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5 Le Carré Saint-Laurent

David Audet

Contexte

Le 1er mai 2006, la Ville de Montréal mandate la Société de développement Angus (SDA) afin qu’elle formule une stratégie de revitalisation du boulevard Saint-Laurent, en cohérence avec le projet particulier d’urbanisme du Quartier des spectacles. Cela dit, depuis plus de dix ans, la SDA se propose de construire un immeuble commercial sur un emplacement situé à proximité́ du Monument-National, bordé par le boulevard Saint-Laurent et les rues Sainte-Catherine et Clark. Ce site est toutefois dans l’aire de protection du Monument-National qui est un édifice classé comme monument historique par le gouvernement du Québec. Comme le rapporte l’Office de consultation publique de Montréal (OCPM) dans son rapport publié en 2009, le projet soulevait une gamme de réactions variées allant de l’accueil favorable inconditionnel au rejet pur et simple. Toutefois, selon l’OCPM, ce sont les appuis conditionnels et nuancés qui prédominaient en 2009 durant les séances publiques sur les projets de règlements relatifs au projet en question. Les principaux enjeux soulevés par le projet sont la recevabilité du projet de réhabilitation du secteur, les usages proposés et la mixité des activités sur le site, la protection du patrimoine et le concept architectural.

Concepts et notions

Acceptabilité sociale

Selon Caron-Malenfant et Conraud, « l’acceptabilité sociale est le résultat d’un processus par lequel les parties concernées construisent ensemble les conditions minimales à mettre en place pour qu’un projet, programme ou politique s’intègre harmonieusement, à un moment donné, dans son milieu naturel et humain » (Caron-Malenfant et Conraud, 2009). Dans cette définition, l’acceptabilité sociale est perçue comme une finalité, orientée sur la délibération et l’échange. De plus, l’acceptabilité sociale est ici définie par tous les acteurs et actrices qui sont en quête de compromis et de conditions minimales d’entente. Bien qu’il existe plusieurs autres définitions d’acceptabilité sociale, c’est la définition de Caron-Malenfant et Conraud qui est retenue pour le mandat votepour.ca.

Selon un rapport de l’Institut du Nouveau Monde (INM), « les perceptions sont aussi importantes que les faits dans l’établissement de l’acceptabilité́ sociale d’un projet ». Ainsi, nous pouvons mieux saisir le rôle de la légitimité des acteurs dans le processus de consultation. Cela dit, il est important de garder en tête qu’a priori, la notion d’acceptabilité sociale n’est pas synonyme d’unanimité ni de consensus.

En somme, la pluralité des définitions et la complexité de la notion participent aux écarts de compréhension du terme parmi les promoteurs du projet, les gouvernements et les parties prenantes.

Participation citoyenne et démocratie

L’acceptabilité sociale recherchée par les promoteurs est intrinsèquement reliée aux revendications des citoyens et citoyennes qui souhaitent un modèle démocratique plus participatif afin de prendre part au processus décisionnel d’un projet. Cela dit, la participation est ici comprise au sens large et elle peut se définir comme suit : « toute activité par laquelle un citoyen ou une citoyenne contribue à la définition et à la concrétisation de ce qui représente l’intérêt public et le bien commun dans une société » (Venne, 2011). Suivant la vision de Venne, l’Institut du Nouveau Monde montre que la participation citoyenne se déclinerait en trois types de participation, soit la participation politique (l’acte d’aller voter ou de s’engager au sein de partis politiques); la participation sociale (le fait d’être actif au sein de groupes communautaires ou lors d’actions collectives); et la participation publique (participation du citoyen au processus de décision) (INM, 2014). Dans le cadre de ce texte, nous nous intéressons plus particulièrement à la dernière forme de participation.

Objet de la consultation

L’Office de consultation publique souligne dans son rapport que le site du projet Quadrilatère est identifié au Plan d’urbanisme comme un secteur établi et de valeur patrimoniale exceptionnelle. Pour cette raison, le Plan d’urbanisme de la Ville de Montréal devait être modifié pour ajouter une nouvelle hauteur maximale de 48 mètres et un coefficient d’occupation du sol de 7,7. Il est à préciser que le projet de règlement prévoyait des dérogations au Règlement d’urbanisme de l’arrondissement Ville-Marie (01-282) en ce qui a trait, notamment, à l’implantation, la volumétrie, la densité, la conservation et la restauration des façades victoriennes. Le règlement comprenait aussi des dispositions sur les accès, les aires de stationnements et de chargement, l’aménagement, l’architecture et le design en plus de prévoir un délai pour le début des travaux de construction. Ce règlement n’était pas susceptible d’approbation référendaire.
Le tableau suivant résume les dérogations demandées au règlement d’urbanisme pour le projet du Quadrilatère Saint-Laurent.

Paramètres

Règlement d’urbanisme 01-282

Dérogations prévues par le projet de règlement

Densité (COS)

6 (art. 43)

7,7

Hauteur maximale

16 mètres/5 étages (art. 9)

48 mètres/12 étages

Maçonnerie

façade doit être revêtue de maçonnerie dans une proportion d’au moins 80 % de la surface (art. 91)

façade peut‐être revêtue dans une proportion moindre que 80 % de la surface

Ouvertures

superficie des ouvertures d’une façade ne doit pas excéder 40 % de la superficie de cette façade (art. 97)

superficie des ouvertures peut excéder 40 % de la superficie de cette façade

Stationnement

une unité de stationnement doit mesurer 2,75 m de largeur (art. 617)

une unité de stationnement peut mesurer 2,5 m de largeur.

Quai de stationnement

3 unités, dont 2 de grande dimension, pour une superficie de plancher supérieure à 40 000 m2, mais n’excédant pas 60 000 m2 (art. 583)

quai de chargement de petite dimension alors qu’il devrait être de grande dimension

Accès à une aire de chargement

(…) un véhicule doit pouvoir accéder à ces unités et rejoindre la voie publique en marche avant, sans qu’il soit nécessaire de déplacer un autre véhicule. (Art. 597)

absence d’aire de manœuvre pour permettre à un véhicule d’accéder au quai de chargement et de rejoindre la voie publique en marche avant

Le projet

Dans ce contexte que la SDA envisage la construction d’un immeuble commercial ayant les caractéristiques suivantes :

Le Quadrilatère Saint-Laurent sera érigé sur les lots situés entre le Monument-National et la rue Sainte-Catherine à l’ouest du boulevard Saint-Laurent et à l’est de la rue Clark. Le projet est d’implanter, sur ce terrain de 4 100 mètres carrés, un ensemble commercial qui consacrera près de 28 000 mètres carrés à des bureaux et quelque 4 000 mètres carrés à des commerces. L’ensemble disposera en sous-sol de 231 places de stationnement d’automobiles et de 200 places de stationnement pour vélos.

L’édifice sera composé d’un volume de trois étages, implanté à la limite de la propriété́, surmonté par un second volume implanté en retrait du premier. Dans sa partie la plus élevée, il ne dépassera pas les 48 mètres. Le projet commandera la démolition des immeubles existants, dont certaines façades d’intérêt patrimonial seront cependant retirées pour être plus tard intégrées au nouvel édifice.

En matière de développement durable, l’intention de la SDA est de se conformer aux critères LEED (OCPM, 2009a).

Le débat

L’Office de consultation publique de Montréal a été créé par l’article 75 de la Charte de la Ville de Montréal. Il réalise des mandats de consultation publique relatifs aux différentes compétences de la Ville, notamment sur les projets d’urbanisme et d’aménagement du territoire ou sur tout projet désigné par le conseil municipal ou le comité exécutif.

Lors de son mandat en 2009 portant sur le projet alors nommé Quadrilatère Saint-Laurent, l’OCPM a recensé plus de trois cents inscriptions de citoyen(ne)s et de représentant(e)s de différentes organisations lors des six séances de consultation qu’il a organisées. Dans son rapport, la commission indique que 29 mémoires ont été reçus, dont 17 ont fait l’objet d’une présentation orale. À cela s’ajoutaient trois présentations orales sans dépôt de mémoire. Les mémoires et les interventions proviennent d’organismes œuvrant dans des domaines aussi divers que le développement communautaire et économique, l’aménagement urbain et la protection du patrimoine, la culture et les arts (OCPM, 2015).

Le déroulement de la consultation s’est effectué en deux parties. La première partie a été consacrée à des séances d’information pendant lesquelles le projet était présenté et où les citoyen(ne)s et les groupes étaient invités à poser toutes leurs questions sur le projet et ses conséquences. La deuxième partie visait à entendre les opinions des citoyen(ne)s et des groupes, verbalement ou par écrit (OCPM, 2009b).

Les personnes et organismes intéressés à prendre connaissance des projets de règlements et de la documentation relative au projet étaient invitées à le faire au Bureau Accès Montréal de l’arrondissement Ville-Marie, à la Direction du greffe de la ville de Montréal et à l’Office de consultation publique de Montréal aux heures habituelles d’ouverture (OCPM, 2009b).

Les personnes et organismes intéressés à participer étaient conviés par l’OCPM à participer à une première assemblée d’information générale dans le cadre de la consultation publique. Cette première présentation générale (vision, projet proposé et règlements) avait lieu le 20 mai 2009 à 19 h dans la salle de bal du Holiday Inn Select Montréal Centre-ville. Une séance thématique sur l’impact social, l’offre commerciale et l’animation culturelle avait lieu le 21 mai à 19 h au même endroit, tandis que la soirée du 26 mai était réservée à la thématique du concept architectural, à l’insertion urbaine et patrimoniale du projet. Enfin, la partie de la consultation consacrée à l’audition des opinions des personnes qui désiraient s’exprimer sur le projet de la SDA débutait le 9 juin à 19 h, au même endroit (OCPM, 2009b).

La date limite pour inscrire un dépôt de mémoire était le 4 juin 2009.

Les citoyens et les parties prenantes au projet

Selon Arbour (2016), il est pertinent de présenter une comparaison des parties prenantes rencontrées en amont par le promoteur et les participants à chacune des consultations publiques menées par l’OCPM. Ce tableau inspiré de Arbour permet de bien illustrer le travail de collaboration qui avait été mené en amont par la SDA.

 Rencontrées en amont

Participants à l’OCPM

Société de développement Angus

Table de concertation du Faubourg Saint-Laurent

Culture Montréal

Propriétaire et locataires des lots visés par le rachat, dont le Montréal Pool Room, les Katacombes, le Café Cléopâtre

Héritage Montréal

TNM

Partenariat du quartier des Spectacles

CDU du Faubourg Saint-Laurent

Club Soda

Spectra

Quartier international de Montréal

Hydro-Québec

Complexe Desjardins

Place des Arts

Monument-National

Club soda

SAT

Métropolis

Équiterre

Citoyens

Artistes

Professeurs universitaires

Atelier Big City

VOX

CRÉ Montréal

RAPSIM

Les amis du boulevard Saint-Laurent

Tourisme Montréal

Habiter Ville-Marie

Collectif des entreprises d’insertion sociale du Québec

Cela montre que plusieurs des parties prenantes rencontrées par le promoteur avant la période de consultation de l’OCPM ne se sont pas manifestées lors des consultations menées par la commission de l’organisme public. De plus, il faut rappeler qu’à cette époque, le projet du Quartier des spectacles était en développement et que la rue Sainte-Catherine se trouvait en pleine effervescence, avec la planification et la réalisation de plusieurs projets de revitalisation et de redynamisation urbaines. Selon Arbour, le fait qu’il y avait « la volonté d’engager les parties prenantes en amont du projet démontre l’exemplarité du projet du promoteur, à l’écoute de la communauté d’accueil et sensibles au contexte sociohistorique dans lequel s’inscrit le projet » (Arbour, 2016). Toutefois, il ressort dans l’analyse du rapport de l’OCPM que le promoteur de la SDA n’a pu convaincre l’ensemble des parties prenantes de l’authenticité de sa démarche de consultation, comme le résume la prochaine partie.

Les attentes, les opinions et les préoccupations des citoyens

Cette partie propose une synthèse des interventions entendues ou lues devant les séances de consultation de l’OCPM.

Les réserves exprimées tournaient principalement autour de : la crainte d’une absence d’animation des rues le soir du fait de la vocation principale de l’édifice projeté; la crainte d’une stérilisation culturelle des lieux par la liquidation totale des foyers existants de culture plus populaire et de contre-culture; la crainte des impacts sur la convivialité́ du voisinage des effets éoliens négatifs et du manque d’ensoleillement généré par la volumétrie du projet dans sa forme actuelle; la crainte d’une affirmation insuffisante de la dimension patrimoniale, notamment de la prédominance du Monument-National dans la nouvelle configuration des lieux (OCPM, 2015).

Deux réserves se sont adressées directement à la ville de Montréal : la crainte d’une insuffisante prise en compte par la Ville du besoin d’une planification d’ensemble plus large que celle du PPU du Quartier des spectacles; la crainte de l’impact cumulatif du projet, et d’autres à venir, sur la dynamique foncière du quartier : la hausse des taxes et des loyers risquant de nuire autant aux lieux de spectacles existants qu’aux artistes créateurs en mal de logement (OCPM, 2015).

Les attentes touchaient autant le projet proprement dit que l’aménagement du quartier. En ce qui concerne l’édifice projeté, les attentes portaient sur : le maintien d’un nombre de commerces équivalant à ce qui existait avant le délabrement d’une partie de l’îlot; l’aménagement d’accès individuels sur rue pour ces commerces; le développement de la rue Clark et l’aménagement d’un passage entre cette dernière et le boulevard Saint-Laurent; l’accueil dans les nouveaux locaux des activités de plaisir existantes relevant de la contre-culture et des formes plus populaires de divertissement; une exploration plus approfondie du concept architectural pour permettre un projet moins en rupture avec le contexte urbain (OCPM, 2015).

En ce qui regarde l’aménagement du quartier, les attentes gravitaient principalement autour des notions de : maintien et de renforcement des activités commerciales et culturelles le long du boulevard Saint-Laurent et de la rue Sainte-Catherine; renforcement de la convivialité des liens permettant aux piétons de circuler entre le Quartier des spectacles et le Quartier latin (OCPM, 2015).

Ceux qui s’opposent à l’ensemble du projet visent soit son rejet complet, le considérant comme incongru ou pas à sa place, soit sa modification radicale pour permettre une insertion urbaine plus en harmonie avec l’histoire et le bâti des lieux (OCPM, 2015). Ceci étant dit, c’est John Zoumboulkakis, propriétaire du bar de danseuses le Café Cléopâtre, qui avait maintenu la position la plus ferme de son côté en affirmant que son établissement devrait être intégré dans le projet de la SDA en l’accusant de ne pas avoir été à l’écoute des demandes des commerçants des environs. Il nia par la suite dans les médias avoir reçu une offre de 2,5 millions pour son immeuble, comme l’avait affirmé le président de la SDA (Ballivy, 2009).

Facteurs secondaires et analyse

En plus des facteurs principaux comme le cadre réglementaire d’urbanisme et du désir de conservation du patrimoine bâti autant matériel qu’immatériel, des facteurs secondaires sont venus jouer un rôle dans le processus, du moins dans l’espace public, à la suite de la consultation tenue par l’OCPM. D’une part, le promoteur a affirmé « qu’il y avait une échéance, il fallait livrer le projet à Hydro-Québec pour septembre 2012 » en entretien avec Myriam Arbour. Le promoteur du projet avait même lancé un ultimatum à la Ville de Montréal comme quoi le projet devait recevoir l’approbation des élus avant les élections du 1er novembre 2009, faute de quoi la Main devra se passer du promoteur (Ballivy, 2009). Christian Yaccarini, président de la SDA, avait effectivement lancé un cri d’alarme au lendemain de la dernière consultation publique sur le réaménagement du Quadrilatère Saint-Laurent et du 2-22, rue Sainte-Catherine. « Le danger, c’est que ça dérape et que les élus disent : ce dossier est une patate chaude, alors on va attendre après les élections pour se prononcer. Mais si on attend après les élections, il n’y a plus de projet parce que les travaux ne pourront pas commencer dans les délais prévus », avait-il menacé, lors d’une conférence de presse. De plus, il a critiqué les consultations en affirmant que « ce n’était pas facile de mener des projets à Montréal. Les consultations arrivent en bout de piste, le processus est long et compliqué ». Le responsable du dossier à la Ville de Montréal, André Lavallée, a indiqué que certaines critiques soulevées dans ce dossier étaient « surprenantes », en insistant toutefois sur le fait que les consultations devaient suivre leur cours et que ce n’est qu’à la lueur des recommandations de l’Office que les élus pourraient se prononcer. Or, la SDA n’était pressée que par les demandes de la société Hydro-Québec, qui avait signée une lettre d’entente pour occuper le quadrilatère à partir de 2012, à la fin de son bail dans ses locaux du boulevard René-Lévesque (Ballivy, 2009).

Au final, Hydro-Québec ne sera pas le prochain locataire des bureaux de l’édifice coin Saint-Laurent et Sainte-Catherine. Hydro-Québec, sous le gouvernement péquiste, s’était engagée en 2013 à louer pendant 25 ans les 14 000 mètres carrés des futurs bureaux du Carré Saint-Laurent. Le gouvernement du Québec subissait alors avec cette entente une hausse de loyer de 45 %, avec le déménagement de ses fonctionnaires au Carré Saint-Laurent dès 2018. Jean-François Lisée qui était à l’époque ministre responsable de la région de Montréal assumait pleinement la décision de son gouvernement qui a choisi de revitaliser « un secteur inhospitalier » du Quartier des spectacles. Ce dernier exprimait alors haut et fort son admiration pour Yaccarini qu’il qualifiait d’entrepreneur social (Dubuc, 2013). Malgré tout, après des années de réflexion, de négociation ardue et de nombreuses rencontres avec les différentes parties impliquées, le projet du Carré Saint-Laurent est officiellement lancé.

Développement du projet

Après des années de controverses et de tergiversations, le gouvernement du Québec a finalement donné son aval au lancement du projet Carré Saint-Laurent quand la Société québécoise des infrastructures (SQI) a approuvé le 18 février 2016 les termes d’une nouvelle entente avec la SDA (Bergeron, 2016). Le projet est aujourd’hui évalué à 115 000 000 $ et devrait être fonctionnel à l’été 2019, selon la SDA. Il faut toutefois revenir à l’expression du concept initial du projet de la SDA pour voir comment le processus d’audiences publiques de l’OCPM a eu un effet positif sur l’acceptabilité sociale du projet. Effectivement, le concept initial prévoyait des modifications à la carte des hauteurs par l’ajout d’un nouveau secteur de hauteur de 60 m et à la carte des densités par la création d’un secteur de densité́ maximale de 9 dans le secteur visé. Il y a donc eu une souplesse dans le processus.

Conclusion

Globalement, l’analyse du processus de consultation du projet de revitalisation du Quadrilatère Saint-Laurent montre que le promoteur et les instances publiques souhaitaient consulter les citoyens et citoyennes, sans pour autant leur faire jouer un rôle décisionnel. Selon Libaert, la théorie sur les parties prenantes a pour effet d’exclure l’opinion publique de l’analyse managériale. En effet, seules des entités tangibles comme les regroupements de citoyens, les syndicats, les groupes communautaires, etc. sont prises en considération par le promoteur, évacuant toute considération quant au processus de formation de l’opinion publique (Libaert, 2010). Cela dit, dans une démarche de collaboration, l’ouverture réelle de la SDA est remise en question. D’une part, l’empressement du promoteur à se porter acquéreur des propriétés visées par le projet alors que les consultations de l’OCPM n’avaient pas encore eu lieu (Arbour, 2016). De plus, le rapport de l’OCPM mentionne que le projet manquait de finition et qu’il en était davantage à une phase d’idéation.

Toutefois, Arbour fait remarquer que les parties prenantes attribuaient à l’OCPM une légitimité cognitive et sociopolitique. L’organisme consultatif est donc reconnu comme un tiers indépendant nécessaire à la santé démocratique (Arbour, 2016). Dans tout le processus, Arbour remarque que ce sont les élus qui essuient le plus les critiques, la légitimité́ leur étant attribuée étant principalement négative. Elle explique que même si les espaces consultatifs institutionnalisés offrent l’opportunité d’une proximité accrue entre les citoyen(ne)s et les élu(e)s, ces derniers sont considérés comme absents du débat. Enfin, la bonne réputation du promoteur aura été un critère de satisfaction pour les protagonistes.

Bibliographie

Arbour, Myriam. 2016. « Le Point de Vue des Parties prenantes sur les Processus de Consultation dans Une Démarche d’acceptabilité Sociale de Projets Urbains : Exemples de Deux Cas Montréalais ». Mémoire accepté. http://www.archipel.uqam.ca/8851/.

Ballivy, Violaine. 2009. « Quadrilatère Saint-Laurent : le promoteur s’impatiente ». La Presse, 13 juin 2009. http://www.lapresse.ca/actualites/grand-montreal/200 906/13/01-875360-quadrilatere-saint-laurent-le-promoteur- simpatiente.php.

Bergeron, Maxime. 2016. « Feu vert au projet Carré Saint-Laurent ». La Presse, février. http://nouveau.eureka.cc/Link/ulaval1/news·20160226·LAA·4cdec0eea5c048265 6282034fae24da5.

Caron-Malenfant, Julie, et Thierry Conraud. 2009. Guide pratique de l’acceptabilité sociale : pistes de réflexion et d’action. Montréal: Éditions D.P.R.M. http://www.cubiq.ribg.gouv.qc.ca/in/faces/details.xhtml?id=p%3A%3Ausmarcdef _0000998093.

Dubuc, André. 2013. « Québec paiera 45 % plus cher pour loger 700 fonctionnaires ». La Presse, 20 décembre 2013. http://nouveau.eureka.cc/Link/ulaval1/news·20131220·LAA·009.

INM. 2014. « La participation citoyenne ». Institut du Nouveau Monde (blogue). 24 novembre 2014. http://inm.qc.ca/blog/la-participation-citoyenne/.
Libaert, Thierry. 2010. Communication et environnement, le pacte impossible. Presses universitaires de France.

OCPM. 2009a. « Dépliant sur la consultation publique sur les projets le 2-22 Sainte- Catherine et le Quadrilatère Saint-Laurent ». http://ocpm.qc.ca/sites/ocpm.qc.ca/files/pdf/P38/2b.pdf.

———. 2 009 b. « Avis public : Projets de règlements P-09-028 et P-04-047-82 ». http://ocpm.qc.ca/sites/ocpm.qc.ca/files/pdf/P38/2a.pdf.

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Venne, Michel. 2011. « Des citoyens responsables ». Télescope 17 (1):194‑212.

AnnexeÉtapes de consultation et degré d’engagement

Rencontres ciblées initiées par le promoteur

Consultation du promoteur

CCU, CPM et CAU

Consultation publique – OCPM

Niveau d’information

Niveau consultation

Niveau d’information

Niveau consultation

Niveau consultation (cadre réglementaire)

Niveau consultation (cadre réglementaire

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