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14 Développement communautaire dans le quartier Pointe-Saint-Charles dans l’arrondissement Sud-Ouest de Montréal

Nicolas Mangifesto

Mise en contexte

En 2005, la compagnie Canadian National Railway (CN) a vendu le bâtiment no.7, endroit abandonné qui servait autrefois à entreposer de l’équipement ferroviaire, pour la somme symbolique d’un dollar (Le Devoir, 2017). Le groupe Mach, se spécialisant dans le développement de projets immobilier, s’est donc porté acquéreur du bâtiment, ainsi que de l’ensemble des terres qui l’entourent (Ibid). Les 34 hectares de ce terrain représentent près d’un tiers de la superficie de l’arrondissement Pointe-Saint-Charles, où résident près de 14 000 habitants (Huffington Post Québec, 2017).

Les habitant-e-s de Pointe-Saint-Charles sont décrit-e-s par leur maire, Benoit Dorais, comme étant une population mobilisée, impliquée et combattante. Ce dernier affirme qu’ils « sont revendicateurs, mais ils sont aussi structurés, ils proposent des solutions » (Le Devoir, 2017). En apprenant en 2006 que le projet du groupe Mach était de construire un casino en collaboration avec Loto-Québec, ainsi qu’un centre de foire du Cirque du Soleil, Judith Cayer et les autres membres du collectif 7 à nous se sont mobilisés (Ibid). Étant une communauté peu nantie, dont environ 30 % de sa population bénéficie de l’aide sociale, les résident-e-s de Pointe-Saint-Charles se sont opposé-e-s fermement à l’ouverture d’un casino, étant conscient-e-s que d’autres initiatives étaient à prioriser (Huffington Post Québec, 2017).

Le groupe 7 à nous était convaincu qu’il existait de meilleurs moyens de faire usage de tout cet espace pour répondre aux besoins de la communauté. Le secteur, décrit par la porte-parole du collectif comme étant un « désert alimentaire et culturel », a donc besoin qu’un tel projet se réalise (Le Devoir, 2017). C’est pourquoi madame Cayer et son collectif ont finalement remporté une lutte qui a duré dix ans pour obtenir le bâtiment et toutes les terres qui l’entourent (Radio-Canada, 2016b).

Tel qu’exprimé par Gabrielle Gérin, membre du CA du collectif 7 à nous, ce qui tient à cœur des membres impliqués c’est d’apporter un concept novateur qui va s’éloigner de l’idéal de mégalopole qu’ont les entreprises privées. Madame Gérin mentionne, dans une capsule vidéo d’Huffington Post Québec (2017), qu’il est préférable de développer des initiatives à petite échelle pour ensuite densifier et élargir, si le besoin se présente.

Un autre enjeu présent dans cette lutte est le désir de tisser des liens forts entre les membres de la communauté (Ibid). Le fait de laisser entre les mains des citoyen-ne-s de Pointe-Saint-Charles la gestion du bâtiment et de ses futures installations fait en sorte qu’ils pourront développer eux-mêmes les services dont ils auront besoin. Ce phénomène d’autogestion renforce le sentiment d’appartenance à la communauté, puisque chaque résident.e peut avoir un rôle à jouer (Ibid).

La rénovation majeure d’un bâtiment faisant partie du patrimoine industriel de la ville s’inscrit dans une tendance qui semble se généraliser dans l’ensemble du monde occidental. Un exemple, non loin de Montréal, est la transformation des vieux entrepôts de tramway à Toronto pour en faire des ateliers et résidences d’artistes (Radio-Canada, 2016b).

Les grandes lignes du développement du projet

Le projet du bâtiment no.7 est d’ériger un centre multifonctionnel autogéré comprenant de nombreux services à portée communautaire, ainsi que quelques commerces. Parmi les services mis en place, on dénombre un centre de la petite enfance (CPE), une maison de naissance, un pôle alimentaire, une microbrasserie, un magasin général, une galerie d’arts contemporains, des jardins communautaires, un atelier de réparation de vélo, une quincaillerie, une usine de transformation alimentaire, en plus d’avoir des espaces pour la location de bureaux par des entreprises privées (Le Devoir, 2017).

Le groupe Mach a offert gratuitement le bâtiment no.7 aux communautés locales, incluant l’ensemble des terres avoisinantes qui leur appartenaient également. De plus, Mach a fait don d’une somme d’un million de dollars au collectif 7 à nous et a proposé de décontaminer le terrain à ses frais. À cela s’ajoute une somme de 1,7 million de dollars a été versée par le gouvernement du Québec, la ville de Montréal et l’arrondissement Pointe-Saint-Charles (Ibid). Ils cherchent à construire jusqu’à 850 unités résidentielles dans le secteur, dont 210 seront des logements sociaux.

Les principaux acteurs et leur impact

Le collectif 7 à nous est le principal joueur dans le développement du bâtiment no.7. Comme dit par le maire Benoit Dorais, c’est ce groupe, mené par Judith Cayer, qui s’est mobilisé dès l’annonce du projet du groupe Mach en 2006 (Radio-Canada, 2017). Ce collectif comprend un centre social autogéré et Action-Gardien qui est la table de concertation des groupes communautaires de Pointe-Saint-Charles (La Pointe Libertaire, 2011). Le club populaire des consommateurs s’est également joint à 7 à nous. Il s’agit un club qui vise à rassembler et soutenir les personnes qui s’organisent pour trouver des solutions favorisant une meilleure sécurité alimentaire (Club populaire des consommateurs, 2017). Le Quartier Éphémère, organisme à but non lucratif qui s’intéresse aux arts éphémères dans le Sud-Ouest de Montréal (Fondation Langlois, 2000), s’est aussi joint à la lutte (La Pointe Libertaire, 2011). Finalement, le Regroupement Économique et Social du Sud-Ouest (RESO) est le dernier membre qui s’est jumelé à 7 à nous pour bloquer le projet de casino. Il s’agit d’une corporation de développement économique communautaire qui cherche à revitaliser les quartiers du Sud-Ouest montréalais au niveau économique et social (RESO Montréal, 2016).

La direction de la santé publique de Montréal et des organisations contre le jeu pathologique ont décidé d’appuyer la cause de 7 à nous dès les premiers stades de négociation avec les propriétaires (La Pointe Libertaire, 2011). On compte aussi, parmi les acteurs impliqués, les élu-e-s de l’arrondissement Pointe-Saint-Charles, ainsi que leur administration.

Des centaines de citoyen-ne-s de l’arrondissement ont participé aux différentes manifestations tout au long du dur combat mené pendant dix ans (Radio-Canada, 2016a). Ils et elles sont impliqués, conscients que plusieurs services, dont le jardin communautaire, viendront compenser pour des manques flagrants dans leur arrondissement (c.-à-d. l’absence de légumes et fruits accessibles, à l’exception d’une certaine quantité de faible qualité dans les dépanneurs avoisinants) (Ibid).

Le groupe Mach, ayant comme propriétaire monsieur Vincent Chiara, chargé du développement immobilier du quartier, est également concerné par ce qui adviendra du bâtiment no.7. Les permis devraient être obtenus en vue de commencer la construction dès le printemps 2018 (Le Devoir, 2017). Ailleurs dans le quartier, le groupe a déjà assuré la construction du complexe industriel Les cours Pointe-Saint-Charles où on retrouve des industries légères et des locaux pour bureaux. Cet édifice, occupé à 95 % de sa capacité maximale en date du 21 avril 2017, a permis de créer près de 300 emplois dans la communauté, selon les dires de Cédric Constantin, leur chargé de projet (Ibid).

L’implication de 7 à nous a définitivement été le point tournant du projet, autrement le bâtiment serait aujourd’hui un casino (Huffington Post Québec, 2017). Ce sont ses membres qui ont entamé les négociations avec le groupe Mach, ces derniers étaient initialement réticents (La Pointe Libertaire, 2011). Pour s’assurer que le bâtiment patrimonial ne soit pas démoli, le collectif a fait du lobbying auprès des autorités de l’arrondissement. Le groupe, mené par Judith Cayer, a déposé des mémoires, en plus de faire des représentations lors des consultations publiques officielles tenues en 2008 et 2009 (Ibid). Les acteurs majeurs impliqués dans les négociations ont formé un comité qu’ils ont nommé le Comité de suivi et y ont inclus le collectif 7 à nous, montrant la volonté d’arriver à forger un plan congruent satisfaisant les désirs de chacun (Ibid). Le propriétaire des terres et des bâtiments, Vincent Chiara, est le seul acteur qui n’a pas daigné prendre part aux négociations avec les groupes communautaires. Par contre, contre son gré, des discussions ont eu lieu entre un leader du groupe Mach et le Comité de suivi, ce leader soutenant la position du collectif communautaire (Ibid).

En plus de leur présence marquée dans le Comité de suivi, les organismes communautaires, menés par le Centre Social Autogéré (CSA) pour les actions tenues dans le secteur, ont mobilisé la population autour du bâtiment no.7. L’une des premières manifestations marquantes fut une « marche surprise » de nuit tenue en avril 2010, interceptée par une forte présence policière (Ibid). Des affiches ont été posées à de nombreux endroits dans le quartier durant l’été 2010. Elles mettaient en vedette monsieur Chiara, avec un style rappelant les publicités dédiées aux chasseurs de primes des westerns américains, sur lesquelles on pouvait lire « Recherché pour dette envers Pointe-Saint-Charles » (Ibid). Des bannières ont été posées sur les édifices visés par le projet en août 2010, affichant des messages de revendication au droit à l’acquisition des lieux par la communauté. Une projection cinématographique fut organisée pour rassembler les gens sur les lieux lors du dévoilement de la bannière, suivie d’un marché public quelques semaines plus tard, afin de démontrer la volonté des membres du quartier de se rassembler fréquemment en ces lieux (Ibid). L’automne 2010 a laissé place à la rencontre mensuelle du conseil d’arrondissement. Les mêmes groupes de pression, suivant les initiatives du CSA, avaient organisé un concert en plein air pour faire du bruit pendant la rencontre, tandis que des citoyen-ne-s faisaient pression auprès des élu-e-s à l’intérieur de la salle du conseil (Ibid).

Comme précédemment énoncé, les élu-e-s et fonctionnaires de l’arrondissement Pointe-Saint-Charles affichaient ouvertement leur approbation envers la cause du collectif. Par contre, leur impact dans le dénouement de la situation leur a été reproché, on les accuse d’avoir démontré peu de fermeté face à monsieur Chiara, jusqu’au 8 février 2011 (La Pointe Libertaire). Il s’agit d’une date clé, puisque les négociations tenues par la suite ne servaient qu’à négocier des clauses supplémentaires et des négociations de bail (Ibid).

Avantages et risques associés au projet

Avantages

L’idée de donner le pouvoir décisionnel, quant aux entreprises et organismes communautaires qui occuperont l’espace, à la population fait en sorte que leurs besoins seront écoutés. Les dirigeants, même s’ils sont de bonne foi, ne sont pas ceux qui vont mettre de l’avant des propositions pour répondre à tous les besoins de leur communauté. C’est pourquoi, affirme Gabrielle Gérin, membre du conseil d’administration de 7 à nous, que l’implication citoyenne est de mise (Huffington Post Québec, 2017). Elle poursuit en affirmant qu’il est possible d’aller à l’encontre du modèle métropolitain, qu’il est possible de tisser des liens solides entre les membres de la communauté, mais aussi de faire évoluer le projet, de l’adapter au fil du temps, selon ce que les citoyen-ne-s ont besoin (Ibid).

Ce projet permet la création d’un quartier culturel complet, la culture étant un manque flagrant du secteur Point-Saint-Charles, selon Judith Cayer (Huffington Post Québec, 2017). Pour élaborer sa vision de « quartier culturel complet », madame Cayer prend comme exemple l’abonnement à un cours de danse comme loisir : « … Si tu n’es pas danseur, tu n’y vas jamais (à l’école de danse). Si on intègre un espace de danse dans un milieu où on va chercher ses tomates, où on va chercher ses enfants le matin, on va faire son yoga le soir, là, la danse va pouvoir intégrer le milieu de vie et on va avoir un quartier culturel complet » (Ibid).

L’avantage, c’est que la formule communautaire rend l’ensemble des services plus accessibles par leur proximité, et abordables pour une communauté faisant partie des plus défavorisées à Montréal (Radio-Canada, 2016b). Judith Cayer s’est prononcée dans un reportage à la radio de Radio-Canada (2016b) au sujet de la faible quantité, du manque de variété, ainsi que de la qualité déplorable des aliments disponibles dans l’arrondissement en disant que cette problématique sera en partie réglée par la création de jardins communautaires. Gabrielle Gérin soutient que les fruits et légumes qui y seront cultivés seront d’ailleurs de meilleure qualité que ceux retrouvés en épicerie, puisqu’il s’agira d’aliments entièrement naturels. C’est d’ailleurs une source de nourriture dont les membres pourront profiter à longueur d’année, puisque les jardins seront munis de serres pour les saisons froides (Huffington Post Québec, 2017).

Risques

Le rapport de la consultation publique tenue en 2009 met en évidence les préoccupations de la population quant aux nombreux développements qui auront lieu sur le territoire. L’une de ces préoccupations est la décontamination des sols, prise en charge par le groupe Mach, promoteur du projet. La requête à ce niveau était d’obtenir un meilleur suivi de la part de la Direction de la santé publique. Une autre crainte exprimée fut la proportion des blocs destinés à devenir des logements sociaux ou abordables. Alors que les promoteurs prévoient dédier 25 % du développement immobilier aux logements sociaux, les membres de la communauté expriment leur désir d’augmenter la proportion à 40 %. Leur souhait est que les habitations communautaires soient parsemées dans le quartier. La raison pour laquelle ils ont exprimé ce désir est parce que le collectif populaire craint le phénomène de ghettoïsation si les logements sociaux sont bâtis en proximité des habitations existantes déjà destinées aux personnes moins nanties. On observe d’ailleurs déjà un effet ghetto dans le secteur et la population de l’arrondissement souhaite éviter de l’amplifier. De plus, la proportion des logements sociaux soulève une question chez les parties impliquées : qu’adviendra-t-il du reste? La population ne souhaite pas de logements haut de gamme, ce qui s’inscrirait dans le phénomène d’élargissement du centre-ville de Montréal qui leur cause déjà des difficultés au niveau de la recherche, du paiement et de la stabilité de leurs habitations. Les citoyen-ne-s ont souvent manifesté leur intention de désenclaver le quartier, ce dernier étant en partie coincé entre des voies ferrées.

Pour ce qui est du bâtiment comme tel, une des craintes exprimées était le type d’activités industrielles autorisées par l’administration de la ville. Les citoyen-ne-s avaient reçu des informations qu’ils et elles jugeaient insuffisant-e-s en ce qui a trait aux entreprises qui s’installeraient éventuellement sur le territoire. Le groupe Mach, à ce stade des discussions, avait effectivement fourni peu de renseignements à ce sujet, sinon aucune. Les membres de la communauté manifestent également leur réticence quant au déplacement inévitable du Parc de la Congrégation, pour la réalisation du projet. Le Réseau de Transport métropolitain (AMT-RTM) avait annoncé que leurs services s’étendraient jusqu’aux nouvelles habitations. Les habitant-e-s se sont réjoui-e-s de la nouvelle, sachant que de nouveaux emplois seraient créés dans le secteur. Par contre, le manque d’informations divulguées par l’AMT-RTM au moment des consultations inquiète les membres de la population concernée quant aux intentions précises de développement du groupe. Quoique méfiants envers les actions qu’entreprendront les promoteurs, les participant-e-s sont enthousiastes à l’idée du redéploiement industriel-commercial du secteur. Cependant, un facteur inquiétant pour les résident-e-s du quartier est l’augmentation du trafic automobile que ces nouveaux développements engendreront. Pointe-Saint-Charles est déjà un secteur où la circulation peut être difficile, trois attentes précises ont été formulées aux chargés de projet. La première concerne la circulation des nombreux camions dès que le projet sera mis en marche. On suggère, en assemblée, qu’ils emploient un boulevard qui les fait entrer dans le quartier industriel en évitant le Parc de la Congrégation, préservant de ce fait sa quiétude, ainsi que celle des logements avoisinants. La sauvegarde du Parc de la Congrégation est le deuxième item soulevé. Les problèmes de circulation engendrés par les travaux et la vie future dans cet arrondissement auraient comme solution potentielle le déménagement du parc. Les gens de Pointe-Saint-Charles s’y opposent cependant, parce qu’ils accordent une grande importance sentimentale et symbolique à l’emplacement du parc. Le troisième point est la gestion du trafic de la population générale du quartier. Étant un lieu qui risque de voir croître sa population au fil des prochaines années, les participants se sentent concernés par la gestion de la circulation à venir.

Réactions possibles au projet

Arguments contre le projet

Comme dans toute prise de position politique, certains membres de la population vont approuver, alors que d’autres non. L’investissement de plus d’un million de dollars de la part du gouvernement du Québec, de la ville de Montréal et de l’arrondissement Pointe-Saint-Charles peut contrarier des membres de la population qui ne ressentaient pas le besoin de déroger au statu quo. Pour ces personnes, l’utilisation de l’argent des contribuables pour ce projet peut être contrariante. Le besoin de développer un sentiment d’appartenance à la communauté n’est pas universel, et la richesse culturelle apportée par des centres tels que le bâtiment no.7 peut potentiellement être perçue comme étant futile pour des citoyen-ne-s avec des personnalités pragmatiques.

Certaines personnes auraient sans doute préféré le développement du centre de foire et du casino, arguant les potentielles retombées économiques sur la communauté. Malgré le fait que lesdites infrastructures ne rapporteraient pas directement de l’argent aux membres de la population, le fait de développer ce secteur et d’en faire une sorte d’extension du centre-ville et du vieux port de Montréal aurait pu attirer du monde et stimuler l’économie des commerces locaux avoisinants.

Un autre argument contre le projet est celui de la potentielle baisse d’achalande du bâtiment no.7. Il est possible que les membres qui se sont mobilisés lors des concertations citoyennes ne soient pas réellement représentatifs, et que certaines des installations ne soient pas adaptées du tout aux besoins populaires, ce qui ferait de sorte qu’il faudrait éventuellement mettre à terme les activités dans certains locaux. Toutefois, il serait étonnant d’observer cela, compte tenu que la formule adoptée dans le cadre du projet est flexible et adaptative.

Conséquences positives entraînant l’appui de la communauté

Au contraire à la conséquence potentielle nommée précédemment, les citoyen-ne-s de Pointe-Saint-Charles peuvent trouver que les installations augmentent leur qualité de vie. En effet, les économies que les citoyens et citoyennes font sur la nourriture, puisque les fruits et légumes que les membres cultivent coûtent une fraction du prix de ceux vendus en supermarchés, augmente la qualité de vie. Les sources potentielles d’aliments sont variées, comptant les jardins communautaires, les serres et les toits verts.

Également, le sentiment d’avoir une vie sociale remplie par des rencontres et des activités communautaires offertes au centre culturel est importante. D’ailleurs, l’accès aux activités culturelles, une lacune dans le secteur, est grandement facilité. Le projet du bâtiment no.7 permet de réunir différentes activités du quotidien à un même endroit.

Les oppositions prévisibles au projet

Il était à prévoir que le Cirque du Soleil et le groupe Mach, des entreprises privées, s’opposent au développement communautaire du secteur, puisque leur but est naturellement de chercher à servir leurs intérêts personnels. Le groupe Mach aurait avantage à bâtir des habitations luxueuses près du centre-ville, secteur recherché. Certain-e-s Montréalais-es auraient pu s’opposer au collectif 7 à nous, favorisant la création d’habitations situées dans un coin prisé de Montréal. D’ailleurs, la relocalisation du casino combinée au centre de foire du Cirque du Soleil aurait pu générer de très intéressantes retombées économiques pour Loto-Québec. Ce motif aurait pu être suffisant pour motiver Loto-Québec à s’opposer plus fermement au groupe 7 à nous.

Une autre opposition dans le déroulement du projet aurait pu être un manque de soutien de la population. Dans une communauté au sein de laquelle la mobilisation citoyenne est souvent requise, il est possible que les résident-e-s n’accordent pas d’importance à certaines causes, voulant se concentrer sur d’autres. En plus du soutien populaire, le soutien de la municipalité et du gouvernement était primordial. Le fait que le maire de Pointe-Saint-Charles ait offert un support verbalement était apprécié de la part du collectif, mais pas suffisant selon eux. Il n’a pas été facile d’obtenir un financement de la part du gouvernement et de la municipalité, et un échec à ce niveau aurait pu représenter un manque trop difficile à combler pour arriver à réaliser le projet.

Éléments clés favorisant l’acceptabilité sociale

L’administration civile, les élu-e-s, dirigeant-e-s et l’ensemble des membres d’influence d’une communauté ont un rôle à jouer dans l’acceptabilité sociale. Sans leur considération, sans les encouragements du maire de l’arrondissement Pointe-Saint-Charles, les membres de 7 à nous auraient mené leur lutte en vain. Pour favoriser l’acceptabilité sociale, il est primordial d’offrir une plateforme à la communauté pour qu’elle puisse s’exprimer, mais au-delà de ça, il faut que les militants aient une réelle opportunité d’initier un changement. En démontrant ouvertement son soutien envers la cause du collectif, Benoit Dorais, maire de l’arrondissement du Sud-Ouest de Montréal fait une différence parce qu’il leur donne une tribune, il leur donne de la crédibilité. C’est par les encouragements de figures d’importance que des personnes, telles que Judith Cayer, ont eue l’opportunité de gagner suffisamment en crédibilité pour être invitées à s’asseoir aux tables de discussion. C’est d’ailleurs cette présence qui a eu un impact réel sur la tournure des événements, puisque la porte-parole de 7 à nous a su faire valoir les réels besoins et intérêts des membres de la communauté du quartier.

La tenue fréquente d’assemblées citoyennes, d’actions citoyennes et de manifestation a également été un point déterminant dans le développement du dossier. Le fait de rencontrer les personnes qui désirent s’impliquer et de leur donner plusieurs occasions de le faire, au cas où la population n’arrive pas à se libérer fréquemment, fait en sorte que les opportunités d’exprimer leurs besoins et désirs aux divers membres d’influence et aux porte-paroles du collectif sont plus fréquentes. De ce fait, les porte-paroles sont mieux informés sur les priorités des membres qu’ils et elles représentent et ils pourront ensuite défendre leurs intérêts adéquatement.

Bibliographie

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