1 IGA Deschênes, Quartier Montcalm, ville de Québec

Pas besoin d’aller à l’autre bout du monde pour engendrer un changement positif dans sa communauté. Les propriétaires d’une épicerie de la ville de Québec sont un bon exemple d’acteurs qui ont un impact positif sur le plan local. L’agrandissement de l’épicerie permettra non seulement de présenter une gamme élargie de produits et de répondre à l’achalandage que connaît l’établissement, mais également d’offrir de nouveaux logements dans le secteur, de revitaliser une artère importante de la ville et de varier l’offre commerciale.

Le IGA Deschênes (bâtiment nº 1 304 956 sur le plan en annexe) est un marché d’alimentation situé dans le quartier Montcalm. Sa vitrine fait face au chemin Sainte-Foy, une des principales artères de la ville. L’immeuble est entouré de deux bâtiments. Le premier est un ancien dépanneur laissé à l’abandon, le second est une construction inhabitée qui accueillait auparavant MIELS-Québec, un organisme communautaire d’entraide pour les personnes atteintes du sida. Ces deux terrains seront mis à profit pour l’agrandissement du IGA.

La surface totale de l’épicerie fera un peu plus du double de sa surface actuelle et « atteindra 23 000 pieds carrés » (« IGA Deschênes : Agrandissement et 33 unités locatives », 2015). L’ancien édifice de MIELS-Québec (nº 1 304 958) sera démoli pour permettre l’agrandissement de la structure. « Au-dessus du IGA, quatre maisons de villes sur deux niveaux seront érigées, ce qui portera le nombre d’étages à trois » (idem) Ceci comprend le premier bâtiment qui sera relié au deuxième par une passerelle. Pour celui-ci, le principe reste pratiquement le même. Sur le terrain de l’ancien dépanneur (nº 1 304 970), le rez-de-chaussée sera réservé à un commerce, alors que des appartements locatifs seront construits aux étages supérieurs (au nombre de quatre). À cela s’ajoutent des stationnements intérieurs qui seront dans le sous-sol du bâtiment. Le projet totalise une mise de fonds totale de 10 millions de dollars.

Le nouveau complexe est réalisé grâce aux investissements de trois partenaires : Sobeys, Groupe Laberge et Ville de Québec. Donc entre le propriétaire de la chaîne IGA, le propriétaire des logements et la municipalité. Cette dernière demande, dans la fiche d’analyse du conseil d’arrondissement, que le projet corresponde à des objectifs précis soit de « consolider la fonction résidentielle et commerciale du quartier Montcalm, […] compléter la trame commerciale le long du chemin Sainte-Foy, par la construction d’un bâtiment comprenant des fonctions non résidentielles […] au rez-de-chaussée et des logements aux étages » (Ville de Québec, 2014) et d’en préserver les fonctions. Il est également demandé à ce que le projet permette de « consolider les secteurs déstructurés et les aménagements urbains inadéquats, […] [de] préserver et concentrer le développement commercial, […] [ainsi que d’en] favoriser la diversité » (idem).

Toujours selon le rapport du conseil d’arrondissement, trois conditions ne respectent pas les règlements de la Ville dans le projet soumis au conseil; la hauteur du bâtiment de cinq étages, le nombre total de stationnements et le pourcentage de verdure des immeubles. La verdure est de moitié inférieure au 10 % initialement demandé. L’architecte, Carlo Peirolo de la firme Atelier 21, est retourné à sa table à dessin pour corriger le tir. « Il a cependant précisé que cette bonification n’était possible que dans la végétalisation des murs et des toits. Mettre des arbres obligerait à supprimer des cases de stationnement, ce qui n’est pas possible, le projet étant déficitaire par rapport au règlement de la Ville. Selon monsieur Peirolo, avec la végétalisation des toits et des murs, les 10 % seront largement atteints » (Fabriès, 2014). Pour ce faire, la structure sera légèrement modifiée pour augmenter la verdure, mais l’ensemble restera le même.

Au départ, la ville demandait à ce que tous les stationnements soient intérieurs et au nombre de 72, selon la réglementation en vigueur. Le requérant propose 56 places de stationnements dont la moitié sont couverts alors qu’ils sont extérieurs dans l’autre. Ainsi, la Ville récolte une compensation financière pour le déficit des 16 cases manquantes. Il est à noter que le IGA a déjà une entente avec un commerce voisin pour une location de 37 stationnements qui ne sont pas pris en compte dans le cadre du projet. Il respecte donc tout de même le nombre total exigé par le règlement, bien qu’une entorse ait été faite auparavant (Ville de Québec, 2014).

La rénovation de l’épicerie a un impact sur les employés du IGA. Compte tenu de la situation, le commerce a fermé ses portes dès septembre 2017 pour une période minimale de six mois. La propriétaire du IGA, Sandra Deschênes, commente la situation à un journaliste du Soleil : « C’est une mise à pied temporaire. J’espère [que les employés] vont tous revenir, j’aimerais ça. Ce serait le monde idéal. […] On aurait bien voulu faire autrement, mais c’était une question de sécurité. C’est un gros chantier » (Ricard-Châtelain, 2017). Plus de 70 employés se retrouvent ainsi sans emploi pendant au moins une demi-année. La clientèle doit, elle aussi, se trouver une situation de rechange lorsque vient le temps de faire ses emplettes. Pour les épiceries du secteur, cela se résulte en une hausse de l’achalandage à laquelle elles peuvent répondre avec difficulté.

Le projet revitalise également une portion du chemin Sainte-Foy qui est laissée à l’abandon depuis quelques années. La construction du nouvel espace commercial, à côté du marché d’alimentation, permet de créer de nouveaux emplois dans le secteur et de raviver l’économie de cette portion du quartier, en plus de diversifier l’offre locative. En fait, il y a peu de logements neufs ou récents dans le quartier Montcalm. En ajoutant des appartements et des maisons de ville à louer, cela augmente l’attrait du secteur et la probabilité d’attirer une clientèle nouvelle et diversifiée.

En somme, le projet d’agrandissement du IGA Deschênes s’est fait dans le respect des citoyens et des réglementations de l’arrondissement de la ville de Québec, en plus d’avoir été lancé par des acteurs locaux. C’est un projet qui tient à cœur des « marchands-propriétaires Réal Deschênes et sa fille Sandra Deschênes » qui dirigent l’entreprise familiale depuis les années 60 (Galarneau, 2017). Bien que l’idée leur soit venue en 2009, le concept a été retravaillé plusieurs fois et les modifications demandées par les citoyens ont été entendues et respectées. Si l’opération se déroule comme prévu, l’épicerie devrait rouvrir ses portes en mars 2017. La livraison des logements est, quant à elle, attendue pour juillet 2018, grande période de déménagements au Québec.

Comme le cas du IGA Deschênes est local, il a peu de documentation sur le sujet. Bien que le projet représente un investissement total de 10 millions de dollars, l’avancement des travaux et le processus d’acceptation du projet sont passés sous les radars.

Ce travail pourrait sembler « promotionnel » pour certains lecteurs. Or, mon étude de cas se fait le reflet de la documentation disponible sur le sujet, principalement par le biais des articles de journaux et le rapport du conseil d’arrondissement de la Cité-Limoilou. J’aurais préféré avoir une version des faits qui se rapproche plus du citoyen que des instances officielles. Malheureusement, le Conseil de quartier Montcalm n’a jamais répondu à mes courriels sur le processus d’acceptation du projet, donc la transparence de celui-ci peut être remise en question.

Annexe

Lots visés par la construction des bâtiments. Source : Ville de Québec.

IGA Deschênes, vue de face. Source : Ville de Québec.

Bibliographie

Fabriès, Céline. 2014. « Le projet du IGA approuvé, mais avec plus de verdure ». Monmontcalm. 5 décembre 2014. http://monmontcalm.com/2014/le-projet-du-iga-approuve-mais-avec-plus-de-verdure/.

Galarneau, Mathieu. 2017. « Le IGA Deschênes fermera six mois pour agrandissement ». TC Media. 18 juillet 2017. https://www.quebechebdo.com/actualites/economie/2017/7/18/le-iga-deschenes-fermera-six-mois-pour-agrandissement.html.

« IGA Deschênes : Agrandissement et 33 unités locatives ». 2015. Le Carrefour de Québec. 11 mars 2015. http://www.carrefourdequebec.com/2015/03/iga-deschenes-agrandissement-et-33-unites-locatives/.

Ricard-Châtelain, Baptiste. 2017. « IGA Deschênes dans Montcalm: fermé… pour mieux rouvrir ». Le Soleil. 27 août 2017. https://www.lesoleil.com/affaires/iga-deschenes-dans-montcalm-ferme-pour-mieux-rouvrir-ea94c3024382d9f0edb3a03e9494f37f.

Ville de Québec, Ville de Québec. 2014. « Séance du conseil d’arrondissement de la Cité-Limoilou ». https://www.ville.quebec.qc.ca/docs/iga.pdf.