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Introduction de la deuxième partie

C’est cette politique sanitaire différenciée avec une bonne charge de mépris, et globalement inopérationnelle qui doit faire face aux nombreux défis qui interpellent la colonie.

A. Touré, 1991.

Que retenir?

Dans cette partie, je présente les modalités de paiement des patient·e·s organisées dans les hôpitaux durant la période coloniale. Bien que le principe fût la gratuité des soins, les personnes malades qui en avaient les moyens ont toujours eu la possibilité de payer leur hospitalisation. Le paiement était très variable d’un hôpital à l’autre, mais il se concrétisait par des catégories d’hospitalisation reproduisant les catégories militaires, sociales et racialistes de l’époque. Le manque de financement des politiques de gratuité des années 2000 et l’idée d’augmenter la part des paiements directs par les patient·e·s sont déjà présents. Les personnes indigentes pouvaient bénéficier d’une prise en charge gratuite, mais au prix de multiples procédures administratives pour confirmer leur statut et dans un contexte budgétaire restreint pour ces personnes. Ces défis n’ont jamais été résolus et sont au cœur des luttes actuelles pour plus d’équité dans l’accès aux soins. Les différentes modalités de paiement (retenues sur salaire, paiements des entreprises ou des individus) et leur imputation comptable liée au budget disponible ne sont pas toujours faciles à mettre en place. J’ai ainsi pu constater une myriade de procédures administratives pour recouvrir ces créances. Les années de retard de remboursement aux formations sanitaires des politiques de gratuité des années 2000 ou de subvention des adhésions aux mutuelles de santé au Sénégal actuellement n’ont rien à envier à l’histoire administrative coloniale.

Dans cette partie, j’entre en détail dans l’histoire financière des hôpitaux au Sénégal durant la période coloniale : des modalités de paiement des patient·e·s aux recettes, en passant par les multiples démarches administratives pour le recouvrement des créances. Je montre également les défis de recours aux soins que cela pose pour les personnes les plus pauvres, les personnes indigentes.