III. Comment juger de la valeur des interventions?

6. Accroître la compétence culturelle, une étape nécessaire en appui à une évaluation menée par les personnes autochtones

Nan Wehipeihana

[Traduction de Wehipeihana, Nan. 2019. « Increasing Cultural Competence in Support of Indigenous-Led Evaluation: A Necessary Step toward Indigenous-Led Evaluation ». Canadian Journal of Program Evaluation, 34(2) : 368-384 (Extraits). Traduction par Carine Gazier et Thomas Delahais. Article originellement publié en open access.]

 

Je commence ma présentation aujourd’hui par un mihimihi (une introduction traditionnelle), comme je commence chaque présentation, que ce soit chez moi en Aotearoa Nouvelle-Zélande ou en tant que visiteuse sur la terre d’un autre peuple. Pour ce faire, j’identifie mes liens avec les lieux importants pour mon peuple, nos montagnes, nos rivières et nos marae (lieux de rassemblements traditionnels) et je reconnais mes relations avec les gens d’hier et ceux d’aujourd’hui. Je salue également les gardiens et gardiennes traditionnel-le-s de cette terre, attestant ainsi de mon statut de visiteuse.

Mon mihimihi affirme mon whakapapa (généalogie et identité) et mes liens avec la terre, l’environnement naturel, les ancêtres, les esprits et le cosmos (Marsden et Royal, 2003). Il nous rappelle notre lien avec les gens et le lieu (Henare, 1988; LaFrance et Nichols 2010), que nous sommes tou-te-s connectés à une source spirituelle et que nous vivons dans un réseau de réciprocité les un-e-s avec les autres et avec toute la création (Spiller et Stockdale, 2012).

L’entrée dans les communautés Māori, comme dans de nombreuses communautés autochtones, implique généralement d’autres rituels de rencontre tels que le pōwhiri (accueil officiel), le whaikōreoro (discours) et le karakia (chants rituels ou prières). Collectivement, ces protocoles culturels marquent un mouvement depuis le monde contemporain dominé principalement par les pratiques occidentales vers un monde Māori où les valeurs et les normes Māori dominent; et ils nous aident à nous préparer au contexte dans lequel nous allons travailler (Wehipeihana et McKegg, 2018).

Dans cette présentation, je définis l’évaluation autochtone, je décris la raison d’être de l’évaluation menée par les personnes autochtones, je propose une stratégie pour la soutenir et je partage un modèle (Wehipeihana, 2013) permettant aux évaluateurs et évaluatrices non autochtones de réfléchir à leur positionnement et à leurs méthodes de travail afin de révéler les dynamiques de pouvoir qui font obstacle à une évaluation autochtone menée par les peuples autochtones.

Définition de l’évaluation autochtone

Lorsque je pense à l’évaluation autochtone (ou dans mon cas à l’évaluation Kaupapa Māori), je pense à une évaluation par des personnes autochtones, pour les personnes autochtones, avec des autochtones et en tant qu’autochtones; et où il n’y a pas de rôle tenu pour les non-autochtones, sauf sur invitation. En Aotearoa Nouvelle-Zélande, « par les Māori, pour les Māori, avec les Māori » (Cram, 2016; Cram, Chilisa et Mertens, 2013) fait partie du programme de recherche et d’évaluation depuis les années 1980 (et plus récemment « en tant que Māori » : (Durie, 2001; Wehipeihana, McKegg et Pipi, 2015) (voir tableau 1).

L’autodétermination des peuples autochtones est fondamentale

L’évaluation Kaupapa Māori trouve ses fondements dans le principe du Tino Rangatiratanga (commandement principal) qui figure dans la version Māori du Traité de Waitangi signé par la Couronne britannique et les rangatira (chefs) en 1840. Tino Rangatiratanga a été interprété comme une traduction du terme « autodétermination » et fait référence à la détermination par les Māori des questions qui ont un impact sur les Māori. Tino Rangatiratanga a été au cœur des aspirations des Māori depuis la signature du traité en 1840 et le reste aujourd’hui.

Tableau 1. Déterminants fondamentaux de l’évaluation des Maoris et des peuples autochtones

Par les Maoris (par les personnes autochtones) Il s’agit d’une évaluation conduite par des Maoris et dans laquelle les Maoris ont l’autorité et le pouvoir de prendre des décisions au sujet de la conception, des méthodes, des critères d’évaluation et des méthodes de travail de l’évaluation.
Pour les Maoris (pour les personnes autochtones) Il s’agit de s’assurer que l’évaluation présente des avantages évidents pour les Maoris et que les aspirations des Maoris sont reconnues dans le cadre de l’évaluation.
Avec les Maoris (avec les personnes autochtones) Où les Maoris constituent la majorité de l’équipe d’évaluation; l’évaluation tient compte des contextes tribaux et communautaires et observe et utilise avec respect le te reo Māori me Ngā tikanga (langue et pratiques culturelles Māori).
En tant que Maoris
(en tant qu’autochtones)
Il s’agit d’une évaluation guidée, informée et étayée par le kaupapa Tuku iho (valeurs culturelles transmises par les ancêtres) et le tikanga Māori (pratiques culturelles Māori).
Rôle des non-Maoris (non-autochtones) Lorsqu’il n’y a pas de rôle automatique ou supposé pour les non- Maoris dans l’équipe d’évaluation et que la participation des non-Maoris se fait sur invitation uniquement.

 

L’évaluation Kaupapa Māori s’inspire également de la théorie Kaupapa Māori (Smith, 1997) et de son utilisation comme outil stratégique et politique pour faire progresser les aspirations et les programmes Māori. À Aotearoa, la théorie Kaupapa Māori est la pierre angulaire de la recherche et de l’évaluation avec les Māori. Cram (2001) définit le Kaupapa Māori comme une voie Māori, soutenue par les philosophies, les valeurs et les principes Māori qui portent une orientation ou une vision inspirante pour le bien-être culturel, social et économique des Maoris.

Dans le même temps, « par les Maoris, pour les Maoris » a émergé dans le discours politique ainsi que dans les visions d’avenir de l’autodétermination autour des revendications du Traité de Waitangi et de la théorie Kaupapa Māori. « Par les Maoris, pour les Maoris » était une position culturelle et politique qui affirmait le droit des Maoris à mener leur propre développement, c’est-à-dire à s’autodéterminer. Les attentes des Maoris en ce qui concerne la conduite de la recherche et de l’évaluation ont commencé à être reflétées dans des directives éthiques spécifiques aux Maoris, telles que celles élaborées par le Health Research Council of New Zealand (2010) et par des organismes gouvernementaux tels que Te Puni Kōkiri (1999)– le ministère du Développement des Maoris – et le ministère du Développement social (2004). Toutefois, le rôle et la pertinence des chercheurs et des chercheuses Pākehā[1] dans la recherche impliquant les Māori ont fait l’objet d’un vif débat. D’une part, les Maoris soutenaient qu’il n’y avait pas de place pour les Pākehā dans la recherche sur les Maoris (Walker, 1990). D’autre part, Smith (1990) a identifié quatre modèles de recherche culturellement appropriés pour répondre aux besoins de recherche des Maoris. Ces modèles[2] de recherche n’étaient pas considérés sans mérite à l’époque, pour atténuer le manque de ressources et de capacités de recherche Māori (Cram, 1997).

Mener une évaluation dans le cadre Kaupapa Māori signifie que les évaluateurs et les évaluatrices non maoris entreprennent une évaluation à l’invitation de la communauté Māori et en partenariat avec celle-ci (Mertens, 2009). En ce qui concerne les évaluateurs et les évaluatrices non maoris, leur participation à l’évaluation Kaupapa Māori s’apparente à la notion d’invités (Harvey, 2003). Dès le départ, être invité signifie accepter d’être sur le « territoire » de quelqu’un-e d’autre et être disposé-e à s’en remettre aux protocoles de son hôte ou hôtesse. Dans ce contexte, les invité-e-s comprennent que leur rôle sera déterminé par les Maoris et, idéalement, iels[3] auront une conscience aiguë de leur position et de leur statut « extérieur » dans l’évaluation (Brayboy et Deyhle, 2000).

Ainsi, ma définition de l’évaluation autochtone trouve ses racines dans la lutte des Maoris pour leur autodétermination ainsi que l’exercice du contrôle et de la prise de décision sur leur vie et les choses qui comptent pour elles et eux. Toutefois, les Maoris ne sont pas les seul-e-s à revendiquer un programme d’autodétermination. Les peuples autochtones du monde entier plaident depuis longtemps en faveur de l’autodétermination, et nous constatons que l’importance de l’autodétermination autochtone se reflète dans les articles 3 et 4 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (adoptée par l’Assemblée générale le 13 septembre 2007) (voir tableau 2).

 

Tableau 2 : Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones : articles 3 et 4

Article 3 : Les peuples autochtones ont droit à l’autodétermination. En vertu de ce droit, ils déterminent librement leur statut politique et poursuivent librement leur développement économique, social et culturel.
Article 4 : Les peuples autochtones, dans l’exercice de leur droit à l’autodétermination, ont droit à l’autonomie ou à l’auto-administration pour les questions relatives à leurs affaires intérieures et locales, ainsi qu’aux moyens de financer leurs fonctions autonomes.

Pourquoi une évaluation menée par les personnes autochtones?

Beaucoup d’encre a coulé sur la place de la recherche et de l’évaluation dans les traditions occidentales, y compris la domination de cette discipline intellectuelle (Bishop, 2005; Smith, 1999; Wehipeihana et McKegg, 2018); le rôle de l’impérialisme, du colonialisme et de la mondialisation dans l’élévation et la valorisation des traditions occidentales de la recherche (Chilisa, 2012; Cram, 2009); et la recherche et l’évaluation en tant qu’exercice du pouvoir et de contestation politique des connaissances et des ressources (Bishop, 2005; Te Awekotuku, 1991; Teariki, Spoonley, et Tomoana, 1992).

Si l’on souhaite que l’évaluation fasse une différence positive dans la vie des peuples autochtones et dans les choses qui comptent pour ces derniers, alors le discours occidental dominant doit être tenu à l’écart. Le contrôle autochtone est essentiel si l’on veut que les valeurs, les principes et les méthodes de travail autochtones dominent l’évaluation autochtone et si l’on veut créer un espace sûr pour que les communautés et les évaluateurs et les évaluatrices autochtones puissent être autochtones.

Lorsqu’une évaluation est menée par les personnes autochtones, celles-ci sont plus susceptibles de posséder le capital culturel pour :

  • Faciliter l’engagement respectueux et le respect des protocoles culturels; iels savent ce qui est important pour que les relations et l’évaluation démarrent dans de bonnes conditions (Durie, 2001);
  • Utiliser les connaissances, les méthodes et les façons de travailler autochtones dans le cadre d’une évaluation; iels peuvent fournir une « lecture » culturelle ou une évaluation de l’adéquation culturelle ou de la pertinence des méthodes et outils de collecte de données pour les peuples autochtones (Goodwin, Sauni, et Were, 2015);
  • Faciliter la compréhension de ce que la valeur et le bien signifient pour les peuples autochtones; iels peuvent engager le processus visant à tirer une signification et à analyser [les matériaux collectés] pour s’assurer que la richesse, la subtilité et la nuance du sens ne sont pas perdues dans la traduction et garantir la validité culturelle des conclusions évaluatives (Kirkhart, 2010);
  • Lorsque j’écoute des conférenciers et conférencières autochtones du monde entier, et que je lis les rares, mais de plus en plus nombreux documents portant sur l’évaluation autochtone, le critère « par » les personnes autochtones ou mené par des personnes autochtones n’est pas prépondérant, et l’évaluation autochtone est confondue avec des méthodologies attentives à la culture. À mon avis, cela a pour effet de fournir tacitement une mission et/ou de suggérer par défaut qu’il est « acceptable » que des évaluateurs ou évaluatrices non autochtones mènent des évaluations avec des peuples autochtones.

En Aotearoa Nouvelle-Zélande, les aspirations des Maoris au contrôle de leur propre vie et à l’autodétermination signifient qu’il n’est pas acceptable pour les non- Maoris de diriger des évaluations avec des whānau (famille élargie), hapū (clan ou sous-tribu), iwi (tribu) ou des organisations Māori. Toutefois, ce n’est pas la norme en dehors d’Aotearoa Nouvelle-Zélande, où les évaluateurs et évaluatrices non autochtones dirigent la plupart du temps des projets d’évaluation avec et dans les communautés autochtones. Cela découle en grande partie des hypothèses non remises en question de la communauté internationale de l’évaluation selon lesquelles iels peuvent entreprendre des évaluations de grande qualité lorsqu’iels travaillent dans des communautés autochtones ou interculturelles, où la culture, le contexte et la ou les langues sont différents des leurs; recueillir de bonnes données; procéder à une analyse culturellement valide; et porter des jugements évaluatifs solides (Wehipeihana et al., 2010). Cette hypothèse est de plus en plus remise en question, mais les évaluateurs/-trices autochtones sont peu nombreux-ses et ont une influence limitée; et le pouvoir de décision est généralement dévolu aux bailleurs et bailleuses de fonds et aux évaluateurs/-trices non autochtones.

Ma définition de l’évaluation autochtone fait de l’initiative autochtone un critère essentiel, sans que les peuples non autochtones ne jouent un rôle présumé ou automatique, sauf sur invitation. Elle reflète mes convictions personnelles et professionnelles sur ce qu’il faut faire pour effectuer une évaluation de qualité avec les peuples autochtones. Si l’on peut apprendre beaucoup de choses sur les connaissances culturelles, certaines ne peuvent être connues et révélées que de l’intérieur de la culture. Pour ces raisons, « il n’y a pas de substitut au capital culturel (compréhension, connaissances et intuition) qui provient de l’appartenance à la culture » (Wehipeihana et al., 2010 : 188).

Soutenir l’évaluation conduite par les personnes autochtones

L’un des arguments que j’entends le plus souvent est qu’il n’y a pas assez d’évaluateurs/-trices autochtones pour que les évaluations menées avec les peuples autochtones soient dirigées par des personnes autochtones. Et je suis d’accord, il est prioritaire d’avoir plus d’évaluateurs/-trices autochtones. En s’appuyant sur l’expérience d’évaluation d’Aotearoa Nouvelle-Zélande, voici quelques éléments sur lesquels la Société canadienne d’évaluation[4] peut s’appuyer pour soutenir l’évaluation menée par les personnes autochtones :

  • Soutenir le développement d’évaluateurs/-trices autochtones et de l’évaluation autochtone.
  • Établir des partenariats avec les peuples autochtones pour guider l’évaluation.
  • Accroître la compétence culturelle des évaluateurs/-trices non autochtones.
  • Promouvoir les valeurs et les principes autochtones dans la pratique de l’évaluation au Canada.
  • Comprendre l’importance des relations lorsqu’on s’engage avec les peuples autochtones.
  • Promouvoir la crédibilité et l’inclusion des valeurs, méthodes et critères autochtones.

Soutenir le développement des évaluateurs et évaluatrices autochtones et de l’évaluation autochtone

Des ateliers d’évaluation communautaires, dont certains s’adressent explicitement aux Maoris et sont financés par des organismes de promotion de la santé et de développement des Maoris, ont offert aux Maoris des voies alternatives pour entrer dans le domaine de l’évaluation et pour ouvrir un chemin à l’évaluation dans leurs communautés. Des mentors d’évaluation, tant Māori que non Māori, ont encouragé et aidé les Maoris à acquérir des qualifications universitaires en évaluation.

L’Aotearoa New Zealand Evaluation Association [Association d’évaluation d’Aotearoa Nouvelle-Zélande] (ANZEA) a aidé les évaluateurs/-trices Māori (et du Pacifique) en fournissant et en finançant un espace de rencontre dédié lors de sa conférence annuelle. Les évaluateurs/-trices Māori déterminent l’utilisation de ce temps et partagent la manière dont iels ont appliqué le matauranga Māori (systèmes de connaissances Māori), le te ao Māori (perspectives et visions du monde Māori), ainsi que les connaissances tribales et les protocoles culturels dans leur pratique de l’évaluation. Cela contribue à l’élaboration de pratiques et de principes d’évaluation Kaupapa Māori et au renforcement d’un réseau d’évaluation Māori.

Lors de l’élaboration des normes d’évaluation et des compétences des évaluateurs/-trices d’Aotearoa Nouvelle-Zélande, il y a eu de nombreuses conversations et un dialogue sur ce qui importe pour l’évaluation en Nouvelle-Zélande, et sur ce que signifient la qualité et la bonté. Les évaluateurs/-trices Māori ont décidé qu’une des façons de l’exprimer était de le faire selon leurs propres termes ; cela a conduit à la formation de Ma te Rae (l’association d’évaluation Māori) – la première organisation autochtone d’évaluation au monde. Ma te Rae participe activement à EVAL Indigenous, a son propre programme de travail de développement et siège sans difficulté aux côtés de l’ANZEA.

Alors qu’iels étaient moins de cinq en 1999, les évaluateurs/-trices Māori étaient environ 50 en 2018[5].

Établir des partenariats avec les peuples autochtones pour guider l’évaluation

Une connaissance culturelle approfondie est nécessaire pour que les évaluateurs/-trices puissent travailler en toute sécurité et dans le respect des communautés autochtones. Il ne s’agit pas d’une connaissance superficielle qui vous permettrait d’intégrer la communauté en observant quelques protocoles culturels. Il s’agit plutôt d’une connaissance culturelle qui vous permettra de naviguer respectueusement, de convenir de façons de travailler, y compris des méthodes et des approches appropriées, et d’aider les peuples autochtones à exprimer leurs opinions, leurs valeurs et leurs expériences.

Les évaluateurs non autochtones doivent trouver un-e conseiller-e ou un-e guide issu-e de la communauté autochtone, par exemple un-e aîné-e de la tribu ou un-e chef-fe, pour les aider et faciliter l’évaluation. Ces conseillers et conseillères culturels fournissent des renseignements historiques et contextuels, mettent les évaluateurs/-trices en contact avec la communauté et les guident dans le respect des protocoles culturels.

Un mot d’avertissement : Même si vous êtes Māori ou autochtone, vous ne pouvez pas supposer que vos connaissances s’appliquent à toutes les tribus et communautés.

Accroître la compétence culturelle des évaluateurs et évaluatrices non autochtones

Tout d’abord, faites vos devoirs avant d’entrer en contact avec les communautés autochtones. Renseignez-vous sur l’histoire et le contexte actuel (Ormond, Cram, et Carter, 2006). Les peuples autochtones en ont assez de raconter encore et encore leur histoire, leur récit. Lorsque vous souhaitez dialoguer avec les peuples autochtones, faites cette démarche de recherche : elle est la preuve d’une réelle volonté et d’un engagement sincère envers les peuples autochtones.

Deuxièmement, cherchez à élargir vos réseaux autochtones. Commencez par les gens que vous connaissez, et élargissez vos horizons. Cela peut se faire par le biais des arts, du sport, d’un projet ou d’une organisation communautaire. Il ne s’agira peut-être pas de personnes autochtones avec lesquelles vous collaborerez par la suite, mais vous développerez votre connaissance et votre compréhension « générale » de la culture autochtone, ce qui vous aidera dans vos futures actions.

Troisièmement, engagez-vous dans un développement professionnel pertinent. Il peut s’agir notamment d’ateliers d’évaluation spécifiquement destinés aux autochtones ainsi que d’ateliers de perfectionnement professionnel dans des domaines connexes, par exemple l’évaluation attentive à la culture, ou des ateliers portant sur l’équité, la diversité et la lutte contre le racisme. Vous pouvez également vous tourner vers des domaines autres que l’évaluation, tels que le développement communautaire, la justice sociale, les arts ou l’environnement – où l’on peut trouver des idées sur les façons de travailler avec les peuples autochtones, ainsi que des cours ou des documents d’études autochtones proposés par des établissements d’enseignement supérieur.

Mettre en exergue les valeurs et les principes autochtones dans la pratique de l’évaluation au Canada

En Aotearoa Māori, les valeurs et les principes ont été élevés dans la pratique de l’évaluation par l’association nationale. L’ANZEA a inclus les principes du Traité de Waitangi – partenariat, protection et participation – dans sa constitution. L’inclusion des principes du Traité établit le caractère unique de l’évaluation en Aotearoa et concentre notre avance en matière d’évaluation sur ce qui est nécessaire pour assurer l’inclusion et la participation des peuples autochtones et des perspectives autochtones dans tous les aspects de l’évaluation (Wehipeihana et al., 2014). Ceci envoie également un message clair aux organisations qui financent l’évaluation quant à la centralité des valeurs et des principes Māori et leur intégration dans la pratique de l’évaluation en Aotearoa. Cela a été évident lors de l’élaboration des normes d’évaluation et des compétences des évaluateurs néo-zélandais et de l’intégration des perspectives Māori dans ces publications portant sur les pratiques professionnelles en Aotearoa.

Comprendre l’importance des relations avec les peuples autochtones

Dans les contextes Māori et autochtones, les relations sont le ciment, le point d’ancrage et la monnaie d’échange d’une collaboration efficace et respectueuse (Wilson, 2008) – et d’évaluations réussies. C’est à travers les relations que se déroule le processus d’évaluation. Et c’est dans les relations et la collaboration que la confiance relationnelle est bâtie. La confiance relationnelle ouvre la voie à des liens plus profonds et plus significatifs.

Les relations ne sont donc pas une question que l’évaluateur se contente d’examiner; elles sont inextricablement liées à la collaboration avec les peuples autochtones et, par conséquent, à l’évaluation autochtone (Wehipeihana et al., 2015).

Plaider pour la crédibilité et l’inclusion des valeurs, méthodes et critères autochtones

Bien qu’il y ait eu des progrès au niveau gouvernemental, qui exige expressément l’utilisation ou la prise en compte des principes Kaupapa Māori dans l’évaluation impliquant les Māori, d’importants problèmes subsistent. Le rôle des Māori en tant que directeurs et directrices ou membres principales et principaux des équipes d’évaluation, et le respect des protocoles culturels sont relativement bien établis. Toutefois, il reste des défis à relever pour déterminer ce qui est considéré comme des preuves crédibles, des méthodes acceptées et l’inclusion des valeurs et principes culturels Māori dans l’élaboration des critères d’évaluation.

Le ministère de la Santé de la Nouvelle-Zélande a accepté et promu les cadres nationaux de santé Māori fondés sur la culture (ministère de la Santé, 2015 – Te Whare Tapa Whā (Les quatre piliers de la santé) (Durie, 1994), Te Pae Mahutonga (Constellation de la Croix-du Sud – quatre éléments de la promotion de la santé) (Durie, 1999) et Te Wheke (La pieuvre – définir la santé de la famille) (Pere, 1982), contribuant ainsi à l’élévation de l’importance de la tikanga Māori (valeurs culturelles Māori), en faisant ainsi un élément essentiel de l’évaluation des résultats de la santé des Maoris. En outre, en 2019, des signes positifs indiquent que les valeurs et principes Māori ont été incorporés dans les cadres nationaux de redevabilité pour tous les Néo-Zélandais, y compris les Maoris : « et que le bien-être considéré d’un point de vue autochtone déplace le discours de politiques publiques au-delà des constructions occidentales du bien-être et permet une meilleure expérience vécue du bien-être pour tous » (Te Puni Kōkiri and Treasury, 2019 : 1).

Les approches autochtones du cadre d’analyse des conditions de vie [Living standards framework] élaboré par Te Puni Kōkiri (Ministère du développement Māori) et le Trésor, bien qu’il soit axé sur le bien-être des Māori en particulier, présente une façon d’envisager le bien-être, qui peut être appliquée à l’ensemble des populations d’Aotearoa Nouvelle-Zélande (voir encadré 1). Le cadre offre un moyen de rendre compte des diverses valeurs et croyances qui stimulent le bien-être des gens et positionne le secteur public néo-zélandais dans la bonne voie pour faire progresser le bien-être d’une manière différente, en cherchant à répondre aux différents besoins, intérêts et aspirations de tous les Néo-Zélandais (Te Puni Kōkiri and Treasury, 2019).

Encadré 1. Une approche autochtone du cadre d’analyse des conditions de vie

Il n’y a pas une seule façon d’envisager le bien-être. Les gens voient le bien-être différemment selon leurs valeurs, leurs croyances et leurs normes sociales. La façon dont les Maori perçoivent le bien-être est différente de celle des autres Néo-Zélandais-e-s. Elle s’inspire de la te ao Māori (vision du monde Maori), dans laquelle, par exemple, la whenua (terre) n’est pas considérée uniquement pour son potentiel économique, mais à travers les liens familiaux et spirituels définis par des concepts culturels tels que le whakapapa (généalogie) et kaitiakitanga (intendance). La perspective te ao Māori du bien-être est également influencée par des expériences de vie – semblables à celles d’autres populations autochtones du monde entier –, d’importantes disparités et d’un accès inéquitable aux outils, aux ressources et aux possibilités qui constituent le fondement du bien-être. Te Tiriti o Waitangi, document fondateur d’Aotearoa Nouvelle-Zélande, accorde une grande importance au partenariat, à la protection active des intérêts Māori et à la réparation des torts passés – y compris la disparité et les inégalités persistantes dont souffrent les Maori et leur capacité à accéder et à bénéficier des différents capitaux sous diverses formes. Pris ensemble, ils transmettent une obligation pour la Couronne et les Maori de travailler ensemble. Pour ce faire, la Couronne – ministres, départements et autres organismes – doit chercher à comprendre le te ao Māori, en particulier en ce qui concerne l’amélioration du bien-être des whānau aujourd’hui et pour les générations à venir. Heureusement, le te ao Māori offre une façon de considérer le bien-être à travers un système holistique, robuste et existant de longue date. (Te Puni Kōkiri & Treasury, 2019)

Les Maoris défendent depuis longtemps que ce qui est bon pour les pour tou-te-s les Néo-Zélandais-es, et les approches autochtones du cadre d’analyse des conditions de vie sont un exemple de principes et de perspectives fondés sur la culture et intégrés dans un cadre d’évaluation national. Le message clé pour les évaluateurs/-trices est qu’il faut promouvoir et défendre l’inclusion des valeurs autochtones dans l’évaluation avec les peuples autochtones, et en faire valoir les avantages pour les peuples non autochtones. Il sera également important de persévérer dans ces efforts, car d’après l’expérience néo-zélandaise, la remise en question et le changement des valeurs profondément enracinées ne se font pas en un jour et ne s’obtiennent généralement pas par des réformes globales et radicales. D’après notre expérience, le changement des valeurs fondamentales passe par un radicalisme intransigeant et progressif.

Un changement de paradigme est nécessaire

Les évaluateurs et les évaluatrices non autochtones occupent une position privilégiée qui leur confère l’autorité et le pouvoir de définir la réalité, de porter des jugements influents sur les autres et de faire en sorte que ces jugements soient considérés comme exacts et valides (Johnson, 2001; Kirkhart, 2015; Sanakar, 2017). Il peut donc être difficile pour les évaluateurs/-trices non autochtones de changer leur pratique et de renoncer au pouvoir et aux privilèges. Iels doivent vouloir faire les choses différemment ou avoir une raison de voir le monde d’un autre œil. Cela peut être pour des raisons de justice sociale (Greene, 2011; Mertens, 2009), en raison d’une éthique de la sollicitude (care), ou en suivant le principe d’Agir sans nuire (Do not harm), ou alors iels peuvent être convaincu-e-s par des arguments méthodologiques ou pratiques tels que la validité multiculturelle (Kirkhart, 2010). Quelle que soit leur motivation, il ne s’agit pas simplement de ce qu’iels savent et comment ils font des évaluations; il s’agit fondamentalement de la façon dont iels perçoivent le monde – et donc un ou plusieurs changements de paradigme seront nécessaires. [Ils sont listés ci-dessous.]

… d’une évaluation transactionnelle à une évaluation relationnelle

L’évaluation transactionnelle consiste à mettre l’accent sur les processus d’évaluation, les méthodes, les outils et les délais nécessaires pour entreprendre une évaluation. Greene (2005) nous rappelle que l’évaluation porte non seulement sur ce que nous faisons, mais aussi sur notre identité et notre position par rapport aux autres. Par conséquent, le changement de paradigme vers une évaluation relationnelle reconnaît que les relations sont la principale façon dont les peuples autochtones s’impliquent (Wehipeihana, 2013) et considère l’évaluation comme intrinsèquement relationnelle.

… de l’évaluateur/-trice aux peuples autochtones en tant qu’expert-e-s

L’évaluateur/-trice en tant qu’expert-e considère les évaluateurs/-trices comme des personnes qui possèdent généralement des qualifications, une expertise et une expérience en matière d’évaluation typiquement occidentales (Wehipeihana et McKegg, 2018). Le changement de paradigme vers les peuples autochtones en tant qu’expert-e-s affirme les connaissances culturelles uniques des peuples autochtones pour entrer, naviguer et dialoguer avec leur peuple (Durie, 2001; Smith, 1999) et démontre que la valeur des connaissances et de l’expérience occidentales diminue dans les contextes autochtones (Wehipeihana, 2013).

… de l’évaluation en tant que processus indépendant à l’évaluation en tant que processus connecté

L’évaluation, en tant que processus indépendant et impartial est une manière de privilégier les méthodes occidentales ou l’imposition de frontières relationnelles sur lesquelles se basent la validité et la crédibilité des jugements en matière d’évaluation. Le changement de paradigme en faveur d’une évaluation connectée aux autochtones et aux communautés, est essentiel à l’exactitude, à la crédibilité et à la validité culturelle des jugements évaluatifs (Wehipeihana et McKegg, 2018).

… de l’évaluation menée par des évaluateurs/-trices non autochtones à l’évaluation menée par des évaluateurs/-trices autochtones

Lorsque les évaluations dans les communautés autochtones sont gérées par des évaluateurs/-trices non autochtones, les évaluateurs/-trices autochtones ne sont pas toujours présent-e-s lorsque des documents clés sont élaborés et acceptés, ni lorsque des décisions importantes sont prises. Même lorsque des évaluateurs/-trices autochtones sont présent-e-s, iels sont souvent moins nombreux-ses, ont un statut inférieur aux autres, ou évoluent dans des environnements dans lesquels il n’y a pas de volonté d’envisager des options ou des points de vue alternatifs. La question sous-jacente est donc celle du pouvoir et du contrôle sur la prise de décision dans l’évaluation (Wehipeihana et al., 2010). Lorsque les évaluations sont gérées par des évaluateurs/-trices autochtones, iels décident (la plupart du temps) de ce qui est important et donc prioritaire, de la façon dont les ressources sont allouées, des critères de jugement, de ce qui est considéré comme une preuve valide et de la façon dont les résultats sont rapportés.

Vers un contrôle autochtone de l’évaluation autochtone

Tous les changements de paradigme impliquent de concéder le contrôle ou, au minimum, de partager le pouvoir et l’autorité avec les peuples autochtones. J’ai mis au point un modèle[6] (Wehipeihana, 2013) pour déterminer dans quelle mesure les évaluateurs/-trices partagent le pouvoir et la prise de décision en évaluation avec les peuples autochtones.

Chaque aspect du modèle est brièvement abordé dans le tableau 3. Le modèle invite les évaluateurs/-trices à réfléchir à leurs pratiques en matière d’évaluation : c’est la première étape vers une plus grande part des peuples autochtones à la prise de décision dans les évaluations, dans le but clair de contribuer à une évaluation menée par les personnes autochtones. Lorsqu’il est utilisé comme un outil d’auto-évaluation, il indique comment le pouvoir est partagé et dans quelle mesure les peuples autochtones exercent un contrôle sur la prise de décision dans le cadre de l’évaluation.

Quelques questions de réflexion initiales ont été élaborées pour soutenir un processus d’auto-évaluation :

  • Qui est à l’origine de l’évaluation et qui en bénéficie?
  • Quelle différence fera-t-elle pour les peuples autochtones?
  • Qui la réalisera, et cette personne convient-elle à la communauté?
  • Comment l’évaluation sera-t-elle réalisée, et la méthodologie est-elle « adaptée » à la communauté?
  • Quel est (ou sera) le rôle des populations ou communautés autochtones dans l’évaluation? Ce rôle est-il doté de ressources? Que pensent-iels de leur rôle dans l’évaluation? Correspond-il à leurs attentes? Et si ce n’est pas le cas, peut-il être modifié?
  • Quelles sont les possibilités pour vous ou pour l’évaluation de faire évoluer le statu quo?
  • Que faut-il faire pour soutenir ce mouvement?

 

Figure 1 : Le modèle de Wehipeihana de 2013

 

Toutefois, des questions  réflexives en chaussant des lunettes  autochtones – peuvent être posées à n’importe quelle étape du processus d’évaluation, du démarrage de l’évaluation (par exemple, qui a entrepris l’évaluation et la communauté autochtone a-t-elle été consultée?); à la gestion de l’évaluation (par exemple, qui est partie prenante, les autochtones sont-iels représenté-e-s et les processus décisionnels sont-ils équitables?); en passant par la conception de l’évaluation (par exemple, les principes et méthodes autochtones sont-ils inclus dans la conception de l’évaluation et les évaluateurs/-trices autochtones, et idéalement les populations locales, font-iels partie-s de l’équipe d’évaluation?), par l’analyse des données (par exemple, existe-t-il un processus pour vérifier l’exactitude et la validité culturelle de l’analyse des données et des conclusions de l’évaluation?); et enfin par la diffusion (par exemple, comment les conclusions de l’évaluation seront-elles communiquées aux communautés autochtones?).

Conclusion

Cet article a plaidé pour que les personnes autochtones soient au centre de l’évaluation autochtone. Il plaide en faveur d’un changement de paradigme personnel de la part des évaluateurs et des évaluatrices non autochtones et des financeurs et des financeuses des évaluations, car il est nécessaire de bouleverser leurs hypothèses prises pour acquises [selon lesquelles iels doivent avoir le] contrôle, et de modifier radicalement l’équilibre des pouvoirs en plaçant le contrôle entre les mains des peuples autochtones. Décoloniser sa pratique de l’évaluation est une expérience profondément personnelle. Cela exige une introspection, un examen approfondi de ses valeurs et de ses croyances, un examen de conscience, la mise en évidence et l’interrogation d’hypothèses et de préjugés implicites. Il faut également faire preuve d’humilité, s’ouvrir à d’autres perspectives et visions du monde, reconnaître les privilèges non mérités, partager le pouvoir et, en fin de compte, s’en défaire. Enfin, il faut du courage pour s’engager dans un voyage éprouvant à la fois sur le plan personnel et professionnel. Cela requiert donc aussi de la ténacité, afin de tenir le cap et résister aux cyniques, aux critiques et aux racistes. C’est un premier pas important.

Dans le même temps, il faut s’attaquer aux obstacles institutionnels et structurels en soutenant le développement d’évaluateurs/-trices autochtones et d’une communauté autochtone d’évaluation; en élevant les valeurs et les principes autochtones dans les pratiques canadiennes de l’évaluation; en plaidant pour la crédibilité et l’inclusion des valeurs, méthodes et critères autochtones dans l’évaluation; et en construisant la compétence culturelle des évaluateurs/-trices non autochtones et des bailleurs et bailleuses de fonds.

Tableau 3. Description des éléments du modèle Wehipeihana (2013)

Prise de décision L’axe horizontal est un continuum de prise de décision et de contrôle passant du contrôle occidental (vous décidez) au contrôle autochtone (je décide).
Conséquences L’axe vertical est un continuum de conséquences passant de bons résultats et de résultats positifs, à aucun changement, à des résultats inefficaces ou à des dommages.
Évaluation de Les peuples autochtones n’ont pas leur mot à dire et n’ont pas de contrôle sur l’évaluation et il n’y a pas de bénéfices clairs pour elleux. L’évaluation est faite au sujet des peuples autochtones, et la vision occidentale du monde ainsi que la science occidentale prévalent.
Évaluation réalisée pour S’efforce d’améliorer la situation des peuples autochtones, mais la consultation des peuples autochtones est minimale. L’évaluation est conçue et gérée sans tenir compte des valeurs, des principes et des priorités autochtones, et le pouvoir décisionnel appartient à l’évaluateur/-trice. L’évaluation est paternaliste, et les visions du monde et la science occidentales prévalent.
Évaluation réalisée avec Le pouvoir et la prise de décisions sont partagés et négociés. C’est un espace de collaboration et de participation. Les approches et les visions du monde autochtones et occidentaux sont utilisées.
Évaluation réalisée par Les peuples autochtones ont le contrôle de l’évaluation, et les méthodes ainsi que la vision du monde autochtones prévalent. Les évaluations peuvent utiliser des méthodes occidentales.
Évaluation réalisée en tant que Les peuples autochtones ont le contrôle de l’évaluation, et le savoir et la science autochtone sont la norme. La légitimité et la validité des principes et des valeurs autochtones sont considérées comme acquises. Elle n’exclut pas les méthodes occidentales, mais ne les inclut que dans la mesure où elles sont jugées utiles.
Espace d’invitation Le concept de l’espace d’invitation est celui où l’évaluation est contrôlée par les peuples autochtones, et les évaluateurs/-trices non autochtones acceptent que leur participation se fasse sur invitation uniquement.

 

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  1. Néo-Zélandais d’origine européenne.
  2. Le modèle Tiaki (mentor), dans lequel la recherche est guidée par des Maori faisant autorité; le Whangai (adoption), où les scientifiques deviennent l'un des whānau; le modèle de partage du pouvoir, dans lequel le ou la scientifique et la communauté participent conjointement à la recherche; et le modèle Empowering Outcomes, où les chercheurs et chercheuses fournissent des informations et des réponses à des questions ou à des sujets sur lesquels les Maori veulent s’informer.
  3. NdT : Nous utilisons « iels » au lieu de « ils et elles » dans cet article afin de rendre compte de la diversité des genres présente dans la culture Maori, incluant deux identités de genre en dehors de la binarité : whakawahine et whakatane. Voir : Journet, Nicolas. « Les traditions du troisième sexe », Martine Fournier éd., Masculin-Féminin. Pluriel. Éditions Sciences Humaines, 2014, p. 95-98. Et Third Sex, Third Gender: Beyond Sexual Dimorphism in Culture and History (ed. Gilbert Herdt).
  4. NdT : L'article reprend une présentation faite par l'autrice en conférence plénière devant la Société canadienne d'évaluation en 2018.
  5. Évaluateurs/-trices qui s’identifient comme Māori sur la liste des membres de l’association d’évaluation Ma te Rae Māori en novembre 2018.
  6. Le modèle était initialement intitulé "Un cadre pour renforcer le contrôle par les communautés autochtones" pour la conférence AES 2013 Wehipeihana (2013). Peu après (et aussi en 2013), je l’ai appelé "Localiser la pratique de l’évaluation : l’évaluation comme expression du pouvoir, du contrôle et des conséquences". Pour l’exposé liminaire de la CES 2018, je l’ai appelé "Cadre d’évaluation des progrès des évaluateurs vers la compétence culturelle autochtone et l’évaluation dirigée par les autochtones". J’ai tendance à changer le titre pour transmettre un message clé ou un objectif en fonction du public ou du contexte.