations de l’autre ville, vous êtes toujours indexé·e, traité·e d’étranger·e, c’est-à-dire de Camerounais·e ou de Tchadien·ne. Des stéréotypes et préjugés des un·e·s envers les autres se sont développés. Cependant, ces préjugés n’ont pas réduit la fréquence des échanges entre Bongor et Yagoua, car ces représentations sociales ne sont pas à charge méchante.

L’ancienneté des relations transfrontalières que les populations des deux villes ont développées a pris le dessus sur l’idée d’une barrière imposée par l’administration coloniale. Certes, l’existence d’une frontière établie entre les deux États est reconnue, mais les populations de ces villes frontalières font fi d’elle dans l’exercice de leurs mouvements et activités. Ceci d’autant plus qu’elles sont liées par la géographie, l’histoire et la culture. Ce phénomène a contribué à renforcer davantage les relations entre Bongor et Yagoua, voire entre le Cameroun et le Tchad, malgré certaines altercations qui ont existé entre quelques groupes de personnes (Ndjidda Ali, 2019, p. 185). Pour aller dans le même sens, en faisant allusion aux populations frontalières du Cameroun et du Tchad, Abdoul-Aziz Yaouba écrit :

Les populations frontalières et les administrations successives (coloniale et postcoloniale) ont plutôt fait de cette limite, une interface féconde en interactions transfrontalières. La présence de la frontière a alors renforcé la dynamique des échanges séculaires qui caractérisent cette région fertile située aux Confins du Sahel et largement arrosée par le Logone et le Chari (Abdoul-Aziz Yaouba, 2006, p. v).

La frontière internationale tracée entre le Cameroun et le Tchad au niveau de Bongor et Yagoua devient un pont d’échange qui facilite les mouvements des personnes et des biens, en rapprochant encore plus ces villes et aussi leurs États respectifs. À travers les acteurs comme les autorités administratives et traditionnelles, les commerçant·e·s, les sportifs, les sportives, les édifices publics et privés, entre autres, ces villes se rendent service mutuellement depuis la période coloniale jusqu’aujourd’hui. Il existe une interdépendance entre elles. L’une ne peut s’en passer de l’autre surtout avec la construction du pont sur le fleuve Logone pour relier les deux villes. Tout évènement heureux d’un côté fait le bonheur des populations installées de l’autre rive du Logone parce qu’elles se sentent concernées d’une manière ou d’une autre. Bongor et Yagoua sont dépendantes de leur situation frontalière, des politiques de leurs États et surtout de leurs relations.

Bongor et Yagoua ont surmonté leurs divergences afin de regarder dans la même direction (Domo, ibid., p. 142). Condamnées à vivre ensemble et à défendre leurs intérêts communs, bénéfiques pour elles, ces populations frontalières sont obligées de partager ensemble le fleuve Logone et ses ressources, le bac et bientôt le pont qui sera construit. Tant que ce fleuve va continuer de couler entre Bongor et Yagoua, et que le pont va servir de point de passage, ces villes seront toujours liées par l’histoire, la géographie et la culture, mais elles seront aussi obligées de se soutenir économiquement et sociologiquement. Leur sort est lié. C’est dans cette optique que leurs autorités administratives et traditionnelles, en collaboration avec l’élite politique, œuvrent au renforcement de cette bonne collaboration transfrontalière qui est un gage d’intégration sous-régionale. C’est une politique qui amène les populations frontalières à s’accepter, à se tolérer et à circuler sans trop de restriction. Le pont entre Bongor et Yagoua va davantage renforcer leurs liens séculaires. Cela a d’ailleurs amené Joseph Domo (ibid., p. 145) à écrire que

La densification des voies de communication entre pays contribue, sans aucun doute, à créer un espace où les populations ont le sentiment d’appartenir à une même réalité, à une même aire. Elles peuvent aller d’un pays à l’autre sans connaître les affres qu’endurent les usagers lorsqu’ils sont confrontés aux difficultés liées à l’absence de routes dignes de ce nom (Domo, ibid., p. 145).

Selon cet auteur, les relations entre pays voisins sont renforcées lorsqu’il y a des routes qui les relient. Cette réalité facilite les mouvements de personnes, des biens et aussi des idées. Dans le but de maintenir leurs rapports très anciens, les populations de ces villes frontalières ont usé de tous les moyens possibles. À la nage, par la pirogue ou par le bac, et aujourd’hui ou demain sur le pont, le lien entre Bongor et Yagoua a été maintenu et sera maintenu. L’harmonie et la cohésion sociale entre ces villes favorisent le développement de la vallée du Logone et accentuent l’intégration sous-régionale tant souhaitée par les deux pays. Tout·e habitant·e conscient·e des enjeux de la cohabitation pacifique et harmonieuse entre ces villes, et de l’avantage que les populations vont tirer, va se battre corps et âme pour éradiquer les éléments nuisibles à leurs rapports cordiaux. L’intégration sous-régionale commence toujours quelque part. Bongor et Yagoua sont sur cette voie depuis la « naissance » du Cameroun et du Tchad.

Conclusion

À travers cette étude sur la frontière internationale, les villes frontalières de Bongor et Yagoua et la coopération entre elles, il s’agissait pour nous de présenter les incidences de la frontière héritée de la colonisation sur les populations « unies » par la géographie, l’histoire et la culture. Les tracasseries administratives, policières et douanières ont fait à ce que les populations de Bongor et Yagoua se détestent souvent. Il était donc question d’étudier certains aspects de l’évolution historique des relations transfrontalières entre ces deux villes frontalières. Ainsi, l’importance de la cohabitation et du partage a pris le dessus sur l’égoïsme avéré de certaines personnes. Les flux migratoires de part et d’autre de la frontière sont motivés par les échanges économiques, sécuritaires et sociaux qui ont accru avec le temps. Le besoin de dialogue entre les autorités administratives, politiques, religieuses et traditionnelles, les commerçant·e·s, les sportifs, les sportives, les technicien·ne·s et bien d’autres, de ces deux villes frontalières dans la vallée du Logone, a montré la preuve de leur interdépendance. La construction du pont sur le Logone entre Bongor et Yagoua ne manquera pas de densifier les échanges et de positionner ces villes sur un créneau porteur. Ce pont va faciliter la circulation des femmes, des hommes et des biens qui peut constituer un moyen essentiel de la sauvegarde de la paix, de l’intégration et du développement durable de la sous-région. Le projet de ce pont vise à renforcer et améliorer les relations entre le Tchad et le Cameroun et c’est aux populations de Bongor et Yagoua d’en tirer profit.

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NDJIDDA ALI, Université de Maroua – alimithagata@yahoo.fr

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