8 L’incinérateur de Québec, Limoilou
Nathalie Lessard
Introduction
Je suis une fière citoyenne du monde, « de Limoilou à Tombouctou » comme le veut le titre d’une chanson du regretté auteur-compositeur québécois Sylvain Lelièvre qui a grandi dans le quartier populaire de Limoilou situé au cœur de la Ville de Québec : « Moi, je suis d’une ruelle, comme un est d’un village, entre les hangars de tôle pis les sacs à poubelles. […] Quand on est de la Basse-Ville, on n’est pas de la Haute-Ville » (Lelièvre, 1975).
C’est précisément de ce quartier et, plus particulièrement, de ses sacs à poubelles, dont il sera question dans cette analyse de cas, laquelle porte sur l’incinérateur de Québec érigé depuis 1974 dans le quartier Limoilou. D’emblée, nous préciserons en guise d’introduction quelques repères historiques, soient : les cadres physiques, socioéconomiques, politiques et citoyens afin de circonscrire au mieux les acteurs et l’aspect multifacétique de ce débat public, et ce, non seulement pour les habitants de Limoilou, mais aussi pour les résidents de la Ville de Québec et ses environs.
Mentionnons que l’objet de ce travail qui a trait à l’imposant dossier (toujours d’actualité) de l’incinérateur de la Ville de Québec et des luttes citoyennes du quartier Limoilou ne prétend aucunement dresser un portrait complet, et ce, en vue de l’historicité pour le moins considérable de ce débat public qui comporte une multitude d’acteurs et qui s’étend sur plus de 30 années. Cependant, et aux fins de mise en contexte et au bénéfice de la compréhension de la présente analyse de cas, soulignons que « Cette lutte a connu trois phases : de 1975 à 1986, de 1989 à 1994 et de 2001 à nos jours » (Cook, 2006 : 8). Aussi, selon Mathieu Cook, spécialiste des mouvements sociaux et des luttes collectives, qui s’est penché abondamment sur ce dossier, « La première phase coïncide avec la création du premier Comité de citoyens du quartier et comporte une mobilisation populaire. La deuxième phase de la lutte concerne un très petit groupe de militants qui donnent, à la lutte, la coloration d’un conflit entre experts. La troisième phase renoue avec la mobilisation populaire dans un contexte où la gestion des déchets représente un enjeu préoccupant pour les autorités et une partie de la population » (2006 : 1).
Bien que cette analyse de cas requiert un cadrage historique pour la juste compréhension de ce débat, nous nous attarderons davantage à la dernière et troisième phase qui représente « un hybride des deux premières : elle regroupait des écologistes tout en étant le fruit d’une démarche d’organisation des résidents de Limoilou; elle portait à la fois sur les désagréments de l’incinérateur et sur l’aspect anti-écologique de l’incinération » (2006 : 11).
Cadre physique : Limoilou, « terre chauve et terre des vents »
Fondée en 1535, avec l’érection de la première seigneurie de l’explorateur Jacques-Cartier, c’est du nom de Limouëlou (aujourd’hui Limoilou), que fut baptisée cette nouvelle municipalité. Ce nom signifie « tertre chauve » en breton (terre chauve). Le manoir de Jacques-Cartier se trouvant effectivement « sur une hauteur où les arbres sont rares en raison du vent » (Panoramade, 2017 : En ligne, 2e par.). Cela dit, c’est « l’an 1893 qui marque la véritable naissance de la municipalité de Limoilou » (Mercure, 2009 : 19).
Limoilou est aujourd’hui « l’un des six arrondissements de la ville de Québec et s’étend du centre-ville au Vieux-Québec et est limité par les arrondissements suivants : “au nord-est par Beauport, au nord-ouest par Charlesbourg, à l’ouest par Les Rivières, au sud-ouest par Sainte-Foy–Sillery–Cap-Rouge et au sud par le fleuve Saint-Laurent » (Portail-Ville de Québec, 2017 : En ligne, 1er par.). L’arrondissement de Limoilou est « d’une superficie d’environ 9,66 km2 ce qui représente 2 % de la superficie de la Ville de Québec qui est de 547,94 km2. Après l’arrondissement de La Cité, c’est le deuxième arrondissement le plus densément peuplé » (Mercure, 2009 : 11). En 1988, le quartier Limoilou a été divisé en trois secteurs : Vieux-Limoilou, Maizerets et Lairet. Les services municipaux qui sont intégrés dans ce cadre administratif prennent ainsi « en considération la géographie et l’histoire de Limoilou » (Mercure, 2009 : 12). Le quartier Limoilou, « dont les limites ont été légèrement modifiées en 2003 » (Ville de Québec, 2012 : En ligne, 1er par.), fait aujourd’hui partie de l’arrondissement de La Cité-Limoilou ». De fait, et « dès décembre 2009, l’arrondissement de Limoilou sera fusionné à l’arrondissement La Cité » (Mercure, 2009 : 12). L’expression « la Cité » fait, quant à elle, « référence à la partie la plus ancienne de la ville, désignation convenant parfaitement à cet arrondissement qui a vu naître Québec » (Ville de Québec, 2017 : En ligne, 6e par.).
Fait intéressant, le site web officiel de la Ville de Québec nous informe que le choix du terme de la présente dénomination relève du fait que « cité désignait également le lieu où s’exerçaient la citoyenneté et la démocratie » (2017 : En ligne, 6e par.).
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Figure 1. « La Cité-Limoilou » Repéré à : https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Cit%C3%A9-Limoilou.
Cadre socioéconomique : les débuts de l’urbanisation de Limoilou à nos jours
Au XIXe siècle, la rivière Saint-Charles connut une grande effervescence économique, principalement grâce aux chantiers de construction navale la bordant : « Plusieurs villages s’y formèrent et, en 1893, quatre d’entre eux (Parkesville, Hedleyville, Smithville et New Waterford) décidèrent de se fusionner en une seule entité : Limoilou » (Webster, 2016 : En ligne, 3e par. sous Un peu d’histoire). Selon plusieurs sources historiques, deux événements semblent avoir particulièrement marqué les débuts de l’urbanisation du quartier Limoilou. D’abord, « en 1906, une compagnie immobilière, la Quebec Land Company, achète la propriété des héritiers Anderson et lance le projet du Parc Limoilou » (Lemoine, 2014 : En ligne, 1er par.). De fait, « La Quebec Land Company planifie le développement du parc Limoilou », qui sera « par son site exceptionnel et par la disposition des rues et des avenues […] le plus beau quartier du Greater Québec » (2014 : En ligne, 1er par.). Ainsi, la Québec Land Company s’engage à privilégier les appellations Avenue et Rue pour imiter ce qui se fait à New York. Ironiquement, cette compagnie appuie sa campagne de promotion en incitant les acheteurs potentiels à « fuir les rues poussiéreuses, étroites et congestionnées du Vieux-Québec et à venir vivre au grand air » (Ville de Québec. s.d. En ligne, 9e par. sous S’installer à Limoilou).
Ensuite, et pour autre moment phare de l’urbanisation de Limoilou, mentionnons l’an 1909 où « la municipalité de Limoilou décide de fusionner avec la ville de Québec. Mais c’est avec les décisions de l’administration du maire Napoléon Drouin que le quartier connaît son véritable essor » (Lemoine, 2014 : En ligne, 1er par.). Sous son règne, « le quartier verra sa population s’accroître en flèche », créant une véritable explosion démographique. En effet, de 1910 à 1916 le maire Napoléon s’emploie à développer le quartier et « y créer de l’emploi [pour en faire] un secteur de manufactures en conformité à son engagement de faire de Québec [et par là même Limoilou] une ville industrielle » (Lemoine, cité dans Cazes, 2015 : 2).
Depuis, l’industrialisation et le développement de Limoilou n’ont eu de cesse de croître. À preuve, aujourd’hui, Limoilou est traversée par d’importantes voies de circulation routière, dont l’autoroute Dufferin-Montmorency, le boulevard Henri-Bourassa, l’autoroute Laurentienne, le boulevard Wilfrid-Hamel et le chemin de la Canardière. De plus, nous retrouvons de nombreuses entreprises et institutions venues s’installer à proximité du port de Québec. En fait, « on estime à près de 1 200 le nombre d’entreprises implantées sur le territoire » (Ville de Québec, citée dans Cook, 2006 : 5) soit : « La papetière (qui a pris successivement les noms de Anglo Canadian Pulp and Paper Mills, Reed Paper Company, Daïshowa et Stadacona), l’usine de produits laitiers Natrel, le cégep de Limoilou, l’hôpital Saint-François-d’Assise, l’hôpital de l’Enfant-Jésus, un point de service du CLSC-CHSLD Basse-Ville-Limoilou-Vanier, le domaine de Maizerets, le parc Cartier-Brébeuf, le parc ExpoCité et le Centre de foires [,et ce, sans compter le fameux Centre Vidéotron] » (2006 : 5).
Cadre politique
Sur le plan provincial, l’arrondissement est desservi par deux députés provinciaux : « un pour le comté de Taschereau (qui couvre le Vieux-Limoilou) et un pour le comté de Jean-Lesage qui couvre Lairet et Maizerets » (Mercure, 2009 : 14). La circonscription de Jean-Lesage comprend « la partie de la Ville de Québec qui correspond à la partie de l’arrondissement de La Cité-Limoilou « située au nord de la rivière Saint-Charles […] et est délimitée comme suit : l’avenue Saint-David, l’autoroute Félix-Leclerc, la rivière Beauport, la limite de la Ville de Québec dans le fleuve Saint-Laurent et la limite de l’arrondissement de Beauport » (DGEQ, 2017 : En ligne, 1er par.). Sur le plan fédéral, le comté de Beauport-Limoilou « couvre l’ensemble de l’arrondissement de Limoilou » (Mercure, 2009 : 14).
L’actuelle députée de Taschereau (Parti québécois), Agnès Maltais, occupe ses fonctions depuis novembre 1998. Elle assume également le rôle de porte-parole de l’opposition officielle responsable de la région de la Capitale-Nationale (Assemblée nationale, 2017).
La représentation de la circonscription de Jean-Lesage est assurée, quant à elle, depuis décembre 2008 par André Drolet (Parti libéral) qui est également adjoint parlementaire du ministre délégué aux petites et moyennes entreprises, à l’allègement réglementaire et au développement économique régional auprès du Parti libéral depuis 2012. Mentionnons que ce dernier dossier apparaît à maintes reprises dans l’attribution des fonctions politiques, parlementaires et ministérielles antérieures d’André Drolet. De fait, il fut également porte-parole de l’opposition officielle pour les petites et moyennes entreprises et en matière d’allègement, et ce, respectivement en 2012 et 2014. Aussi, et parmi les fonctions antérieures, soulignons son passage comme membre de la Commission de l’aménagement du territoire en 2009 (Assemblée nationale, 2017a).
À cette représentation politique s’ajoute la conseillère municipale Suzanne Verreault, laquelle assume, depuis 2009, la présidence de l’arrondissement de La Cité-Limoilou. Elle siège aux conseils d’administration d’ExpoCité et du Réseau de transport de la Capitale (RTC). De plus elle est l’actuelle présidente des « Comités de vigilance de l’incinérateur et du port et vice-présidente de la Commission d’urbanisme et de conservation de Québec » (Conseil municipal, 2017).
Cadre citoyen : une histoire, un bagage d’initiatives et de luttes citoyennes
Afin de situer au mieux la présente analyse, mentionnons que le quartier Limoilou est un quartier qui à vue naître, au cours de son histoire, de nombreuses initiatives citoyennes dont l’ardeur s’est fait particulièrement sentir dans les dernières décennies, et ce, notamment, depuis la création en 1997 des conseils de quartier Lairet et Maizerets. Pensons à titre d’exemple au « dossier de la poussière rouge et du Port de Québec […] du boulevard Henri-Bourassa ou encore la présence des Casseroles de Limoilou au printemps 2012 » (Bouchard, cité dans Poirier, 2014 : En ligne, 6e par.) Qui plus est, mentionnons aussi les initiatives suivantes : La Société de la Rivière Saint-Charles, « un organisme à but non lucratif fondé en 2000 par une initiative citoyenne » (SRSC, 2017 : En ligne, 1er par.), 1, 2, 3, GO! Limoilou qui a « pris en main la création d’un audacieux mouvement de mobilisation sociale au service des tout-petits » (1, 2, 3, Go!, 2017 : En ligne, 2e par.), l’Écoquartier qui est « un collectif de jeunes qui développe et met en œuvre des alternatives de sensibilisation liées à l’écologie urbaine et à la citoyenneté dont l’objectif est d’accompagner les citoyennes et les citoyens des quartiers centraux dans la réalisation d’actions socialement et écologiquement responsables », « Limoilou en famille », une initiative du conseil de quartier du Vieux-Limoilou, par le biais de son Comité Famille et, enfin, le Comité de vigilance pour l’incinérateur dont nous parlerons plus amplement dans le cadre de cette analyse.
Limoilou : un espace démocratique « entre deux feux »
Comme nous pouvons le constater, il existe un historique et une activité importante de mobilisation citoyenne dans le quartier Limoilou. Ainsi, depuis quelques années, « l’espace démocratique » de La Cité-Limoilou connaît un regain de vitalité et tente de former une société citoyenne à l’instar du développement économique effarant que promeut, nommément, La société de développement commercial 3e Avenue-Limoilou (SDC) qui « a pour mission de stimuler la vitalité économique, culturelle et sociale dans le secteur du Vieux-Limoilou en offrant aux gens d’affaires un milieu dynamique, créatif et compétitif » (SCD, 2017). Il va sans dire que les efforts de développement commercial (provenant des sphères économique et politique) sont en corrélation directe avec l’accroissement de la population limouloise. Cette densification démographique implique assurément de nouveaux enjeux au sein de la communauté, et ce, puisque « le développement des artères commerciales (1re Avenue et du boulevard des Capucins), […] la rénovation des immeubles » (Laflamme, 2016 : 6) contribuent à l’attractivité pour s’établir à Limoilou (tant résidentielle que commerciale). Cela dit, ces développements ont certes eu pour effet d’alimenter le feu du débat ayant trait au dossier de l’incinérateur, puisque qui dit densification dit aussi gestion des déchets et des matières résiduelles.
Le contexte général du projet et ses enjeux
La naissance, le développement et la controverse entourant l’incinérateur de Québec comportent des grandes lignes historiques qu’il importe ici, brièvement, de remettre en lumière. C’est ainsi, dans un contexte historique d’explosion démographique, que « la nécessité » d’un incinérateur fait l’objet d’une mise au programme politique. En effet, Limoilou a connu un intense peuplement dans la première moitié du 20e siècle : « Ce peuplement est en grande partie explicable par le développement du port de Québec et du réseau ferroviaire, ainsi que par l’implantation de la papetière en 1927 » (Gallichan, 1996; Laflamme, 2003; cité dans Cook, 2006 : 7). D’autres facteurs entrent également en ligne de compte comme « le développement des banlieues, […] la consommation de masse d’automobiles par la classe moyenne ainsi que la construction d’un important réseau d’autoroutes contribueront au renversement de la tendance de peuplement croissant des quartiers centraux » (Laflamme, 2003, cité dans Cook, 2006 : 7). De plus, les années 70 sont le terreau de « l’ambitieux et impressionnant projet alors à la mode du temps de la Place Bardy (renommée plus tard Appartements St-Pie X) » (Le Courrier de Limoilou, 1970). De fait, cette construction d’habitations à loyer modique dits HLM (987 logements) a « considérablement modifié la trame urbaine et le portrait social de secteurs de Limoilou » (Le Courrier de Limoilou, 1970). Aussi, l’implantation du centre d’achat « La Canardière » est un signe éloquent de l’industrialisation de ce quartier populaire. Ironiquement, et si on se réfère à la signification du terme « Canardière », « Une canardière est un lieu aménagé pour la chasse aux canards. C’est aussi un long fusil pour tirer les canards sauvages » (Ville de Québec, 2004 : En ligne, 2e par.). Cela dit, pour nos décideurs, la densification de population semble rimer, par voie métaphorique, avec « une chasse » qui relève de la légitimation des projets de développement industriel où le citoyen reste, le plus souvent, surpris par « le boom » déclenché par le tir économique qui atteint le paysage désolant qui s’offre alors soudainement aux citoyen(ne)s et où les espaces verts sont devenus bien gris. De cette grisaille émanent les « signaux de fumées » de l’opulence moderne : la gestion des matières résiduelles et des ordures ménagères.
À preuve, en 2001, Jean-Paul L’Allier, alors en pleine campagne électorale pour la mairie de la nouvelle ville fusionnée, reconnaissait le caractère « inapproprié » de la décision d’implanter l’incinérateur « au cœur d’un des plus anciens quartiers de Québec et en milieu urbain ». Le futur maire et son équipe exprimaient alors une prise « d’engagements clairs et fermes quant à l’élimination de tous les inconvénients négatifs de l’incinérateur dans le quartier ».
Ainsi, et en réponse à une pétition faisant foi d’une requête citoyenne, il ajoutait alors : « Selon l’état de la situation et en tenant compte de la balance des avantages et inconvénients, il ne faudra pas hésiter à remettre en question sa localisation si nous sommes incapables de faire disparaître la contrainte liée à son fonctionnement en milieu urbain » (Le Comité de citoyens et de citoyennes, 2014 : 6). Étonnamment, 17 ans plus tard, après cette campagne de L’Allier, cette remise en question est, à ce jour, encore et toujours en vigueur pour les Limoulois (dont je suis) et pour qui cette réalité « polluante » fut tout aussi brutale que désolante.
L’incinérateur de la Ville de Québec, situé au cœur du quartier Limoilou, entre en fonction en 1974. Sa capacité maximale de traitement annuel de déchets s’élève aujourd’hui à 312 000 tonnes : « L’incinérateur reçoit les ordures ménagères des secteurs résidentiel, institutionnel, commercial et industriel de l’ensemble de la Ville de Québec et des municipalités régionales de comté (MRC) voisines » (Ville de Québec, 2017 : En ligne, 1er par.). Cela dit, soulignons que la présente mise en contexte ne saurait se définir uniquement sous des dimensions locales, municipales ou encore provinciales. En effet, « Un peu partout sur la planète, la question de l’environnement suscite des mobilisations nombreuses et fréquentes […] parmi ces problématiques, la gestion des matières résiduelles occupe une place importante » (Cook, 2006). C’est pourquoi la croissance économique fait actuellement face à une réalité propre aux temps modernes : hélas, notre planète n’offre pas des ressources illimitées. Bien que cette réalité semble aujourd’hui relever de l’évidence, rappelons qu’il y a à peine quelques années, peu de décideurs et de citoyen(ne)s avaient une réelle conscience de la nécessité d’adopter des comportements écoresponsables. Cette inconscience collective s’explique par la course à l’industrialisation, laquelle se développait dans une certaine insouciance (ou encore dans un certain aveuglement volontaire ou une cécité politique) des impacts à long terme sur l’environnement et sur la santé publique. La qualité de vie semblait alors s’appréhender sous le seul angle du développement. À preuve, cette promesse « Québec, ville moderne » constitue encore aujourd’hui un moindre compromis pour nos politiciens qui plaide la nécessité de la modernisation en faveur d’un positionnement de la ville de Québec comme meilleure destination « à travers le monde ». Aujourd’hui, force est de constater que « nous devons prendre conscience globalement que la surconsommation, qui prévaut dans les pays industrialisés, nous conduit directement vers le réchauffement de la planète et vers une crise des déchets » (Le Comité de citoyens et de citoyennes pour la fermeture de l’incinérateur, Les AmiEs de la Terre de Québec, 2004) et par là même vers la crise écologique mondiale qui nous guette.
Évidemment, la Ville de Québec ne fait pas exception à cette préoccupation. Une nécessaire sensibilisation et prise d’action de la part de la population et des instances gouvernementales en matière d’écologie et de santé publique s’imposent. C’est pourquoi « la présence d’un incinérateur à déchets municipaux aux abords d’un quartier résidentiel fait l’objet d’une lutte qui dure depuis [plus de] 30 ans » (Cook, 2006 : 1).
Des enjeux et des acteurs
Depuis l’annonce de l’érection de l’incinérateur à Limoilou en 1974, les enjeux furent liés, à priori, à la dimension territoriale qui se décline en termes d’aménagement, de cohabitation, d’implantation et de localisation. De fait, le conflit « concerne la localisation spécifique d’un équipement, que celui-ci soit considéré comme une nuisance (p. ex. un incinérateur) ou comme un agrément (p. ex. un parc) » (Trudelle, 2003, cité dans Cadoret, 2011 : En ligne, 4e par.). Plus encore, les enjeux peuvent profiter à certains acteurs économiques, et ce, au dépit des acteurs citoyens qui ont alors amorcé cette lutte « portant sur les nuisances potentielles d’un aménagement et des conflits d’environnement portant sur les nuisances réelles d’un aménagement ou d’une activité en fonctionnement » (Cadoret, 2011 : En ligne, 5e par.). Ainsi, au regard de la figure 2, nous pouvons déduire que ces enjeux sont multiples : sociaux, environnementaux, économiques, de gouvernance, etc. C’est pourquoi nous tenterons de circonscrire, dans les prochaines lignes, certaines de ses dimensions.
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Figure 2. CMM — Communauté métropolitaine de Montréal. 2010. « Étude sur les facteurs pouvant influencer l’acceptabilité sociale des équipements de traitement des matières résiduelles ». Repéré à : http://cmm.qc.ca/fileadmin/user_upload/documents/gmr_accesSocial_rapport.pdf
Enjeux entourant la qualité de vie des citoyens et citoyennes : l’injustice atmosphérique
Tel que le stipule le Mémoire présenté par le Comité de citoyens et de citoyennes pour la fermeture de l’incinérateur, AmiEs de la Terre de Québec : « Depuis 1974, ce dinosaure empoisonne le quotidien des citoyens des quartiers de Limoilou et Maizerets, au cœur desquels il se situe » (Comité de citoyens et de citoyennes, 2004 : 6). Ainsi, malgré les nombreuses réfections, le bruit demeure un élément de nuisance à la qualité de vie des Limoiloulois(e)s, comme la présence de la fumée « qui plane sur la tête des résidents 24 heures par jour, en plus d’assombrir le paysage et l’odeur âpre et chimique émanant du procédé d’incinération ainsi qu’une fine poussière à travers les quartiers avoisinants » (2004 : 6). Le Comité de citoyens et citoyennes parle d’ailleurs de ces trois facteurs en termes d’éléments qui « ont été la cause de nombreuses plaintes depuis les 30 dernières années. Ce comité a d’ailleurs grandement contribué au succès de la pétition lancée par notre Comité, qui a amassé plus de 1 300 signatures à ce jour » (2004 : 5).
De plus, selon André Bélisle, président de l’Association québécoise de la lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), « les quartiers pauvres de la Basse-Ville de Québec subissent une injustice atmosphérique, compte tenu du taux de concentration de polluants dans l’air et de la fréquence des journées de pollution » (Garon-Carrier et Lévesque : En ligne, 1er par.).
Ironiquement, la situation géographique dont faisait état Jacques-Cartier « sur une hauteur où les arbres sont rares en raison du vent » (Panoramade, 2017 : En ligne, 2e par.), concernant Limoilou, est au cœur de l’enjeu actuel : « Le fait est que la Haute-Ville est balayée par les vents, puisqu’elle est située sur les hauteurs comparativement à la Basse-Ville où les polluants stagnent au pied du cap et envahissent les quartiers Saint-Roch, Saint-Sauveur, Limoilou, etc., pouvant même se rendre jusqu’à la base des montagnes à Charlesbourg » (Lévesque et Garon-Carrier, 2016 : En ligne, 1).
Enjeux écologiques
L’incinérateur de la Ville de Québec est une source d’émission de contaminants atmosphériques qui suscite l’intérêt et le questionnement de la part d’une pluralité d’acteurs, notamment « la population des quartiers avoisinants et la Direction régionale de santé publique de la Capitale-Nationale » (MDDELCC, 2015 : 1), et ce, sans compter les écologistes. L’enjeu est plus complexe qu’il n’y paraît, car celui-ci en est un lié à la gestion des déchets que nous produisons : « Envoyer les déchets aux sites d’enfouissement n’est certainement pas la solution gagnante. Et nous avons de meilleurs choix que les sites d’enfouissement et l’incinération » (Suzuki, 2013 : En ligne, 3e par.). Il faut ainsi commencer par une sensibilisation citoyenne afin d’inciter des actions en faveur de la réduction des déchets à la source. À l’avis de l’écologiste David Suzuki, « nous pouvons réduire les sources de déchets les plus évidentes et détourner les déchets compostables, recyclables et réutilisables des dépotoirs. Bref, compte tenu de ces solutions, l’incinération est un réel gaspillage » (Suzuki, 2013 : En ligne, 1er par.). De fait, l’enjeu s’avère également être celui d’une responsabilité citoyenne et il incombe à tout un chacun d’être acteur de l’atténuation des nuisances polluantes.
Enjeux de santé publique
Les enjeux sont également de l’ordre de la santé publique, car les matières incinérées telles que les ordures ménagères, boues de traitement des eaux, etc., provoquent « des rejets (de dioxines et de furannes) toxiques cancérigènes et non biodégradables (Radio-Canada. 2017 : En ligne, 2e par.). Aussi, l’incinération « produit une masse importante de cendres toxiques qui doivent être traitées » (2017 : En ligne, 2e par.).
De plus, même si l’incinérateur de la Ville de Québec a fait l’objet, depuis sa mise en activité, de plusieurs modernisations, « il représentait encore en 2006, la troisième source d’émission de dioxines et de furannes en Amérique du Nord » (2017 : En ligne, 2e par.). C’est pourquoi, encore aujourd’hui, la qualité de l’air de Limoilou n’a de cesse d’inquiéter la population.
Enjeux de responsabilité sociale des entreprises et de l’appareil gouvernemental
Il va sans dire que les questions environnementales représentent aujourd’hui un enjeu stratégique pour les entreprises (voire pour les instances gouvernementales). « Longtemps subordonnée aux besoins de l’activité économique et considérée comme un ensemble de ressources illimitées, la qualité de l’environnement apparaît aujourd’hui comme une préoccupation collective qui doit être intégrée aux activités productives » (Boiral, 2005 : En ligne, 1er par.). À cet effet, le titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’internalisation du développement durable et la responsabilisation des organisations, Olivier Boiral, évoque dans ses recherches l’enjeu émanant de la conciliation entre l’environnement, la compétitivité et la quête de l’éco-efficience où « Les pressions réglementaires et sociétales pour le respect des écosystèmes imposent des contraintes auxquelles les entreprises ne peuvent se soustraire sans compromettre la légitimité de leurs activités » (2005 : En ligne, 1er par.). À ce titre, la figure 3 illustre les diverses contraintes, à savoir la « contingence des relations entre environnement et productivité » avec lesquelles les entreprises et les administrations municipales doivent composer.
Cependant, les annonces médiatiques et autres promesses électorales de réfection en faveur d’installations « moins » polluantes peuvent s’avérer un moyen pour les acteurs d’influencer l’opinion publique et d’établir leur légitimité (ou non), ces derniers se situant aux frontières internes de chacune des sphères du triangle de Boulding (sociale, politique et économique). Pour attirer l’attention, ces acteurs se mobilisent pour faire avancer leur cause : d’ailleurs, certains « créent l’événement » au profit d’une capitalisation médiatique ou encore pour s’inscrire dans les priorités politiques. En ce sens, les médias sont des « courroies de transmission » d’un savoir ayant trait à cet enjeu public, les médias relayant aux différents publics les positions des parties prenantes. De plus, ce savoir « qui est tissé » avec la contribution des médias et la « participation » des publics se révèle être, selon Edgar Morin, une connaissance qui « doit aussi chercher à se construire par référence au contexte, et donc mobiliser ce que le connaissant sait du monde » (1996 : 1).
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Figure 3. Boiral, Olivier. 2005. « Contingence des relations entre environnement et productivité ». Repéré à : https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2005-5-page-163.htm?1=1&DocId=366641&hits=10371+10175+9622+9188+9005+5023+4974+4950+4914+
Enjeux économiques
Le coût de gestion de ces déchets nécessite des investissements mirobolants et croissants tant de la part des secteurs publics et privés : « Au Canada, il en coûte annuellement plus de 1,5 milliard de dollars pour éliminer les déchets et environ 355 millions au Québec » (Gendreau, 2011 : 6). Entre 1989 et 1993, les municipalités du Québec ont dû accroître leurs budgets de 76 % pour la collecte, le transport, le tri et l’élimination des sept millions de tonnes de déchets générés annuellement (2011 : 6). De plus, ces coûts s’additionnent à des frais de fonctionnement, de réfection et d’amélioration en matière d’efficacité et d’émissions polluantes. De fait, et au fil des années, plusieurs millions de dollars ont été engouffrés. Tout récemment encore, en mars 2017, le quotidien Le Soleil titrait : « La Ville de Québec investira 5,9 millions $ pour mieux contrôler les émissions nocives qui sortent des cheminées ».
Qui plus est, il en aura coûté plus de 1 million de dollars à la Ville de Québec pour retirer la gestion de l’exploitation de l’incinérateur, laquelle a dû payer l’indemnité prévue au contrat d’une durée initiale de 16 ans à la compagnie privée TIRU. Selon le site officiel de l’entreprise, TIRU est « spécialiste de la valorisation des déchets depuis 1922 ». Sur ce même portail, on nous informe que TIRU « conçoit, construit et exploite des unités de traitement thermique, biologique et matière en France, en Grande-Bretagne et au Canada » (2017 : En ligne, 1er par.). On apprend, sous la rubrique « Notre histoire », que l’entreprise est devenue exploitante de l’usine de Québec en 1994. Aussi, il convient de souligner que TIRU est une filiale du Groupe EDF pour qui « les déchets sont une véritable source d’énergie! ». Vraisemblablement, et à la lecture du rapport financier du groupe EDF pour l’année 2017 (dont les revenus s’élèvent à 49,7 milliards d’euros), la source d’énergie semble être une inépuisable source de revenus…
Ces états de fait nous ramènent à la théorie entourant le contexte d’analyse d’un discours, lequel chez Foucault s’apparente à une fouille archéologique. En effet, il faut creuser en profondeur pour comprendre son origine et saisir ses réelles intentions. De cette façon, les discours des parties ne représentent que la pointe de l’iceberg des pensées de l’acteur qui les porte. Le philosophe allègue ainsi « qu’au-delà de tout commencement apparent, il y a toujours une origine secrète […] tout discours manifeste reposerait secrètement sur un déjà-dit […]. Le discours manifeste ne serait en fin de compte que la présence répressive de ce qu’il ne dit pas; et ce non-dit serait un creux qui mine de l’intérieur tout ce qui se dit » (Foucault, 1969 : 36).
De fait, il va sans dire que le discours politique s’épargne souvent d’informer le public des faramineux coûts sociaux et de santé publique occasionnés par les émissions polluantes et sur les risques associés à l’exposition permanente : « L’apparition des symptômes dont l’origine est une exposition chronique apparaissent de nombreuses années après la pénétration d’une ou de plusieurs substances toxiques dans l’organisme » (Parent, 1990; Domart et Bourneuf, 1981). Paradoxalement, dans son document « Québec, une capitale exemplaire pour le 21e siècle », la Ville de Québec se targuait de vouloir devenir une ville exemplaire en matière d’environnement… (Le Comité de citoyens et de citoyennes et AmiEs de la Terre, 2004 : 1).
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Figure 4. Cook, Mathieu. 2006. « Les enjeux de la lutte ». Repéré à : https://crises.uqam.ca/upload/files/publications/mouvements-sociaux/CRISES_MS0604.pdf
Ce tableau synthèse nous permet de voir émerger les intentions cachées derrière le discours des parties prenantes. Selon Foucault, les relations entre pouvoir et savoir constituent la pierre angulaire du discours. Le pouvoir peut être la source du savoir, et inversement, le savoir peut être la source du pouvoir. Conséquemment, les individus et les organisations construisent leurs discours autour de stratégies ayant pour but de confirmer, circonvenir ou contester une relation pouvoir/savoir existante. Ainsi, pour Foucault, le discours est le véhicule du message et les stratégies du discours portent l’intention du message. De cette manière, les porteurs des discours influencent leur auditoire. L’auditoire est ainsi constitué de sympathisants au discours militant ou encore d’acteurs politiques et économiques en faveur du sacro-saint développement dit de « modernisation » avec, bien sûr, « un accent d’Amérique », et ce, malgré « les rejets polluants en Amérique du Nord, qu’ils soient émis dans l’air, dans l’eau, dans les lieux d’enfouissement, les usines de recyclage ou les centres de stockage de déchets. L’étude conclut que ces rejets ont augmenté de 14 % en six ans — de 2005 à 2010 » (Weber, 2014 : En ligne, 5e par.).
Les principales parties prenantes participantes et concernées par le projet
Comme le sous-tendent les points abordés précédemment, plusieurs acteurs sont affectés ou concernés par ces enjeux. Qu’il s’agisse des citoyen(ne)s, des représentant(e)s de diverses instances politiques ou encore les partisans militants et autres coalitions. Qu’on pense notamment aux regroupements tels que le Rassemblement populaire de Québec, le Front commun québécois pour une gestion écologique des déchets, le Mouvement d’action populaire de Limoilou, le Mouvement Environnement Limoilou, le Comité des citoyennes et citoyens de Limoilou, les AmiEs de la terre ou encore à l’administration de la Ville de Québec, le ministère de l’Environnement du Québec, le Parti libéral du Québec, le Parti québécois, sans oublier la sphère privée dont l’entreprise Tribu qui a longuement agi à titre de gestionnaire du bâtiment de l’incinérateur. Cela dit, et du côté citoyen, nous pouvons identifier des mouvements plus particulièrement actifs au cours de l’histoire de cette lutte. Nommons, entre autres, Le Comité de citoyens et de citoyennes pour la fermeture de l’incinérateur et les AmiEs de la Terre de Québec composée de Nicole Blouin, Robin Couture, Joëlle Gauvin-Racine, Véronique Laflamme et Jacques Lortie. Sans oublier, Le Comité de vigilance de l’incinérateur de la Ville de Québec, lequel est composé de « résidents du secteur, de représentants des groupes environnementaux et socioéconomiques ainsi que de représentants du milieu municipal. Il propose des recommandations sur les améliorations apportées aux équipements de l’incinérateur et sur les mesures pour atténuer les impacts. Son objectif est que la cohabitation avec les citoyens se réalise dans le respect des normes environnementales » (Comité de vigilance de l’incinérateur de la Ville de Québec, 2017 : En ligne, 1er par.).
Quant à ce qui est affecté pour ces différentes associations comme pour les comités mobilisés, les inquiétudes sont nombreuses et concernent notamment « les impacts des émanations de l’incinérateur sur la santé et l’environnement [puisqu’ils sont] convaincus que leur ville pouvait mieux gérer ses déchets, les résidantes et résidants de Limoilou se sont mobilisés de façon importante dans les consultations qui ont mené à l’adoption du Plan de matières résiduelles (PGMR) de 2005 » (Laflamme et Desgagnés, 2017 : En ligne, 1er par.).
Du côté de l’autorité municipale de la Ville de Québec, ce qui est affecté concerne non seulement la mise en place d’une nouvelle politique en matière de gestion des déchets, mais relève plus encore d’un aspect économique considérable. « Au terme du processus, et malgré les mises en garde du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement, de la Direction de la santé publique et d’écologistes, la CMQ a choisi de maintenir l’incinérateur à sa pleine capacité et d’investir d’importantes sommes dans sa rénovation » (2017, En ligne : 1er par.).
Les avantages et les risques associés au projet selon les acteurs principaux
Les avantages
L’argument le plus souvent énoncé par l’administration de la Ville de Québec pour le maintien de l’installation de l’incinérateur relève d’intérêts manifestement économiques, et ce, puisque la vapeur produite par l’incinérateur est vendue à la papetière White Birch. De cette façon, ce n’est pas en vain que la Ville de Québec a retiré, en 2015, la gestion et l’exploitation de l’incinérateur à l’entreprise privée et qu’elle a dû verser, en contrepartie, à la compagnie TIRU une pénalité de 1 million $. De fait, en reprenant la gestion de l’incinérateur, « la Ville est convaincue que le jeu en vaut la chandelle et qu’elle pourra “maximiser les revenus qu’elle pourra tirer de la vente de vapeur ou de toutes autres activités à être développées” » (Lecavalier, 2015 : En ligne, 1er par.).
Le risque qu’encourt l’administration de la Ville de Québec est celui d’une veille accrue des communautés mobilisées (Comité de vigilance), en plus du fort risque de dépassement de coûts en lien avec la maintenance et la réfection de l’incinérateur vieux de plus de 40 ans. Aussi, il incombe à la Ville de se doter de moyens effectifs pour la gestion des déchets, alors que les combustibles sont coûteux et polluants.
Du côté des communautés mobilisées, et à l’avis des militants, le seul gain « se fera dans la perspective d’une fermeture complète [de l’incinérateur] en 2024 » (Laflamme et Desgagnés, 2017 : En ligne, 1er par.). Aussi, mentionnons que la Ville s’est engagée à « utiliser les 20 années suivantes pour changer de perspective, investir dans la sensibilisation pour augmenter et faciliter la pratique de la réduction à la source, de la réutilisation, du recyclage et du compostage » (Laflamme, 2012 : En ligne, 5e par.).
Les risques
Les risques associés relèvent également de l’épuisement de l’ardeur militante, lequel au bout de plus de 30 années de lutte pourrait concourir à une baisse de la vigilance requise par ce dossier. De plus, le maintien des activités de l’incinérateur n’est pas sans affecter la qualité du dialogue : « À l’insu et au mépris de la population, l’administration actuelle de la Ville de Québec a décidé de prolonger la durée de vie utile de l’incinérateur au-delà de 2024. Nous croyons que la stratégie « Zéro Déchet » serait plus avantageuse, tant sur le plan de la création de la richesse, de la création d’emplois que pour la santé de la population. Pouvons-nous tenir un vrai débat public sur le sujet d’ici la fin de la campagne électorale municipale? » (Réseau Forum, 2017 : En ligne, 2e par.).
De plus, la temporalité du débat est un enjeu d’importance, lequel touche également la confiance du public : « Puisque le sens des actions se développe à partir de l’espace et du temps de rencontre avec ces publics, il est primordial de savoir gérer ces deux paramètres » (Dagenais, 2006 : En ligne, 20e par.).
En 2024, le débat soufflera ses 50 bougies de lutte. Le risque en est ainsi un « de la définition de l’urgence et de l’importance reste entier. En fait, qu’est-ce qu’une priorité? Est-ce la somme raisonnée du poids d’une action en termes d’urgence ou d’importance? » (Dagenais, 2006 : En ligne, 31e par.). La notion de risque tiendrait ainsi en son joug le poids de l’urgence et de l’importance d’un débat qui soit décisionnel et porteur de sens au regard de l’action citoyenne. À ce propos, le chercheur Philibert avance « qu’une priorité, c’est une urgence que chacun se fixe. Et une urgence, c’est la priorité d’un autre qui nous est imposé (2006 : En ligne, 31e par.) ». Ainsi, la gestion des priorités incomberait aux citoyen(ne)s engagés alors que l’urgence économique et fonctionnelle se situerait plutôt du côté politique. De telle façon qu’une dichotomie d’intérêts est bel et bien présente entre les parties prenantes et ne converge aucunement vers un consensus quant aux devenirs communs et aux valeurs défendues. La gestion de l’incinérateur en fait foi, alors que les multiples modernisations sont expliquées par l’« urgence » de se doter d’une technologie émergente « pour laquelle « la population » n’est jamais parvenue à reconnaître le bienfondé étant donné les nuisances observées et la qualité des produits obtenus. L’incinérateur suscite toujours des inquiétudes. En effet, le public constate qu’aucune amélioration significative ne résulte des efforts politiques consentis pour réduire les nuisances. Une méfiance s’est édifiée sur la base des mauvaises expériences du passé » (Transfert environnement, 2010 : 41).
Aussi, et au cœur de ce débat, les questions de territorialité et de nuisances à la cohabitation harmonieuse reviennent encore et toujours sur la sellette. De fait, au cours des dernières décennies, les installations d’incinération sont érigées au sein des espaces urbains afin de produire un capital énergétique monnayable : « On croirait qu’il s’agit d’une formule gagnante : on élimine nos ordures et on se dote d’une nouvelle source d’énergie ayant recours à un combustible quasiment gratuit. Mais en réalité, cette formule pose des problèmes. L’enjeu est complexe » (Suzuki, 2013 : En ligne, 1er par.). Ce capital monnayable accuse de lourdes pertes en termes de considération réelle quant au sacro-saint « bien de la population » allégué à tout vent par nos politiciens : « La Direction de santé publique travaille à promouvoir la santé et le bien-être de la population, à prévenir les problèmes de santé et les problèmes sociaux, à protéger la santé et la population et à réduire les inégalités sociales de santé » (CIUSSS, 2017 : En ligne, 1er par.). Reste à savoir alors ce qu’englobe le terme « population » pour nos politiciens : qui est-elle?, que représente-t-elle? N’est-ce qu’un concept où le citoyen est « sans voix » et au nom duquel les élus parlent à titre ventriloque? L’appel à un « véritable débat » citoyen apparaît donc on ne peut plus légitime, et il devrait conséquemment inclure les publics concernés, soient des entités humaines bien réelles et non conceptuelles, sous risque d’amoindrir voire d’annihiler la qualité et la richesse de l’exercice du débat comme celui de la consultation publique.
L’expression du débat : la vigilance et les compétences citoyennes
Dès la mise en marche de l’incinérateur, en 1974, les voix citoyennes n’ont pas tardé à se faire entendre. Comme nous l’avons évoqué précédemment, plusieurs groupes de mobilisation se sont manifestés quant à la localisation et aux nuisances qui furent, à ce moment, jugées potentielles, lesquelles qui se sont avérées avec les années. Plus de 30 ans plus tard, ces voix sont toujours vives. De fait, les inquiétudes des citoyen(ne)s de Limoilou ne s’estompent pas. La mise sur pied du Comité de vigilance, formé en décembre 2004, constitue en quelque sorte le point culminant de toutes ses mobilisations citoyennes : « Ce Comité souhaite que l’incinérateur soit le moins nuisible possible et que sa cohabitation avec les citoyens de la Ville se réalise sans grand problème. Plus spécifiquement, le Comité propose des recommandations sur les améliorations apportées aux équipements de l’incinérateur et sur les mesures pour atténuer les impacts négatifs. De plus, il vérifie si les normes et les exigences environnementales sont respectées. Finalement, le Comité informe la population en lui transmettant tous les renseignements pertinents sur la gestion de l’incinérateur » (Comité de vigilance de l’incinérateur de la Ville de Québec, 2017 : En ligne, 1er par.).
Ainsi, le Comité de vigilance permet la création d’un forum où l’échange des points de vue se fait entre les exploitants de l’incinérateur et les citoyens. L’engagement entêté des citoyen(ne)s dans leur réalité vécue et leur connaissance du problème aura certainement contribué à la formulation de propositions de gestions alternatives et forcé les autorités municipales et provinciales à entendre les voix citoyennes, nommément celles des principales « porteuses » du dossier que furent Nicole Blouin (première et deuxième phase) et Valérie Laflamme (3e et actuelle phase). Tant et tellement que ces femmes ont développé des compétences citoyennes hors du commun au point où l’actuelle porteuse de ce dossier fut qualifiée de véritable Erin Brockovich de Limoilou par le journal Le Devoir : « L’histoire de Véronique Lalande est digne d’un scénario de film. Avec des moyens modestes, cette simple citoyenne a mis en lumière un grave problème de pollution dans son quartier. Elle a ébranlé la Ville de Québec, le ministère du Développement durable, la Direction de la santé publique » (Porter, 2013 : En ligne, 1er par.).
Cependant, et en ce qui concerne la militante chevronnée des premières heures Nicole Blouin : « Elle se dit lasse de constater année après année que les rejets toxiques des grandes cheminées de l’incinérateur dépassent les normes, lasse d’observer le va-et-vient des camions polluants remplis de matières souvent recyclables venus y déverser leur contenu. Elle a donc écrit à la présidente du Comité, la conseillère municipale Suzanne Verreault, pour lui expliquer sa démission. « Un incinérateur, c’est polluant. Il faut mettre un terme à l’incinération des matières, balance-t-elle au bout du fil. Je vis près de l’incinérateur. Malgré toutes les interventions que j’ai faites, ça nous pollue. […] Comme citoyenne, c’est ma ville qui me pollue » » (Ricard-Châtelain, Baptiste, 2017, 4e par.).
Par ailleurs, et malgré la lassitude ressentie de la part de cette citoyenne septuagénaire, celle-ci souligne néanmoins qu’il faut impérativement : « militer plus fermement. Et pas seulement pour les citoyens de Lairet, du Vieux-Limoilou et de Maizerets : cette pollution n’a pas de barrière. Ça va au-delà de notre quartier » (Ricard-Châtelain, 2017 : En ligne, 4e par.).
Ainsi, il importe de souligner que ce travail citoyen de longue haleine fut tout de même concluant « du point de vue de la détermination des intérêts communs, à la décision publique comme à la détermination de la loi » (Dewey, 2010 : 318). De fait, la persistance de cette préoccupation aura d’ailleurs aidé au resserrement de la réglementation (Règlement R.V.Q. 1583 Règlement sur la gestion des matières résiduelles de la Ville de Québec), et ce, à la « suite du dépôt et aux consultations entourant le projet de Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) de la CMQ Rive-Nord » (Le Comité de citoyens et de citoyennes pour la fermeture de l’incinérateur, Les AmiEs de la Terre de Québec, 2004).
Le dialogue, le processus positif et le partage des bénéfices
Dès lors, et malgré une multitude d’obstacles et de résistances à l’écoute des voix citoyennes, lesquelles s’élèvent désormais depuis plusieurs décennies : « et même si, l’administration actuelle de la Ville de Québec a décidé de prolonger la durée de vie utile de l’incinérateur au-delà de 2024 » (Réseau Forum, 2017 : En ligne, 2e par.), il apparaît que plusieurs bénéfices sont bel et bien tangibles : « La Ville a décidé d’aller de l’avant au terme d’une analyse comparative dans le but de s’assurer que les méthodes d’exploitation de ces équipements rencontrent les meilleures pratiques et standards de l’industrie sur les plans technique, financier, et de la gestion de ressources humaines» » (Lecavalier, 2015 : En ligne, 4e par.).
De fait, le martèlement du message du Comité de vigilance visant une stratégie « Zéro Déchet, tant sur le plan de la création de la richesse, de la création d’emplois et pour la santé de la population » (Réseau Forum, 2017 : En ligne, 1er par.) semble enfin, et finalement, avoir un écho probant auprès des élu(e)s, et ce, malgré la lenteur administrative à réagir. Par ailleurs, le report incessant de la fermeture de l’incinérateur (sans doute tributaire de l’appât du gain économique) s’établit en dépit de la santé publique et d’une mise en application effective des annonces et des multiples promesses qui semblent bien loin de faire partie des « véritables » intentions politiques.
Cela dit, cette longue lutte aura certes contribué à la sensibilisation du public concernant l’incinérateur : le public n’est plus dupe. Ce dernier est certainement plus avisé et compétent qu’il ne le fut lors de la première phase de mobilisation. À preuve, « la persistance de doutes sur la technologie de l’incinération des déchets nuit assurément à la considération de bénéfices tangibles, et ce, pour une bonne partie de la population sensibilisée » (Transfert environnement, 2010 : 41).
Cette pression de la part des groupes mobilisés contre l’incinérateur et de son Comité de vigilance aura sans conteste contribué à l’obligation de considérer le problème de la part de la Ville de Québec qui « reconnaît la problématique et a réservé de l’argent pour mener une campagne de sensibilisation auprès des industries qui produisent beaucoup de mercure, mais aussi auprès des citoyens, afin qu’ils arrêtent de jeter leurs piles et leurs ampoules fluocompactes à la poubelle. Ce type de résidus domestiques dangereux fait monter le taux de mercure dans l’air autour de l’incinérateur, situé à Limoilou (Cloutier, 2017 : En ligne, 8e par.).
Certes, le citoyen doit participer et s’engager dans une solution collective qui soit effective, mais il est tout de même intéressant de constater que la stratégie argumentaire de l’administration municipale relève en quelque sorte de la recherche d’un coupable, d’un rejet « de la faute » sur le citoyen, et ce, alors que ce dernier respire depuis des décennies, tous les matins, l’air vicié attribuable à des choix politiques dont il est le plus souvent tenu à l’écart. À ce titre, et comme le suggère une étude sur les facteurs pouvant influencer l’acceptabilité sociale des équipements de traitement des matières résiduelles, plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’échec ou à la réussite en termes d’acceptabilité sociale.
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Figure 5. Transfert environnement. 2010. « Tableau synthétique : Facteurs d’acceptabilité sociale ». Repéré à : http://cmm.qc.ca/fileadmin/user_upload/documents/gmr_accesSocial_rapport.pdf
Conclusion
Les diverses et insistantes mobilisations citoyennes au fil de cette longue lutte représentent un espoir certain quant à la nécessité de l’engagement citoyen et cette lutte s’avère un bel exemple de restitution « au public [de son] pouvoir et ses compétences dont le prive la complexification de l’exercice du pouvoir. Il vise à restaurer la démocratie à la source : la compétence de chaque citoyen » (Dewey, 2010). Ainsi, et comme nous pouvons le constater, « L’implantation d’un projet public d’envergure est de plus en plus tributaire de son acceptabilité sociale [mais encore faut-il] concevoir un projet profilé en fonction des préoccupations et des attentes de la collectivité d’accueil » (Transfert environnement, 2010 : 133). Par ailleurs, les modalités du processus décisionnel peuvent faire l’objet d’une consultation davantage participative et inclusive aux bénéfices d’un devenir commun et de valeurs partagés, et ce, afin de toucher au plus près à cet idéal du « vivre ensemble ». Pour ce faire, il faut déployer tous les moyens possibles « pour associer la communauté à ses retombées [lesquelles] sont également directement reliées à son acceptabilité sociale » (Transfert environnement, 2010 : 133). Certes, la compréhension des enjeux et l’identification des acteurs permettent de contextualiser, au mieux, le discours et constituent des repères cruciaux pour favoriser l’inclusion et l’harmonisation sociale des communautés.
En ce sens, la concertation s’avère l’opportunité d’entendre une diversité de voix et de comprendre les différents regards posés sur une problématique, et ce, aux bénéfices d’un dialogue constructif. À ce propos, Dewey fait une intéressante proposition en faveur d’« une expansion et le renforcement mêmes du jugement personnel par le biais de la recherche intellectuelle transmise et cumulative de communauté » (Dewey, 2010). Aussi, le psychologue et philosophe avance « que voir est le fait d’un spectateur et entendre le fait d’un participant ». Puissions-nous entendre et s’entendre, et ce, malgré les vents discordants et contraires, afin que les intelligences locales puissent faire de nous des citoyens formés et informés « au sein de cette immense intelligence » sociale au bénéfice du bien commun et du vivre ensemble.
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